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GR69 la Routo : Vauvenargues de la jonction GR9/GR69 à la limite du Var (2)


La Routo entre Aix-en-Provence et la limite avec le Var, est plus variée sur cette partie. La piste du Petit Sambuc1 est large et tranquille. Deux Sambuc : le Petit Sambuc et Saint-Lambert du Sambuc tous deux figurant sur la carte de Cassini mais existant de longue date.

Dans un contrat de 1407 deux hommes reprennent à rente le Sambuc, jusque là tenu par quatre aixois qui ont 360 ovins et 360 chèvres.

Peu avant d’arriver sur la D11, et de passer la barrière DFCI, nous repérons un menhir que l’on attribuerait bien à Raymond Galle, l’artiste découvert dans la première partie…

Le GR se poursuit de l’autre côté de la route. Le GR9, sentier Jura Côte d’Azur et le GR69, cheminent ensemble jusqu’au hameau de Lambruisse ; piste large bordée d’arbres interdite aux véhicules motorisés ; de manière inattendue, le GR69 quitte la piste – qui n’existait pas à l’époque de la transhumance – pour une plus petite, petits cailloux entre les herbes, dans le vallon des Massacans ; nous venons de passer sur la commune de Jouques ; le domaine de Lambruisse est à cheval sur Jouques, Rians dans le Var et Vauvenargues. D’anciennes restanques témoignent du travail des hommes. Le trajet parcouru entre Aix et Lambruisse dans de bonnes conditions, nous a paru bien agréable mais…

…pour les évadés de la maison d’arrêt d’Aix-en-Provence en instance de départ en déportation, ce fut bien différent. Résistants emprisonnés, ils sont passés par le tunnel qui relie la prison au Palais de Justice ; un car était prévu mais à la dernière minute, le chauffeur a fait faux bond. Le 24-04-1944, ils ont rejoint Lambruisse à pied par le chemin de Beauregard, rocailleux, pénible et mal entretenu. Plus de douze heures de marche dans l’inquiétude permanente.

Le GR69 continue vers l’est tandis que le GR9 repart vers le nord. Le domaine de Lambruisse appartient désormais au Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône ; de l’extérieur, nous jugeons l’importance du corps de ferme à 3 étages : rez-de-jardin, rez-de-chaussée et un étage. Les fenêtres sont condamnées, on entre dans l’annexe par une porte différente.

La ferme est occupée par 200 rhinolophes ; l’ancienne étable et la réserve d’eau sont également utilisées par les chauve-souris protégées par un accord entre le département et la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères.

Le propriétaire en 1823 est Joseph Feissat, auteur d’un mémoire sur la Conservation des bois existant et reboisement des terrains vagues et stériles, résultat d’expérimentations faites sur son domaine. Son histoire est liée à celle de la presse marseillaise, Le Sémaphore de Marseille.

1828, l’imprimeur Antoine Ricard et son neveu Alexandre Demonchy sortent le premier numéro du journal le Sémaphore de Marseille, rue Canebière. Ricard, qui n’est plus très jeune, veut passer la main. Son neveu trouve un commanditaire associé : Joseph Feissat Aîné qui a géré le domaine de Lambruisse au début du XIXe ; il a créé une revue mensuelle agricole dans laquelle il dispense son expérience de gestionnaire agricole ; il s’intéresse à l’imprimerie. En échange du matériel, des brevets et de la clientèle, Feissat cède son domaine de Lambruisse à Ricard. Le neveu devient propriétaire du journal.
Feissat meurt en 1835 ; le mari de sa fille Adolphe Barlatier, dirige alors le journal jusqu’en 1883.
Des journaux et des hommes : du XVIIIe au XXIe siècle, à Marseille et en Provence, Constant Vautravers, Alex Mattalia,

Nous continuons la visite : devant le corps de ferme sur le GR69, il y avait l’aire à battre ; le lieu est accueillant avec quelques tables de pique-nique. Derrière la ferme, le puits sur le GR9 et à l’opposé une cour entourée de murets avec un abreuvoir ; je n’ai pas vu le pigeonnier qui aurait dû se trouver à côté ; la petite chapelle, avec son modeste autel de pierre a été restaurée ; une écurie derrière la bastide, puis dans le fond quelques bâtiments en ruine : un de ceux-là est-il la bergerie de Michel Bache Paulin, berger de Lambruisse ? Il fut assassiné en 1884 pour 45F et quelques brebis (Le Petit Provençal, 23/10/1884).
Fin XIXe, époque faste pour Lambruisse qui compte deux couples de fermiers, plusieurs agriculteurs et deux bergers.

