Sentier patrimonial du Tholonet


Cette balade familiale du sentier patrimonial du Tholonet a été conçue par deux curieuses, amoureuses du patrimoine, Etoile137 et nicoulina (à propos des auteurs) ; elle permet de prendre connaissance des 20 panneaux qui renseignent les promeneurs sur le patrimoine du Tholonet et ses grandes figures (Il n’y a pas que le peintre Cezanne…). Elle emprunte un sentier ombragé ou longe les routes sur une voie aménagée ou circule en zone urbaine. Les enfants retrouveront-ils les 20 panneaux ?

Accès en bus par la ligne 13, arrêt Ferrageon ou Palette. En voiture du Tholonet petit parking du Ferrageon ou grand parking de l’Infernet ; parking généralement limité à 1h30 à Palette. Pour une balade avec poussette, ne pas emprunter la variante.

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

L’article ne reprend pas les contenus proposés par l’équipe extra-municipale mais les complètent par des anecdotes ou citations. Une carte sur IGNRando.fr en ligne propose le circuit que l’on peut imprimer en A4 recto-verso puis plier en 3 volets ; l’application cirkwi permet de suivre en direct le circuit proposé qui peut commencer au hameau de Palette ou au village.

Relevée dans la presse locale ancienne, l’histoire mouvementée du Tholonet est parue dans le Mémorial d’Aix (articles de Paulin Cheilan) et reprise dans un livre : Histoire du Tholonet, Philippe Bernascolle, Les Presses du Midi, 2015

Le Cercle de l’Union

Une association bien avant la loi de 1901 anime le village. En 1895 c’est une société musicale baptisée La Renaissance (but : développer le goût de ma musique) ; deux ans après est créé le Cercle de l’Union (but : entretenir l’esprit de fraternité). On entre dans l’une et l’autre par cooptation. Elles fusionnent en 1898 en conservant l’objectif principal de chacune d’elle.
Au cours de la seconde guerre mondiale, les recettes des spectacles sont envoyées aux prisonniers de guerre. Aujourd’hui, une des règles imposée par les statuts est de ne parler ni de religion ni de politique.

Moulin dit « de Cezanne »

Le «moulin de Cezanne» est un ancien moulin à vent du XVIIe, bâti sur une embase circulaire sur laquelle on battait le blé : l’aire de battage caladée est encore visible. Le seigneur Alexandre de Gallifet, qui a émigré au moment de la révolution, retrouve ses biens en 1804 mais le moulin est déjà en ruine.

Schéma du moulin extrait d’une oeuvre posthume de Michel Bernascolle, Le Tholonet au fil du temps, Amprimo Sylvie Créations graphiques et édition, 2024

Les voiles doivent résister aux coups de mistral les plus violents.Elles ressemblent beaucoup aux voiles de navires. Le drap de moulin est une spécialité de Marseille, comme la corderie ou la constrution navale. […] Une aile est habillée de 8 à 10 aunes de toiles. Provence des moulins à vent, J.M. Homet, Edisud, 1984

Variante cimetière depuis le moulin 400m A/R. Tombes de quelques personnalités : Georges Duby (1919-1996), historien, Léo Marchutz (1903-1976), peintre et pédagogue, André Masson (1896-1987), peintre, Joseph Rigaud (1887-1980), ingénieur, concepteur du barrage Bimont (1951).

Monument aux morts

Le Comité à l’origine de la souscription comprend les personnalités les plus respectées d’une communauté rurale autrefois : le maire et son adjoint, l’instituteur et le curé.

Eglise Sainte-Croix

L’église avait été construite par les Gallifet pour éviter la promiscuité avec la population qui venait précédemment dans la chapelle contigüe à leur château ; Roques-Hautes faisait également partie de cette paroisse.

Sur la place la Croix du Jubilé de 1842 marqué « Qui aura persévéré sera sauvé ». Un exemple d’actions à accomplir par les croyants lors du jubilé de Trets dans Gardanne du nord au sud : de Cativel au canal de Gardanne.

Le Jubilé, temps exceptionnel du mystère du Christ et du salut de l’homme peut être ordinaire ou extraordinaire (les jubilés décrétés par le Pape lors d’une occasion particulière). Dans tous les cas, il s’agit d’une «année sainte», temps de rémission des péchés, d’appel au renouveau et à la sainteté. […] Ces jubilés ont aussi permis à l’Église de se renouveler dans la foi et de se mobiliser dans des périodes difficiles. La Croix

Mairie, ancienne école

Devant la mairie, ne ratez pas l’ancien puits (photo ci-contre).

