--- Saisie d'un commentaire en bas de page ---

Sur les traces du train des Pignes Central Var


Peu de vestiges des installations du train des Pignes Central-Var entre Meyrargues et Peyrolles ; petite précision : le train ne s’est jamais appelé officiellement « train des Pignes » durant son exploitation : c’est un surnom par analogie avec le train des Pignes à vapeur remis en route en 1980 sur une partie de la ligne Digne-Nice par le Groupe d’Etude pour les Chemins de fer de Provence. Pigne désigne le cône des pins ou la graine qui se mange. Le train des Pignes traversait-il quelques forêts de pins qui lui auraient valu cette dénomination ? les voyageurs avaient-ils vraiment le temps de ramasser des pignes quand le train allait très lentement ?
Le TRAIN des PIGNES à vapeur, restauré et exploité par le Groupe d’Etude pour les Chemins de fer de Provence

Vous pouvez stationner à la gare de Meyrargues1, mais vous devrez suivre l’ex-nationale particulièrement dangereuse sur 450 m. La voie communale 202, parallèle à la nationale, si tentante soit-elle, mène à des propriétés privées…

J’ai d’abord repéré les trois lignes qui passaient par là : la ligne de Marseille-Saint-Charles à Gap-Briançon (bâtiment de voyageurs de 1ère classe à corps central de 12 m sur 8 encadré de deux ailes), avec une bifurcation vers Pertuis se trouvant à la sortie du pont sur la Durance ; une ligne départementale en direction de Salon-de-Provence et Arles, et celle à voie métrique des Chemins de fer de Provence, 210 km, à destination de Draguignan, Grasse et Nice qui a fermé en 1950. Sur la carte Michelin de l’époque, la voie étroite est représentée par une ligne noire dentée.

Nous allons tenter de suivre cette dernière ligne entre Meyrargues et Peyrolles ; la gare se trouvait à angle droit de la gare actuelle. Du temps de la traction vapeur, un seul train quotidien faisait le trajet complet – durant plus de onze heures – de Meyrargues à Nice. Entre Meyrargues et Peyrolles, 5km en 8 mn, soit 37 km/h environ.

Gare de Meyrargues, Yves Provence

Les travaux débutèrent sur l’ensemble de la ligne entre 1886 et 1887, […]. Pour la première fois en France, une ligne à voie étroite atteignit  une centaine de kilomètres de long. Le premier tronçon Draguignan-Salernes fut officiellement ouvert le 23 avril 1888. Le 27 août, la ligne rejoignit Barjols, puis le 28 janvier 1889 le terminus de Meyrargues. L’inauguration officielle de la ligne Draguignan-Meyrargues eut lieu le 22 mars 1889. Historique train des Pignes

Baguenaude sur la ligne Meyrargues-Nice, M.-A. Dubout
Le train des Pignes d’hier à aujourd’hui, P. Lambérieux, Editions Alan Sutton, 2013
Le siècle du train des Pignes, J. Banaudo, Groupe d’Etude pour les Chemins de fer de Provence, Les Editions du Cabri, 1991. Ouvrage très complet, nombreuses photos d’époque, informations techniques.

Après avoir traversé la route au carrefour de la rue de la Grange et de la D96 danger, je me retrouve sur la voie métrique d’autrefois, traverse les champs pendant un long moment puis longe des bâtiments qui semblent abandonnés dans le quartier Saint-Joseph et donc propices à une véritable décharge. Je quitte l’ancienne voie du train pour suivre la route du Plan qui mène au centre de Peyrolles en passant devant l’oratoire du Plan.

Petit coup d’œil à la minuscule chapelle Saint-Sépulcre érigée au XIIe siècle et qui a de si belles couleurs au soleil couchant ; le nom de Saint-Sépulcre évoque le tombeau du Christ en Orient. Construite sur un promontoire rocheux, elle a la forme particulière de croix grecque.  D’après Duby, historien du moyen age, il s’agirait d’une chapelle votive, commémorant un retour de croisade. Peyrolles retro

Retrouver la gare de Peyrolles n’est pas une mince affaire ; deux manières : faire la cache de Yves Provence ou se balader avec une ancienne carte postale sous les yeux. Elle est coincée entre des bâtiments bien plus hauts qu’elle. La gare de Peyrolles a ouvert le 15/01/1889 avec un bâtiment de 3è classe, donc la plus petite taille pour une gare.

Train des Pignes Central-Var – Gare de Peyrolles, Yves Provence

Pour le retour, comme il n’y a plus rien à découvrir concernant le train des Pignes, plusieurs trajets sont possibles : longer le canal d’irrigation de Peyrolles, tracé officiel du train des Pignes (bd la Ferrage, Coudeloi) ou le canal de Provence, large et surélevé. J’ai mixé les deux, retrouvant le petit canal de Peyrolles au chemin de Cante-Perdrix.

Bien ombragé, il circule le long du ruisseau. Les chèvres d’Emilie cherchent la fraîcheur au bord du ruisseau où poussent quelques arbres ; l’une d’elle a même pris quelques risques en se positionnant sur un étroit rebord. Le sentier circule au pied du canal, rejoint la route qu’il faut suivre quelque temps jusqu’à la chapelle Notre Dame d’Astors dont l’intérieur dégradé me désole.

