Parc ornithologique du Pont-de-Gau, Saintes-Maries-de-la-Mer


Pour observer la parade nuptiale des flamants roses en Camargue, j’aurais pu aller en pleine nature, au bord d’un étang ; l’avantage d’aller dans le parc ornithologique du Pont de Gau (7€50 en 2021), c’est d’avoir la certitude de voir non seulement les flamants mais la faune de la région ; des panneaux explicatifs fourniront les renseignements dont j’ai besoin pour la publication. L’inconvénient c’est qu’il y a du monde et que pour enregistrer une vidéo avec le son, je capte forcément les adultes qui discutent ou les enfants qui se plaignent que c’est trop long. Pour limiter ces inconvénients, je suis arrivée à l’ouverture (10h) et j’ai fait le parcours dans le sens inverse (Selon le plan remis à l’entrée : 1-10- de 11 à 12 en passant par 15 puis de 10 à 1 en passant par 3). Et jusque vers midi, ça a bien fonctionné. J’étais seule sur les observatoires ! Par contre je vous signale qu’en période vacances, les automobilistes font la queue sur le parking ou se garent le long de la route.

Parc ornithologique

Un ragondin peu effrayé par les hommes se régale de l’herbe grasse ; il se reproduit toute l’année. Côté droit, la colonie de flamants, sur une patte, est plutôt calme, cou tordu et bec dans les plumes. A la passerelle je passe côté ouest, c’est le sentier le moins fréquenté et aménagé de façon rustique ; les observatoires sont placés à intervalles réguliers. Bordé de roseaux le sentier s’étire le long de l’étang de Ginès.

Premier observatoire donnant sur l’espace Francis Fabre : je ne peux voir les oiseaux qu’à la jumelle, sans pouvoir les identifier avec certitude. Identification plus facile avec l’avocette et son bec retroussé noir ; elle capture petits crustacés, plancton, mollusques en sabrant de droite à gauche la surface de l’eau.

Pendant un long moment – je ne l’ai pas dérangé – un ragondin aux incisives à l’émail orange, mange puis revient sur la berge pour faire sa toilette. Castor, loutre, ragondin. Au dessus de l’étang de Ginès, un vol rapide d’oiseaux bruyants dessinent dans le ciel deux V irréguliers avant de s’abattre sur l’étang.

Le sentier passe de l’autre côté par plusieurs passerelles de bois. Les oiseaux installés sur les îlots, sont plus éloignés des berges mais je reconnais quand même les ibis falcinelles presque noirs accompagnés de quelques hérons et spatules.

J’emprunte la grande passerelle de bois, transition entre les deux zones, sur laquelle des jeunes filles se lancent en courant, non sans avoir averti de nous garer (de 10 à 1). Les flamants roses sont nombreux, tantôt calmes, tantôt en pleine parade nuptiale. Près du point 7, ils sont regroupés à plus d’une centaine.

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Salin de Giraud, des corons aux marais salants


Salin de Giraud (2000 habitants environ), rattachée à Arles qui se trouve à 40 km de là ; pour y aller, soit vous passez par Arles (1h25, 112 km depuis Aix), soit vous prenez le bac de Barcarin (1h45, 88 km) ; ce que l’on ne consomme pas en essence, on le met dans le bac (6€ pour les voitures en 2020, gratuit pour les piétons) qui fonctionne en permanence la semaine, dans la journée. Impossible de faire des photos depuis l’extérieur ; à cause de la covid, nous sommes tenus de rester dans la voiture. Le temps est plutôt gris et incertain. Je vous mets la météo de Port-Saint-Louis-du-Rhône, plus proche de la réalité que celle d’Arles.

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

Je me gare en face de l’office du tourisme et demande un dépliant contenant la visite de la ville ; celui que j’ai vu sur internet n’est pas disponible sous forme papier. C’est bon à savoir. Quand on regarde la carte de Cassini (1770) il n’y a rien à l’emplacement du village ; je vous ai mis par transparence et encadré de rouge le village actuel : on ne voit que l’étang et quelques maisons isolées (Faraman, Paulet), le canal du Japon, le Vieux Rhône, l’étang de Giraud. Ce n’est qu’en 1855 que l’entrepreneur Henri Merle transforme l’étang en salin pour fournir en sel son usine de soude dans le Gard. Fin XIXe naissent deux cités ouvrières, la Péchiney et la Solvay.

Une aventure industrielle en Camargue : histoire de l’établissement Solvay de Salin-de-Giraud : 1895 à nos jours, Xavier Daumalin, Olivier Lambert, Philippe Mioche, Collection Terres d’industrie, REF.2C, 23/11/2012

Une cité industrielle en Camargue. Salin-de-Giraud, Durousseau Thierry, Marseille, Éditions Parenthèses, 2011

Je vais d’abord visiter le village ; cela commence par la sculpture en hommage aux 20000 travailleurs vietnamiens réquisitionnés entre 1939 et 1952.
Site Mémoires d’Indochine

Au moment de l’armistice seuls 4000 d’entre eux rentrent chez eux. Certains participent au lancement de la culture du riz en Camargue. Arrachés brutalement à leurs terres et leur famille, ils ont eu à subir la discipline militaire dure et arbitraire et peu de salaire individuel (ils sont payés 50 fois moins que les jeunes français de 14 ans débutant dans la même compagnie). Un millier d’entre eux, malade ou marié à une française, est resté sur place..

