L’ermitage Saint-Jean du Puy


Encore un lieu découvert grâce au geocaching (pour savoir ce que c’est voir la note dans ce blog * Chasse au trésor high tech au barrage Zola ou cliquer sur la catégorie geocaching à droite). C’est le jour de la fête des mères et je retrouverai tout à l’heure mes 3 filles, rarement réunies toutes ensemble.

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Partie du monument de la Légion en bas de la piste forestière où les véhicules ont le droit de circuler en dehors de l’été, j’ai trouvé le trajet facile. Presque tout le long, je vois la Sainte-Victoire en entier côté sud. Elle me parait bien grande vue d’ici.

Le temps qu’il fait aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

tour-st-jean-du-puy_r.jpgL’ermitage a été fondé par Saint-Cassien au Ve siècle, le même qui a fondé l’abbaye de Saint-Victor à Marseille.

  • occupé par les moines cassianites jusqu’au XVè siècle,
  • détruit au IXème siècle,
  • reconstruit au siècle suivant par l’archevêché de Marseille,
  • administré par les Prêcheurs en 1295,
  • il devient la propriété du diocèse d’Aix en 1670,
  • occupé par plusieus ermites,
  • vendu après la révolution,
  • racheté par la commune de Trets en 1793,
  • abandonné un siècle plus tard,
  • servant de maquis aux résistants de la seconde guerre mondiale,
  • restauré enfin par l’association Les Amis de Saint-jean du Puy avec l’aide de la commune.

Que de péripéties pour ce site classé ! Source : Pays d’Aix puissance 34 – Entre vallée de l’Arc et Sainte-Victoire, balade dans un site classé, Communauté du Pays d’Aix, hiver 2010, p.35

* Toutes les photos et la description de l’itinéraire sur le site week-ends et tourisme en Provence

medium_img_1158.2.jpg J’apprends que des maquisards de Saint-Jean du Puymedium_img_1168.jpg y ont trouvé refuge jusqu’à la libération de la ville de Trets en août 1944. Je passe sous l’arche qui indique l’entrée de l’ermitage. Je parviens alors dans un lieu de fraîcheur, sous les arbres : le refuge et la chapelle à gauche, un autre refuge, une tour de guet (1828) ou « oratoire géant » et la table d’orientation à droite, entre les deux, des tables de pique-nique. Je comprends pourquoi ce lieu est tellement fréquenté dès qu’il fait beau. D’ailleurs, je croise un couple de retraités, sac de pique-nique et baguette en main, qui cherche déjà un endroit pour s’installer. Je monte jusqu’à la table d’orientation où les vues sur la Sainte-Victoire, le plateau de Cengle, la Sainte-Baume, les monts Auréliens, le Garlaban l’Etoile, la vallée de l’Huveaune, méritent à tel point le déplacement que le conducteur croisé dans la montée, n’y est venu que pour les photos du point de vue. A vous de juger avec le panoramique en bas de cette note !medium_img_1180.jpg J’en profite pour chercher la boîte qui y est cachée dans le cadre du jeu de geocaching. Cette cache porte un nom significatif : « les vents de mistral ». Je ne pourrai faire d’échange ce jour là , les objets emmenés n’entrant pas dans la petite boîte.

Le retour par les crêtes (tracé bleu) contraste avec le tracé aller. Ce ne medium_img_1182.jpg sont que montées et descentes successives, dans la garrigue, sur un sentier pas toujours bien balisé. Je descends d’abord un ensemble rocheux qui m’oblige à mettre les mains. J’ai à peine le temps de me rafraichir lors de la traversée d’un petit coin de forêt. Il fait chaud et je me dis que j’aurais mieux fait d’inverser le trajet. Au loin je vois toujours la tour de l’ermitage mais pas la route. Quand je crois atteindre le pas de la Couelle, une autre colline me barre le regard. Le sentier longe la crête tout du long. Je ne croiserai qu’un amateur de vol libre (une maquette !). La dernière descente est raide, caillouteuse et longue, et fatigante. Que j’ai chaud ! bientôt il me faudra partir tôt, au lever du soleil et choisir des randonnées accessibles l’été.
Image de l’itinéraire en boucle Saint Jean du Puy – pas de la Couelle, 6km700, 2h dépl. seul, 173m dénivelée

IMG_0856r.JPGIMG_0859r.JPGEt si au retour vous passez par le hameau de Kirbon, n’hésitez pas à vous arrêter chez Hélène Lombardi qui élève des chèvres rustiques (chèvres du Rove) et vend de la brousse exquise, fine, légère, qui se déguste salée ou sucrée. Personnellement, je l’aime avec du sirop d’érable.
Vos enfants aimeront longer les enclos pour observer ces drôles de chèvres  à cornes arrondies et pourront saluer l’âne de l’autre côté.
La Pastorale du Regagnas,
Hameau de Kirbon, D.12
13530 Trets, 06 09 02 23 71

Vidéo d’un chevrier au Rove

Parlons Provence, André Gouiran et la brousse du Rove (A.O.C.)