Chapelle inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1940, devant son état de dégradation, un diagnostic architectural et historique a été réalisé à la demande du Grand Site Sainte Victoire. Les travaux de confortement ont été terminés en 2007 mais l’intérieur…

Un gros bouquet d’escargots des steppes, que je trouverai presque esthétique si je ne savais qu’ils étouffent la plante. Après avoir retraversé le canal, je rejoins la ligne du train des Pignes ; avant de traverser avec appréhension la D96, jetez un coup d’œil à la maisonnette en face à gauche, cachée par une clôture et des arbres.

A ce carrefour, le passage à niveau n°2 permettait au train de traverser la route. Cette construction, c’est l’ancienne maison du garde-barrière qui n’a pas été vendue comme la plupart des maisons de la ligne car elle a subi de nombreux dégâts, comme la gare et ses installations, durant les combats du 20 août 1944 ; abandonnée, elle a cependant toutes les caractéristiques des maisons de l’époque : maison cantonnière carrée à un étage, crépi de couleur chamois avec fenêtres encadrées de brique rouge, accompagné d’un poulailler ou d’une réserve de bois et d’un potager.

En poursuivant sur la voie, réservoir d'eaugrâce à Claude, j’ai découvert le réservoir d’eau Sud-France situé en face des entrepôts de la gare qui appartiennent aujourd’hui à un propriétaire privé. Posé sur une tour hexagonale de pierres et de briques, celui-ci contenait 120 m3 d’eau pompés dans un ruisseau ; il en fallait en injecter entre 4 et 6 m3 dans la chaudière, selon la longueur du trajet, pour produire la vapeur nécessaire à la traction du train. Pour qu’il y ait la pression nécessaire à l’écoulement de l’eau vers les canalisations en question, le fond de la cuve du château d’eau se trouvait toujours à une hauteur d’environ 5 m au-dessus du niveau du rail. Site belge sur les châteaux d’eau d’hier.
Depuis le réservoir, l’eau est distribuée aux locomotives par une grue hydraulique à colonne en fonte qui devait se trouver en bordure des voies pour alimenter en eau le tender, wagon placé immédiatement après la locomotive, ou les soutes à eau de la locomotive. Le train à vapeur a persisté jusqu’en 1950.

La chaleur produite par la combustion du charbon dans le foyer et le passage des gaz chauds dans les tubes qui traversent la chaudière, réchauffe l’eau qui se transforme en vapeur. Celle-ci est captée dans la partie haute de la chaudière par une vanne, le régulateur, qui dose la quantité de vapeur admise aux cylindres. Dans chaque cylindre, la vapeur repousse un piston relié à de fortes barres d’acier, les bielles, qui transmettent un mouvement circulaire aux roues. A la sortie des cylindres, la vapeur d’échappement se mélange aux gaz chauds qui ont traversé la chaudière et l’ensemble est expulsé à grande vitesse par la cheminée, ce qui favorise le tirage du feu. J. Banaudo, G.E.C.P. par mail

Au terminus de Meyrargues il y avait également une fosse à piquer où les chauffeurs basculaient les cendres de leur foyer, une aire de désinfection pavée ou cimentée pour le lavage des wagons ayant transporté des animaux, une grue pivotante pour la manutention des charges lourdes, un pont-bascule d’une capacité de 20 t pour le pesage des wagons, une remise à locomotives à trois voies où est également stocké le charbon venant de Gardanne, une halle de transit pour échanger les marchandises entre les réseaux (PLM, SF, BDR)… et un buffet de gare.

D’après la photo des voies ©IGN 1943 sur laquelle j’ai entouré les constructions du train Central Var, le bâtiment en face du réservoir, portant la date de 1888, est la remise à locomotives.

Pour réduire le temps de marche en bordure de route, je tente de rejoindre la gare de Meyrargues en coupant à travers les hautes herbes près d’une maison abandonnée couverte de végétation qui offre un petit passage donnant sur la route.

La liste de toutes les caches posées sur la ligne du train des PignesHWH06

Le groupe facebook train des Pignes Central Var

Le gros inconvénient de cet itinéraire, c’est bien la route Aix-en-Provence-Jouques, D96 très passante, et que l’on ne peut éviter si l’on veut découvrir la gare de Meyrargues et son château d’eau. Pour ceux que cela gêne, il est possible d’aller à la gare de Meyrargues puis au château d’eau en voiture (Il faudra quand même traverser la route ou faire demi-tour au rond-point) ; se garer ensuite au carrefour de la D96 et du chemin vers Saint-Joseph pour commencer la partie piétonne.

J’adresse mes plus vifs remerciements à José Banaudo qui a accepté de relire cette note et d’y apporter quelques précisions.

Image de l’itinéraire 9km500, 2h30, 19m dénivelée (+47, -47) ; le tracé de la ligne officielle est de couleur violette : vous pouvez le suivre presque totalement sur la commune de Peyrolles.

1Gares de Meyrargues : il n’y a pas trois gares à Meyrargues mais quatre si l’on compte la halte de Réclavier située sur la ligne des Alpes

©copyright randomania.fr

Partager sur FacebookPartager par mail

5 réflexions au sujet de « Sur les traces du train des Pignes Central Var »

    1. C’est une citation : je ne peux changer le mot. Je mets votre proposition entre crochets.

  1. Hello Nicole,

    Merci pour cette belle promenade bien documentée, de beaux souvenirs pour moi qui, fut une époque avait adhéré à l’association du train des Pignes, QUE DE SOUVENIRS !! Pourriez-vous (par mail) m’expliquer en quoi consiste exactement le Géocaching ?? Bien amicalement
    Michèle REYMES

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *