Fête départementale de la randonnée dans les Hautes-Alpes, 2e jour. Toutes les photos du 21 juin 2009
Venant de Ristolas, apparait le chemin de croix d’Abriès menant à une chapelle consacrée à Notre Dame des Sept Douleurs.
Il a été érigé dans les années 1830 ; la niche de chacune des quatorze stations est ornée d’une plaque de métal gravée et peinte, représentant une des étapes du chemin de croix.
Nous partons du Roux d’Abriès pour la bergerie des pierres écrites. Je devine qu’elles doivent être nombreuses pour avoir donné leur nom à cette bergerie. Il est probable que ce sont des bergers partis en transhumance dans les alpages qui ont gravé ces pierres. cette tradition [La maitrise de l’écriture] a ancré au sein de cette société un climat culturel assez inhabituel et bien éloigné des clichés qui décrivent les communautés montagnardes comme retardées et peu cultivées
Les animateurs nous présentent le Bric1 Bouchet (2997m) d’où descend le torrent qui fait si souvent des ravages. Nos animateurs ont improvisé un circuit de secours car une partie du GR est impraticable. Les passages à gué nécessitent quelque attention sur des pierres parfois instables.
Pulsatille blanche, centaurée de montagne, trolle d’Europe, sainfoin montagnard
Le trolle d’Europe (3ème photo à partir de la gauche) ressemble à un gros bouton d’or aux fleurs fermées, ce qui empêche les abeilles et gros insectes d’assurer la pollinisation. Celle-ci est donc réalisée par une petite espèce de mouche, c’est le principe de mutualisme (extrait du site Florealpes)
La température décroit de 0°55 pour 100m ; quand nous arrivons à la bergerie, après avoir marché dans des prairies humides et des ornières profondes, beaucoup de randonneurs se couvrent. Le chalet de bois (altitude : 2130m), construit avec des troncs d’arbre empilés, est surélevé. De la neige fondue coule du toit ; par endroit il y a encore des plaques de neige au sol. Un enclos près des pierres écrites permet d’isoler les bêtes malades.
Qui sont ces personnes qui ont gravé leurs initiales sur les pierres ? sans doute des bergers qui pratiquaient la transhumance inverse entre le Queyras et le Piémont italien. D’autres personnes ont signé leur passage plus récemment. La technique est déjà celle du burin et du marteau, même si probablement le burin n’était qu’un clou et le marteau qu’une pierre.
[…] très forte mobilité de la population d’Abriès, de ses éleveurs qui ont longtemps pratiqué la transhumance inverse et entretenu pendant des siècles des relations avec les habitants des vallées piémontaises et qui étaient rompus aux finesses des transactions commerciales. Il suffisait d’une mauvaise récolte et d’une évolution brutale des marchés pour qu’une partie de la population s’en aille pendant quelque temps du village et cherche ailleurs des revenus honorables. Bulletin de la Société d’études des Hautes-Alpes, Abbé Paul Guillaume, Gap, 27e année, troisième série, n° 26
W.P.M. 1784 : cette gravure date d’un peu avant la révolution française. L’écusson du Dauphiné est symbolisé par 2 dauphins et la royauté par une fleur de lys. Le W signifie ‘vive’ (on le retrouve sur beaucoup de pierres dans le village même d’Abriès) d’où vive P.M. Une gravure au texte similaire mais datant de 1808, existe dans « la rue des écritures » du village d’Abriès. Je n’ai pas trouvé qui pouvait être ce P.M.
Le Dauphiné est une ancienne province française, qui correspond aux départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Le blason du Dauphiné ne comportait à la base que le dauphin de Méditerranée. La fleur de lys n’a été ajoutée qu’après annexion par la France. […]
De 1343 à 1789, le Queyras sera l’un des cinq escartons de la fameuse république des Escartons. « Les communes autonomes se réunissaient en fonction des circonstances. C’est l’assemblée des chefs de famille du hameau dont chacun est nommé tour à tour procureur pour un an, qui définit et assure les services et travaux utiles à tous : déneigement, entretien des chemins et canaux d’irrigation, garde du bétail, gestion de la forêt, aide aux nécessiteux, assurance mutuelle, etc. et qui en répartit les frais et le travail entre tous les feux du hameau. La démocratie avant l’heure ! Extrait du guide bleu PACA, Hachette, 1989
Deux noms gravés, COMBE EMILE et LOLA GARCIN 1903, rare nom de femme que j’ai pu lire sur les pierres écrites.
