** Ile de Port-Cros : plongée et visite du fort de l’Estissac


Dernière journée sur une des îles d’Or – Port-Cros1 – avec Mattis 17 ans, venu de Norvège pour visiter la France ; il fait vraiment beau (25° annoncé) et j’espère qu’il pourra se baigner – sur une île des Lofoten, je l’ai vu se baigner dans une eau à 10° ! -, filmer les poissons et visiter au moins un fort. En cette fin de saison, il n’y a plus qu’une navette le matin à 9h au départ de Hyères, trop tôt pour nous qui venons d’Aix-en-Provence, et deux au départ du Lavandou : nous prendrons celle de 11h00.

La vedette est presque pleine et l’humeur joyeuse : beaucoup d’étrangers et de retraités qui passeront la journée sur l’Ile du Levant ou sur celle de Port-Cros. Nous longeons le cap Bénat dont je reconnais le phare. La vedette passe entre la pointe nord de l’île de Bagaud et  celle du Miladou de Port-Cros, entre dans  la rade face au fort du Moulin ; aussitôt, les marchandises transportées depuis le continent sont déchargées. Le canon face à la mer rappelle qu’ici cinq forts ont été construits depuis Richelieu pour défendre nos côtes et la rade de Toulon : Port-Man, l’Estissac et l’Eminence, le fortin de la Vigie, le fort du Moulin.
Pas de chien, pas de voiture ni de vélo, pas de pêche de loisir ni de chasse : nous sommes dans un parc national protégé. Port-Cros a gardé son côté naturel et sauvage : seulement une trentaine d’habitants en hiver, une grosse centaine en été et 300 000 touristes de passage chaque année.

Nous allons en premier à l’accueil du parc National de Port-Cros pour avoir une carte de l’île (3€) et obtenir des informations sur les temps de parcours. J’apprends que le sentier sous-marin n’existe plus – je suppose que les balises sous-marines ont été enlevées à la fin de l’été – et que nous ne pourrons pas aller jusqu’au fort de Port-Man sans risquer de rater la dernière navette pour le Lavandou à 16h40.

Port-Man est le fort le plus éloigné, au nord-est de Port-Cros, sur une étroite arête rocheuse ; jusqu’en 1882 un faible armement y sera maintenu. Sur l’île proche du grand Rigaud, il abritait encore en 188 deux canons de 30 ; plus tard, on y a implanté un phare.

Nous partons directement pour la plage de la Palud où le mouillage est totalement interdit. Nous contournons le fort du Moulin et la tour à canon qui porte une inscription rappelant le nom du couple qui a protégé l’île d’une invasion immobilière : Marcel et Marceline Henry, derniers propriétaires de l’île avant qu’elle ne soit léguée à l’Etat, et qui reposent au tout petit cimetière du village (décédés respectivement en 1953 et 1966). Entouré d’un mur qui le rend encore plus petit, il contient une fosse commune où furent ensevelis les soldats morts au lazaret, à leur retour du Tonkin. Petite Histoire des Îles d’Hyères (des origines à 1930): Presqu’île de Giens, […], Emile Jahandiez, Rébufa et Rouard, Toulon, 1929
Pas si facile ce sentier rocheux, en arêtes aiguës, qui monte et descend sans arrêt, découvrant parfois dans une trouée une vue sur la mer, l’île de Bagaud puis le rocher du Rascas. Quand la plage est en vue, il faut encore marcher en longeant les falaises. 40 mn à partir du village ; avec des chaussures de randonnée, c’est mieux.

L’eau est toujours aussi claire, la baie de la Palud est bien protégée des vents, nous sommes dans les premiers à prendre possession d’un petit coin de plage. Mattis prend d’abord un bain ; il a pied sur plusieurs dizaines de mètres ; quand il revient sur la grève, il s’équipe de son masque de snorkeling, randonnée palmée de surface, pour voir et respirer dans l’eau comme sur terre ! Il doit s’ajuster parfaitement au menton (attention à la barbe pour les hommes !) ; nous testons la pochette transparente étanche et flottante pour qu’il puisse faire des photos sous l’eau. Son expédition sera longue mais fructueuse. Il ramènera à faible profondeur une belle vidéo de quelques  poissons de l’île sur les 180 espèces différentes qui la peuplent.
Une vidéo d’André Pierini avec en sous-titrage l’identification des poissons

La réserve de la baie de Palud est aussi un sentier sous-marin pédagogique ; de nombreux panneaux ont été immergés et présentent les espèces locales. Il alterne des prairies de posidonies et de petits îlots rocheux immergés qui affleurent à la surface.

