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Viens, de la falaise de Subarroques au Travers de Piéroux


Viens, village médiéval, dédié à la pierre sèche et à l’eau. Une précédente randonnée – Viens, le circuit des cabanes – m’avait particulièrement plu. La particularité du circuit proposé par Yves Provence c’est qu’il forme deux boucles en forme de 8 qui se croiseront au village, de quoi profiter d’un pique-nique amélioré car nous n’aurons pas besoin de transporter le repas. Le matin au sud sur la falaise de Subarroques1, l’après-midi au nord-ouest de Viens, à Piéroux. Parking sous les platanes, rapidement complet : heureusement en montant vers le haut du village, un second parking sera disponible pour les retardataires.

Mes photos

Le compte rendu de Yves Provence avec la trace à télécharger

L’hôtel des Pontevès est occupé aujourd’hui par la mairie. Après la croix du Jubilé, le beffroi médiéval dominant la porte sarrazine, apparaît tout entier dans les rayons du soleil.

La première partie de la boucle sud, à l’ouest de Barroques, est identique à celle du circuit des cabanes. Un enclos dont le coin muré n’est autre que le fond d’une cabane de pierres, contient deux cabanes dont une à un étage, à la porte décentrée et une autre avec un linteau monolithe. Le circuit se poursuit sur un sentier coincé entre des murets de pierres, assez grossièrement disposés.

Peu après le carrefour avec le PR, une autre cabane puis au lieu-dit la Chau, un immense pierrier appareillé. Pourquoi se donner tant de mal lors de l’épierrement des champs ? ainsi, les pierres occupent un minimum de place sans empiéter sur l’espace cultivable ; d’ailleurs celui-ci protège du vent le champ de lavande devant lequel il est disposé.

Le grand clapier de la Chau, brunobobo

Au carrefour de l’homme mort (500 m), nous allons monter sur le rebord de la falaise de Subarroques1. Le sentier offre un vaste panorama sur la vallée du Calavon avec en toile de fond la montagne de Lure.

La falaise de Subarroques […] est visible depuis la Vallée du Calavon et représente une richesse géologique également importante ainsi qu’un repère visuel. Elle est donc classée en […] zone de protection paysagère, où toute construction y est interdite. Extrait du PLU de Viens

Ce plateau me fait penser à celui de Ganagobie par ses strates inclinées, ses zones couvertes de mousse sous la falaise, les fractures dans la roche qui ont désolidarisé parfois des gros blocs rocheux. C’est le cas de la cache d’Alistair007 pour laquelle il faut faire quelques pas d’escalade, et avoir le pied sûr car tout proche c’est le vide. Je reconnais l’environnement particulier, ce rocher détaché de la falaise : j’y étais allée en 2007.

Pays de Viens #1, Alistair007

On aperçoit un cairn perché sur un rocher isolé, une strate inclinée qui surplombe le vide, puis en regardant vers le bas, la possibilité de se faufiler entre la falaise et un rocher. Vous trouverez peut-être les deux grottes, l’une naturelle, l’autre artificielle, qui cachent une ancienne exploitation de meules de moulin, antique peut-être, moyenâgeuse sûrement. A l’intérieur, un viensois y a trouvé des traces de taille de roue de moulin dont une est exposée comme table dans le jardin de la mairie. La grotte est fermée pour protéger les chauves-souris qui y vivent (information communiquée par l’intermédiaire de B. Adam du parc du Luberon).

Néanmoins à Viens, au lieu-dit Subarroques, à la grotte de la Beaume, la masse calcaire de burdigalien a été exploitée […] en galeries souterraines pour la production de meules. En effet, si les meules de moulins de céréales n’ont pratiquement jamais été taillées dans la pierre du midi, il n’en est pas de même pour celles des moulins à huile d’olives. Valorisation des ressources naturelles : les pierres tendres, rapport définitif, BRGM, dec. 1992, Conseil Régional PACA

La pierre du midi a des propriétés intéressantes : une faible résistance à la compression, une pierre assez tendre facile à travailler qui durcit au contact de l’air. La roche est un conglomérat à éléments hétérogènes et ciment calcitique jaune.

Cette dernière [grotte en amont entièrement artificielle] présente une galerie longue d’une cinquantaine de mètres, large de 10 et haute d’autant, jonchée d’ébauches accidentées et de blocs de pierre à bâtir. Extrait de Atlas des meulières françaises

Au point Subarroques, nous retrouvons le village précédé d’un grand et beau mur de pierres ; nous déambulons dans ses ruelles, émerveillés par les façades Renaissance, les vieilles portes, les rues caladées avec leur écoulement central, le chemin de ronde auquel on accède par des marches de pierre ; le château édifié au XVIè sliècle et rénové aux XVIIIè et XIXè siècles. La Tour de la Pousterle jouxte la principale poterne de l’enceinte : sa construction date de la fin du XVè siècle – début XVIè siècle. Au pied de la tour, la porte étroite ne permettait l’accès à la salle voûtée que par un seul homme à la fois. La couronne de mâchicoulis fut en partie détruite vers 1960.

