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Istres entre terre et mer


Organisées par la Fédération Française des Sports Populaires, les premières marches populaires internationales m’emmènent à Istres que je connais mal. Je n’ai rien préparé sur mon GPS : je n’aurais donc que le marquage sur le terrain ; le temps est couvert, la matinée a commencé par la pluie et pas de copines pour m’accompagner. Trouver une place de parking gratuite devant la mairie demandera de la patience.

J’arrive vers 10h à l’office de tourisme et il n’y a que moi pour l’inscription. Le temps incertain a dû en faire fuir quelques uns. Les deux personnes qui m’accueillent me remettent un plan et un descriptif dont le parcours est représenté au gros marqueur jaune. Le principe des marches populaires est conservé : je trouverai en cours de route deux stands de ravitaillement qui ne figurent pas sur le plan.

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

Au pied de la porte d’Arles, deux fontaines basses dites de Saint-Eloi, abreuvoirs pour animaux et approvisionnement d’eau des habitants du Vieil Istres. Les bergers transhumants y passaient autrefois.

Le Portail d’Arles a été édifiée entre 1771 et 1773 à l’emplacement de l’ancienne porte des remparts écroulés. […] De forme légèrement concave, sa face antérieure d’une grande sobriété, est décorée de deux guirlandes fleuries. […] sa clef de voûte est ornée d’un écusson de style Louis XV. D’après l’office de tourisme d’Istres

La chapelle Saint Sulpice datée sans doute du Xe-XIe siècle est fermée à cause des intempéries ; d’art roman provençal, Saint-Sulpice passa sous différents vocables, ceux de la Vierge, de l’Annonciation, de Sainte-Catherine, de la Mère de Dieu et de Notre-Dame.  La chapelle aujourd’hui a pour mission de promouvoir les artistes et les pratiques amateurs. C’est un des trois monuments du département à posséder une lanterne des morts, qui ne ressemble pas aux tours élancées du sud-ouest de la France. La lanterne des morts se situait à l’extérieur, sur la façade à droite de l’entrée actuelle de la chapelle. Sur cette façade, il reste un « trou rond » dans lequel la lanterne reposait. Merci à Luc Fabre, de l’association Les Amis du Vieil Istres pour sa réponse rapide Une randonnée autour de l’étang de l’Olivier, Luc Fabre, 2014, Actilia Multimedia

[…] la chapelle Saint-Sulpice, ne pourra plus tard que renouer avec sa vocation principale […] : celle des veillées funèbres avant l’inhumation. Une lanterne des morts en témoigne. […] Un fanal funéraire brûlait la nuit précédant l’enterrement et signalait la présence d’un mort. […] Un gros cierge au feu purificateur remplaçait les bougies que les premiers chrétiens posaient sur les tombes. Les Amis du Vieil Istres

Le ruban de balisage est identique pour la version courte  ‘Istres, cœur de ville’ et la version longue ‘Istres entre terre et mer’ : c’est à la chapelle que les deux circuits se séparent ; je vais longer l’étang de l’olivier – depuis le XIIIe siècle des cultures d’oliviers bordaient son rivage – surprise par le jet d’eau qui lui donne un petit air de Genève. Le plus haut de France, jaillissant à 50 m de haut.

[…] installé sur un châssis de 6 mètres de côté, immergé à 50 cm sous le niveau de l’eau pour une meilleure intégration dans l’étang. Cette structure métallique, en acier inoxydable, pèse 2200 kilos. La colonne d’eau est alimentée par une pompe […] située à 3,5 mètres sous l’eau. De plus, le jet d’eau est éclairé la nuit par un faisceau de 14 projecteurs. Istres tourisme

Je croise quelques dinosaures dans le jardin méditerranéen, Dinosaur’Istres, inauguré en 2017 pour le plus grand plaisir des enfants. Les quatre dinosaures du bord de l’étang sont vraiment des spécimens aquatiques ; placés dans l’ordre chronologique de leur apparition, accompagnés de textes du paléotonlogue Stéphane Jouve, les dinosaures de l’exposition ont aussi un rôle pédagogique. Pliosaurus, adotodentapus, nothosaurus, tanystropheus n’auront presque plus de secrets pour vous.

Le tour de la colline du Castellan m’amène dans une autre anse de l’étang de l’Olivier où canards et cygnes se dandinent tranquillement ; j’arrive sur le parking privé de la résidence Les Arnavaux : là il faut suivre avec attention le descriptif. [GR2013] La rue Prouvent (et non Proment) porte le nom de l’ingénieur Johan Prouvent qui a creusé le canal de Cascavèu1 (du provençal : grelot, en français : Cascaveau) entre 1650 et 1667 pour mettre en relation les étangs de l’Olivier et de Berre.

Ce fut autrefois un étang salé et fermé où l’on retirait du sel. […] La première récolte connue est datée du 1er août 1540.  […] Mais revenons au XVIe siècle où le sel récolté était chargé au Cargadou […] avant d’être expédié à l’étranger. Suite à l’arrivée du canal de Craponne, les eaux s’adoucirent et la production devint confidentielle […]. Les eaux douces et supplémentaires de Craponne engendrèrent alors des débordements, inondant les bas quartiers et créant des marécages malsains. On prit alors la décision de creuser un canal de 600 mètres pour relier l’étang à celui de Berre dont 400 mètres en souterrain. […] Face à une demande d’irrigation croissante […] on creusa alors le canal de Boisgelin (aujourd’hui des Alpines), toujours alimenté par la Durance. En 1787, il se déversa […] à la plage de la Romaniquette. Suivant vents et courants, la circulation de l’eau entre les deux étangs s’inversait. Les Amis du Vieil Istres, le patrimoine istréen, l’étang de l’Olivier

André qui m’avait emmenée ici en 2018 m’avait indiqué que l’on circulait autrefois en barque dans le tunnel de Cascavèu, reliant les deux étangs. Carte postale extraite de la collection Amis du Vieil Istres

La rue du Redon (du prov. redoun : grosse sonnaille suspendue au cou des béliers conducteurs) traverse le petit parc de la Romaniquette avec sa gloriette jusqu’à la route où le moulin de Cascavèu (1834) domine l’étang de Berre. Il fonctionnait avec le canal de Boisgelin. Pour rester dans le ton, la commune a nommé les allées de ce quartier avec d’autres bruits : allée de la Claparde (du prov. clapardo : grande sonnaille suspendue au cou des chevaux et mulets), de la Clarine (la plus petite des sonnettes à moutons). 200 m à gauche, détour vers le belvédère de Suffren.

