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Le Trou du Loup par la chapelle Saint-Brice et la fosse aux loups


Cette fois c’est Yves qui conduit la randonnée ; partiellement sur les mêmes chemins que ceux que j’avais parcourus en 2014 Le Trou du Loup, elle a cependant plusieurs atouts supplémentaires : la chapelle Saint-Brice, le vrai trou du loup et un groupe très sympa pour partager nos bons plans !

Mes photos de la randonnée

Les photos de Yves, notre guide

Après une montée tranquille, nous arrivons en face de la chapelle Saint-Brice, de dimensions modestes, dédiée à un saint qui, aux IVè et Vè siècles, fut un disciple de saint Martin auquel il  succéda comme évêque de Tours. Du XIIe au XVe siècle, l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon possédait déjà l’église paroissiale Saint-Brice, un prieuré situé sur la colline, et l’église Saint-Martin au Picarlet ; elle en percevait les revenus. L’autel a été repeint. La statue placée au-dessus de l’autel est dédiée à Notre Dame de la Salette connue pour ses récits d’apparitions.
Quant à la cache, une des quarante posées par le parc du Luberon, elle devient évidente… si on y arrive par le bon côté.

23/40 luberon chapelle Saint-Brice, Corbeleaux

Nous poursuivons par le sentier de découverte les chemins de l’olivier, illustré de panneaux d’information ; la piste du trou du Loup circule entre les massifs boisés et parfois nous remarquons certaines zones dans lesquelles la végétation n’a pas tout à fait repoussé comme avant l’incendie de 2002. Après une courte pause, on quitte la piste balisée pour rejoindre le point culminant de la randonnée.

Le cairn  04 ancré sur la crête des Vierards par le club de rando local de Sainte-Tulle a peu de chance de s’écrouler : il est bâti autour d’un poteau de bois qui lui donne l’allure d’une cheminée. A travers la végétation basse, ici et là quelques totems en bois contemplent le paysage côté nord, avec Pierrevert et Sainte-Tulle dans la vallée.
L’association a aussi participé à la réhabilitation de l’espace incendié qui a traumatisé les habitants. Le plasticien Jacques Le Tixier a réalisé une oeuvre « Et la colline reverdira ». J’ai bien l’impression que des 92 totems de bois taillés à la tronçonneuse symbolisant des couples, des familles amenées à disparaître un jour, il n’en reste plus beaucoup.

Le 24 juillet 2002, le feu parcourt 620 ha sur les communes de Pierrevert, Sainte-Tulle et Corbières : cet incendie est le premier dans le département qui ait touché sévèrement des quartiers bâtis. Observatoire régional des risques

Cairn sud 04 – Et la colline reverdira, YvesProvence

Nous allons entamer une descente encore facile sur des galets roulant. Une construction de pierre sèche non loin de la crête où se trouve la limite entre les deux communes, m’intrigue. Sa forme n’est pas celle d’une cabane de pierre sèche : allongée, rectangulaire avec une ouverture sur le côté, elle me fait penser à un petit parc ou abri à moutons – quelques jas sont signalés sur le cadastre napoléonien – ou un corps de garde tel que construit en 1720 pour empêcher les intrusions de potentiels malades de la peste.

Lorsque la maladie se déclare à Corbières et à Sainte Tulle, un blocus allant de Manosque à Beaumont de Pertuis, gardé par 80 hommes, fut ordonné par le marquis d’Argenson. La peste de 1720 emporta 131 personnes sur les 400 habitants présents. À la fin de l’épidémie, tous les effets et les meubles des défunts furent brûlés au centre du village. Depuis, un feu est allumé du 24 décembre au 1er janvier sur la place du village pour commémorer cette épidémie. Selon le site de la commune de Corbières. D’après Histoire géographie statistiques du département des Basses-Alpes, J.-M. Féraud, Digne, Vial, 1867 et le site BassesAlpes

De temps à autre, des arbres morts étendent leurs maigres bras dans tous les sens ; certains y verront la désolation, d’autres une oeuvre d’art. J’appréhende tellement la descente plus ou moins périlleuse sur des galets que je me mets à la queue pour affronter, à mon rythme, les risques de chute. Nous suivons un ruisseau à sec sur des formations gréseuses et marno-calcaires, alternance de couleurs grisâtre et blanche.

Yves s’écarte de la piste pour nous mener au trou du loup, le vrai comme il aime à dire, un vrai piège à loup quelquefois appelé louvière, tel qu’en fabriquaient nos ancêtres des campagnes, proches des forêts. Il n’en reste plus beaucoup mais les noms de lieux en gardent le souvenir. Sans doute placé sur le parcours des loups venant s’abreuver au ruisseau – c’est le cas ici même s’il est à sec aujourd’hui – il doit être suffisamment profond pour que le loup ne puisse remonter ; cette fosse qui s’est comblée progressivement de terre, ne fait plus que 2.50 m de profondeur mais constitue quand même un risque pour ceux qui courraient un peu trop vite. Au fond du trou, une ouverture a été pratiquée pour permettre à ceux qui y tomberaient par mégarde, de s’échapper.

