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La boucle de Porchères à Saint-Michel l’Observatoire


IMG_6072.jpgIMG_6073.jpgDépart du lavoir de la Marceline à Saint-Michel, autrefois Lavoir affecté aux maladies contagieuses ; les lavandières des hospices avaient autrefois un emplacement réservé pour laver le linge des personnes atteintes de maladies contagieuses ou épidémiques (telles que dysenterie, choléra,…), généralement à l’extérieur du village. Dans le lavoir de 1908, au bout de la rue Saint-Pierre, était donc écrit Défense de laver du linge des malades sous peine de procès verbal. Les lavandières venaient-elles de l’hospice de Mane installé grâce à la famille ForbinJanson en 1862 ?  IMG_6298.JPGDans le livre Histoire géographie et statistiques du département des Basses AlpesJ.J.M. FéraudDigne, 1861, l’auteur IMG_6297.JPGécrit qu’il existe à Mane un hospice très bien renté, confié aux dames religieuses de Saint-Charles. Elles pouvaient venir à pied par le chemin que nous allons prendre. Je n’ai pas connaissance d’un hospice de malades à Saint-Michel, seulement de l’hospitalité d’Ardène (hospitalité laïque créée en 1209 par Guillaume Chabaud), sans lien avec les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui offrait l’hospitalité aux pèlerins.

GC2E6KN Saint-Michel le vieux lavoir, estoublon

IMG_6076.jpgIMG_6077.jpgNous empruntons le chemin de Saint-Michel à Mane, qui entre rapidement dans les bois ressemblant à ceux de Forcalquier. Les nombreux chemins de traverse sont autant de risques de se perdre. Au loin, le moulin récemment restauré, trône fièrement sur sa colline. La carrière de la Roche Amère sur fond de ciel bleu nous apparait dans toute sa forme singulière. Quelque temps plus tard nous apercevons derrière les arbres un bout de mur : celui de la tour de Porchères, au milieu des badasses, ces friches riches en badasso, nom provençal donné à divers sous-arbrisseaux qui vont du thym à la dorycnie. Ces parcelles qui étaient encore cultivées au XIXè siècle, sont aujourd’hui livrées aux moutons, elles accueillent une végétation caractéristique […] : thym, sarriette, germandrée pouillot ou le fameux Badasson (Plantago Cynops) sensé guérir tous les maux des Hauts-Provençaux ». Extrait du site Mane en Provence, site officiel de la Commune de MANE et de la Communauté de Haute Provence.

IMG_6082.jpgIMG_6084.jpgCette tour est impressionnante par sa taille et romane par son style. Nous essayons de nous rendre jusqu’au bâtiment construit à côté de la tour mais il est complètement envahi par la végétation : d’après une carte postale de 1900, ce pourrait être une maison. Nous devons renoncer à son identification. Peut-être une maison de l’ancien village de Porchères abandonné au XVIIè siècle ? Certainement bâtie au XIIIè siècle, au cœur d’une exploitation où vivaient plusieurs familles, elle constitua un des éléments de guet d’un dispositif, s’étendant de Céreste à Forcalquier. Extrait du site Basses-Alpes

IMG_6085.jpgUn manuscrit de Léon de Berluc-Pérussis, […], fait l’histoire de ce village de Porchères. […] En août 1631, ce village est décimé par la peste ; toutes les maisons sont abandonnées. Une première concentration de propriétés est faite par les Fàry, qui acquièrent six maisons en 1644 ; elles seront acquises par les Sébastiane en 1818 [d’où le nom du quartier San Sebastian]. Ce sont les Berluc qui finiront la réunion des biens en 1834. La tour sera dégagée par eux, les sous-étages et cloisons ôtés, et Léon de Berluc-Pérussis [l’un des moteurs du mouvement du Félibrige, mouvement destiné au XIXe siècle à promouvoir la langue provençale] la transformera en église, avant d’en faire son tombeau.  Extrait du site du diocèse de Digne

Berluc-Pérussis, site Basses-Alpes
La cache d’estoublon La tour de Porchères

IMG_6079.jpgUn panneau devant la tour nous rappelle que lors des heures noires de la deuxième guerre mondiale, la tour servit de point de ralliement de la Résistance et fut le site de parachutages de la Section Atterrissages-Parachutages entre mars et août 1944. Cette section S.A.P. avait été réorganisée par Paul Rivière dont il resta le chef jusqu’à la Libération.