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Merci à Serge Robert, grand geocacheur aixois, grâce à qui j’ai découvert ce site

L’abbaye de Frigolet dans la Montagnette


Voilà un nom qui sonne la Provence avec un accent chantant : frigolet ! En pleine nature, niché au cœur de la Montagnette, ce monastère doit son nom aux innombrables touffes de thym (ferigoulo en provençal) dont sont parsemées les collines.

* Le site de l’abbaye
* Le site de Tarascon et son patrimoine
* Télécharger l’itinéraire de 7,220km A/R, 2h45 environ, dénivelé de 142m

Le temps qu’il fait aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

medium_img_0917.jpgmedium_img_0920.jpgPour y aller, j’ai choisi de partir de la commune de Boulbon par un sentier balisé de jaune au départ du château. Impossible de le louper : massif, en hauteur, soudé à la roche, il est vraiment impressionnant : collez-vous à la paroi et levez les yeux !

Le chemin démarre dans une gorge étroite : le vallon de Saint-Michel, un ancien lit de torrent bordé d’oliviers centenaires. Je marche sur les dalles rocheuses avant d’atteindre un sentier plus classique dans la garrigue. Le printemps annonce la couleur : hélianthèmes blancs au cœur jaune, géraniums luisants mauves, coquelicots rouges, la nature me met de bonne humeur. Presque au sommet, une étendue d’eau protégée d’un grillage, permet aux chiens qui accompagnent leur maître, de se désaltérer par une petite brèche ménagée dans celui-ci.

Les pistes sont larges et se croisent. Il s’agit de ne pas se tromper. medium_img_0925.jpgAu niveau des Rochers de Raous, je profite des superbes vues sur les paysages de la vallée du Rhône et de la Durance, le mont Ventoux et le Luberon. Soudain, après une petite descente, j’aperçois les toits si caractéristiques de l’abbaye de Frigolet. Impatiente de la découvrir, j’accélère le pas ; je traverse la piste de San Salvador et après quelques petites montées et descentes, je vois enfin l’abbaye en grand. Derrière celle-ci, un groupe de randonneurs est en train de pique-niquer sur l’herbe. Quel endroit agréable en effet ! j’en fais autant, profitant bien involontairement des discussions entre les membres du groupe voisin.

La chapelle romane construite près du monastère porte le vocable de Bon remède (remède = rédemption). medium_img_0935.jpgLa révolution supprime les ordres religieux et confisque leurs biens. Une habitante d’un mas voisin sauve la chapelle du pillage et du vandalisme en faisant croire justement qu’elle a déjà été dépouillée. De 1839 à 1841, le propriétaire y établit un pensionnat. Les parents de Frédéric Mistral l’y conduiront suite à sa mauvaise conduite !

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Puis des industriels y produisent des dragées, l’église Saint-Michel devient un abri pour les troupeaux. En 1858, l’abbaye est rachetée pour y installer une nouvelle fondation, celle des Prémontrés (« les Pères Blancs »). L’extraordinaire rayonnement de la Communauté donne naissance à plusieurs missions au delà des frontières. En 1880, le gouvernement décrète la dissolution de la communauté mais, dès la medium_img_0938.jpgToussaint, des milliers de fidèles montent au monastère pour tenter d’éviter l’expulsion. Une véritable armée installe un blocus et se déploie sur la Montagnette. Quand les portes sont défoncées, le père abbé lit une protestation solennelle et les Pères chantent l’office que personne n’ose troubler. Sous une pluie torrentielle, les gendarmes font évacuer l’abbaye. Les Prémontrés sont poussés dans des voitures puis conduits vers Tarascon. Pendant de longs mois, l’abbaye est gardée par des militaires. En 1903, la Communauté est chassée, la majeure partie s’exilant en Belgique, dans l’abbaye de Leffe, plus connue sans doute pour sa bière… Ils reviennent en 1920. Il est à noter que le R.P. Xavier de Fourvières s’est spécialisé dans la prédication en langue provençale ; il est même l’auteur d’une grammaire du provençal et d’un dictionnaire français-provençal.

Les murs de la chapelle romane sont recouverts de boiseries dorées, – offertes pas Anne d’Autriche pour remercier la Vierge d’avoir exaucé son vœu de mettre au monde un fils qui deviendra Louis XIV – , et de 12 tableaux attribués à l’école de Nicolas Mignard. medium_img_0944.jpgJe termine la visite par la boutique où se vendent des sirops de fruits, dont certains à servir avec de la bière : malheureusement étant à pied, je n’ai pu ramener cette bouteille bien trop lourde pour mon sac à dos ! Savons, cierges, livres, articles religieux, remèdes à base de plantes,… y sont également disponibles. C’est dans cette abbaye qu’Alphonse Daudet a situé sa célèbre nouvelle des Lettres de mon Moulin : * L’elixir du Révérend Père Gaucher. Quant à cette fameuse boisson qui enchanta le héros, curé de Graveson, vous la trouverez peut-être … ici. Le retour n’est pas aussi facile : je préfère quand même prendre le même chemin (187m de montée et 91m de descente) car la variante par la piste de San Salvador est bien plus longue (9,7km).