On bâtissait des fosses profondes (4 m) car le loup est capable de faire un saut de 2 m sans prendre son élan ; il était aménagé en entonnoir renversé c’est à dire évasé vers le fond et non vers le haut pour empêcher l’animal de remonter en prenant appui sur les bords. A l’intérieur des pièges (piques, collet, etc). Au dessus une couverture de feuillages. Pour attirer le loup vers la fosse, on pouvait garnir la fosse d’un cadavre de mouton ou même d’une jeune brebis vivante dont les cris attiraient le loup. D’après pièges et fosses à loup, generationsrurale.be

Comment prendre le loup avec une fosse

Mode d’emploi du piège à loup, XVIIIe-XIXe : Louis LigerLa Nouvelle maison rustique ou économie générale de tous les biens de campagne […], 11° édition, 2 volumes, Paris, 1790
M. Vérardi, Manuel du destructeur des animaux nuisibles ou l’art de prendre et détruire tous les animaux nuisibles à l’agriculture, au jardinage, à l’économie domestique, à la conservation des chasses, 1823

Les fosses aux loups avaient des variantes régionales : en Auvergne par exemple, on bâtissait des fosses en pierre de lave ; dans les Alpes, on plantait un arbre à blesser (pointe de mélèze sec avec rameaux taillés en pointe acérée) ; une spirale de sang de brebis pouvait mener au trou ; là où l’on ne pouvait creuser, le piège prenait la forme d’une double palissade circulaire l’une au centre de l’autre, avec une porte ouverte mais amovible ; quand le loup en avait fait le tour entre les deux palissades, il poussait la porte et la refermait lui-même (voir maquette jointe du site generationsrurales.be). A Saint-Martin Vésubie, on peut encore voir une fosse à loup dont l’ouverture est garnie d’un bord de pierres surélevé.

Le trou du loup (le vrai), YvesProvence

La descente dans les cailloux continue, des petits galets ronds et parfois aussi des pentes ravinées. Nous arrivons au pont où le groupe se partage le parapet pour une petite pause. Nous retrouvons la piste du Trou du Loup et ses jolis feuillages rouges et orangés qui constituent un beau bouquet d’automne.

L’eau du torrent de Corbières est bien calme ; il est encore dans sa période d’étiage. Pour rejoindre notre table de pique-nique sur les rochers au bord de l’eau, il faut descendre quelques rochers en cherchant le passage le plus facile, mais quel plaisir !

Situé 300 m en aval de la confluence du ravin de Bernardine (lieu autrefois planté d’une variété de poire ancienne, mûre en avril-mai, appelée la Bernardière), et du torrent de Corbières, notre lieu de pique-nique bénéficie quand même d’un peu d’eau sans que nous puissions nous baigner. La longue pause déjeuner se termine par une sieste pour certains, par le café et le rhum arrangé pour d’autres. Un randonneur attentionné prête son bras secourable aux dames pour escalader le pas un peu haut qui nous ramène à la piste.

Le barrage renferme une eau bien verte. On n’entend pas le bruit de l’eau. Un court passage à la fontaine du Tarnaud, improbable point d’eau rustique mais avec robinet, caché dans les bois. Le soleil enfin pointe son nez : il commence à faire chaud.

La fontaine du Tarnaud, YvesProvence

Parfois, des conglomérats de galets cimentés ressemblent étrangement à ceux des Pénitents des Mées. Le sentier du retour, étroit, longe le canal, passe sur un pont-aqueduc ; il est balisé à intervalles réguliers par quelques regards d’entretien. Là ou l’arbre mort dépasse à peine la végétation, il faut descendre par un passage escarpé ; on se retrouve alors face à plusieurs pistes de VTT ravinées et glissantes ; certains n’ayant pas attendu le guide ont pris la mauvaise piste ; sur la droite, un sentier pour les piétons était bien moins risqué.

Dans les vignes, le raisin noir a été coupé mais il reste quelques petites grappes avec de petits grains délicieusement sucrés. Le gué de béton traverse le torrent à sec.

Nous arrivons à Corbières où nous nous rafraîchissons à la fontaine du village tandis que les joueurs cherchent la cache du lavoir qui a disparu. Le lavoir de la Place Haute est alimenté par la source du Tarnaud située à 3,5 kilomètres en amont sur le Riou de Corbières.

24/40 luberon Le lavoir de Corbières, Corbeleaux

Les 40 caches du Parc naturel régional du Luberon

Face au boulodrome, j’admire la grappe de raisin qui sert de déco ; en m’approchant, je reconnais des boules de pétanque soudées ; un bon moyen d’identifier l’association bouliste du coin !

Une randonnée découverte équilibrée dans sa difficulté, agréable en toutes saisons, mais mieux quand il y a de l’eau pour se baigner, dans le parc du Luberon,  avec un piège à loup à découvrir. Merci Yves.

Image de l’itinéraire 12km140, 3h30 déplacement (6h45 au total avec un grand temps de pique-nique), 199m dénivelée (+276, -276)
Télécharger le trou du loup version 2 au format .gpx

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