Je descends vers la plage de Romaniquette et sans difficulté, je suis le bord de l’étang par le chemin de Tortosa ; pinède sableuse, îlots de cormorans, traces d’occupation (militaire ?) au lieu-dit Saint-Pierre : le sentier ne continue plus tout droit mais descend sous une villa grillagée. Dans ce quartier fut creusée la curieuse grotte de l’abbé de Régis, une mine d’eau (propriété privée), et fut bâti un énorme vaisseau de pierre (en 1783, 23 m à l’origine, 18 m de long aujourd’hui, 5 m de large et 6 m 50 de haut) Le Héros, en mémoire du véritable vaisseau du bailli de Suffren lors de sa campagne en Inde. Personne n’a pu m’indiquer comment y accéder ; l’office de tourisme précise que l’accès au pied de la falaise étant jugé instable, ce monument historique ne peut se visiter… Carte postale extraite de la collection Amis du Vieil Istres

Ce domaine de Saint-Pierre appartenait alors au Père Roch de Régis et devint à sa mort, la propriété de mon arrière-grand-père Palamède de Suffren. Signé : Suffren. Suffren : Ce qui n’a pas ou peu été dit sur lui. Précédé d’une biographie de ce prestigieux marin provençal, Emmanuel Davin, Société d’Editions géographiques, maritimes et coloniales, 1947

A l’entrée du port des Heures Claires, le premier point de ravitaillement offre boisson et gourmandises ; je discute avec le bénévole qui n’a vu personne depuis un certain temps…

Je reprends ma route qui s’éloigne légèrement du rivage ; 200 m après le port, un escalier de bois en cul de sac atteint  la source de Saint-Martin mais contrairement à ce qui est indiqué ensuite, le sentier va quitter l’étang de Berre ; j’ai fini par comprendre après avoir vu deux balisages – un en bas, un près de la route – et lu l’arrêté municipal du 27/04/2016 qui interdit l’accès à l’étang par le GR2013 : la carte reproduite datait donc d’avant.

Je reprends mon chemin à travers les bois mais je raterai l’embranchement me permettant de retrouver le chemin d’origine près de l’étang, après la zone d’interdiction. J’arrive à l’entrée du Ranquet, second lieu de ravitaillement.[GR2013] Après discussion au sujet du balisage, je constate que je ne suis pas la seule à m’être trompée.

Les bénévoles m’expliquent alors que le tracé a été raccourci et m’indiquent quels panneaux il faudra suivre. Cette fois c’est écrit grand et c’est clair ; je remonte sur le plateau Teissier par un passage raide qui grimpe entre deux rochers ; le sentier continue dans la pinède ; aux abords des premières maisons, du quartier des Quatre-vents, mieux vaut reprendre le descriptif ; là encore, malgré mes efforts et plusieurs allées et venues inutiles, je ne prendrai sans doute pas le bon chemin. On circule entre maisons et petits espaces verts. Parvenue dans le centre ville, je reconnais que je n’ai plus tenté le parcours prévu trop complexe et inutile du côté du centre culturel ; cependant, j’ai pu admirer les fresques en mosaïques réalisées par Karine Guers, à partir de carreaux en céramique.

Le sentier de la corniche Saint-Suffren domine maintenant l’étang de Berre en surplomb du chemin de Tortosa pris à l’aller. A nouveau, je circule entre les maisons, traverse le parc des Roches Blanches après avoir cherché l’escalier qui y descend. Un peu de nature encore le long du cimetière du Rouquier et sa drôle de tour trapézoïdale derrière le grillage…

Vue dominante sur l’étang de Berre avant de rejoindre le centre ville, l’église Sainte-Famille à l’architecture contemporaine avec une coupole ovale en pierre porteuse massive.  Le seul rayon de lumière directe vient d’en haut, pénétrant par l’œil du dôme.

Je me rafraîchis à la fontaine moussue avant de rejoindre l’office du tourisme pour y faire tamponner la fin de mon parcours. En conclusion, c’était un parcours facile techniquement mais difficile d’un point de vue orientation dans sa partie en ville – marques de balisage difficiles à repérer et pas assez rapprochées : j’ai perdu trop de temps à chercher le bon itinéraire ; la carte remise était partiellement erronée le long de l’étang de Berre. A parcourir accompagné par un club de randonnée ou aidé d’un GPS de randonnée. Le circuit est intéressant, conçu de manière à découvrir le patrimoine istréen côté ville et côté nature.

Image de l’itinéraire 12km340, 66 m dénivelée (+235, -235), 3h15 déplacement (4h45 avec pique-nique).

Télécharger la route au format .gpx corrigée et actualisée.

1cascavèu : en provençal signifie grelot, sonnette. Selon quelques anciens Istréens, ce grelot ne serait autre que celui que les gardiens de la commune agitaient lors des épidémies de peste, pour prévenir de l’arrivée d’une personne contaminée ou d’un lépreux. Selon Les amis du Vieil Istres

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