IMG_6088.jpgAlors que nous continuons notre boucle en sous-bois, notre regard est attiré par des pierres colorées. Curieux, nous descendons quelques marches de pierre, puis grâce à une vieille barrière abandonnée, nous atteignons le fond de la carrière de pierre de Mane, légèrement ocrée, réputée pour sa régularité et la dureté de son grain, sa résistance au gel.

C’est une pierre du Midi issue de la mer du Miocène. Le fils aîné du maître maçon Laurent Vallon de Mane est l’auteur de la chapelle de la Visitation qui abrite aujourd’hui le cinéma de Forcalquier. D’autres descendants ont été les architectes des plus beaux hôtels et monuments publics d’Aix du XVIIIè et XIXè. Traditionnellement les pierres étaient extraites à l’escoudo, pic à tranchant étroit et long manche souple avec lequel les carriers creusaient d’étroites saignées délimitant le bloc sur deux ou trois faces. Puis avec des coins en bois gonflés d’eau ou en acier, ils faisaient céder son dernier lien avec le banc de roche.

IMG_6090.jpgIMG_6092.jpgDans le front de taille des années 1960, la haveuse1 a fait ses découpes horizontales et verticales indépendamment du pendage. Le banc de roche est traversé verticalement par une diaclase que les eaux des pluies d’orage, chargées d’acide carbonique, ont élargie, laissant sur ses bords déchiquetés l’argile brune de décomposition<. Informations et citation extraites  de Le pays de Forcalquier, son lac, sa mer : cinq itinéraires géologiques, Gabriel Conte, Editions c’est-à-dire, 2010. L’auteur de ce livre, que j’ai rencontré lors des journées du patrimoine 2010, a 90 ans !

Les carrières et ses recoins sombres sont couverts de tags et graphitis qui redonnent une seconde jeunesse à ces murs de pierres rectilignes. De quoi faire une grande partie de cache-cache ! De l’autre côté du chemin, il y en a d’autres que nous ne visiterons pas.

IMG_6097.jpgIMG_6095.jpgAu loin le coquet village de Mane et sa citadelle. Nous passons devant le Jas de Porchères, témoin de l’ancienne activité agricole. Au carrefour sur la droite un sentier permet de rejoindre la chapelle Saint-Jean de Fuzils où estoublon a placé une cache GC2E6NA ; nous comptons 5 ou 6  coupoles (parmi les 14) de l’observatoire astronomique qui brillent au soleil. Bien que n’étant pas parmi les plus importants, l’observatoire a permis à Michel Mayor et Didier Queloz de découvrir en 1995, la première planète extérieure au système solaire 51 Pegasi b.

IMG_6301.JPGIMG_6304.JPGUn petit détour à la chapelle Saint-Jean de Fuzils (classement monument historique) nous amène dans un cadre verdoyant sur un petit plateau dominant où autrefois se trouvait le hameau d’Aurifeuille. Une allée de tilleuls mène à la chapelle flanquée d’un ermitage à deux  niveaux occupé jusque vers 1850. Comme souvent pour le petit patrimoine, c’est une association les amis de Saint-Jean qui s’est occupée de la restauration. Le premier samedi après la Saint-Jean, la tradition de la procession est maintenue mais l’effort des pélerins est limité puisqu’ils partent du parking de l’observatoire. D’après Pays de Lure Forcalquier Manosque, Patrick Ollivier-Elliott, Edisud, 2000

IMG_6098.jpgNous rejoignons bientôt la route D305. Sur la gauche, dans une falaise, un arbre a réussi à pousser au travers des strates et a dû être coupé. Comme quoi même dans des conditions difficiles, un arbre peut s’adapter pour survivre. Avec sa jupe de feuilles, l’éolienne au milieu du champ a l’air d’une élégante demoiselle.

Boucle de Porchères 7km200, 2h (+550m A/R pour la chapelle) déplacement, 112m dénivelée

En fin de journée, nous assisterons à la conférence de Jean-Yves Royer qui nous parlera avec humour de Berluc et Eugène Plauchud, deux personnages très connus à Forcalquier.

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1haveuse : puissante tronçonneuse de pierre qui peut extraire des blocs de 2 à 4 m3

2pendage : inclinaison des couches sédimentaires par rapport à l’horizontale

©copyright randomania.fr

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