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*** Le fort de Buoux


Depuis le temps que je  vis en région PACA,  que j’entends parler de Buoux, je n’ai jamais visité son fort qui figure pourtant sur la carte IGN et sur tous les guides de la région ; Photo de couverture du livrel’après-midi, j’ai rendez-vous avec Bruno au château de l’Environnement : ce sera donc l’occasion d’y aller le matin. Le château de Buoux de la demeure Renaissance au Château de l’environnement, L. Vermot-Gauchy, P. Prouillac & J. Haye, sous la direction de P. Cohen, Parc naturel régional du Luberon – Edisud, 2008

Toutes les photos du fort de Buoux

saint-symphorien (photo wikipedia)En arrivant d’Aix, vous ne pourrez pas rater le campanile élancé de la chapelle Saint-Symphorien dont les origines pourraient remonter au Xè siècle.  Une inscription lapidaire disparue cite Rostang, Teutbert, Ailald et Pons qui vivaient à cette époque.

J’ai choisi le trajet le plus court, à partir d’un petit parking de 4 places au lieu-dit Chemin-Clos, sur la toute petite route qui traverse le quartier de la Combe et mène aux Seguins, gite connu de tous les randonneurs. Attention ! il est bien difficile de se croiser en voiture.
FalaiseL’ambiance est donnée : nous sommes au fond du vallon de l’Aiguebrun, protégé par une haute muraille de pierre. Impossible de deviner le fort pour l’instant. Aucun téléphone mobile ne passe : prévenez donc vos proches si vous partez seul. Dans cet environnement fermé, un peu d’inquiétude passagère est possible…

Chroniques souterraines, le fort de Buoux et sites voisins, P. Courbon

sentier au départ du parkingL’humidité se ressent dans le vallon : les roches sont humides, parfois recouvertes de mousse ; après un ou deux passages un peu hauts, le sentier étroit rejoint la piste, le GR de pays du Tour des Claparèdes.

baume du fortchaos rocheux en face de l'abriLa montée continue passe devant un abri sous roche d’autant plus impressionnant que l’amas de gros blocs rocheux à gauche de la piste laisse penser qu’ils proviennent du toit écroulé ; il a été découvert lors de la construction de la piste d’accès au fort ; lieu de refuge idéal, sur les parois de la baume du fort existent encore des orifices destinés à recevoir les poutrelles supportant les clayonnages qui permettaient de clore la baume. Prise par le temps, je n’ai pas visité les alentours mais il y a des tombes creusées à même le roc et une cuve vinaire.

Chaos technique, Serge Robert

plan-fort-buouxSurgissant de la végétation, se dresse en un seul bloc un immense socle prédestiné : place forte idéale dominant les environs, la falaise semble inaccessible. chemin d'accès au fortJe m’arrête dans la maison du gardien des lieux ; la visite est payante (5€) et sert au financement des chantiers de sauvegarde ; je n’ai qu’une carte bancaire (non acceptée) et un billet de 5€ tout humide que je lui propose en deux morceaux, c’est le billet qui reste dans mon sac à dos au cas où… Heureusement, le gardien du fort accepte de le recoller ; il me met en garde sur l’humidité ambiante qui rend la pierre glissante, l’absence de protection du fort et l’escalier dérobé déconseillé aux personnes âgées, aux femmes enceintes et aux enfants en bas âge, et les jours de pluie.

Si vous quittez le fort par cet escalier, L’escalier secret, Serge Robert

Fort Buoux vue aérienne IGNLe chemin d’accès au plateau incliné long de 460m et au plus large de 80m, présente une dénivelée de 77m entre son point le plus bas et le plus haut : les constructeurs ont donc rationalisé l’utilisation du sol. Ce chemin utilise utilise une corniche naturelle entaillée par endroits pour faciliter le cheminement pédestre et muletier.
Les numéros entre parenthèses correspondent aux points de repère du plan que le gardien vous remettra.

Non loin du premier bastion médiéval (2), trois habitats rupestres (3) ; puis treize marches larges et surbaissées conduisent à la porte d’accès (5) datant du XIIIè. Sur 3 ha, je découvre alors un ensemble savant et complexe de l’architecture du moyen âge.

Accès à la tranchée défensive tranchée défensiveUne faille naturelle servant de tranchée défensive (7) a été aménagée : des ancrages de poutres pour la couvrir, un escalier taillé dans le roc, à l’extrémité sud ouest un bastion et un corps de garde (10). A l’opposé, une ancienne citerne (8) autrefois couverte récupérait les eaux de ruissellement du plateau.

sentier glissant vers S.-E. de l'aire du fortJe poursuis alors sur le plateau glissant ; à gauche, il devait y avoir des terres cultivables ; en s’approchant des bords du plateau, on comprend la dangerosité du lieu qui s’ouvre sur un grand vide. Le village médiéval (12) qui a son apogée au XIVè, laisse apparaître quelques vestiges d’habitation et six murailles de pierre sèche constituant un système défensif complémentaire (11).

Le fort de Buoux, bob_13

Eglise porte voûtée EgliseLa porte d’origine de l’église du fort (14) à l’ouest a été bouchée ; on y entre maintenant du côté de la citerne qui jouxte l’église. On reconnait l’abside semi-circulaire typique de l’époque romane, l’autel.

