Une boucle, deux oppida


Départ depuis le château d’eau à Belcodène (D908) pour deux oppida situés en limite de commune avec La Destrousse.

J’ai déjà constaté que beaucoup d’oppida se trouvent en limite de communes : le Pain de Munition entre Pourrières et Rians (Var), le Ruissatel entre Marseille et Aubagne, l’oppidum ligure de Montjean entre La Môle et Cavalaire, l’oppidum du Castellar, site perché fortifié sur la limite des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse ; hors PACA, l’oppidum du Chatelard entre Vaugneray et Grézieu-la-Varenne (Rhône), l’oppidum de Château, à cheval sur les deux communes Villeneuve-sur-Yonne et Bussy-le-Repos (Yonne).
Avant même son existence paroissiale ou administrative, cette limite semble jouer le rôle de frontière de territoire pour ceux qui y habitaient. Si ce n’est pas un hasard, qui me proposera une explication ?

Dans la plaine de Beaumont sillonnée de nombreux sentiers et vallons, les pompiers s’entrainent à dérouler et enrouler leurs tuyaux ; entre cistes et chèvrefeuille, le traditionnel poste de chasse en bois.

Au loin le mont Julien et sa barre rocheuse qui abrite quelques abris sous roche. Plus on s’approche du bord de la falaise, plus on reconnait les montagnes dont Sainte-Victoire qui s’étale en entier d’ouest en est, comme posée sur l’horizon.

Un observatoire grillagé en avancée sur la falaise près de l’oppidum de l’Agache1 (premier âge du fer entre 800 avant notre ère à la fin du Ier siècle de notre ère) permet une vue sur la Bouilladisse et les sommets environnants.

Nous pénétrons tant bien que mal dans l’oppidum de l’Agache en évitant la zone des à-pics qui le protégeait. Si je reconnais bien le mur d’enceinte écroulé, je ne suis pas certaine du mur nord perpendiculaire à celui-ci ; trop difficile de s’extirper de cet enchevêtrement d’arbres et plantes piquantes : j’ai renoncé à prolonger la visite jusqu’au mur ouest et son fossé de 2m de large taillé dans le roc qui […] peut se suivre sur une longueur de 20 m environ. Les Antiquités de la vallée de l’Arc en Provence, Comte Henri de Gérin-Ricard, abbé G. Arnaut d’Agnel, Société d’Etudes Provençales, 1903.

Quatre vingt dix ans plus tard, un autre auteur citera la tour monumentale exceptionnelle en Provence, une très grosse tour, presque disproportionnée par rapport au site (Verdin, 1995, I, 266) qui faisait peut-être office de tour monumentale destinée à être vue. Défendre un oppidum, synthèse et comparaisons, CCJ, UMR 7299 – Aix-Marseille Université / CNRS / Ministère de la Culture et de la Communication

Nous quittons le bau de l’Agache pour l’oppidum du Tonneau situé sur la même barre rocheuse à quelques centaines de mètres. De loin nous apercevons le rempart bien conservé sur sa hauteur. Par une brèche dans le mur, nous grimpons sur son sommet. Côté est, rapidement, les escarpements protègent l’oppidum et nous empêchent de continuer.

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L’aqueduc de Roquefavour après sa restauration


Partie de la plaine du cimetière à Ventabren, lieu de départ de nombreuses randonnées, j’ai décidé de dominer le majestueux aqueduc de Roquefavour qui alimente Marseille en eau, après 44 mois de travaux. Petite randonnée pour tester ma forme physique après plus d’un mois d’un virus épuisant.

Le premier parking se remplit ; les promeneurs de chiens sont déjà partis ; je rejoins la route D64 par une piste caillouteuse en descente, parmi les chardons et les cistes froissés ; après 250m de marche sur route sans trottoir, je tourne à gauche vers le parking du Rigouès, orthographié autrefois rigoès1.

Coquelicots et chardons mettent de bonne humeur ; la montée est régulière, sans difficulté ; il suffit de choisir la piste DFCI la plus directe si l’on est pressé. Juste avant d’atteindre l’oppidum de Roquefavour, je repère deux tiges de chèvrefeuille des Baléares reconnaissable à ses fleurs bicolores crème et rosé.

Improprement et encore aujourd’hui sur la carte IGN appelé Baou de Mario, il n’a pourtant rien à voir avec les romains : c’est un site celto-ligure datant du IIIe s. avant J.C.). L’accès principal se repère bien grâce aux vestiges de rempart (mur de 2.5 m à 3 m d’épaisseur) de chaque côté de la piste qui traverse l’oppidum de 5 ha ; les fouilles de J.-P. Musso entre 1975 et 1983 nous en apprennent plus. Musso Jean-Pierre. L’oppidum de Roquefavour à Ventabren (B.-du-Rh.) (recherches 1975-1983). In: Documents d’Archéologie Méridionale, vol. 8, 1985. pp. 67-86

L’oppidum de 5 ha est clos sur deux côtés par les falaises rocheuses au sud et à l’est, et sur les deux autres par des remparts et un fossé sec creusé dans le calcaire.
Une case isolée se trouve au sommet près de l’escarpement rocheux avec vue sur la vallée de l’Arc ; un foyer, une banquette, un édicule circulaire et peut-être l’emplacement d’une tour de guet.
Pas de trace de péripéties militaires ; les habitants sont partis de leur plein gré.