L’Empire, L’Usine Et L’Amour. « Travailleurs Indochinois » En France et en Lorraine (1939-2019), Daum, Tran, Manceron, Créaphis, 2019

Le 5 mai 2020 à 16h30, ARTE a diffusé un documentaire de 15 minutes qui raconte l’utilisation des « travailleurs indochinois » dans la relance de la riziculture en Camargue.
Le riz, grain de folie camarguais (vidéo dans laquelle vous verrez Pierre Daum, l’auteur du livre ci-dessus)

Pas de commune en Camargue sans arènes, même si Salin de Giraud n’est pas une commune à part entière : au dessus de la porte, un fronton surbaissé et mouluré. Avant d’arriver au rond-point Charles de Gaulle, je traverse le jardin dans lequel le traditionnel monument aux morts affiche la longue liste des noms des saliniers morts pour la France.
Est-ce un ancien poids public ? au sol, on voit encore la bascule. Pour les transactions commerciales des marchandises (animaux, ou tout autre chargement), il était nécessaire d’en peser le poids afin de les vendre. Les chargements étaient ainsi soumis à une taxe ou un droit de pesage, variable en fonction de leur type et de leur poids.

 

Je prends le boulevard de Camargue qui passe devant l’église et le kiosque où se déroulaient les bals autrefois. La statue d’Adrien Badin, directeur adjoint de Pechiney, rappelle que l’industriel ne s’est pas intéressé qu’à l’aluminium. Dès le début de la guerre de 1914 – 1918, la Compagnie d’Alais et de la Camargue fut comprise dans la mobilisation industrielle ; c’est ainsi que l’usine de Salindres fabrique à Salin de Giraud du phénol destiné à la production de mélinite, un explosif. Biographie de Badin par l’association pour la recherche et l’étude de l’histoire industrielle de Salindres
Sous l’impulsion d’Adrien Badin, on peut mesurer l’expansion de la Compagnie des Produits Chimiques d’Alais et de la Camargue (C.P.A.C.) : à son arrivée en 1900 dans la Socièté, il y avait 3 usines employant 1 200 personnes. A sa mort en 1917, cette même société comptait 15 usines et 12 000 employés.

Face à un hangar des Salins du Midi, un vestige de l’ancienne voie ferrée spéciale se dirige vers l’est où se trouvait le bac à wagons sur la digue du Rhône, et rapidement se perd dans la nature.

Demi tour jusqu’au boulevard de Kalymnos ; de nombreux grecs venant de cette île sont venus travailler pour les usines Solvay, qui exploitent le sel pour produire du carbonate de soude entrant dans la fabrication du savon de Marseille. En effet, les français sont au front.
L’église orthodoxe, blanche au toit bleu,  se prolonge par un kiosque blanc ouvert de tous côtés. Regardez bien l’église : c’est un ancien hangar, comme ceux que je peux voir derrière. Abandonnés, ils ont été construits pendant la Première Guerre mondiale pour fabriquer et tester le terrible gaz moutarde. Plus tard, ils sont transformés en hébergement pour des travailleurs indochinois. Carnet balade urbaine
L’église est construite en 1952 et la Compagnie des Salins du Midi en fera don à la Métropole grecque orthodoxe de France, en 2009.

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La Petite Camargue à Saint-Chamas


Cette petite Camargue limitée en surface sur les rives de l’étang de Berre, m’a laissé une impression mitigée (voir Balades nature en Provence Côte d’Azur, CEEP, Dakota Editions 2011). Depuis le parking près de la centrale jusqu’à l’entrée du chemin, le sentier longe le littoral : à gauche, des oiseaux, des cygnes tuberculés surtout ; à droite, des détritus de toutes sortes (bouteilles vides, papier, blocs de béton,…).  Des marches de béton sont encore visibles.

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Vidéo la petite Camargue par provencetv

A partir de la barrière, tout le long du chemin, depuis les postes d’observation (huttes de chasse sur le domaine public), parfois en béton, parfois en tôles camouflés sous des branches coupées, on peut s’approcher des plans d’eau. Belles fleurs bleues. Une odeur désagréable d’égoût m’accompagne. A intervalles réguliers des poteaux blancs triangulaires portent au dos, un numéro de téléphone, celui qu’il faut appeler en cas d’urgence : il s’agit d’une conduite d’azote.

Une canalisation d’azote, exploitée par AIR LIQUIDE qui passe au Sud de la commune de Saint-Chamas, le long de la RD 10, et traverse l’Etang de Berre pour rejoindre Fos. Les risques de TMD [transport matières dangereuses] résultent de la nature des produits et de leurs possibles interactions (réactions chimiques), en cas d’incident (fuite, accident, dégradation des contenants). Ils peuvent se traduire par une explosion, un feu, une pollution des milieux (eau, sol). Diagnostic territorial 2010

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