Maussane, le canal de la vallée des Baux, la carrière du Mas Rouge


Départ route de Saint-Rémy à Maussane-les-Alpilles, au niveau du pont-canal pour une randonnée totalement non balisée mais sur chemins publics (sauf peut-être la berge du canal…). L’accès pentu au canal de la vallée des Baux passe devant un vestige romain de l’aqueduc de Caparon, le second aqueduc d’Arles qui captait l’eau principalement au rocher d’Entreconque : c’est celui qui alimentera la meunerie de Barbegal. Patrimoine ville d’Arles.

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Après quelques mètres en équilibre sur le bord du canal, nous longeons l’aqueduc de Flandrin sans risque mais bien accroché tout de même au garde-fou côté droit ; il passe au dessus du gaudre1 d’Entreconque (ou Vaupelière ? ou Foux ? car pour compliquer il change de nom ensuite).  Dès que nous le pouvons, nous sautons sur le chemin qui borde le canal. Là commence une tranquille promenade sur la berge.

La couleur de l’eau me surprend : grisâtre, chargée de limons ; ce canal prend sa source à Eyguières, via le canal Boisgelin-Craponne alimenté lui-même par les eaux de la Durance : c’est peut-être d’elle que viennent les limons. Depuis le XVIe s., le canal de Craponne et, depuis la fin du XVIIIe s., celui de Boisgelin conduisent de la Durance vers Arles des eaux d’irrigation chargées de sédiments. selon Milieu et sociétés dans la vallée des Baux, Philippe LeveauDYNAMIQUE DU PAYSAGE, pp.203-217

Comme dans beaucoup de projets de canaux, il s’est écoulé beaucoup de temps entre l’idée et sa réalisation : entre 1855 et 1914… Longueur : 53 km, 7 siphons, 3 aqueducs, 7 tunnels. Superficie irriguée : 2800 ha, 80% de terres agricoles, 1600 adhérents.

Régulièrement, une numérotation MA pour MAussane (mais A pour Aureille, F pour Fontvieille) suivi d’un chiffre identifie les filioles et siphons du canal : par exemple une plaque MA10T près d’une martelière. Bel alignement de pneus dans un champ sur notre droite : pour s’être embêté à le faire, il doit bien servir à quelques chose…

Nous empruntons un de ces petits ponts qui donne accès à un champ de belles fleurs blanches (roquette blanche ?) et de grands champignons, genre amanites selon André.

Au niveau du gaudre du Mas de Cayol, un déversoir provoque une chute d’eau qui accroît la vitesse sans doute parce que la pente est trop faible. Sera-t-il possible de rejoindre la route au Mas de Lambrusque ? sur la carte, le tracé s’arrête mais sur place, moyennant de descendre au pied du siphon, ce sera possible. Nous tentons de poursuivre sur les berges mais c’est impossible : le sentier nous éloigne et la berge au pied d’une petite falaise est inaccessible. Nous prenons la route de Mouriès à Saint-Rémy avec ses figues de Barbarie puis la route du Destet.

Le hameau des Calans se traverse rapidement. Rien trouvé sur La Chapelle qui en fut une, sans doute, mais désacralisée aujourd’hui. Nous retrouvons le canal au niveau de l’aqueduc des Calans qui a son déversoir de sécurité comme sur l’aqueduc de Flandrin et il a débordé : sous le pont des traces noires le prouvent. Etait-ce lors des inondations de 2003 ? Photo extraite de l’Etude aléa inondations Maussane, ingerop.com. Sous le pont, par où passe le gaudre de Valostre, nous identifions un abreuvoir protégé par un enclos de pierres.

Nous entrons dans un paysage typique des Alpilles : piste caillouteuse, rochers dénudés ou déchiquetés, entrecoupés de vallons, végétation basse, sans trace visible d’occupation de l’homme ; un paysage pour moutons souvent représentés dans les tableaux de Théodore Jourdan ; des montées et descentes qui nous mènent au point culminant avec, en contre-bas, dans un vallon à sec, un champ de fruitiers puis un champ d’oliviers ; curieuse, je goûte une olive noire tendre mais… extrêmement amère… attendons qu’elles soient traitées.

Insensiblement, quelques arbres s’ajoutent à la garrigue ; nous passons sur le territoire des Baux de Provence ; d’énormes blocs de rocher bien serrés nous invitent à la pause déjeuner. Pourquoi ont-ils été posés là ? nous le saurons plus tard.

