Promenade Cezanne prolongée jusqu’au sommet de la Colline des Frères


Je vous ai déjà parlé de la promenade Cezanne à Gardanne, dont les panneaux d’information ont été remplacés en 2025 à l’occasion de l’exposition Cezanne au Jas-de-Bouffan. Depuis le parking Mistral, suivre le panneau, monter les deux escaliers et entrer dans le musée Cezanne en plein air : recodnnaitrez-vous mieux le tableau en vue verticale peinte depuis la colline des Frères, sans les piliers à l’avant-plan (merci Perplexity) ? Pour en savoir plus lire Promenade Cezanne.

La météo ce jour à gardanne/13 :
Avec le vent et la température ressentie

Sainte-Victoire est bien là entre les arbres ; nous poursuivons la promenade Cezanne jusqu’à rejoindre la route des Angles qui s’élève progressivement jusqu’au terrain de sport ; les propriétés le long de la route ont une vue plongeante sur Gardanne. Bientôt face au terrain de sport, les terrils des Molx1 typiques des paysages miniers.

Ce toponyme de Colline des Frères m’interpelle car je n’ai pas trouvé d’explication acceptable. Il ne figure pas sur le cadastre napoléonien de 1830, pas encore sur la carte IGN de 1950. De quels frères s’agit-il : frères de sang ou membres d’une confrérie religieuse ?
Sur la carte de 1950, à l’endroit de la colline, le toponyme Jean Briou ; le surnom Briou est donné à Pierre Deleuil, Joseph Deleuil puis aux héritiers Jean, Louis, Joseph et Jean-Baptiste qui habitent et possèdent des terres dans le quartier. Peut-être ont-ils revendu les terrains de la colline aux Houillères des Bouches-du-Rhône ?
Quant à la confrérie religieuse il pourrait s’agir dela congrégation de l’Oratoire dont les domaines ont été vendus aux enchères après la révolution: Verdillon, Camp Jusiou et ses puits de mine [ndlr : c’est au Camp Jusiou qu’un cheval est tombé dans une ancienne galerie de mine en 2020 La Provence janvier 2020]. Dans les deux cas, ce toponyme serait lié à la mine, très importante pour les villageois dès le XIXe.

A la barrière DFCI le sentier de droite doucement s’élève ; en contre-bas, les abords de la rigole ayant été débroussaillés, ils m’inviteront à réitérer l’expérience compliquée de 2024 avec André. Certains indices évoquent une colline un peu « curieuse » toutefois : des bosses irrégulières, des espaces enherbés à côté d’espaces caillouteux, des pins isolés, des blocs rocheux étrangers, des traces de chaux et de matériel charbonneux, des tiges métalliques sur morceaux de béton. Au sommet, des restes de tuiles provenant d’une construction au sommet. Il est possible de décrire une boucle et jeter un oeil sur les pentes dont certaines ne sont pas encore végétalisées. Malgré la hauteur, aucune vue dégagée sur Gardanne

C’est le terril Saint-Pierre (concession C4 de Gardanne) qui, de la fin du XIXe aux années 1970, a recueilli des stériles de mine issus du lavage et criblage du charbon, mais aussi des matériaux issus du creusement de l’exploitation et des cendres de foyer issues de la centrale thermique. Qui se souvient du plus vieux terril de Gardanne, zone de pâturages et vignes au XIXe ? Rapport d’étude sur les aléas liés à l’exploitation minière

Le terril Saint-Pierre (V137) présentait des points en combustion en 2001 mais éteints en 2005 : on peut donc s’y promener sans risque, chose que Cezanne n’a pu faire puisque lors de son séjour à Gardanne de 1885 à 1886, le terril était déjà exploité ; l’essentiel du dépôt est végétalisé sur 20 à 30 m : on ne voit plus les matériaux le constituant.
Rapport d’étude sur les aléas liés à l’exploitation minière (rapport 2021/039DE 21PAC36020).
Galeries et puits

Le terril de 90 m2, 1 millions m3, est formé de trois dépôts, ceux du nord et nord-ouest à partir de 1950 ; l’un d’eux aménagé en plate-forme se remarque bien depuis le sentier. Côté ouest d’anciens glissements superficiels de terrain sont retenus par un spectaculaire mur de soutènement. Je suppose que, comme à Biver, au début du XXe siècle, un téléphérique amenait depuis la zone de triage, dans un va-et-vient continu, les bennes de stériles jusqu’en haut ; à une certaine hauteur, on déplaçait les pylônes pour commencer un nouveau dépôt. Source : Gilbert Bagnis et Bernard Duplessy

Si vous avez l’intention de faire la variante en boucle des Molx, prendre l’autre sentier en épingle à droite en contre-bas du terril, entre deux dépôts ; sinon rejoindre le parking et redescendre vers le musée de plein air.

