C’est au départ du hameau de Bèdes, sur la fameuse D11 aux buissons taillés en formes multiples en hommage à un groupe de résistants tombés courageusement là, que l’on ressent l’appel de la fière élévation. La campagne ici a des airs de Toscane. Paul Teisseire
Course fauve sur la Vautubière, CG13, une description bien poétique de l’itinéraire
Les buissons taillés en forme d’animal ou d’allégorie sont sculptés chaque année par les descendants de deux cantonniers (Vallier et Courras) qui, dès 1946, s’étaient livrés à cette tâche pour rendre hommage aux quinze résistants tués deux ans plus tôt sur le plateau de Bèdes (selon la revue Accents). Itinéraire peu ou pas balisé (jaune). Sur le retour notamment, de nombreux sentiers qui se ressemblent mènent vers des propriétés privées non signalées. Un GPS de randonnée est donc bienvenu. L’alternance de passages en sous-bois, de jeux d’ombres et de lumières, dans la garrigue, dans la forêt de chênes, rend le parcours agréable quand il fait chaud.
estoublon m’en avait parlé, il fallait que j’aille voir. A Bèdes, juste avant de tourner dans le chemin de Notre Dame, deux oiseaux colorés à la nuque orange et aux ailes doublement rayées – c’est la première fois que j’en vois de tels -, s’envolent sous mes yeux : deux huppes fasciées à la huppe à peine visible en vol (merci Arnaud, guide nature au parc de Marquenterre, pour l’identification). Je me gare face au champ d’oliviers, au bout du chemin de Notre Dame au hameau la Mixte à Bèdes (Jouques). Le chemin de terre prolonge la route, longeant un muret de pierres sèches grossièrement construit. Lorsqu’il fait mine de tourner à gauche, la chapelle tombeau promise par mon vieux guide de randonnée, apparaît sous les pins, à peine visible ; toute petite, très dégradée, l’oculus posé au niveau d’une fissure, elle ne doit pas mesurer plus d’1.20m de côté ; à l’intérieur, juste une couronne mortuaire accrochée au mur. Je n’en ai pas trouvé trace sur internet. Peut-être est-ce une chapelle privée élevée à la mémoire d’un ancien propriétaire du domaine de Lingouste ? la chapelle de Pitié construite en 1168, elle, dépendait de l’archevêché. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les archevêques d’Aix vont s’installer à Jouques dès le XIIIè siècle et y construire leur résidence d’été au XVIè ce qui valut un statut spécial aux curés de Jouques et Peyrolles.
Les curés de Jouques et Peyrolles étaient inamovibles parce qu’ils relevaient directement de l’archevêque ; en 1582, l’archevêque oblige même le chanoine de Cavaillon à résider à Jouques. Les paroisses du diocèse d’Aix, leurs souvenirs et leurs monuments. Tome 1, Constantin M. , Impr. de A. Makaire (Aix), 1890-1898
Pour en voir plus au printemps La montagne de Vautubière : galerie photos
Le sentier monte progressivement dans la garrigue, en se rétrécissant, jusqu’à progresser en balcon sous les rochers dominant la plaine. Après un large virage, j’atteins la vigie de la Vautubière soigneusement gardée par les pompiers. Là, à 360°, toutes les montagnes et collines environnantes jouent en ondulations successives ; je n’arriverai pas à les reconnaitre toutes : Grand Luberon, Ventoux, Lure, Sainte-Baume, Sainte-Victoire,… Quelle est cette étendue d’eau au nord, au bord de la Durance ?
La redescente par la route forestière est facile et rapide. Je délaisse tous les sentiers de chaque côté. Elle est bordée d’engrenées – champs de céréales grillées par le soleil destinés au gibier – et de mares ; quelques papillons jaunes sont de sortie. L’arrivée sur le plateau de Bèdes contraste avec les chênes de la colline : de grands espaces de vignes annoncent le domaine de la Grande Séouve1 que l’on a le droit de traverser à pied. Après avoir dépassé la grange en ruine sur la gauche, il ne faut pas rater le retour sur Bèdes à gauche, annoncé par une petite trace jaune sur un arbre du côté droit de la route. C’est à partir de là que le risque de se perdre n’est pas négligeable : plein de sentiers à droite, puis à gauche dans les vignes. Il faut garder le cap au sud-sud-ouest jusqu’à retrouver les 160ha d’oliviers de la ferme de Lingouste, vieille bâtisse du XVIIè.
Au retour, je me suis cru un instant dans les Alpilles avec les champs de tournesols à perte de vue. Et j’ai retrouvé les mêmes oiseaux colorés.
Image de l’itinéraire, 7km380, 2h00 déplacement, 2h30 au total, 243m dénivelée
1Séouve : la séuvo, en provençal, signifie la forêt.
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