--- Saisie d'un commentaire en bas de page ---

** Feissal et les Monges ou l’art en marche : version estivale


Sur la route vers Authon ce matinC‘est un circuit que j’avais tenté en mars : c’était beaucoup trop tôt, la neige abondante m’avait contrainte à rebrousser chemin. Lire l’article Feissal et les Monges : un circuit pour les beaux jours. Cette fois c’est l’été mais il pleut depuis ce matin tôt et je ne suis pas certaine de pouvoir partir : en effet, il y a un gué à passer et je crains les détériorations du sentier qui le rendraient alors dangereux. J’attends jusqu’à midi, heure à laquelle je décide de partir mais en sens inverse de la première fois, en commençant par l’ancienne route D103 qui menait autrefois au hameau de Feissal, dans le massif des Monges1. Ainsi je pourrai facilement faire demi-tour en cas de conditions défavorables. Le parking se trouve face au gite des Monges.

Le Vançon très boueuxla cascade la font du Pétardclue de FeissalJe traverse le gué sous lequel le Vançon boueux s’enfuit à toute vitesse. Je monte régulièrement et suis surprise d’arriver aussi vite au niveau des traces laissées sur les rochers par l’artiste herman de vries (volontairement en minuscules). Je suis passée par la cascade de la font du Pétard, par l’impressionnante clue de Feissal puis j’ai trace herman de vries 1trouvé sans difficulté la première trace : art vivens, art vivant, expression du philosophe italien Giordano Bruno. La seconde près du sapin au bord de l’eau se devine ; elle est gravée en grec (panta rhei, Héraclite) et signifie que dans la nature toute chose est en devenir, tout coule. trace herman de vries 1Trace herman de vries 2 près du sapinQuant au point, visible 100m après la source de Pisse-vache, je ne l’ai pas trouvé ; c’est un peu comme chercher une aiguille dans une motte de foin tant il doit être petit par rapport à la masse rocheuse. Si vous le trouvez, n’hésitez pas à m’envoyer une photo en me transmettant ses coordonnées géographiques ; voici ci-dessous la photo du musée et la description qu’en donne le guide (dans le sens Feissal -> Authon) L’art en marche à partir de Digne les BainsImages en Manœuvres Editions / Musée GassendiImages en Manœuvres Editions, 2012 : randonnée 17, Feissal et les Monges

Point erman de vries 3 clue Feissal (photo musée Gassendi)100m après un caniveau qui traverse la piste, un point herman de vries est gravé sur la paroi rocheuse, face à la piste qui plonge vers la clue de Feissal.

Lien vers la géolocalisation de toutes les traces et tous les points

La route après le carrefour de Géruen

le Vançon au niveau du pontLes accotements de la route fortement dégradée par les pluies, sont instables ; des arbres sont tombés, des pierres sont charriées par le bruyant Vançon de couleur brune. Il aura fallu quelques heures pour en changer la couleur. La montée est longue mais régulière, sans difficulté sur ce revêtement. Au pied du defens de Pierre-Mont, la piste se scinde en deux : l’une monte à la crête de Géruen – que l’on peut atteindre également en partant du col de Fontbelle – l’autre continue vers le hameau de Feissal. Au loin, ô surprise, une femme et deux enfants se promènent sur le bord du chemin : ce sera la seule rencontre de la journée. Ce couple est venu passer des vacances très tranquilles au hameau de Feissal (1411m d’altitude).

Le passage à Feissal à partir d’Authon restera difficile longtemps ; on comptait encore 148 habitants en 1836 et 27 en 1911. Le roi René y avait fait construire une bergerie en pierre ; en 1775, Feissal reçoit sur ses pentes pelées mais bonnes au pâturage, 1800 brebis dont 1200 l’été. Feissal qui avait sa propre église (en ruines aujourd’hui), se dotera d’une école. Les habitants vivaient avec les bêtes. Le village finira avec une seule famille qui assumera toutes les fonctions municipales ; elle demeure propriétaire aujourd’hui d’une des plus grosses propriétés pastorales de France louée à des transhumants provençaux.
Au début du XXè, Feissal était spécialisée dans la cueillette du thé des Alpes, nom usité en Dauphiné pour la Crapaudine des Alpes, le thé des montagnes, l’hysope jaune. On se sert essentiellement des fleurs pour confectionner une liqueur dont la recette ressemble à la confection du génépi.

bergerie en ruine à Feissalfontaine de FeissalFeissalFeissal pâturagesOratoire

Le GR traverse le village en passant près de la fontaine et de quelques maisons ; sur la gauche, je devine l’oratoire qui a succédé à l’église en ruines. Je comprends pourquoi Andy Goldsworthy, artiste auteur des refuges d’art dans la réserve géologique, avait projeté d’y construire un refuge d’art : cela aurait été en effet un lieu original et unique, associant art contemporain, randonnée et patrimoine rural. Les lieux étant occupés, je n’ai pas osé les visiter entièrement ; aussi vous trouverez plus de photos sur le site dignois.fr, des photos artistiques sur le site de J.-M. Plume.

Passage délicat protégé des glissements de terrainle vallon de la Bastiéchardons bleusAprès le pique-nique je continue le GR qui grimpe encore ; un long, très long tuyau, amène l’eau au hameau à partir de la source d’Estudy ; ce n’est plus aussi facile : quelques passages délicats en pente et en bordure de ravin me font redoubler de précaution. Descente vers la crête de Pierre-MontA mi-parcours, en regardant au loin vers l’ouest, je domine le fond de vallée de la Bastié où je serai tout à l’heure. Au niveau de la crête de Pierre-Mont, je change de monde : des arbres, de hautes herbes, des fleurs, des bruits, des cris d’oiseaux.

Fenêtre de Tabaillon : crête du RausLes lieux ont tellement changé  depuis mars que je reconnais pas l’endroit où j’ai fait demi-tour la première fois. C’est à l’endroit de la fenêtre de Tabaillon qui laisse entrevoir la crête du Raus derrière les sapins.

Champignon tout frais !Sous-bois humidetraversée à gué sur la Bastié boueuseCommence alors une descente sur terre mouillée en sous-bois dans le massif de Tabaillon. De nombreux champignons fraîchement sortis de terre incitent à la cueillette mais je ne m’y connais pas assez pour les ramasser. Le gué est un peu houleux mais je parviens à le traverser en équilibre sur une grosse branche d’arbre, sans trop me mouiller.

Terres noires en forme de dos d'éléphantSentinelle du Vançon, Andy GoldsworthyLa piste puis la route longent la rivière jusqu’au parking à Authon : c’est reposant après une longue randonnée. Pour terminer une journée consacrée à l’art dans la nature, je salue la sentinelle du Vançon d’Andy Goldsworthy, cairn de pierres régulier déposé dans un virage en épingle à cheveux peu après Authon sur la route vers Sisteron.

Une randonnée en moyenne montagne avec un goût sauvage, qui allie nature et art, dans une région peu fréquentée l’été et pourtant fort agréable.

authon feissal traceImage de l’itinéraire  12km900, 3h40 déplacement (4h40 au total), 425m de dénivelée (+670, -670) avec les 2 marques et le point de herman de vries 1Monges : du provençal mounge signifiant moine. L’abbaye de Saint-Victor possédait vers 1030 la presque totalité du massif pastoral du Dromont (Saint-Geniez) ; l’abbaye de Sainte-Barbe avait des établissements à Selonnet et Bayons ; les templiers à Authon ; les hospitaliers de Saint-Jean à Claret, Authon.

©copyright randomania.fr

Partager sur FacebookPartager par mail

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *