Du col Vieux au col Agnel en Queyras


La D205T part de Molines et rejoint la frontière italienne au col Agnel à 2744m d’altitude, en passant devant les ruines du refuge Napoléon. Après le refuge Agnel1, je me gare sur le parking en bordure de route. Il y a déjà beaucoup de monde. Par petits groupes, les marcheurs se dirigent vers le col vieux.

img_2146.jpgimg_2147.jpgJe commence à m’habituer aux pierres feuilletées, aux montées continues en altitude. img_2149.jpgLe GR98 balisé blanc-rouge, est bien repérable. Il longe le ruisseau de l’Eychassier bordé de tapis de fleurs blanches. Après 45mn j’atteins le col vieux. J’hésite entre descendre jusqu’au lac Foréant, d’un bleu profond presque artificiel, ou monter sur le Pain de sucre malgré la difficulté car j’ai entendu dire que le spectacle panoramique sur le Queyras, le Pic d’Asti et le Monte Viso italien était exceptionnel. J’observe ceux qui y grimpent par le sentier le plus raide et le plus dangereux ; je décide finalement d’y monter en le contournant par la droite. img_2148.jpgSoudain, un cri clair venant d’en haut : « attention ! » Je vois une pierre dégringoler et passer à quelques mètres devant moi. Des voix résonnent de l’inquiétude des randonneurs coincés par le vide impressionnant de chaque côté du sommet. Je continue mon ascension. Second cri. En voulant se défaire d’un « mauvais pas » (au sens propre comme au sens figuré), les randonneurs ont fait chuter à nouveau des pierres qui rebondissent, comme folles, jusqu’en bas de la pente. Je ne sais plus si je dois avancer ou reculer. Le nez en l’air, je guette ce qui se passe ; cris de panique. Pour la troisième fois, plusieurs pierres tombent et éclatent de façon désordonnée chaque fois qu’elles touchent le sol. Au milieu de cette pluie de roches, essayant d’anticiper l’endroit de leur chute, je décide de rebrousser chemin le plus vite possible. Je ne suis qu’à 2958m d’altitude.

 

Les cols placés à des altitudes élevées n’ont jamais empêché les habitants de L’Echalp ou de La Monta de commercer et de communiquer avec ceux de Molines, Fontgillarde, Saint-Véran. Témoins, les sentiers muletiers où se faisait une intense circulation de biens, de bêtes, de personnes. Le cartographe Cassini, nomme « grande route du Piémont », le sentier muletier qui va de Guillestre à La Monta qui a conservé aujourd’hui le même tracé que jadis, réservé aux seuls randonneurs ou aux skieurs de fond.

img_2155.jpgimg_2162.jpgLe Pain de Sucre contraste nettement avec les pentes molles couvertes de moraines. C’est un énorme monolithe du jurassique (entre 180 et 135 millions d’années). Le retour par la frontière Italie-France, est fort fréquentée en ce jour de course cycliste ; à ce sujet, Thierry PERRET écrit : « formidable muraille à 10% de pente moyenne […] Le morceau de bravoure se situe au kilomètre 17,5 … une rampe à plus de img_2166.jpg14% sur 300 m… A noter que cette muraille de neuf kilomètres se situe à une altitude comprise entre 1840 m et 2744 m, ce qui accroît encore l’effort à fournir pour progresser… ». J’ai beaucoup d’admiration pour ces cyclistes.
Un marchand de bonbons s’est installée à la frontière, à 2744m d’altitude. Pendant que les touristes se photographient devant le panneau entre les deux pays, je grimpe jusqu’à la table d’orientation pour voir le fameux mont Viso que je n’ai pu voir depuis le sommet du Pain de Sucre. Certains guides y organisent des visites au coucher du soleil qui, parait-il, laissent un souvenir inoubliable de beauté…
Itinéraire col vieux – col Agnel (6.2km pour le pain de sucre – 3h)
Fiche randonnée du site Queyras.aparcourir.com

img_2182.JPGimg_2211.jpgJe terminerai la journée par la visite de Fort-Queyras. De nombreux panneaux d’informaton numérotés permettent une visite non accompagnée mais qui demeure intéressante. Château-Queyras entre dans l’histoire comme château rattaché au Dauphinois au XIIIème siècle. Au moyen âge, il connaît des heures fastes en recevant dans ses murs les dauphins… Au XVIème siècle, Château-Queyras est la proie des guerres de religion. Au XVIIème siècle, il résiste aux assauts des Protestants mais le village est partiellement détruit. À la suite de cette dernière invasion, Vauban vient inspecter la frontière des Alpes et dresse des projets pour rendre le château inviolable. Il prévoit une large extension de l’enceinte sur le front ouest et dote le fort au nord-est d’une enceinte entièrement nouvelle, avec escarpe, fossé, contrescarpe et demi-lune.
Visite de chateau Queyras à Ville Vieille

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1agnel, d’agnielle ou agnière, quartier fréquenté par les moutons, pâturage à moutons

