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Feissal et les Monges ou l’art en marche : un circuit pour les beaux jours


2 mars n’était pas un bon jour pour faire une randonnée pédestre dans les Monges ; ce n’était pas le jour pour découvrir les lettres d’or gravées par l’artiste herman de vries sur les rochers ; ce n’était pas le jour pour découvrir la chapelle Sainte-Marthe sur les hauteurs de Authon. Authon, départ de la randoAuthon, rocher de Pierre-MontMais c’était le jour pour les sportifs en raquettes ou en ski ! L’idée m’est venue du guide L’art en marche à partir de Digne les Bains, Images en Manœuvres Editions / Musée Gassendi, Images en Manœuvres Editions, 2012 : randonnée 17, Feissal et les Monges ; et comme j’aime beaucoup le massif des Monges, je n’ai pas réfléchi très longtemps.

Traversée à guéMontée en sous-bois vers la PérousePartie du parking du gite des Monges, j’apercevais bien quelques traces de neige sur les sommets environnants mais n’en étais pas inquiète ; dès que je me suis engagée sur la piste forestière le long du ravin de la Bastié, la neige recouvrait le sentier ; après le passage à gué, ça s’est compliqué drôlement : les marcheurs matinaux avaient échangé leurs chaussures contre des raquettes ; moi, je m’enfonçais profondément dans la neige et la difficulté allait croissant au fur et à mesure de la montée.

TabaillonJe consultai ma montre : midi, j’étais à peine au tiers de mon parcours. La rencontre inespérée d’un couple de randonneurs bien équipés va m’aider à prendre une décision : nous consultons la carte, l’homme s’exclame « Ah ! mais c’est loin ! en 3 heures, c’est pas possible ! » ; c’est pourtant le temps indiqué sur le guide pour 12 km dont 5km en montée ; je décide de reporter cette randonnée et rebrousse chemin au lieu-dit Tabaillon.

La chapelle Sainte-Marthe, posée sur le plateauPresque revenue à Authon, je décide de suivre le panneau chapelle Sainte-Marthe, chapelle qui aurait remplacé une chapelle médiévale placée sous le même vocable  ; quelques arbres portent l’indication d’un GR pas très commode le long d’une propriété privée. Surprise ! le sentier étroit est barré par une barrière flexible ; l’arbre de l’autre côté portant le balisage rouge-blanc, je passe au dessus de cette frontière symbolique. Au niveau d’un champ qui regorge d’eau, je rejoins la route, retrouve le GR puis plus d’indication. Je ne vois aucune chapelle autour de moi. Je redescends vers le parking : et là, toute petite et semblant me narguer, je l’aperçois.

Après un pique-nique un peu morose, je décide de ne pas rester sur un échec et de repartir à l’envers de la boucle jusqu’au pont de la Cluse où se trouve trois œuvres de herman de vries ; opposé à toute forme de pensée hiérarchique, il a banni la majuscule de son nom et de ses écrits. Sorte de musée hors les murs, la route de l’art contemporain passe dans des lieux souvent éloignés, en pleine nature, provoquant étonnement, questionnement et finalement, devient un but de balade au cours de laquelle le jeu est de trouver des traces laissées par des artistes contemporains. Dans les gorges du Vançon, de vries a laissé trois traces en lettres d’or gravées sur les rochers.

j’aime cette région, la vallée du bès, le bruit de l’eau qui coule au fond des nombreux ravins […] ; j’aime les fleurs qui éclosent au printemps, les forêts et leur dense sous-bois, l’odeur de la végétation, le thym partout, la vue d’une montagne blanche, d’une route de campagne encore non goudronnée, et la fascination qu’exerce sur moi l’éventuelle rencontre d’un loup… digne est rapidement devenue une part de moi-même, elle a pris une place dans mon cœur, car c’est quasiment le seul endroit au monde où je n’ai trouvé que pure poésie.
herman de vries, herman de vries, Fage éditions et musée Gassendi, 2009

Musée gassendi, oeuvres dans la nature de herman de vries

RD 13 vers la clue de FeissalArbre écroulé sur la ligne téléphoniqueIl me faut donc remonter la route D13, en lacune, totalement déconseillée aux véhicules. Il y a encore plus de neige que sur la piste de ce matin ; je croise un skieur qui dévale la pente avec une aisance que je jalouse : moi je m’enfonce profondément dans la neige et me fatigue.

Source de Pisse-VacheLa piste descend vers la clue en venant de FeissalQuand enfin je parviens au niveau de la source de Pisse-Vache, je sors le bouquin et avec attention, prend connaissance du lieu de la première trace dorée, face à la piste. Je cherche en hauteur, au niveau des yeux mais ne trouve rien. Pas sûr qu’elle existe.

de vries 1 photo JD FraterTrace d'herman de vries près du sapin... sous la neigeLa seconde trace dans le fond de la gorge, se trouve près du sapin dans les gorges en contre-bas : je repère le sapin mais le rocher à côté de lui est recouvert de neige. Point de de vries 1 trace gravé en grec (Héraclite) et qui signifie que dans la nature toute chose est en devenir, tout coule.

de vries 2Le rocher de droite porte une trace d'herman de VriesAu niveau du rocher dans le virage, la neige atteint un demi-mètre de hauteur et couvre la troisième inscription : ars vivens, art vivant, expression du philosophe italien Giordano Bruno. J’ai donc fait chou blanc trois fois…

La cascade du PétardClue de FeissalCe qui me console, c’est que l’environnement est spectaculaire : la cascade à la Font du Pétard, la clue de Feissal où le val se reserre, les couches géologiques de calcaire tithonique inclinées, le fougueux torrent du Vanson.

Sentinelle du VançonSur la route du retour, je repasse à côté de la sentinelle du Vançon, merveille de construction d’Andy Goldworthy, autre artiste de la route de l’art contemporain ; l’œuf de pierre sèche a quitté son collier de neige du matin (la photo ci-contre n’a pas été prise le 2 mars).

Je n’ai donc pas vu Feissal (autrefois possession comtale dont le nom médiéval est Fiscal, fiscalium = qui appartient au pouvoir central), noyau de l’ancien village d’Authon ; en attendant que je puisse y retourner, je vous invite à regarder Feissal sur le site dignois.fr. Aussi bien ce site que la citation ci-dessous, me motivent fortement pour y retourner aux beaux jours.

Certains villages : ainsi Feissal […] occupent une position dont l’inconfortable frôle l’acrobatique […]. Véritable « bouts du monde », relégués au fond de solitudes entassées sur solitudes, archaïques spécimens de ces localités montagnardes de jadis où l’on n’accédait, […] qu’à pied ou à dos de mulet. Raymond Collier, la vie en Haute-Provence de 1600 à 1850, société littéraire et artistique des Alpes-de-Haute-Provence, Digne, 1973

feissal et les Monges routeExtrait du guide l'art en marcheLe guide papier annonce 3h ; entre les points A et B, le tracé n’est pas garanti puisque pas encore parcouru. 12km, 433m dénivelée (+520, -520), trajet évalué à 4h20 déplacement seul (5h avec la neige) auquel il faut ajouter le temps de visite de Feissal.

©copyright randomania.fr

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