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La colline Saint-Jacques, Cavaillon


Seconde visite 18 ans après la première – La colline Saint-Jacques (septembre 2007) – sans jouer au geocaching, depuis un autre parking (celui du sentier promenade de Saint-Jacques), donc avec un oeil entièrement tourné sur ce qu’il y a à découvrir. J’ai donc décidé d’écrire un second article.

Nous partons en direction des baumes parmi lesquelles La Grande Baume dont la large entrée mène dans les profondeurs de la grotte ; je n’y ai pas trouvé mention d’une fouille attestant que nos ancêtres y vivaient dès la fin du néolithique ; c’est sans doute pour cela que le panneau mentionne La colline semble avoir été utilisée par nos ancêtres dès la fin du néolithique. Cependant, c’est probable puisqu’en 1935, tout proche, au pied du versant ouest de la colline Saint-Jacques (autrefois Cavéu), un matériel céramique souvent abondant, a été mis au jour s’échelonnant depuis le Premier Age du Fer jusqu’au Ile s. ap. J.-C. Oenochoes à anses torsadées de la Base vallée du rhône : une production tournée vauclusienne d’époque augustéenne, Philippe BORGARD, Dominique CARRU, SFECAG, Actes du Congrès d’Orange, 1988

Des aménagements (murets de pierre, citerne, alcôve) témoignent de leur réutilisation à l’époque moderne.

Après avoir contourné les grottes, nous atteignons les carrières du Roucas utilisées de l’Antiquité au Moyen-âge ; pour trouver des traces d’outils et de mode d’extraction, il faut grimper au dessus du sentier : des empreintes négatives d’extraction, des traces d’escoude. La roche est découpée longitudinalement par rapport à sa strate de sédimentation en fonction du sens dans lequel elle sera posée dans la construction, puis taillée sur le lieu de construction.

Petite hésitation sous le pylône à haute tension ; André opte pour la droite, mais c’est finalement à gauche sous le pylône ; quelques marches puis André me présente le pistachier-térébinthe aux baies rouges qui changent de couleur (blancs, roses, rouges puis bruns à maturité), aux feuilles caduques, qu’il perd donc chaque année. Un arbre de la garrigue plein de ressources puisqu’on utilise ses baies, sa résine et son bois.

L’essence de térébenthine lui emprunte son nom car elle était, à l’origine, fabriquée avec sa résine distillée. On l’emploie dans les peintures, vernis, cirages, produits pharmaceutiques… […] On peut les manger mais leur saveur est aigrelette. On les utilise plutôt pour produire une huile comestible. […] Son bois, excellent pour le chauffage, est aussi utilisé par les ébénistes pour réaliser de magnifiques ornementationsARBRE

En cette année Cezanne, je pense à un pistachier célèbre, celui de la cour de Château Noir (Le Tholonet), peint en 1900.

Ramené de Constantinople en 1834 et planté dans la cour du Château Noir, il a, vers 1850, servi à greffer avec succès de nombreux pistachiers térébinthes de la propriété. Un greffon a été implanté au Conservatoire des pistachiers de Provence, à La Ciotat. Un autre est parti pour le Jardin des Plantes à côté d’un célèbre pistachier mâle planté vers 1700. D’après Les fruitiers rares, article de 2003 par Françoise LABOREL et Lionel TREBIE.

Paul Cezanne, Pistachio Tree at Château Noir, France (Artist’s nationality), 1895–1905, medium : Watercolor with graphite on cream wove paper, laid down on tan wove paper, 54.2 × 43.3 cm (21 3/8 × 17 1/16 in.), Mr. and Mrs. Martin A. Ryerson Collection, Reference Number,1937.1030

Le laurier-tin à côté est toxique pour humains, chiens et chats, mais sa capacité d’absorption notamment des métaux lourds en fait un indicateur écolo de la qualité du sol.

La voie dite romaine me laisse presque aussi dubitative qu’en 2007 ; s’il y a voie romaine, ce n’est pas une grande voie de communication utilisée par les légions romaines, comme l’est la Via Domitia qui passait dans la plaine, traversait la Durance en radeau flottant à Cabellio (Cavaillon). Le géographe Strabon, dit qu’elle est excellente l’été mais toute fangeuse en hiver ; les Romains ont peut-être réaménagé cet axe Nord-Sud : les dernières fouilles (2016 ?) le laissent penser.