Et peut-être encore enterré, une partie du trésor non récupéré des pilleurs de Bonaparte ?…

1799, le pillage des bagages de Bonaparte. Plus d’une trentaine de brigands se sont partagés le butin dans les bois de Rians (Vacon) ; la pendule, la montre, les trois pistolets n’ont pas été emportés mais enterrés à 50m de la bastide de Lambruisse ; deux ans après, ils y étaient toujours…
Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan, 1928

Nous quittons Lambruisse sur une piste dégagée (un puits à droite) ; à l’entrée du bois, nous montons le sentier raide jusqu’à retrouver la piste qui a fait une large boucle. Après le passage canadien, – pour empêcher les troupeaux de passer – nous rejoignons l’observatoire astronomique de la Sinne en passant par le point culminant de notre itinérance (611 m).

En contre-bas de la bastide provençale, un troupeau de moutons participe à l’entretien du milieu, gardés le plus souvent par un chien seul. Je sais par expérience que le protecteur du troupeau se fera connaître dès que nous serons descendues ; en effet il vient vers nous en aboyant alors que nous ne nous approchons pas du troupeau ; quand nous croisons un enfant avec un chien en liberté, nous le mettons en garde gentiment.

Derrière la diversité des paysages se cachent des espaces de travail et une vie pastorale qu’il faut prendre soin de ne pas perturber. […]
Avec le retour de ces prédateurs [les loups], ce sont des races originaires des Pyrénées (les « patous »), des Abruzzes ou de l’Anatolie qui sont utilisées parles éleveurs pour défendre leur troupeau. […] contournez largement le troupeau, restez calme, ne criez pas et ne partez pas en courant, tenez votre chien en laisse.

Topoguide la Routo

Dans la descente, nous virons à gauche sur une ligne droite parfaite dans la forêt du Puits d’Auzon, en file indienne, après avoir soigneusement refermé la porte. Sous-bois humide légèrement caillouteux.

Dans un mémoire, sans date, dressé pour la Route des troupeaux qui partent de la ville d’Arles pour la montagne de Prouvence et Dauphiné, du côté d’embrun, à Vauvenargues il faut prendre garde qu’en sortant de la terre de Vauvenargues pour aller à Rians, il faut traverser la terre de M. de treseime quy s’apelle le puy d’Asson, où il y a toujours de regatte, quoy que l’on passe sur la sime d’une montagne fort à l’étroit. Note : lire M. Tressemanes, Puy d’Auzon et …marchandage pour avoir le droit de passer

Après avoir refermé la barrière, nous arrivons au niveau de la route où nous découvrons la stèle d’un résistant Armand Nasciet (+ 20/08/1944), originaire des Pyrénées, résistant des Corps francs de la Libération (CFL), mort à cet endroit.

Le 19 août 1944, les avant-postes de la troisième division américaine d’infanterie (DIUS) débarquée dans le Var, arrivèrent à Rians (Var) à la limite des Bouches-du-Rhône. Les maquisards basés dans la vallée de Vauvenargues, […] attaquèrent les véhicules allemands qui refluaient en direction d’Aix. C’est pendant ces affrontements qu’Armand Nasciet, qui conduisait un camion du maquis, fut tué par une rafale de fusil mitrailleur.

Le matron, dictionnaire biographique des fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés 1940-1944

Pour poursuivre, point besoin d’aller jusqu’à la route mais continuer parallèlement à celle-ci en multiples ondulations dans la garrigue. Puis dans un virage à angle droit, nous descendons dans le vallon du Ballayre, à sec, avec parfois des restes de cabane en pierre sèche. Après un cheminement de presque 2km nous arrivons à la frontière du Var.

Un gros clapier et un rocher marquaient la jonction Puyloubier/Vauvenargues/Rians et le début de la carraire générale de Vauvenargues. Si vous trouvez un vestige de ce terme, faites-moi signe !

Là commence la carraire générale des bestiaux qui viennent de la Haute Provence ; étant accompagnés de François Cour fermier de la bastide et tènement du Puits d’Auzon, avons trouvé un gros clapier construit en pierre sèche qui de tous temps a été réputé et servir de limite au susdits trois terroirs à côté duquel avons marqué d’une croix un rocher ferme.

Rapport des carraires générales et particulières du terroir du fief du marquis de Vauvenargues, 1783

Vu que cette itinérance est longue avec dénivelée, vous n’aurez peut-être pas le temps de visiter tous les points d’intérêt cités mais vous pourrez les choisir. Bien balisé par la FFR et ses baliseurs bénévoles, il ne devrait pas présenter de difficultés particulières. Et pour les curieux de la thématique ‘transhumance’ écrite par P. Fabre de la Maison de la Transhumance, l’acquisition du Topoguide La Routo me semble indispensable (16,30€).

Itinéraire 2 de la jonction GR9-GR69 à la limite du Var 11km780, 111m dénivelée (+209, -303), 3h30 (4h20)

Image de l’itinéraire global 24km540, 404m dénivelée (+681, -388), 7h35 (déplacement théorique seul), 9h30 au total (norme DIN 300m montée/h, 500m descente/h, 4km/h sur du plat).
Calculateur durée estimée en fonction de vos propres paramètres

1sambuc de sambuco = sureau

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