Photos des poissons de Port-Cros, site de la Réserve
Photos des poissons réserve de la Palud, site snorkeling-exploration

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** Le long du Colostre, de Gréoux à Saint-Martin de Brômes


Une randonnée particulièrement agréable, au bord de l’eau, dans un environnement peu fréquenté même aux beaux jours. C’est Yves Provence qui m’en a donné envie.

Le VerdonOn part du parking des Thermes de Gréoux ; pendant un long moment, on se balade le long du Verdon bien plus calme qu’autrefois ; s’il y a pas mal de monde jusqu’au croisement avec le chemin de la Haute-Palud, au delà il n’y a plus personne et on comprend pourquoi si on s’aventure au delà de la dernière propriété : le sentier a disparu, la végétation est impénétrable : sur une pente raide, on ne peut remonter sur la route qu’en s’accrochant aux arbres en espérant ne pas retomber  ; contentez-vous donc de rejoindre la route de Riez bien sagement à ce carrefour.

Le pont-canal : il fuit !Là où le Colostre se jette dans le Verdon, vous tournez à gauche ; vous serez sans doute mouillé en passant sous le pont-canal qui fuit quelque peu (canal qui relie la station d’épuration au barrage de Gréoux ?) ; l’ancien et long canal du moulin de Gréoux – moulin encore visible non loin des Thermes – longeait la rivière sur l’autre rive ; il puisait son eau dans le Colostre au nord de Saint-Martin ; il mesure donc 7 km de long. Pourquoi avoir cherché l’eau si loin ?
Vous suivez la rivière qui serpente dans un canyon ‘relativement’ profond ; la ripisylve est très dense, Une dalle rocheuse ensoleilléeBarre rocheuse dans les gorgeslarge et fermée, l’ensoleillement au sol est faible : l’été, elle accorde donc sa fraîcheur généreusement. De temps à temps, une grande dalle rocheuse ensoleillée offre la possibilité d’un bain de soleil ou d’un pique-nique. Seuls un homme et son chien méditent face à la rivière. Le parcours tout en ondulations, est agréable, reposant. Parfois une falaise rocheuse rappelle que nous sommes dans des gorges. Une montée de terre fine glisse sous les pas mais Le chien monte la gardedes algues rouges, des cyanobactéries ?elle ne dure pas longtemps. Dans un lacet de la rivière, un vieil arbre a été transformé en chien hideux par un artiste productif. Dans un autre lacet, des algues rouges filamenteuses flottent et collent à la rive. Sont-elles dues à la mauvaise qualité de l’eau ? je n’en ai vu qu’à cet endroit.

Les eaux du Colostre de qualité moyenne sont chargées en éléments eutrophisants azotés et en bactéries. Le Colostre est un affluent de première importance avec de fortes potentialités biologiques, des zones de fraie très intéressantes. […]
[…] il ne possède plus qu’une seule espèce de poissons (S. trutta) sur six décrites dans la littérature d’archives. Pour l’écrevisse, un dernier fragment de populations indigène (A. pallipes) est retranché au niveau des sources. La partie aval du bassin versant se fait en outre envahir par l’écrevisse signal (P. leniusculus). La restauration d’une rivière

Une main courante bien utile pour grimper sans glisserPassez la porte et refermez-là bienBienheureuse main courante qui permet de monter sans se casser la figure ! puis c’est une barrière de bois, et des grillages qui ferment la propriété du centre équestre Payanet jusqu’aux rochers en hauteur. Ne sachant si c’était une propriété privée ou s’il existait un droit de passage, j’ai fait demi-tour. J’aurais bien tenté de passer sur l’autre rive par la passerelle de Ancienne passerelle en mauvais étatbois quelques centaines de mètres en aval mais à la regarder de près, avec une traverse de bois en moins et les autres pourries, j’ai renoncé ; quant à la traversée à gué, le courant et la profondeur m’en ont dissuadée. Je sais que Yves Provence a prolongé au delà du portail, et même en option dans l’eau sur plus de 2km : je vous invite donc à ouvrir la porte et longer la rive jusqu’à Saint-Martin de Bromes.

La boucle que j’aurais dû faire : aller par les collines, retour par la rivière.

