Le barrage de Malpasset, dans la vallée de l’aqueduc romain de Fréjus


Depuis longtemps je voulais venir sur les ruines du barrage de Malpasset1, barrage qui a cédé le 2/12/1959 à 21h13 inondant la vallée du Reyran, atteignant Fréjus en 20 mn et le littoral en 40mn. Enfant à l’époque, je me souviens de notre angoisse dans l’attente des nouvelles de mon oncle qui habitait Fréjus ; pas de téléphone chez nous, plus de téléphone à Fréjus. Sur notre premier petit téléviseur noir et blanc, nous recevions les premières images de la catastrophe. Ce n’est que trois jours plus tard que nous avons appris qu’il était sain et sauf.

Vidéo des archives INA après la catastrophe :

Le parking le plus proche est au bout de la D37, petite route qui part du rond-point du péage de l’A8, et se termine sous le pont de l’autoroute ; si la route est inondée à l’endroit du premier gué, il faut laisser la voiture 500 m avant. Le parcours d’interprétation est balisé.

Dès le départ près du pont, des blocs rocheux de plusieurs tonnes arrachés au barrage, se sont donc arrêtés à plus d’un kilomètre de celui-ci. La large piste d’Ambon monte ; à la première intersection à droite, je suis invitée à descendre dans le lit de la rivière : c’est le début du sentier d’interprétation. Je me rapproche, repérant au passage les tiges métalliques tordues, recourbées, de la structure en béton. Au pied du barrage , de 50m de hauteur, une ouverture béante à l’endroit où l’eau ne pouvant s’évacuer, a soulevé les fondations. Rive droite, des fragments de plots de béton délimités par les cassures des joints, forment un escalier ; rive gauche, la culée, et le garde-corps qui atterrit dans le vide. Je n’ai pas suivi les panneaux numérotés du parcours officiel mais suis revenue sur la piste d’Ambon.

Rude montée bien au-dessus du barrage par la piste en lacets qui se prolonge par l’ancienne route de Malpasset qui borde le Reyran ; sous les frondaisons, de l’autre côté de la rive, plusieurs vestiges de l’aqueduc romain de Fréjus ; les numéros de vestiges sont ceux adoptés dans l’excellente étude ci-dessous : un mur (44), un ponceau (43), un regard (40), etc. L’arche Jaumin (38) est la plus proche de la route ; certains randonneurs sont parvenus à traverser le Reyran pour l’atteindre : j’espère y arriver également. J’ai repéré approximativement le pont mais finalement, un petit cairn en repère l’accès et l’IGN y a positionné une étoile.

Continuer la lecture de Le barrage de Malpasset, dans la vallée de l’aqueduc romain de Fréjus

** Ile de Port-Cros : plongée et visite du fort de l’Estissac


Dernière journée sur une des îles d’Or – Port-Cros1 – avec Mattis 17 ans, venu de Norvège pour visiter la France ; il fait vraiment beau (25° annoncé) et j’espère qu’il pourra se baigner – sur une île des Lofoten, je l’ai vu se baigner dans une eau à 10° ! -, filmer les poissons et visiter au moins un fort. En cette fin de saison, il n’y a plus qu’une navette le matin à 9h au départ de Hyères, trop tôt pour nous qui venons d’Aix-en-Provence, et deux au départ du Lavandou : nous prendrons celle de 11h00.

La vedette est presque pleine et l’humeur joyeuse : beaucoup d’étrangers et de retraités qui passeront la journée sur l’Ile du Levant ou sur celle de Port-Cros. Nous longeons le cap Bénat dont je reconnais le phare. La vedette passe entre la pointe nord de l’île de Bagaud et  celle du Miladou de Port-Cros, entre dans  la rade face au fort du Moulin ; aussitôt, les marchandises transportées depuis le continent sont déchargées. Le canon face à la mer rappelle qu’ici cinq forts ont été construits depuis Richelieu pour défendre nos côtes et la rade de Toulon : Port-Man, l’Estissac et l’Eminence, le fortin de la Vigie, le fort du Moulin.
Pas de chien, pas de voiture ni de vélo, pas de pêche de loisir ni de chasse : nous sommes dans un parc national protégé. Port-Cros a gardé son côté naturel et sauvage : seulement une trentaine d’habitants en hiver, une grosse centaine en été et 300 000 touristes de passage chaque année.

Nous allons en premier à l’accueil du parc National de Port-Cros pour avoir une carte de l’île (3€) et obtenir des informations sur les temps de parcours. J’apprends que le sentier sous-marin n’existe plus – je suppose que les balises sous-marines ont été enlevées à la fin de l’été – et que nous ne pourrons pas aller jusqu’au fort de Port-Man sans risquer de rater la dernière navette pour le Lavandou à 16h40.

Port-Man est le fort le plus éloigné, au nord-est de Port-Cros, sur une étroite arête rocheuse ; jusqu’en 1882 un faible armement y sera maintenu. Sur l’île proche du grand Rigaud, il abritait encore en 188 deux canons de 30 ; plus tard, on y a implanté un phare.

Nous partons directement pour la plage de la Palud où le mouillage est totalement interdit. Nous contournons le fort du Moulin et la tour à canon qui porte une inscription rappelant le nom du couple qui a protégé l’île d’une invasion immobilière : Marcel et Marceline Henry, derniers propriétaires de l’île avant qu’elle ne soit léguée à l’Etat, et qui reposent au tout petit cimetière du village (décédés respectivement en 1953 et 1966). Entouré d’un mur qui le rend encore plus petit, il contient une fosse commune où furent ensevelis les soldats morts au lazaret, à leur retour du Tonkin. Petite Histoire des Îles d’Hyères (des origines à 1930): Presqu’île de Giens, […], Emile Jahandiez, Rébufa et Rouard, Toulon, 1929
Pas si facile ce sentier rocheux, en arêtes aiguës, qui monte et descend sans arrêt, découvrant parfois dans une trouée une vue sur la mer, l’île de Bagaud puis le rocher du Rascas. Quand la plage est en vue, il faut encore marcher en longeant les falaises. 40 mn à partir du village ; avec des chaussures de randonnée, c’est mieux.

