Après la balade du matin que nous avons voulu facile, nous décidons sur les conseils d’estoublon, de faire le circuit du gypse préparé par la réserve géologique à Thoard. Il fait chaud ; l’enthousiasme n’est pas débordant mais nous sommes motivés par la découverte du refuge d’art de la chapelle Sainte-Madeleine en bordure de falaise, en haut du rocher, et la carrière de gypse. D’un point du vue géologique, nous trouvons des paysages contrastés, la vallée des Duyes se trouvant autrefois en bordure de la mer qui recouvrait la Haute-Provence et également au pied des montagnes ; le sable accumulé forme le grès que l’on voit aujourd’hui. La limite de chevauchement est soulignée par les affleurements de gypse qui ont servi de ‘savon tectonique’ à la nappe de charriage de Digne. Géologie de la vallée des Duyes
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Le départ par le GR de pays « grande traversée des préalpes » ou GTPA, se trouve à la Bannette à Thoard, ou sur le parking aménagé un peu plus loin. Il grimpe, grimpe sur les cailloux puis tourne à gauche, longeant des champs pentus dont des champs de lavande plus ou moins abandonnés ; le monument du souvenir des résistants nous rappelle qu’ici deux jeunes ont été assassinés par les allemands lors de la seconde guerre mondiale. L’ADRI a même publié un livre permettant de découvrir tous les chemins de la résistance. Les chemins de la liberté – sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI – AMRID, ADRI-AMRID, 2004
Nous délaissons alors le GR pour grimper sur le rocher de Sainte-Madeleine curiosité géologique dont la nature n’a rien à voir avec les terrains qui l’entourent : il s’agit soit d’un élément arraché à un relief voisin et entraîné ici lors de la mise en place de la nappe de Digne, soit il correspond à un repli de la nappe de Digne (A travers la réserve géologique de Haute-Provence, ADRI/Réserve géologique, ADRI, 2000) ; autrefois les paysans de la vallée de Thoard se servaient de l’ombre projetée par le rocher pour connaitre l’heure. A midi le rocher est totalement éclairé.
Nous passons près de l’antenne et rejoignons la chapelle Sainte-Madeleine devenue refuge d’art, collection hors les murs du musée Gassendi de Digne, datant de 2002. De loin, sa situation ressemble fort à celle de la chapelle Saint-Michel de Cousson : très proche de la falaise. Quand nous nous trouvons face à l’entrée, sans porte, nous reconnaissons tout de suite l’œuvre d’Andy Goldsworthy qui marque de son empreinte toute la Haute-Provence ; un oeuf de pierres plates et bien alignées, à taille humaine, invite à nous y lover ; c’est ce que souhaite l’artiste, ce que nous ferons, comme tant d’autres avant nous. Deux rais de lumière pénètrent dans la chapelle par de discrètes ouvertures dans la toiture. Alors que nous profitons du silence assis sur le banc, soudain des bruits de moteurs rageurs nous ramènent à la réalité : quatre quads déboulent près de la chapelle. Les visiteurs y jettent un oeil rapide ; au cours d’une brève discussion, nous retenons une bonne adresse : celle du restaurant la Bannette où il vaut mieux réserver. Ils repartent en trombe, abimant le sentier en déterrant même les grosses pierres.
De là haut, le tracé du sentier du gypse semble facile et peu élevé sur le flanc du Siron. Nous redescendons et quittons le GR au panneau cassé que nous reconstituons « balade du Suy » ; la chaleur accumulée par les pierres nous remonte dans les jambes. Un bref détour nous amène en position dominante au dessus d’une maigrichonne carrière de gypse. Ti’Mars… est déçu : il s’attendait à quelque chose de spectaculaire, il lui faudra chercher les filons de gypse. Roche de 220 millions d’année, allant du blanc au rosé, il se repère facilement dans le paysage.
A Thoard, la carrière de la communauté occupe les flancs du Siron, […]. Certaines [parcelles privées voisines] seront acquises par la communauté en 1888. […] [Les fours à plâtre] sont alors construits à proximité des sites d’extraction. Il est plus simple de transporter le plâtre à dos de mulet que les moellons de gypse. L’implantation de fours domestiques près des habitations ne paraît pas remonter à une période antérieure au XIXè siècle.
A Thoard, se côtoient les maçons [chargés de la bâtisse] et les maçons-gipiers [qui fabriquent le plâtre]. Extrait du site de l’Association pour la valorisation du gypse et du plâtre dans les alpes du sud
Si vous continuez le PR3 (voir Site du camping de Thoard, sentiers de promenade), vous pourrez voir les ruines d’un moulin à plâtre. Ce four à plâtre a cessé d’être utilisé peu avant la dernière guerre. Il se limitait uniquement aux besoins de la vallée de Thoard. Le gypse constituait un matériau très solide après la cuisson qui servait à fabriquer des décors (cheminées, plafonds, encadrement de portes,…) ornant les châteaux et belles demeures.
La redescente se fait par un raccourci raide et traitre le long d’un champ : nous avons manqué sans doute le balisage, à moins que celui-ci n’existe plus…
Image de la balade du Suy, 4km200, 1h35 dépl., 185m dénivelée
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