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Source de l’Infernet par le GR 2013


Lors d’un reportage sur le GR 2013 en début d’année, j’avais été surprise de découvrir ce charmant petit coin, près de la ville : une source abondante se déversant en cascade, près de petites gorges d’un beau ton rose soutenu ; j’avais du mal à croire qu’il était en région PACA. Je me suis donc inventée une petite boucle passant sur le GR 2013 avec retour par un autre sentier (je n’aime pas faire un aller et un retour identiques).

Départ sur le parking du ball-trap et du club d’aéro-modélisme, près de la gare TGV. Pas évident à trouver la route qui y mène ; il faut emprunter le rond-point de la gare et avant l’entrée du parking P12, tourner en épingle à cheveux sur la droite ; les voitures qui ne veulent pas payer le parking de la gare, stationnent le long de cette route et obstruent la visibilité.

Les maquettes d’avion tournoient au-dessus de ma tête dans un vrombissement presque aussi fort que celui d’un véritable avion. Il ne faut surtout pas entrer sur leur terrain dont l’accès est interdit : à cet endroit, le GR s’infléchit sur la droite pour rejoindre une ancienne route macadamisée fortement dégradée. Puis elle descend ; sur la gauche, un tas d’ordure barre le passage : c’est là que passe le GR.

J’aperçois des caravanes de nomades installées près du stadium, parallélépipède de béton qui aurait dû servir de salle de spectacles ;  il a été cédé à la communauté du pays d’Aix ; même si on a du mal à le croire, c’est l’œuvre d’un architecte de renommée internationale Ruddy Riccciotti. Le blog de Didier Hacquart.

Bien que je n’en ai jamais vues, en vrai, je sais que les grosses bosses lie-de-vin, desséchées, irrégulières, séparées par des rigoles de plusieurs dizaines de centimètres de hauteur, sont les tristement célèbres ‘boues rouges‘, résidus polluants du traitement de la bauxite, bien visibles de l’autoroute A7 et du train. C’est l’usine Alusuisse des Aygalades (Marseille) qui les a entassées ici à partir de 1950.

Pendant près de 70 ans, on a fabriqué de l’alumine à Gardanne, et pendant 70 ans on a rejeté les boues rouges. Chaque tonne d’alumine produit au moins une tonne de boues rouges. En 1906, on construit un transporteur aérien de 3km vers le vallon d’Encorse à Bouc Bel Air. Cela a duré 60 ans. A partir de 1960, les zones de stockage de boues rouges sont saturées. Une étude préconise le rejet en mer du côté de Cassis par un sea-line, 47km de long, entre Gardanne et Cassis puis prolongé jusque dans la fosse de Cassidaigne [ndlr : il est visible sur des dizaines de kilomètres entre Gardanne et Aubagne sous la forme d’un tuyau vert le long de l’ancienne ligne de chemin de fer de Valdonne]. Péchiney dépose un dossier d’intérêt public en 1963.
L’opposition au projet se manifeste si fort que Péchiney est obligé de faire appel à un service de communication pour convaincre l’opinion publique : on ne parle plus de boues rouges mais de limons ferriques, on présente une maquette, les ouvriers de Gardanne en parlent. La requête d’annulation de la déclaration d’utilité publique (déposée par le maire de Cassis) est rejetée en 1968.
Suite à la conférence de Barcelone, la décision d’arrêter le déversement des boues rouges dans la Méditerranée, a été prise pour 2015. Cela est rendu possible grâce au minerai de Guinée plus riche en alumine (et produisant moins de résidus) et à l’amélioration des procédés techniques dans l’attaque de l’alumine et des filtres.
D’après l’institut pour l’histoire de l’aluminium, 2010

Toxique ou pas ? deux points de vue article de sciences et avenir, 2010… et celui du GIP des calanques

Le sentier de fine terre parfois glissante contourne l’énorme tas de boues rouges puis sinue dans les bois. Les sentiers sont nombreux mais le GR est assez bien marqué. Je passe à gué sur des ruisseaux bien secs puis descend jusque dans les gorges roses. Moyennant un petit détour, leur côté insolite apparaît (photo de droite).

Les parois des gorges de CabrièsA partir de là, il faut bien suivre le GR qui surplombe ensuite les gorges avant de descendre par un passage rocheux dans le fond, près de la Cadière qui court en cascade. Drôle de spectacle que ces calcaires roses mamelonnés, alignés, datant de -61 à -55 millions d’années, argileux ou rouges ou silicifiés, quelquefois avec des marbrures.

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