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De l’abbaye de Silvacane au château de Janson


Nous quittons Aix-en-Provence, à trois, avec la pluie à laquelle succéderont rapidement le soleil et un léger vent d’ouest. Le parking de l’abbaye de Silvacane est désert.

Mon album photos

Nous longeons la route sur une voie parallèle puis nous passons d’un trottoir à l’autre jusqu’au centre du village de la Roque d’Anthéron ; Claude levé tôt s’arrête à la boulangerie pendant que je me renseigne sur la possibilité de visiter le parc du château ; une habitante me suggère de revenir pour le Festival international de piano car il ne se visite qu’a cette période ou aux journées du patrimoine. Je me glisse discrètement par une porte cochère entrebâillée pour voir le château de la Roque d’Anthéron qui abrite la clinique de Florans.

Nous revenons sur nos pas pour dévaler la rue de la dévalade. Les ânes viennent nous saluer. Dans le jardin du château, les oiseaux chantent à tue-tête ; la longue allée du parc fermé ne laisse rien voir du Petit château renaissance et du Grand château. Nous passons sous le pont-canal EDF aux berges surélevées. Au fond du pré de la Petite Camargue, les chevaux nous observent sans s’approcher. Nous allons suivre ce canal sur des kilomètres, sans difficulté, en évoquant les prochaines randonnées. D’abord route macadamisée puis piste plus ou moins boueuse, à partir de Gontard, les berges se rapprochent de la Durance qui ne ressemble plus à la tumultueuse rivière d’autrefois.

Sur le côté gauche, des vestiges de l’ancien canal de Craponne dont le tracé est encore reproduit sur la carte IGN de 1950 ; sa dernière prise d’eau (xviiie) n’a pas été emportée par la Durance.

Creusé de 1554 à 1559 par Adam de Craponne, il avait sa prise à La Roque d’Anthéron au site de Gontard. C’est l’essai le plus ancien de dérivation des eaux de la Durance vers la Crau ou la mer. […] Jusqu’à la création du Canal EDF, il remplit parfaitement ce rôle, malgré quelques sécheresses difficiles. D’après le livret du patrimoine de l’office du tourisme de Charleval, ou MyProvence

Au panneau d’interdiction posé par l’EDF, le canal alimente une usine EDF. Marie, respectueuse des lois, hésite à passer ; pourtant un passage piéton est aménagé sur le côté du poste EDF, unique moyen de suivre le PR peint de rose et vert délavés. Ensuite nous arrivons au déversoir du bassin de Saint-Christophe.

Son parcours [le canal EDF] chemine ensuite près de Meyrargues, à l’écart de la Durance, puis près du château de Fonscolombe, de Puy-Sainte-Réparade, et du château d’Arnajon. […] Près de Mallemort, une troisième centrale est alimentée par une chute d’eau sur le canal. Selon wikipedia

Petit écart au pont suspendu de Cadenet, enfin ce qu’il en reste, soit les deux piliers, à chaque extrémité. C’est en 1974 qu’il est définitivement déclaré hors d’usage et remplacé par le pont actuel.

Pour franchir la Durance à cette hauteur, un bac est présent depuis le XIè siècle. Comme tous les bacs, leur utilisation est très difficile pendant les hautes eaux, et donc en 1834, le Conseil général de Vaucluse, ainsi que la commune de Cadenet demande en remplacement la construction d’un pont suspendu.
[…] le pont suspendu est ouvert à la circulation en Octobre 1839 moyennant droit de péage. Un règlement de police spécifique réglemente l’usage du pont : Il limitait à 6000 kg le poids maximal des attelages à deux roues, A 8400 kg le poids des attelages à 4 roues […] Les chevaux devaient marcher au pas, les attelages devaient être distants d’au moins 50 m, Les troupeaux de bœufs ou vaches devaient passer par fraction de 10 bêtes, Les hommes de troupe devaient passer sur les flancs en deux rangs, et la cavalerie par pelotons de 20 cavaliers.
Le pont devient propriété des départements des Bouches du Rhône et de Vaucluse en 1883 […]. D’après Base d’ouvrages en service ou construits au XIXème siècle en France