Abbaye Saint-Michel de Frigolet, T. Secuianu, H.Champollion, Editions Ouest-France, 1998

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Merci à Bobines84, geocacheur du Vaucluse (pour savoir ce qu’est un geoacacheur, voir l’article * chasse au trésor high tech dans ce blog), grâce à qui j’ai découvert ce site remarquable

Le mur de la peste ou la malédiction du Grand-Saint-Antoine


Cette expression de mur de la peste m’a d’abord questionnée : je ne comprenais pas du tout ce que c’était. Je suis donc allée voir sur place à Cabrières d’Avignon. Le chemin est balisé par des bornes représentant un mèdecin sous son costume le préservant du risque contagieux (Voir les vitrines puis la salle consacrées à la peste au Musée du Vieux-Marseille). Les récits historiques parlent de la Ligne, ce qui évoque plutôt un terme militaire ; c’est bien une guerre implacable que les autorités locales ont dû mener contre ce fléau à l’époque.

Le temps qu’il fait aujourd’hui à cet endroit :
Météo du jour, direction du vent et température ressentie

Le 25 mai 1720, un navire « Le Grand Saint-Antoine » arrive à Marseille, venant de l’Orient. Il apporte la peste qui tue la moitié des habitants de la ville, puis s’étend à l’intérieur de la Provence.

Le Royaume de France interdit alors tout passage et tout commerce entre le Dauphiné et le Comtat Venaissin.
En mars 1721, il est décidé… de retenir la peste avec une muraille de Bonnieux à Cabrières.

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La ligne dans le paysage, Promenades géographiques dans les Monts de Vaucluse autour du Mur de la Peste, Denis Lacaille, Danièle Larcena

Il était prévu d’une hauteur de six pieds (1,95 m) et d’une largeur de deux pieds (0,65 m). Au début de la construction de la « muraille de la ligne », chaque communauté est tenue de fournir un certain nombre d’ouvriers qui doivent apporter leurs outils (marteau, cordeau, pelle, pic). Cinq cents habitants des villages environnnants sont réquisitionnés. Devant la lenteur d’avancement des travaux et le faible zèle des communautés à fournir des travailleurs, les autorités modifient l’organisation du chantier en mai : chaque village, en fonction de son importance, est chargé de l’édification d’une portion de l’ouvrage ; les ouvriers sont payés à la canne de muraille et non plus par jour.
medium_img_0678.jpgFin juillet, un millier de soldats comtadins (troupes royales de France et des troupes papales) surveillent la totalité de la muraille et du fossé enfin achevés. Mais, fin août, la peste se déclarant à Avignon, les troupes royales remplacent les troupes pontificales pour contrôler le passage du Comtat à la Provence et assurer la protection du pays d’Apt récemment débarrassé du fléau.

Certains ont-ils été tués pour avoir passé la Ligne ? le seul exemple que j’ai trouvé est à Saint-Chamas dans les Bouches-du-Rhône : « L’an que dessus et le vingt-neuvième de juillet est mort et fut enterré auprès du port André Belon, fusillé là pour avoir passé la ligne établie alors pour la sûreté du pays contre la contagion de la peste, en foi de quoi je me suis signé avec les témoins. » [SABATIER prêtre], site GeneProvence

medium_img_0685.jpgMéthamis, Vénasque ont été épargnés, la Roque et le Beaucet également. L’épidémie ne se termine vraiment qu’en janvier 1723, les actions de grâce se multiplient dans les villes et villages épargnés, le mur est abandonné.

Que reste-t-il des 40 guérites pour les sentinelles en faction, des 50 corps de garde, des 10 cabanes formées de deux bâtiments jumelés (abritant vraisemblablement, outre les hommes, le matériel et les provisions) et 20 enclos pour les entrepôts de vivres et le fourrage (chevaux et mulets qui acheminaient le ravitaillement et l’eau) ? quelques ruines dont on devine la fonction par la forme. L’association Pierres sèches en Vaucluse procède depuis un certain nombre d’années au nettoyage et à la reconstruction partielle des vestiges du Mur de la Peste.
Pour soigner la peste, un élixir célèbre « le vinaigre des 4 voleurs » était constitué de vinaigre blanc dans lequel étaient diluées diverses plantes. A l’époque, les gens étaient persuadés que la peste était une punition divine pour leur mauvaise conduite. Par panique, beaucoup de membres du clergé s’enfuiront, laissant les pestiférés mourir sans confession.
Deux plongeurs marseillais ont retrouvé en 1978 l’épave du Grand-Saint-Antoine dans une calanque de l’ile de Jarre, à 10m de profondeur. Il y avait été incendié en septembre 1720 sur ordre du Régent.

L’itinéraire simplifié (pas de fond de carte IGN)

La malédiction du Grand-Saint-Antoine, P. Mouton, Autres temps, 2001

La peste de 1720 à Marseille et en France, P. Gaffarel et Mle de Duranty, Paris, Perrin et Cie, 1911

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Merci à Bobines84, geocacheur du Vaucluse (pour savoir ce qu’est un geoacacheur, voir l’article * chasse au trésor high tech dans ce blog), grâce à qui j’ai découvert cette petite randonnée très agréable