Départ 8h du parking des Cabassols. Avec une bonne dénivelée1 de 600m, et quelques rares plats, mieux vaut partir doucement sur le sentier des Venturiers, comme le faisaient sans doute les pèlerins de jadis venus de Pertuis (1h30 env.). On traverse la Cause. A la cote 710, c’est la fin du large chemin et autrefois le point de dépose des matériaux servant à la restauration du prieuré. Au bon cœur de chacun de se charger d’un sac de pierre jusqu’à l’édifice, en vue d’aider l’association Les Amis de Ste-Victoire à la remise en état. Mais aujourd’hui 8 mai, c’est en 4×4 que je parcours la partie la plus difficile : je viens aider les Amis de Ste-Victoire dans leurs gros travaux de restauration et de fouilles au Prieuré.
avec prévisions à 3 jours
Un sentier plus étroit serpente en larges lacets jusqu’au prieuré (photo aérienne extraite de geoportail 3D de l’IGN). On passe au-dessus de petites restanques le pré des Moines. Un de mes compagnons de route me présente les frêles tulipes sauvages tout juste sorties de terre et leurs couleurs ensoleillées. Au loin dans le ciel, le Prieuré et la Croix de Provence réunis en un coup d’œil, forment l’incontournable duo à visiter de la montagne Ste-Victoire.
Je ne connais personne, à part le président que j’ai aperçu de loin le jour de la dernière assemblée générale. Dans le logis du prieur, l’accueil est simple et la discussion se noue facilement autour d’une tasse de café. La douzaine de bénévoles continuent le déblaiement de l’espace sous le logis d’Elzéard (dernier ermite ayant habité au prieuré), espace supposé être celui de l’ancienne chapelle du moyen-âge. De l’escalier provenant de dessous ce logis, il ne reste que des traces d’assise enduite du côté du refuge. Beaucoup de poteries cassées (et autres déchets modernes…), entassées depuis plusieurs siècles, sont retrouvées, certains morceaux pouvant s’emboîter parfaitement comme dans un puzzle. En fin de matinée, nous échangeons les pioches contre des instruments plus fins tels que balayette ou petite truelle, et nous procédons à reculons pour ne pas endommager le niveau d’occupation que nous venons de nettoyer. La résolution de l’énigme de la chapelle Venture peut commencer grâce à Liliane, l’archéologue qui nous accompagne…
Quelques semaines auparavant, la passerelle a été héliportée en kit, sous la direction d’Hervé Béguin du Site Ste-Victoire-Concorce. Le mur de la brèche des moines a été élevé doucement. Aujourd’hui, j’ai l’impression de retrouver la gravure d’antan avec son panorama sur la face sud de la montagne. Des années qu’on ne l’avait pas vu ainsi.
La margelle de la citerne a été détruite pour retrouver les vestiges du XVIIe siècle. Les pierres de Bibémus ont été reposées tout autour.
Lors des fouilles dans le cloître et du dégagement des ouvertures au niveau des cellules des moines, Yves a trouvé 2-sols FRANÇOIS constitutionnels, monnaie à l’effigie de Louis XVI.
En raison de leur impressionnant tirage, elles sont assez faciles à trouver. Celle trouvée sur le site, en métal de cloche, provient d’un atelier provisoire, celui d’Arras, que l’on repère par le point placé sous le W. Le W seul aurait signifié qu’il s’agissait de l’atelier de Lille ; l’étoile sous le W qu’il s’agissait de l’atelier provisoire de St-Omer. Plus de 4.200.000 de ces pièces y ont été gravées. Si elle portait par anticipation la date ‘an V’ au lieu de ‘an IV’, elle aurait eu un peu plus de valeur…
J’adresse mes remerciements au webmaster de la Société Numismatique Héraldique et Sigillographique du Nord de La France, à Gilles Ricocé, son vice-président, Dominique Delgrange, secrétaire général, qui m’ont apporté des informations fiables au sujet de cette pièce.
