Nous aurions pu ajouter cette variante à notre randonnée de la veille au départ des Grands Cléments mais cela nous a semblé trop long pour une randonnée en hiver. La plupart des circuits proposés sur internet incluent cette visite dans une boucle longue et parfois difficile. J’ai donc repéré un sentier en pointillé sur la carte IGN qui mène très rapidement à la bergerie de la Combe de Coste Brune et au Jas des Pins. Attention ! zone réglementée dans les monts de Vaucluse, voir l’article sur randonnée et interdiction de circuler 2010
avec la direction du vent et la température ressentie
Parvenus sur place, nous constatons qu’il n’y a pas de parking, pas de balisage mais le sentier en sous-bois est visible. Progressivement, il se rétrécit, envahi par la végétation ; au bout de 15mn, il a disparu. Heureusement, ayant préparé la randonnée sur mon GPS, je parviens à repérer la direction à prendre. Nous retrouvons bientôt un semblant de sentier. Inquiets cependant, nous continuons dans une végétation dense. Finalement, presque surpris, nous parvenons sur une piste forestière plus large d’où nous apercevons un bâtiment de pierre.
Bien qu’ayant déjà lu le chapitre correspondant du livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominique, le bec en l’air, 2009, nous ne cachons pas notre étonnement.
Cabrone, pour qui la découvre, est une sorte de miracle, comme une oasis dans le désert. […] De nombreuses traces de reprises de maçonnerie et modifications de percements montrent que cette remarquable construction est le fruit d’un aménagement progressif et d’adaptation fonctionnelles (A.Y. Dautier)
Plusieurs baumes abritent un véritable ensemble troglodytique construit en pierres contre le rocher : c’est la bergerie de Cabrone. Des signes évidents de vie montrent que le lieu est habité. Nous n’osons pas pénétrer dans les deux premières pièces (qui seraient des étables) devant laquelle un sac est posé. Nous ouvrons la bergerie séparée naturellement du logis par le rocher : on y voit un mur de pierre intérieur, une ouverture donnant sur l’écurie attenante, des sacs de graines et quelques outils.
Un chat s’approche de nous et se laisse carresser : il se rend ensuite à l’abreuvoir monolithe. En y regardant de plus près, un système sophistiqué d’impluvium1 récupère l’eau de pluie depuis la falaise calcaire en surplomb au dessus des baumes. Des rigoles ont été creusées, remplissent un large aiguier de forme rectangulaire d’où l’eau s’écoule encore jusque dans une cavité naturelle fermée par un mur maçonné bien protégé. L’eau ne s’écoulait donc pas dans les bâtiments et son stockage permettait aux habitants de vivre en autarcie un certain temps : nous sommes presque à 800m d’altitude.
Face à l’habitation à laquelle on accède par un escalier de pierre sèche, a été construit un cabanon couvert de tuiles, transformé en poste à feu comme en témoigne une embrasure de tir ménagée sur la façade nord. De gros éboulis dans le jardin achèvent l’harmonie entre le naturel et le construit.
A.Y. Dautier, Trous de mémoire – troglodytes du Lubéron et du plateau de Vaucluse, les Alpes de Lumière, 1999
Nous poursuivons vers le Jas des Pins. Le chat nous suit pendant quelque temps, passe devant nous, se cache dans les buissons, vient quémander de nouvelles caresses. Nous découvrons l’aiguier à ciel ouvert dans la dalle rocheuse où l’eau est récupérée par des rigoles pour qu’elle ne soit pas perdue dans les réseaux karstiques du sous-sol. Comme à Auribeau, une petite auge est creusée dans la pierre à côté de l’aiguier pour le bétail. A l’intérieur d’une des extrémités, un bloc rocheux a été partiellement détaché : les habitants du jas auraient-ils prévu d’agrandir l’aiguier par extraction de ce bloc ? L’éparpillement de l’habitat a été la cause de la multiplication des aiguiers dans cette région. Nous cherchons le jas en ruine qui devait être assez important avec un étage et plusieurs pièces. Il ne reste que des ruines et un semblant de jardin entouré d’un muret de pierres.
La boucle du retour n’a qu’un seul intérêt : le point de vue sur le Luberon que vous aurez de toutes façons depuis l’aiguier. De plus, le risque de se perdre n’est pas nul car le sentier ne suit pas celui de la carte. Je vous suggère donc un simple aller-retour pour une petite balade qui intéressera petits et grands. Vous pourrez la compléter par celle de la chapelle bien cachée située au fond de la combe de Saint-Pierre.
La bergerie de Cabrone et l’aiguier du Jas des Pins 1h15 dépl., 3km640, 95m dénivelée (départ dans le virage en épingle à cheveux sur D34 : N43.95941 E005.45175, direction Lagarde d’Apt)
1Impluvium : système de récupération des eaux de ruissellement tel que plan de roche dénudé et creusé de rigoles de collecte, ou toiture collectrice concave avec lauses inclinées convergeant en direction du trou de collecte
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