J‘ai pratiquement parcouru toutes les randonnées du Tholonet ou Beaurecueil décrites dans les guides à partir du parking de l’Aurigon. Celle-ci, non balisée, mène à un gros rocher percé d’un large trou, peu élevé, que l’on aperçoit depuis la route avant d’arriver au parking (Parc départemental de Roques-Hautes) ; dès l’entrée, la terre rouge côtoie le vert de la pinède. Nous longeons le ruisseau de Roques-Hautes jusqu’au parking aménagé, souvent bien rempli quand il fait beau.
En consultant la carte géologique autour de la Roche Percée, je m’aperçois que nous allons traverser deux zones très différentes et que nous devrions voir une grosse différence : une représentée en vert, une autre en rouge. Une première zone indifférenciée d’argiles, grès, calcaires en sous-bois puis de la brèche du Tholonet à la Roche Percée. Donc une dominante de gris-blanc puis une de rouge.
Contrairement à ce que beaucoup ont choisi, nous n’atteindrons pas notre but à partir du sud, certains ayant subi des remontrances de la part de propriétaires, mais du nord. La bonne idée c’est de monter raide en ligne directe sous la ligne à haute tension jusqu’à croiser un sentier étroit mais bien visible, à mi-pente.
Tourner à droite en suivant grossièrement une courbe de niveau autour de 305m. Sous la verticale de la roche percée, tourner à gauche dans le dense sous-bois et se diriger en mode sanglier, donc à vue, jusqu’au pied du Rocher. Les derniers mètres sont un peu glissants et ardus mais la surprise est totale.
En levant les yeux, on comprend mieux la carte géologique…
Cette roche trouée, c’est de la Brèche du Tholonet, parfois appelée improprement « marbre » : un conglomérat de cailloux, galets cimentés, de taille, couleur et âge différents, expression de l’érosion de la chaîne de la Sainte-Victoire en cours de surrection. Mais le plus insolite c’est peut-être qu’il y a plusieurs trous, constitués de juxtaposition de roches en équilibre ; l’un d’eux permet d’accéder, par un couloir étroit, à la vue côté la Creste1. Une grotte peut servir d’abri.
L’appellation Marbre du Tholonet n’était connue que des provençaux. Un marbre assez similaire, mais de qualité moindre, arrivait […] sur Paris : la Brèche Memphis provenant des Cadeneaux (propriétaire Henri de Vento, marquis des Pennes), exploitée jusqu’en 1765. Du côté de Vitrolles, une carrière de marbre donnait la Brèche Etrusque… C’est très certainement pour concurrencer le marquis des Pennes que Simon-Alexandre de Gallifet donna à son marbre le nom de Brèche d’Alep, les noms exotiques étant alors à la mode… [ndlr : un nom commercial, dirions-nous aujourd’hui, que l’on retrouvera sur les bons de livraison]. Informations extraites du mémoire de Dominique Ménard, Les marbres d’ameublement des carrières provençales de 1660 à 1789, leur négoce et leur utilisation avec les marbres venus d’Italie sur le port de Marseille, Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’art et de collection, mars 2004 ou Bulletin n°75, mars 2019, ARPA
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