Le Mercure des Monnaies Françaises, La Révolution 1791-1794, F. Droulers, Pontcarré, 1996
Argus des monnaies francaises de la revolution 1789-1794, oeuvre collective, Chevau-Legers Eds, novembre 1999
Monnaies d’Artois et du Pas-De-Calais, Delgrange Dominique, D. Delgrange – Collection : Cercle De Bourgogne – janvier 1986
« Face au manque de petite monnaie et à la pénurie de matières premières, en 1791 l’Assemblée Nationale fait décrocher les cloches des églises qui n’étaient pas déjà tombées lors de la Constitution Civile du Clergé, afin de les fondre pour permettre la réalisation de monnaies. Des ateliers provisoires sont ouverts dans l’urgence pour pallier au manque de numéraire. […] 100 000 cloches seront fondues en 1792. La présence de points autour de la lettre d’atelier permettrait d’identifier les frappes des ateliers provisoires ouverts durant cette période ». (extrait du site InfoNumis)
[L’atelier de Saumur] Il est désormais cloisonné en deux secteurs totalement séparés par crainte des vols : d’un côté, les fondeurs préparent les flans ; à côté, des monnayeurs de toute confiance frappent les pièces. En l’espace d’un an, l’atelier procède à des fabrications massives : … 284 940 grosses pièces de deux sols constitutionnels. […]. Presque toutes les pièces frappées à Saumur sont des sols constitutionnels, dédiés à » la Nation, la Loi, le Roi « .
L’après-midi, après la visite des trois « caves » voûtées en enfilade (deux surprenantes ouvertures bien conservées entre chaque – pour en savoir plus), restaurées il y a quelques années par les Compagnons du devoir, je nettoie à la brosse tous les éclats de poterie et divers objets retrouvés dans la fosse ; je les rince à l’eau et les fais sécher au soleil. Tandis que j’apprends à réamorcer la pompe, les autres bénévoles continuent avec courage et bonne humeur les travaux de déblaiement. Les randonneurs sont nombreux : malgré l’interdiction de pénétrer sur le chantier, ils ne sont pas refoulés mais accueillis par un Ami qui interrompt son travail pour donner quelques explications historiques. Certains, touchés, laisseront une modeste participation dans le tronc de la chapelle : ces dons serviront à financer la suite des travaux.
Peu avant de partir, j’entends les conclusions de Liliane : l’escalier mesurait 1.30 m de large ; ce n’est pas la chapelle du Moyen-âge qui vient d’être dégagée. Personne ne semble vraiment déçu, sauf moi peut-être… Le soir, je pars avant les autres pour photographier les tulipes, genêts, jonquilles et autres fleurs de printemps qui bientôt ne seront plus. Fatiguée mais contente, je promets aux Amis de Ste-Victoire, d’écrire une note qui permettra de mieux informer les randonneurs et les chasseurs de trésors. Sur les plus de 5000 visiteurs mensuels de mon blog, j’espère sensibiliser quelques amoureux de notre patrimoine, désireux de le sauvegarder… Point sur les découvertes, bulletin 2009
Bulletin adhésion Amis Ste Victoire (merci aux personnes éventuellement intéressées de faire des chèques séparés pour l’adhésion et les dons).
Suivre les fouilles de 2006 à 2009 sur le site de l’association.
Les geocacheurs qui passeraient par là, pourront faire plusieurs caches :
- Summer#3a : le prieuré, la pause, de nicoulina
Summer#3b : le prieuré, pélerinage(désactivée), de nicoulina- une earthcache Garagaï, de santtu
- non loin de là par les crêtes : Summer#2 : le pic des mouches, de nicoulina, adoptée par Serge Robert
D’autres articles sur les randonnées dans la montagne Ste-Victoire et sur le prieuré dans la catégorie * Ste-Victoire
1dénivelée n. f. ou dénivelé n. m. Différence d’altitude entre deux points (partic. entre les deux extrémités d’une remontée mécanique, entre une arme et son objectif). © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 1999
Je remercie le vice-président Marc Leinekugel d’avoir accepté de vérifier l’exactitude des informations contenues dans cette note.
©copyright randomania.fr
Magnifique article qui nous fait partager une journée de chantier et qui donne vraiment envie de mettre ‘la main à la pâte’ !
Je suis admiratif devant le travail réalisé par ces bénévoles passionnés… et ne désespère pas de les rejoindre un jour…
on finira peut-être par se rencontrer !
si ce billet relate la journée du 14 mai, nous étions là-bas vers 15h avant d’entamer la descente du GaragaÏ
[ndlr : ce billet relate la journée du 8 mai 2008]