W J B F A : inscription du XVIIIe siècle sans doute ; la pierre a été bougée car les noms sont écrits dans les deux sens.
E /.A.
J.M. Sous la girouette, je verrais bien une tête de bouc stylisée (?)
A droite de cette girouette, qui symbolise parfois le Queyras, deux inscriptions :
CARLINI MARTINE 1964
Incroyable ! j’ai retrouvé cette Martine qui m’écrit :
trouver mon nom tout à coup dans votre description des pierres écrites, cela m’a donné le vertige ! et oui, en 1964, vacancière au Roux d’Abriès, je gardais les vaches avec les copains de mon âge… et nous avons laissé nos marques dans les pierres… 46 ans déjà, oh ! la la ! Merci d’avoir fait remonter ce souvenir…
BOURCIER DUCRO (huit couché à droite du nom : symbole de l’infini ou de l’amitié entre deux personnes ?) 190?
La famille Bourcier est sans doute celle d’Abriès :
- Jean-Laurent Bourcier, consul d’Abriès en 1721, a fait partir du conseil de santé ayant pour but de faire face à la menace de la peste (association Quey’racines, pour la sauvegarde du patrimoine écrit et oral du Queyras).
- C’est un Bourcier qui est un des héros du roman de l’abbé B., la veillée interrompue, 1838.
- En 1859, Blaise Bourcier a été élu recteur de la confrérie des Pénitents Noirs, assisté de quelques frères, tous originaires d’Abriès.
- Jean Noël Bourcier est auteur de Abriès, mon village natal, Vollaire Productions, Gap, 1983.
- Laurent, Jean et Marius avaient déjà signé une pierre écrite dans le village en 1924.
- En 2005, une réserve d’eau porte le nom de Marius : La réserve collinaire « Marius Bourcier », alimentée par le Torrent d’Urine, dispose d’une capacité de stockage de 13000 m3 (site de la mairie d’Abriès).
Incontestablement, c’est une famille de notables depuis plusieurs siècles.
190? P.RICHARD
Circuit de découverte Les pierres écrites, Parc naturel régional du Queyras, PNQ, 1993 (en vente sur le site du Parc)
Le retour se termine en longeant le torrent du Bouchet dont je constate la violence de par les berges affaissées et le courant tumultueux. Nous rejoignons Valpréveyre et son terrain de camping dans lequel sont construits des fours de pierre sèche. Un pique-nique géant et un barbecue avec de l’agneau du Queyras, nous attend. C’est le dernier moment de convivialité avant de repartir et qui termine en beauté un week-end enchanteur.
Autres idées randonnées mais non décrites, office de tourisme d’Abriès-Ristolas
Télécharger l’image de l’itinéraire à la bergerie_2h40 (depl seul) 7km460 dénivelée 494m
1bric : ce toponyme n’est utilisé que dans les Alpes du sud, le Piémont et le Cantal ; il signifierait sommet et viendrait du gaulois briga. Extrait de Les noms du paysage alpin : atlas toponymique Savoie, Vallée d’Aoste, Dauphiné, Provence, Hubert Bessat, Claudette Germi, ELLUG, 2001
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Bonjour, le patronyme « Bourcier » apparait par 2 fois, joliment gravé, dans l’enduit du tableau de la porte d’entrée de la chapelle St Barthélémy du Roux d’Abriès.
que de souvenirs d abries ou j ai garder les vaches avec mon cousin et voir q une reserve d eau porte le nom de mon parrain
trouver mon nom tout à coup dans votre description des pierres écrites, cela m’a donné le vertige ! et oui, en 1964,vacancière au Roux d’Abriès, je gardais les vaches avec les copains de mon âge… et nous avons laissé nos marques dans les pierres… 46 ans dèjà, oh ! la la ! Merci d’avoir fait remonter ce souvenir… 20 avril 2010
Beau circuit !
Ah les Hautes Alpes ! Belles découvertes et surtout bravo pour les photos et plus particulièrement les macros de fleurs !