La principale caractéristique de cette occupation tient à la découverte de plusieurs vestiges antiques, dont un tronçon inédit de voirie antique, qui, à l’origine, desservait le côté nord de l’oppidum de la colline Saint-Jacques, […] et enfin, le long du chemin de Béraud, de deux sépultures à incinération du Ier siècle avant J.- C. Département du Vaucluse

Selon le document publié par les Archives municipales pour l’exposition ALLER & VENIR : ITINÉRAIRES & VOYAGEURS À CAVAILLON AU FIL DES SIÈCLES de fin 2024 : Des voies secondaires, notamment celles desservant l’oppidum, on ne conserve que peu de traces, hormis la voie nord-sud appelée encore aujourd’hui « voie romaine », quoique l’on en ignore […] la réelle datation. Peut-être s’agit-il de la voie secondaire Carpentras-Cavaillon représentée en page 13 par Marianne Salomon, De la via Heraclea à la via Domitia, Archéologie en Languedoc, n°20-2, 1996.

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** Le chemin des peintres à L’Estaque


Malgré les contraintes imposées – balade courte, ombragée, peu de dénivelée et cependant quelques centres d’intérêt, André a trouvé la bonne idée : le hameau de L’Estaque rattaché à Marseille 16e ; j’ai mixé deux tracés : celui de l’office du tourisme et celui bien documenté en vidéo des petites balades urbaines ; j’ai ajouté nos divagations. Dans l’air du temps puisque Aix fête Cezanne en 2025, nous y retrouverons le peintre. C’est le village des chichis fregis1 que l’on vient de loin pour la dégustation.

Estaque : du provençal estaco = attache, lien ; l’anse de L’Estaque est protégée du mistral par la chaîne de la Nerthe et des vents d’est par les collines de Mourepiane. Ce nom viendrait donc des nombreux pieux servant à l’amarrage dans le port. En 1718, des capitaines marseillais affirment que les bâtiments qui partent de cette ville et un grand nombre de ceux qui y arrivent sont mouillés avec plus d’assurance et moins de danger à l’endroit appelé L’Estaque qu’ils ne l’étaient autrefois à l’Aiguille et au Frioul. Gilbert Buti, MMSH-CNRS-TELEMMe

Revue Marseille, juillet 2024, Marseille et le Bassin de Séon, n°269

Comme annoncé, le point de départ est au bout de la digue ; les deux premiers panneaux nous rappellent l’importance de la pêche à la sardine, aux oursins dès le XVIIIe. Un énorme navire de croisière manoeuvre juste en face.

Nous revenons sur la rue du bord de mer en passant devant l’ancien hôtel de voyageurs Mistral (du nom d’un restaurateur Laurent Cyril Mistral). Il ferme en 1943, est racheté par Kuhlmann et aujourd’hui transformé en logements. Il garde d’époque un joli balcon en fer forgé qui se poursuit côté ouest, et des bandeaux de céramique sur sa façade. Derrière, on devine les jardins.

Le premier chalet-restaurant de 1860 est reconstruit en 1888-1890, après la création de la route, par un nouveau restaurant et de nouvelles cabines de bains. Il était situé en bordure de mer, en vis-à-vis de l’hôtel, avec appontements pour ceux qui arrivaient en bateau ! Une passerelle de bois les reliait par le premier étage et passait au-dessus de la route : elle attirait curieux et photographes. Photo IVR93_20111300091NUC2A, Degaye, Copyright (c) Ville de Marseille Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale

Nous nous engageons dans la traverse Mistral, à la recherche du lotissement Druilhe. Un passage en chicane accède à la traverse du Lion – lion sculpté qu’André a trouvé lors d’une seconde visite – qui domine les courettes individuelles situées à l’arrière des maisons : nous avons donc une vue plongeante sur celles-ci et sur leur mur de clôture. Chaque courette possède un puits, commun avec celui du logement voisin, séparé en deux par le mur de clôture. Vu qu’il y avait là une ancienne tuilerie, nous ne nous étonnons pas de trouver des pans de murs de tuiles.

Sous-lotissement Druilhe, du lotissement concerté des Creux. En 1863, Victor Tamisier y construit une tuilerie qui est démolie en 1875. En 1887, le terrain est vendu à Julien Druilhe, lui aussi tuilier, qui entreprend de rentabiliser cette friche industrielle par la construction d’un lotissement locatif. Dossier inventaire