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Découverte de Ponteau, Martigues


Suite à la parution d’un article dans la Provence du 16 mai 2021, nous avons décidé de tenter une visite des ruines du château de Ponteau, racheté en 1964 par l’industriel Naphtachimie (Filiale de Total Raffinage Chimie et INEOS). C’est André qui a préparé le circuit. C’est une zone de raffineries, de hautes cheminées, de vestiges militaires, pylônes à haute tension, qui contraste avec l’environnement naturel. Mais c’est aussi cela les Bouches-du-Rhône. Nous stationnons au croisement du chemin des Crottes1 et de la route de Ponteau.

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On apprend beaucoup de choses en observant la carte de Cassini gravée par Aldring en 1779 : le port et le château de Ponteau existent mais la chapelle romane Saint-Martin est déjà ruinée : le monument est représenté incliné et non debout ! Les trois Martigues (Ferrière, l’Ile et Jonquière), reliées aux ilots de la passe par un ensemble de petits ponts, sont représentées par une sorte de marguerite au cœur rouge. Quatre moulins dans le quartier Saint-Anne, trois près des Ventrons dont un ruiné, deux à l’est de la Marrane : l’un d’eux est visible en parcourant La boucle des vestiges militaires de Cavalas. La tour de Bouc deviendra un fort, l’étang de Caronte un chenal.
A travers bois, nous rejoignons la voie ferrée ; un accès le long de celle-ci amènerait directement au château mais il est marqué propriété de la société ARKEMA, établissement secondaire de Martigues fermé en 2012, qui fabriquait des produits chimiques inorganiques. Le long de la voie, une longue canalisation de couleur verte – même couleur que celle transportant les boues rouges – court vers Lavéra et la raffinerie de pétrole, une des nombreuses canalisations de transport d’hydrocarbures probablement.
Nous traversons la voie ferrée, 200 m à droite se trouvait la gare de Ponteau dont le bâtiment voyageur a été démonté vers 1988. Toutes les gares de la ligne étaient bâties sur le même modèle, ce qui les rend identifiables même quand elles sont désaffectées.
1904 : la commission d’enquête débute son enquête pour savoir où placer les gares, stations et haltes sur la ligne entre l’Estaque et Miramas. Le sous-préfet, trois maires, deux conseillers généraux et l’ingénieur en chef de la compagnie P.L.M. sont présents. Le maire de Martigues propose que la station Ponteau-Saint-Martin soit placée là où la voie prévue croise le chemin vicinal 12 dit de la Réraille. C’est ainsi que ce chemin remis en état deviendra une route pour desservir la gare. Le Petit Provençal, 31/10/1904
La ligne est inaugurée discrètement en 1915 pendant la première guerre mondiale. Elle témoigne d’une époque, entre prouesses technologiques et mouvements sociaux. La Marseillaise, 30/08/2015, La ligne de la Côte Bleue, Cent ans d’histoire

Nous suivons la voie ferrée au plus près dans le sous-bois, avec à notre droite les résidences du quartier Les Olives ; en direct pendant notre déplacement, je surveille sur mon téléphone la carte IGN pour repérer quand nous serons en face du château de Ponteau. Quelques fleurs rarement rencontrées lors de mes balades : le ciste de Montpellier (et non le ciste cotonneux aux fleurs roses fripées) et l’acanthe à feuilles molles (ci-contre) dont la hampe florale est particulièrement décorative. Au travers d’un rideau d’arbres, nous apercevons une ou deux ruines masquées par de hauts arbres.
Après le contournement d’une petite difficulté, nous dominons les carrières de Ponteau, qui ont fait concurrence à celles de la Couronne au XVIIIe, de même nature géologique. Elles ont servi à construire l’arc de la porte d’Aix à Marseille.

En 1783 un négociant marseillais, André Guieu, rachète Ponteau aux moines, se fait construire une bastide sur les murs de la bastide médiévale et acquiert donc les carrières.