Habitation troglodytique avec silo citerne près de l'église citerneQuarante mètres plus loin se trouve un groupe d’habitations dont la maison commune (16) avec une porte en plein cintre ; certaines habitations sont semi-rupestres, d’autres ont leur propre silo (17).

escalier-derobe-photo-P CourbonPassage dérobé (dangereux)On accède à l’escalier dérobé (37), à proximité des habitations, par une poterne (36) ; son état n’incite pas à quitter le fort par là. Il donne accès à un plateau intermédiaire puis, par 62 marches hautes, le bas de la falaise et le vallon du Colombier. Peut-être qu’autrefois, on atteignait le plateau intermédiaire par une échelle.

Habitation troglodytique avec silo Ensemble de silosUne aire d’environ 80 m2 concentre 16 silos (19) de dimension différente, taillés en forme de marmite dans le rocher et avec un couvercle.

La forteresse médiévale me laisse admirative : trois fossés, trois remparts vont se succéder sur le plateau. Le premier rempart s’appuie sur le rocher, percé d’archères étroites et allongées ; on y accède par une poterne en plein cintre légèrement décentrée.

Puis un second fossé aujourd’hui à demi comblé, avant système de défense d’une haute muraille sans archères. mais flanqué en son milieu d’une tour carrée à trois étages percée d’archères ébrasées vers le bas pour les tirs plongeants ; l’accès se faisait par la droite du pont-levis. Entre le deuxième et le troisième rempart, il y a plusieurs constructions dont un corps de garde ou une prison aux murs épais et une seule fenêtre étroite (26).

Le troisième rempart barre toute la largeur de l’éperon sur 16m de long ; le fossé qui le précède, taillé dans le roc, est large de 5m : on y accède par le centre. Le plateau se rétrécit et s’élève ; le donjon est bordé de deux fossés ; la muraille à l’est est à l’aplomb de la falaise sur un a-pic de 70m.

Vu la difficulté d’accès au plateau, l’utilisation de l’artillerie lourde est impossible : on comprend donc l’importance des fossés, des remparts, du système de défense de ce fort.

cupule celto-ligure ?Le plateau se termine au-dessus d’un vide vertigineux ; creusée dans le roc avec une rigole d’évacuation aboutit en bordure de falaise à l’aplomb de l’escalier secret. Bien faible contenance pour de la poix à répandre sur les assaillants en contre-bas !  Barruol suppose qu’il s’agit d’un ensemble sacrificiel protohistorique, soit une pierre à cupules.

Bien protégé par la configuration géologique et par un système militaire composé de multiples constructions défensives, on peut penser qu’il était inviolable. Et pourtant. Plusieurs assauts sont donnés au fort par les protestants qui prennent le fort en 1573. Les catholiques réussissent à reprendre la place en 1574 mais les réformés parviennent à  pénétrer dans la place. Le seigneur de Buoux se replie dans les derniers retranchements de la citadelle : il est précipité du haut du donjon. En 1578, les catholiques dirigés par Pompée de Pontevès-Buoux, grâce à un stratagème, reprennent le fort.

Ayant attiré le gouverneur du fort, sous prétexte de le régaler dans son château avec tous les officiers de sa garnison, il fut si inconsidéré de s’y rendre. On l’arrêta et l’ayant attaché sur un âne, on le mena sur une hauteur voisine du fort d’où il pouvait être aperçu de quelques soldats. Le péril de leur gouverneur et le peu d’apparence qu’ils pensent résister leur fit ouvrir les portes. Remerville, histoire d’Apt.

Les troupes sont maintenues sur place pendant plusieurs années encore mais coûtent cher à la communauté d’Apt. Après 1649, le silence s’établit autour du fort. Sa démolition est achevée avant la fin du XVIIè  mais l’histoire de Buoux est encore liée à celle de son château qui a appartenu à la famille Pontevès-Buoux jusqu’en 1753, date où le marquis de Gallifet l’acquiert ; Alexandre de Gallifet est plus connu du côté d’Aix où il était propriétaire du château du Tholonet.

Merci à Bruno du service pédagogique du parc qui m’a prêté ce livre : Connaitre le Luberon – 3 nouvelles monographies de communes sises sur le territoire de Luberon-Nature : Buoux, la Bastidonne, Rustrel, R.Bruni, J.-L. Joseph, Jean Vermeulin, Régis Fabre, Cahiers 6 de Luberon-Nature, 1981

Ouvert toute l’année, du lever au coucher du soleil. Fermé par temps de pluie, neige, brouillard et autres intempéries.  –  5€
Tél : 04 90 74 25 75

fort-buoux-trace courte2.8 km, 126 m dénivelée (+470, -470), 2h avec visite libre –  5€

courtine : muraille reliant deux tours ou rempart reliant deux bastions.

©copyright randomania.fr

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Une réflexion sur « *** Le fort de Buoux »

  1. Bonjour,il est à noter que les heures d’ouverture du fort ont changé. Le fort est ouvert tous les jours de 10h à 17h et fermé en cas d’intempéries,comme indiqué.

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