Départ dans un lieu perdu, presque inaccessible, dépaysant et pourtant à quelques km à vol d’oiseau de Moustiers Sainte-Marie. Après une longue piste de terre de moins en moins carrossable, nous nous garons sur un immense plateau nu, entouré de collines, avec une seule ferme à proximité : Vénascle, au pied de la Serre de Montdenier.
La piste forestière qui longe le ravin de Font Rouit, suit approximativement la voie romaine de Castellane à Digne ; sa longue ligne droite en témoigne ; nous tournons sur la droite sur un étroit sentier qui longe une petite gorge où l’eau a creusé une grotte. Le vallon est frais et le sentier parfois givré.
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Parfois le sentier se rétrécit zigzaguant jusqu’au fond du vallon où coule une rivière aujourd’hui complètement gelée. La glace craque comme du verre brisé sur notre passage. La montée dans les sous-bois commence, sans interruption jusque sur le plateau de l’Ourbès.
Nous savons qu’un ancien prieuré y a été construit. estoublon le premier aperçoit la ruine à travers les arbres. Nous reconnaissons la chapelle de l’Ourbès construite avec des blocs grossiers ; à côté, ce qui fut sans doute une pièce pour accueillir un ermite. Bientôt il n’y aura plus de trace du prieuré de Saint-Martin.
Les moines de Saint-Victor de Marseille, s’étaient eux aussi installés à Moustiers […], sur le plateau d’Ourbès où ils construisirent une résidence – villa d’Ourbès […]. Détruite une première fois, l’église sous le titre de Saint-Martin, fut reconstruite mais le patrice Stutenier enleva de force aux religieux la possession de ce lieu pour s’y aménager au besoin un asile sur la cime des montagnes. Cependant, saint Mauront […] en obtint la restitution vers l’an 774 ou 800 sur l’intervention de Charlemagne. […] des réjouissances profanes alternaient avec des offices religieux célébrés en cette chapelle. Extrait de Moustiers Sainte-Marie – guide, monographie, De Mautrel Louis, Monaco, 1939
Nous marchons tranquillement sur la piste qui traverse la forêt de chênes blancs ; au débouché de celle-ci, une première vue sur le lac de Sainte-Croix, avec au loin l’île de Costebelle, colline engloutie par le lac de Sainte-Croix et le nouveau village des Salles-sur-Verdon ; de là haut, facile de comprendre ce qu’est un plateau : celui de Valensole, vaste et légèrement incliné, domine le lac de quelques dizaines de mètres. A l’entrée des gorges, le pont de Galetas scintille au soleil.
Le GR 4 poursuit sa longue ascension vers le sommet, ascension pénible sur un terrain accidenté, avec le mistral qui tente de pénétrer sous les vêtements. Il me semble interminable. Quand enfin nous atteignons la crête et la cache GCGAWW Sainte-Croix Lake de Jokaji, c’est le soulagement mais aussi une récompense. Nous prenons notre pique-nique à 1200m d’altitude, face à un paysage grandiose qui a un air de calanques et de station balnéaire. Pendant qu’estoublon, consciencieusement, replace la boite de la cache disparue, je cherche une branche qui pourrait me servir de bâton de randonnée.
Nous improvisons un retour par le pas de l’Ane en passant par une forêt qui nous cache le balisage du sentier. Après deux essais infructueux, nous retrouvons la bonne direction grâce au GPS. Puis le sentier commence sa descente rapide sur terrain accidenté : de hautes enjambées sur de grosses pierres, des passages où il faut mettre les mains, il est facile de se tordre les pieds. Après le col, nous prenons à gauche le seul chemin non balisé : il rejoint l’itinéraire équestre par lequel nous avons débuté la randonnée. La piste forestière descend en larges virages jusqu’au lieu-dit la Clue. 
Un féru de chasse a installé un confortable affût dans un arbre. Le propriétaire du château ruiné et de son pigeonnier en tour ronde, avec un corps de logis de la première moitié du XVIIè percé d’une fenêtre à meneaux, a revendu les tuiles du bâtiment du XVIIIè. Pas facile sans doute d’entretenir un tel patrimoine…
Enfin, nous rejoignons la piste qui longe le torrent de Vallonge, piste facile et qui pourtant nous semblera bien longue. Ce sont les derniers kilomètres. Notre regard est attiré par des tâches de teinte bleutée incrustée dans la roche, y compris dans les strates inclinées : ça ne fait pas très naturel. Cette roche aurait-elle été colorée par des sels minéraux ?
Petit arrêt à l’oratoire du berger avant de rejoindre Manosque. Une randonnée inédite comme je les aime.
Image de l’itinéraire Crête de l’Ourbès 13km400 4h05 dépl. (6h20 au total) 400m dénivelée (cumul +846m -823m)
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