Nous arrivons face à un bâtiment austère : c’est la chapelle romane saint-Martin du XIIIe  mais une chapelle devait exister bien avant puisqu’un privilège du pape Léon VIII datant de 963, en faveur de l’abbaye de Montmajour, confirme diverses possessions dont l’église de Saint-Martin. Face à nous, les ruines du château de Ponteau et entre les deux, la voie ferrée qui a coupé le domaine en deux. Deux jeunes y jouent au pistolet à balle ; connaissant bien les lieux, ils proposent de nous guider jusqu’au château. Après avoir longé la voie ferrée sur quelques mètres, nous passons sous la voie pour arriver dans une zone envahie par la végétation. Ils nous mènent face au château de Ponteau dont la façade est impressionnante 22m sur 7.

Deux auteurs, H. Amouric et F. Feracci, dans leur étude sur l’évolution de la bastide du domaine de Ponteau, grâce à un examen des fenêtres, datent la première construction de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle. Elle s’est embourgeoisée au fil du temps.

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Le terril du Defens, Meyreuil


Cet itinéraire, issu du topoguide Entre Sainte-Victoire et Sainte-Baume, Sentier Provence, Mines d’Energies, FFR, FFR, 2019, nous emmène sur un terril minier, petite colline artificielle constituée de déchets miniers issus du triage ou de la combustion en centrale ; sur la carte IGN, les courbes de niveaux régulièrement espacées, formant une pyramide régulière, confirment bien qu’elle n’a rien de naturel. Comparez avec les courbes de niveaux de 1950 !

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Le terril : on commence par remplir les creux naturels entre deux collines avec ces cendres chaudes, creux protégés par un mélange de terre et de pierres ; au-dessus des cendres, terre et végétaux empêchaient la combustion spontanée (Lire La combustion des terrils, on y apprend qu’elle peut durer des années). Mais cela générait des odeurs nauséabondes dues au soufre. Ce terril, racheté par la commune, ne présente plus aucun danger ; fin 2015 cependant, le BRGM dans son suivi thermographique des terrils de Provence conclut Le defens reste le terril le plus chaud.

Je me gare sur  le grand parking le long de la bastide Valbrillant (XVIIIe), autrefois ferme, d’où la vue sur sainte-Victoire est déjà réjouissante. Je longe le vallat de Valbrillant qui se jettera dans la rivière l’Arc un peu plus loin. Une table de pique-nique invite à la pause. Au retour plutôt !

L’exploitation à Meyreuil. Entre 1906 et 1927, on construit deux puits jumeaux dont les fonctions sont séparées : l’un pour les hommes, l’autre pour le charbon. Le puits Courau (extraction), foré de 1914 à 1927, et le puits Boyer (personnel et matériel), creusé en 1928, sont respectivement mis en service en 1927 et 1928. […] Les sociétés d’exploitation de charbon sont nationalisées en 1946. De 1928 à 1986 date de son arrêt, le puits Courau a sorti 5 843 000 tonnes de charbon. Les déchets de mine sont stockés sur les terrils du Grappon puis du Défens. […]  Extrait de Sentier pédestre et patrimoine minier à Meyreuil

Charmant passage bucolique entre les champs avec quelques arbres en fleurs. Je rejoins la piste DFCI appelée route blanche par opposition à la noire que je rencontrerai plus tard. Une cabane de pierre sèche, le bassin de rétention puis une piste « noire comme du charbon » bordée de pins qui protège le terril de l’érosion : il fallait garantir l’étanchéité. Vestige du remplissage des camions pour l’arrosage de ces pins, une vieille douche rouillée le long de la piste. L’alignement régulier des pins s’avère aussi un indice que c’est l’homme qui les a plantés.

La route noire construite pour le passage des camions mène à la partie supérieure du terril : dépôt de cendres de 1952 à 1978, 50m de haut, 52 ha, ; elle est bordée de rigoles remplies de pierres qui ralentissent l’écoulement des eaux de pluie en cas de fortes pluies. J’arrive au sommet d’une barrière naturelle où un parc solaire de plus de 6 ha a été installé. Vue sur le Plan de Meyreuil, l’Etoile, le Pilon du Roy, un terril sur Gardanne (?) et… la cheminée de la centrale électrique.

En route pour le sommet du terril et sa table d’orientation. Sainte-Victoire en entier sur fond de ciel bleu. Le balisage me laisse dubitative : sur le même pilier, deux indications contradictoires. Je les interprète de cette façon : si vous arrivez vers ce point venant de droite, vous repartez par la gauche et inversement car les sentiers forment une pointe en V.

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