La Salle de l’Ours à gauche de la mairie : une allusion au blason de la commune, qui porte un ours bleu sur fonds jaune rayé de bleu. Ce blason est recensé par Charles D’Hozier dans son armorial de 1696, ordonné par le roi Louis XIV, c’est à dire peu de temps après la naissance de la communauté du Tholonet à qui le blason fut imposé puisqu’aucun ne fut proposé…

Relais Cezanne

Le restaurant chez Thomé est né autour de 1820. Il acquiert une telle réputation culinaire que l’aristocratie des environs se devait d’y faire étape. Parmi ses riches clients, l’un d’eux est Edouard VII, roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, qui y descendit ici le 5 avril 1906. Le Petit Marseillais, 8 mai 1910 page 1

La pluie ramena Thomé au logis ; il ouvrit la pièce dans laquelle se trouvait le roi ; le confondant avec son ami Gavary endimanché, il s’adressa au monarque en provençal de manière familière. Fortescue à voix basse le rappela à la réalité.
Depuis Thomé a conservé la chaise de paille sur laquelle le roi s’était assis et le verre dans lequel il avait bu un cognac deux étoiles.

Boulodrome

Ancienne place du ferrajon, serait un lieu où l’on ferrait les chevaux, peut-être dans un travail à ferrer mobile, dispositif conçu pour maintenir et immobiliser de grands animaux lors du ferrage. Ci-contre un exemple de travail dans le sud-ouest

Mais Charles Rostaing dans Toponymes de Provence relatifs à la mise en valeur du sol, P. Cheilan journaliste (contemporain de G. Gallifet) dans le Mémorial d’Aix du 15 mai 1902, et Michel Bernascolle habitant du Tholonet, cite une autre origine : celle de « terrain à fourrage », champ clos ensemencé en fourrage que l’on coupe en vert (farrajo). Ce terrain a été donné à la commune vers 1864, par son propriétaire Gaston Gallifet qui ne vivait plus au Tholonet mais à Paris.

La Cause

Si l’origine du toponyme Cause fait penser au calcaire, pourquoi dans les textes anciens s’écrivait-elle Cose ?…

La grande prêle et son côté plumeux donne un bel effet décoratif aux abords humides et ombragés de la rivière. Mais elle est toxique si ingérée.

Entre le Tholonet et Palette, le cours de la Cause est classé Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (Plaine des Artauds, ZNIEFF). Sa ripisylve sert de refuge à trois espèces de tulipes, ordinairement inféodées aux champs cultivés. La plus abondante est la tulipe sauvage dont il existe des milliers d’individus. Elle est accompagnée, çà et là par la tulipe précoce. Localement, la ripisylve abrite aussi quelques dizaines d’individus de la Tulipe œil-de-soleil.

Les Artauds

Le hameau est explicitement mentionné en 1666, quand est enregistrée la première délibération de la communauté pour désigner un syndic. En 1851 c’est un hameau plus important (90 habitants) que Palette (78 habitants).

En bas du chemin des Artauds à Château Noir se trouve la Croix des Rogations. Les rogations sont des processions avec prières pour attirer la bénédiction du Ciel sur les champs et les troupeaux. Elles ont lieu le 25 avril pour la Saint-Marc et pendant les trois jours qui précèdent l’Ascension. Elles partaient de l’église en passant par tous les oratoires ; et là, le prêtre bénissait les terres quatre fois, en direction de chaque point cardinal. Les santons du sculpteur Salgé, Jouques, représentent cette procession exposée au musée de Lambesc.