Au détour d’une ruelle surgit l’église Saint-Hilaire hors du périmètre des remparts. remaniée, elle garde cependant des traits médiévaux : le clocher aux baies géminées, le décor des chapiteaux. Rapide arrêt au point géodésique caché derrière un pot de fleurs qui m’informe que mon GPS surestime l’altitude du lieu.

Repère de nivellement Viens, Yves Provence

Cette promenade dans les ruelles tortueuses réussit à nous plonger vraiment dans les temps anciens. Quand nous atteignons l’aire de repos qui fait face au point de vue, avec la tour du château qui le borde sur la droite, c’est le grand déballage des provisions. La table de pique-nique est bientôt jonchée de bonnes choses partagées par chacun ; nous commençons par l’apéritif (vin, crémant de Bourgogne ou rosé) accompagné d’une tarte au thon, d’un velouté de courges bien chaud, tous deux sublimement cuisinés. Les bouteilles sont débouchées, les recettes échangées et l’animation à son comble. Nous terminons par des préparations faites maison et plus ou moins alcoolisées…

La recette de la compote banane rhum de vegalyre
Des bananes, 1 pomme ou 1 poire, du sucre en poudre de préférence roux ou sucre de canne, 1 jus de citron ou 1/2 selon quantité vanille (gousse ou liquide), un peu de cannelle en option pour ceux qui aiment et ne sont pas allergiques.
Faire cuire tout cela dans une casserole avec un fond d’eau. Mixer. Rajouter du rhum [pour la quantité : à chacun de juger].

Soigneusement, les lieux sont nettoyés puis nous repartons d’un pas joyeux vers les Rouans ; ça monte, c’est dur mais l’ambiance joyeuse et bavarde nous pousse.

Viens les Rouans, brunobobo

Le sentier de Piéroux chemine tranquillement dans les bois jusqu’au col des 4-chemins : un chemin au nord arrive de Simiane, celui au sud joint le hameau de Saint-Laurent, à l’ouest le GR6-GR91 rejoint Gignac et celui qui vient de Viens. Ce carrefour bien dégagé laisse deviner, en contrebas du champ, un vieux puits fermé qui recueille les eaux de la Font Seignon.

Repère de nivellement le puits, Yves Provence

Le GR6 sur une belle piste nous amène directement sur la dalle de Viens, où vous chercherez les 200 traces d’empreintes de mammifères (rhinocéros, chevrotins) qui vivaient ici il y a 30 millions d’années.

Il faut mettre le museau au sol pour parvenir à les identifier ; certaines ont été carrément pillées mais d’autres, au nord, forment une piste autrefois imprimée dans la boue, incroyablement conservée après une période de sécheresse puis recouverte par plusieurs couches de boue qui lui serviront de manteau protecteur.
Des empreintes à trois doigts attribuées à des rhinocéros primitifs sans cornes et sans cuirasse, des empreintes à deux doigts attribuées à des herbivores et plein de petites perforations par endroit : des traces de terriers de vers fossiles.

La dalle aux empreintes de Viens, earthcache de nicoo07

Un chien fort sociable s’est approché du groupe ; Philippe rapidement est devenu l’ami de Charly ; quand nous quittons la dalle inclinée, le chien nous suit, gambadant de droite et de gauche au gré de son instinct joueur mais il revient toujours vers nous.

Nous rentrons par le hameau de Saint-Laurent, une partie du groupe revendiquant de le traverser. Nous retrouvons les maisons de pierre bien taillées aux volets rouges ou bleus et un chat noir effrayé.

Nous arrivons aux abords d’un enclos : nous saluons deux chevaux tranquilles. Un peu plus loin, une cabane de pierre sèche avec un toit plat, pas tout à fait conforme au standard, puis la traversée d’un sous-bois très humide dans le quartier des Blaques2. Quel contraste avec le paysage précédent ! A l’entrée dans le village, Charly aboie et court derrière un de ses congénères mais nous ne le perdrons pas.

Est-ce encore l’effet de l’alcool ? un vieux camion de pompiers de ‘Haute-Saône’ porte l’inscription ‘bateaux-mouches’ et ‘Pont de l’Alma’… Que viennent faire en Provence les pompiers de Haute-Saône, avec un camion dédié aux’bateaux-mouches’ parisiens ?…

Le château, la tour de l’horloge et nous revoilà revenus au parking où nous partageons le thé chaud. Quelques minutes plus tard, la propriétaire de Charly vient le récupérer en voiture ; nullement inquiète, habituée aux frasques de son chien, elle nous explique que, abandonné il y a trois ans, il avait survécu grâce aux randonneurs qui le nourrissaient ; il a ainsi gardé cette habitude de les suivre.

Un rando vraiment très cool, sur le thème de la pierre sèche, de l’histoire ancienne ou récente, et, en ce qui nous concerne, de la convivialité. Merci Yves pour la judicieuse organisation en huit.

Image de l’itinéraire 13km400, 5h déplacement (6h50 au total), 204m dénivelée (+440, -440)

1Subarroques : préfixe supera (idée de surpasser) et rocca = rocher. C’est donc la partie haute de (Bar)roques
2blaque : taillis de chênes

©copyright randomania.fr

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