Claude nous rappelle un bout d’histoire de la seconde guerre mondiale : Henri Blanc originaire de Lambesc a saboté le pont de Cadenet, qu’il a rendu inutilisable le jour même du débarquement en Provence. Les ponts suspendus de la Moyenne Durance, site de Claude

La traversée du pont routier de Cadenet, très fréquenté, nécessite de la prudence. Quand enfin nous sommes de l’autre côté, c’est pour rejoindre le château de Janson que l’on voit de loin depuis la route. Depuis cette piste, ne voyant rien venir, Claude se demande si je ne me suis pas trompée de rive. Ce n’est qu’une fois à 20 m de celui-ci que l’on aperçoit une drôle de tour sur un promontoire rocheux.

Ce château, que je vois pour la troisième fois, demeure un mystère pour moi, d’autant plus que je n’ai rien trouvé sur son histoire. On passe d’abord au pied de ce qui pourrait être une chapelle puis à travers un passage ménagé par les visiteurs, on surplombe plusieurs pièces du château. Dans l’une d’elle un puits non protégé, et une ouverture béante donnant sur des caves profondes. Mais le plus surprenant c’est cette haute « tour » à plusieurs étages, qui surplombe l’ensemble, comme si elle ne faisait pas partie du reste des bâtiments ; en y regardant de plus près, nous reconnaissons une monumentale cheminée médiévale. D’en haut, on voit la Durance et une étendue d’eau calme séparée de la rivière par une digue.

[…] c’est au tout début du XVIe Siècle que le Château de Janson, situé sur les bords de la Durance, […] fut restauré et « remis en état de défense » (et non pas construit) sur les ruines d’un château plus ancien, qui contrôlait des voies de passage et un gué permettant de passer d’une berge de la rivière à l’autre. Site de la commune de Saint-Estève Janson

Du cadastre napoléonien de Saint-Estève Janson (1838, section Janson, B) je déduis que presque toutes les parcelles appartenaient au marquis de Forbin-Janson qui y cultivait un peu de vigne, faisait de l’élevage (pâtures et pré palustre) ; il possédait un bâtiment rural avec cours (une ferme), une aire à battre, dont je n’ai trouvé aucune trace sur le terrain. Lors de la construction du canal EDF, ils ont probablement été détruits.

Le pique-nique au sommet est grandement amélioré par le vin chaud préparé par Claude ; nous repartons par un autre sentier derrière la cheminée jusqu’à la Fleur de la berge. Nom ?piste qui longe le canal EDF. Même trajet mais en hauteur sur la berge du canal EDF où l’eau circule bien rapidement ; quelques fleurs en bouton (crocus ? iris ?) annoncent le printemps. Nous  traversons le canal sur le pont après Gontard. Nous longeons l’autre rive sur quelques dizaines de mètres puis remontons jusqu’à la route en passant rapidement devant un renard mort et des déchets laissés par quelques irrespectueux de la nature.

Le chemin longe la route jusqu’à l’abbaye de Silvacane ; je demande l’autorisation de faire quelques photos extérieures : elle m’est refusée ; ce joyau de l’art  est payant dans tous les cas (7.50€). Nous nous contenterons de la boutique dans laquelle Marie-Françoise trouvera son bonheur.

Une randonnée facile et propice aux bavardages en petit groupe ; elle permet de découvrir les installations liées aux canaux (les canaux d’irrigation et le canal de Marseille prennent leur source dans le canal Edf) et le château de Janson ; un itinéraire plus court : Le château de Saint-Estève-Janson par la digue, un itinéraire plus documenté avec quelques informations sur le bac : Le château de Saint-Estève-Janson.

Site officiel de l’abbaye

Image de l’itinéraire 15km600, 4h06 déplacement (5h20 au total), 59m dénivelée (+115, -115)

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©copyright randomania.fr

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