La place Lou Régalé (régalé, régal) fait penser au régale, espace indissociable d’un bien selon le droit coutumier en Provence ; la place appartenait en indivision à la communauté.
Exemple de régale : le 4 avril 1821 Gaspard Nicolas du quartier de Doudon au Tholonet cède à son fils Pancrace un appartement au rez-de-chaussée… et au nord le régalle desdites deux maisons, lequel régalle sera en commun entre le vendeur et l’acquéreur ainsi que le puits et l’aire…

Variante : chemin des Artauds à Chateau Noir puis route Cezanne, carraire des Artauds jusqu’au carrefour des Artauds, puits de Raféou. + 2km340

Continuer la lecture de Sentier patrimonial du Tholonet

Balade du Tholonet au hameau des Artauds


Quand nous avons préparé son article En suivant la route Cezanne, route classée, Anne et moi avons arpenté la route dans tous les sens, cherchant des chemins plutôt que des routes. Pas facile dans un village touristique connu mondialement grâce au peintre Cezanne… 

L’idéal est de partir du petit parking place du Ferrajon près du Cercle Artistique de l’Union du Tholonet ou du grand parking face au château du Tholonet. Les boulistes du Cercle sont nombreux et arrivent tôt.

Le Cercle, lieu de convivialité, éducatif, culturel et laïc existe avant la naissance de la loi de 1901 sur les associations. Au Tholonet, c’est une société musicale, essentiellement masculine, qui est d’abord créée. Puis une autre, Le Cercle de l’Union, qui entretient la fraternité dans la commune ; ses membres se réunissent chez Thomé. Dans les deux sociétés, on n’entre qu’introduit par deux membres. En 1898, les deux sociétés fusionnent en gardant les objectifs des deux. En 1914, le maire cède au Cercle de l’Union un terrain où se trouve l’actuel bâtiment. Aujourd’hui les femmes sont acceptées ; on ne doit parler ni de politique ni de religion et il faut toujours être coopté. D’après Le Tholonet, mémoire vive 1870 à nos joursMairie du Tholonet / Association Route Cezanne du TholonetMairie du Tholonet – Association Route Cezanne du Tholonet, 2016

Au fond du parking, quelques marches mènent sur la rive droite de la rivière. Nous longeons la Cause, jusqu’à la passerelle piétonne : entre celle-ci et le pont, les lavandières faisaient la bugado des bourgeois aixois à la fin du XIXe. Installées devant leur pierre plate, elles avaient chacune leur place.

Une buse pour piétons un peu sombre permet de passer sous le pont et de poursuivre le long de la route. Après le terrain de sport, le sentier se rapproche de la route qu’il suit cependant de manière sécurisée. Deux puits rappellent l’époque où il n’y avait pas d’eau courante. Direction les Artauds par l’avenue Léon Ferrat qui traverse le hameau en long et en montée ; une petite variante côté droit domine la plaine cultivée avec vue sur Sainte-Victoire sans ligne à haute tension. Nous avons l’impression de circuler sur des propriétés privées. Un contrat avec F. Zola, ingénieur du canal d’Aix, prévoyait un lavoir qui ne sera jamais construit.
La fontaine alimentée à partir de 1930 par le canal Zola ne coule plus : une canalisation de 400m de long amenait les eaux décantées dans un bassin.
A gauche, l’atelier du peintre et sculpteur Jean Mégard décédé quelques jours avant notre visite.

Le hameau des Artauds est un habitat groupé ; en 1846, 16 familles (62 personnes) y résident sur 504 habitants, presque toutes vivant du travail de la terre. Le hameau est le cadre du cinquième roman de Zola, La faute de l’abbé Mouret (1875) dans lequel il décrit la misère paysanne. 

La route se poursuit par un agréable sentier dans les champs, le sentier des Artauds à Château Noir dont le tracé n’a pas changé depuis 1838 ; vers le haut, le sentier se mue en route revêtue pour accéder aux propriétés des riverains. Je retrouve une borne à la forme inhabituelle dont je n’identifie pas l’usage (amarrage de bateaux ?) ; de forme similaire, quatre autres se trouvent aux coins du petit pont dans les jardins du château, siège de la SCP.

Continuer la lecture de Balade du Tholonet au hameau des Artauds

Découverte de Ponteau, Martigues


Suite à la parution d’un article dans la Provence du 16 mai 2021, nous avons décidé de tenter une visite des ruines du château de Ponteau, racheté en 1964 par l’industriel Naphtachimie (Filiale de Total Raffinage Chimie et INEOS). C’est André qui a préparé le circuit. C’est une zone de raffineries, de hautes cheminées, de vestiges militaires, pylônes à haute tension, qui contraste avec l’environnement naturel. Mais c’est aussi cela les Bouches-du-Rhône. Nous stationnons au croisement du chemin des Crottes1 et de la route de Ponteau.