Le sommet du Bucher à Molines en Queyras


img_2110.JPGJe le vois de loin ce sommet, depuis le village de Molines, commune aux sept hameaux (Molines, La Rua, Clot la Chalp, Pierre Grosse, Le Coin, Fontgillarde et Gaudissard), et la curieuse église Saint Romain. Drôle de clocher carré (17ème siècle) surmonté d’un important toit en bois. A l’intérieur, le décor baroque est quelquefois jugé « de mauvais goût », « avec une profusion de couleurs, de volutes, d’angelots aguicheurs, de dorures, de peintures et d’entrelacs de plâtre sur l’arc et la voûte du choeur… Un choeur dans lequel s’inscrit un remarquable retable du XVIIIème siècle, sculpté par des artistes italiens de Saluces. Enfin, on peut voir à l’extérieur du bâtiment un cadran solaire d’angle de 1849 et sur le côté sud du choeur, des peintures en trompe-l’oeil du XVIIème siècle autour des ouvertures. »

La météo aujourd’hui à cet endroit :
avec la température ressentie

img_2119.JPGcrocus.jpgUne grande prairie pleine de crocus plonge de l’église jusqu’à la rivière ; je traverse le pont des Achins au dessus du torrent de l’Aigue Blanche, dans le hameau de la Rua où plusieurs habitations ont encore leur fuste en bois. J’entame une lente montée, pénible, dans les blocs rocheux qui glissent sous les pieds. A l’approche du col des prés de fromage, le sentier est un peu plus facile. De grandes prairies vertes sur lesquelles paissent tranquillement quelques vaches en liberté, s’étalent en mamelons sur le sommet. Sur les conseils d’un guide de randonnée, je ne m’approcherai pas d’elles. Ce paysage me fait penser aux photos de montagne que l’on voit parfois dans les livres de géographie : caractéristique et pourtant irréel. Sur la carte, vous pouvez voir plusieurs rifs : rif de l’Adroit de la Rose, rif des Combes, rif du Brasc. Il s’agit du nom local du torrent, ruisseau portant souvent de jolis noms. Itinéraire pour le Buchetimg_2123.JPG
Là, des sentiers courent dans tous les sens : j’en choisis un qui serpente à moitié dans les prairies et à moitié dans les bois. Quand j’aperçois le sommet du Bucher à 2254m d’altitude, je pousse un soupir de soulagement. Quelques conducteurs sont arrivés là sans fatigue mais ne sont pas aussi fiers que je le suis. De là haut, autrefois, était allumé un bucher servant d’alerte pour les habitants des vallées.

A la table d’orientation, la vue est grandiose, côté France et côté Italie, mais le vent est froid ; je ne m’attarderai pas.

img_2142.JPGSur le chemin du retour, je croise deux randonneurs perdus au niveau du col ; ils rentrent sur Molines mais ne savent pas quel chemin emprunter. Munie de mon GPS sur lequel j’ai enregistré la route avant de partir, je leur indique la bonne direction (ils allaient partir du côté opposé !). Nous ferons un grand bout de chemin ensemble jusqu’à la fameuse descente dans les pierres où je marcherai deux fois plus lentement qu’eux.

Que la randonnée m’a semblé difficile ! pourtant, elle n’est pas classée comme telle par les syndicats d’initiative des environs : si vous n’êtes pas montagnard, modérez  votre allure et prenez le temps !

img_2138.JPGPanoramique au sommet du Buchet

* Photos et itinéraires du site queyras.aparcourir.com

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 rif : riou (au sud), rua (nord), riu, rio, riev = ruisseau, torrent, canal

Le lac de la Blanche à Saint-Véran


Voilà une randonnée dont j’ai entendu parler par beaucoup de monde : le webmaster du site queyras.aparcourir.com, la serveuse de ma petite auberge à Molines en Queyras, le syndicat d’initiative de Saint-Véran et quelques randonneurs croisés en chemin le jour où j’ai découvert la mine de cuivre.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la vitesse du vent et la température ressentie

img_2041.jpgimg_2039.jpgPartie avec la navette d’été, je traverse le petit pont de bois sur la Blanche puis monte jusqu’à la chapelle de Clausis, montée progressive sur un chemin large et bien entretenu, mais qui n’est pas aussi facile que le laisse supposer le syndicat d’initiative qui la conseille aux familles. Elle est fermée et je ne peux la voir que l’extérieur. Je redescends de la colline où elle est plantée pour rejoindre le lac de la Blanche. Là encore, le chemin n’est pas difficile. Un âne, accroché à un piquet, attend sagement les randonneurs qui ont loué ses services pour monter jusqu’au lac. img_2048.jpgimg_2054.jpg
Ce lac est entouré de nombreux champs de linaigrettes, petites fleurs blanches cotonneuses. Son nom scientifique Eriophorum veut dire « porte laine » : après sa floraison (avril-juillet), cette plante se couvre de « coton ». On la trouve jusqu’au Pôle Nord. Les plumets servaient autrefois à garnir les coussins et à confectionner des mèches de lampes.

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