L’eau est toujours aussi claire, la baie de la Palud est bien protégée des vents, nous sommes dans les premiers à prendre possession d’un petit coin de plage. Mattis prend d’abord un bain ; il a pied sur plusieurs dizaines de mètres ; quand il revient sur la grève, il s’équipe de son masque de snorkeling, randonnée palmée de surface, pour voir et respirer dans l’eau comme sur terre ! Il doit s’ajuster parfaitement au menton (attention à la barbe pour les hommes !) ; nous testons la pochette transparente étanche et flottante pour qu’il puisse faire des photos sous l’eau. Son expédition sera longue mais fructueuse. Il ramènera à faible profondeur une belle vidéo de quelques  poissons de l’île sur les 180 espèces différentes qui la peuplent.
Une vidéo d’André Pierini avec en sous-titrage l’identification des poissons

La réserve de la baie de Palud est aussi un sentier sous-marin pédagogique ; de nombreux panneaux ont été immergés et présentent les espèces locales. Il alterne des prairies de posidonies et de petits îlots rocheux immergés qui affleurent à la surface.

Photos des poissons de Port-Cros, site de la Réserve
Photos des poissons réserve de la Palud, site snorkeling-exploration

Continuer la lecture de ** Ile de Port-Cros : plongée et visite du fort de l’Estissac

Graffiti marins du cap Sicié


Aujourd’hui ce sont André et Raphaëlle qui nous emmènent à la découverte des graffiti du cap Sicié ; c’est une découverte sportive, à la fois secrète et sauvage, que seul un guide connaissant les lieux pouvait nous proposer.

Grâce à Michel, j’avais découvert dans la nature les dessins des derniers bergers du Garlaban ; grâce à un club de randonnées, j’avais visité les dessins gravés dans la pierre de l’artiste contemporain Louis Douard.
Michel a depuis longtemps fait le compte-rendu de cette découverte dans Le brusc, forêt de six fours, domaine du cap sicié… découverte de gravures mais dans mon cas, c’est toujours nettement plus long…

Mon album du jour

Le site d’André et Raphaëlle, avec photos et données techniques

Les photos de graffiti du photographe Jean Huet

Je rejoins Michel à Gréasque ; nous récupérons André et sa femme en chemin ; en venant du Brusc, direction notre Dame du Mai, sur la D816 goudronnée et encore ouverte à la circulation automobile puisque nous ne sommes pas en période de restriction d’accès aux massifs forestiers. Sur la gauche, une aire de pique-nique avec une grosse citerne verte.

Le Massif du Cap Sicié s’inscrit dans la Provence cristalline qui se distingue de la Provence calcaire par des roches affleurantes métamorphiques1. […] Les roches du Massif du Cap Sicié, bien qu’elles aient été formées en surface, ont été transportées en profondeur par le mouvement des plaques tectoniques où elles ont subi un phénomène de métamorphisme. Selon La Seyne c’est ma nature

Leur couleur, leur composition ne ressemblent donc pas à ce que l’on voit habituellement dans la Provence calcaire.

Nous traversons d’abord une forêt ; les premiers cistes roses à l’aspect froissé sont sortis avec leurs feuilles très duveteuses. Quand nous passons au pied d’un rocher aux multiples arêtes anguleuses, André me propose d’aller y chercher une cache à quelques mètres du sol ; je préfère ne pas faire attendre les membres du groupe…

Au-dessus de la forêt – 4 Le Quicon, alpaugre

Petit-aller retour jusqu’en haut du ravin qui mène à la plage de la Fosse ; situation incongrue : au beau milieu de cette forêt vide de monde, au-dessus d’un rocher couvert de terre fine, un homme, pelle à la main, nettoie les abords avec soin. Il rend accueillant le dolmen de la Lèque dont l’entrée se trouve sous nos pieds. C’est un dolmen naturel.

5-le-dolmen-de-la-leque, alpaugre

Après cet aller-retour pas trop difficile, nous nous dirigeons vers le sud et vers la mer d’où nous pourrons voir Marseille, la forme caractéristique du bec de l’Aigle et les îles de Gaou et Embiez.

André tourne subitement à gauche dans la garrigue (zone 1 : Quicon-Montjoie) ; ça se complique, ça pique mais il sait où il va ; il s’arrête à un rocher de couleur rougeâtre sur lequel ont été gravés deux voiliers dont un avec trois voiles latines ; si les traits verticaux sont bien des antennes mobiles qui s’inclinent ou pivotent autour du mât, ce pourrait être un chébec à voiles et à rames. Parfois le voilier au trait léger sur une roche sombre est difficile à voir, ou au tracé incomplet.

Sur l’un d’eux je vois le marin chargé de surveiller la mer sur la plate-forme en haut du mât nommée nid-de-pie ; il voit tout à l’horizon, bien mieux que les autres marins sur le pont du navire.
Sur la même paroi rocheuse, plusieurs voiliers sont dessinés les uns à côté des autres : constituent-ils une scène réelle ?
La voile de l’un d’entre eux est quadrillée, facilitant l’identification de la forme des voiles et les pavillons qui flottent aux mâts. Les détails du gréement sont fidèles.

Emission de radio sur les graffiti : Autre radio Autre culture, interview

Continuer la lecture de Graffiti marins du cap Sicié