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

On apprend beaucoup de choses en observant la carte de Cassini gravée par Aldring en 1779 : le port et le château de Ponteau existent mais la chapelle romane Saint-Martin est déjà ruinée : le monument est représenté incliné et non debout ! Les trois Martigues (Ferrière, l’Ile et Jonquière), reliées aux ilots de la passe par un ensemble de petits ponts, sont représentées par une sorte de marguerite au cœur rouge. Quatre moulins dans le quartier Saint-Anne, trois près des Ventrons dont un ruiné, deux à l’est de la Marrane : l’un d’eux est visible en parcourant La boucle des vestiges militaires de Cavalas. La tour de Bouc deviendra un fort, l’étang de Caronte un chenal.
A travers bois, nous rejoignons la voie ferrée ; un accès le long de celle-ci amènerait directement au château mais il est marqué propriété de la société ARKEMA, établissement secondaire de Martigues fermé en 2012, qui fabriquait des produits chimiques inorganiques. Le long de la voie, une longue canalisation de couleur verte – même couleur que celle transportant les boues rouges – court vers Lavéra et la raffinerie de pétrole, une des nombreuses canalisations de transport d’hydrocarbures probablement.
Nous traversons la voie ferrée, 200 m à droite se trouvait la gare de Ponteau dont le bâtiment voyageur a été démonté vers 1988. Toutes les gares de la ligne étaient bâties sur le même modèle, ce qui les rend identifiables même quand elles sont désaffectées.
1904 : la commission d’enquête débute son enquête pour savoir où placer les gares, stations et haltes sur la ligne entre l’Estaque et Miramas. Le sous-préfet, trois maires, deux conseillers généraux et l’ingénieur en chef de la compagnie P.L.M. sont présents. Le maire de Martigues propose que la station Ponteau-Saint-Martin soit placée là où la voie prévue croise le chemin vicinal 12 dit de la Réraille. C’est ainsi que ce chemin remis en état deviendra une route pour desservir la gare. Le Petit Provençal, 31/10/1904
La ligne est inaugurée discrètement en 1915 pendant la première guerre mondiale. Elle témoigne d’une époque, entre prouesses technologiques et mouvements sociaux. La Marseillaise, 30/08/2015, La ligne de la Côte Bleue, Cent ans d’histoire

Nous suivons la voie ferrée au plus près dans le sous-bois, avec à notre droite les résidences du quartier Les Olives ; en direct pendant notre déplacement, je surveille sur mon téléphone la carte IGN pour repérer quand nous serons en face du château de Ponteau. Quelques fleurs rarement rencontrées lors de mes balades : le ciste de Montpellier (et non le ciste cotonneux aux fleurs roses fripées) et l’acanthe à feuilles molles (ci-contre) dont la hampe florale est particulièrement décorative. Au travers d’un rideau d’arbres, nous apercevons une ou deux ruines masquées par de hauts arbres.
Après le contournement d’une petite difficulté, nous dominons les carrières de Ponteau, qui ont fait concurrence à celles de la Couronne au XVIIIe, de même nature géologique. Elles ont servi à construire l’arc de la porte d’Aix à Marseille.

En 1783 un négociant marseillais, André Guieu, rachète Ponteau aux moines, se fait construire une bastide sur les murs de la bastide médiévale et acquiert donc les carrières.

Nous arrivons face à un bâtiment austère : c’est la chapelle romane saint-Martin du XIIIe  mais une chapelle devait exister bien avant puisqu’un privilège du pape Léon VIII datant de 963, en faveur de l’abbaye de Montmajour, confirme diverses possessions dont l’église de Saint-Martin. Face à nous, les ruines du château de Ponteau et entre les deux, la voie ferrée qui a coupé le domaine en deux. Deux jeunes y jouent au pistolet à balle ; connaissant bien les lieux, ils proposent de nous guider jusqu’au château. Après avoir longé la voie ferrée sur quelques mètres, nous passons sous la voie pour arriver dans une zone envahie par la végétation. Ils nous mènent face au château de Ponteau dont la façade est impressionnante 22m sur 7.

Deux auteurs, H. Amouric et F. Feracci, dans leur étude sur l’évolution de la bastide du domaine de Ponteau, grâce à un examen des fenêtres, datent la première construction de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle. Elle s’est embourgeoisée au fil du temps.

Continuer la lecture de Découverte de Ponteau, Martigues