Après être passée devant les habitations d’une pièce (case) ou plusieurs (maison), je continue jusqu’à l’aqueduc de pierres haut de 83 m et long de 375 m ; la blancheur retrouvée des pierres, la même blancheur de la couverture du canal, le rendent encore plus spectaculaire. Et dire qu’on aurait pu ne jamais le voir si le projet concurrent avait été adopté au XIXe : celui de Bazin/Matheron (1832) proposait de percer un tunnel sous Venelles en suivant à peu près l’aqueduc romain de Traconnade ; mais c’est celui de Montricher (1836) qui a gagné.

L’aqueduc de Roquefavour, qui a résisté au tremblement de terre de 1909, vient d’etre restauré sur 44 mois ; les échafaudages étaient presque aussi hauts que ceux de Notre-Dame de Paris !

La SNCF signale en 2008 des pierres qui tombent sur la voie ; des opérations de purge avaient alors eu lieu. Les 160 000 pierres de taille ont été sondées au maillet et 2970 ont été changées. La Marseillaise, 18 mai 2024.
Le tablier supérieur ouvert à l’origine, busé dans les années 1970 a été étanchéifié avec une géomembrane et des dallettes en béton. Aujourd’hui François Botton, l’architecte du patrimoine, a préféré un béton fibré ultra-hautes performances (BFUP) : 470 dalles de 270 kg et 3 cm d’épaisseur servent à la fois de lest pour la géomembrane de protection et d’espace de circulation pour les engins lors des visites d’entretien. Et pour que les dalles s’apparentent en tous points aux blocs de calcaire, des essais de couleur ont été réalisées puis installées par un portique roulant : voir les photos dans Restauration de l’aqueduc de Roquefavour Infociments

Vidéo BFM TV

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La cascade de Malaga, Rognac


Le 5 juillet, Anne et moi étions sur le terrain dans le cadre d’une enquête qu’elle devait faire ; alors que nous retrouvions le second parking au bout du chemin de Saragousse, des jeunes nous interpellent et nous demandent comment se rendre à la cascade. Ah ? il y a une cascade par ici ?  Moi qui pense bien connaitre la région, je m’étonne que dans un endroit aussi sec, ce soit possible mais je consulte la carte et les photos qu’ils me montrent. Ils ajoutent qu’il faut y aller après une forte période de pluie. Anne et moi, nous nous regardons d’un air entendu : il faudra qu’on aille la découvrir.

Le Vabre1 de Malaga est un petit cours d’eau qui prend sa source à la Fontaine de l’Oule dans les reliefs de Rognac. Il se dirige en direction du centre de Rognac et trouve son exutoire au quartier du Petit Vacon, à proximité du collège. Plan local d’urbanisme, Déclaration de projet emportant mise en compatibilité – Aménagement de la zone d’activités des Plans. juin 2017

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

Sur la carte IGN actuelle le cours d’eau issu de la source de l’Oule2, est représenté par une ligne discontinue (cours d’eau temporaire) alors qu’en 1950 la ligne était continue (cours d’eau permanent). La Fontaine de Rognac se trouvait environ 280m au sud-ouest de la Fontaine de l’Oule2. Le cadastre napoléonien me permet d’imaginer une hypothèse : la première source du village (Fontaine de Rognac) qui avait été canalisée, réparée fin XIXe, s’est tarie ; le toponyme est resté pour désigner le quartier, et c’est l’eau de la Font de l’Oule qui tombe en cascade.

Je n’ai guère d’espoir de voir une cascade aujourd’hui mais j’ai très envie de découvrir les lieux. Le parcours commence par un sentier plat le long des champs ; au carrefour avec la citerne, on traverse la plaine de Marroc. Au point 137, après les oliviers, au pied de bancau, il est possible de remonter le long du lit étroit et rocheux du ruisseau sur 150m pour découvrir la source de l’Oule, émergeant d’un  trou du rocher. Si vous terminez dans le lit rocheux, ce sera humide et glissant. Personnellement, j’ai préféré y accéder à partir du sentier partant du plateau supérieur, plus court et plus facile, surtout s’il a plu. Les toiles d’araignées au plafond sont bien le signe que l’eau n’est plus abondante.

Une piste caillouteuse en descente – chaussures avec bonnes semelles conseillées – ouvre sur un décor de hautes falaises d’une bonne vingtaine de mètres de haut qui se contorsionnent et portent d’anciennes traces d’humidité. Je passe du soleil à l’ombre.

A l’intérieur d’une échancrure en V dans la strate supérieure, je devine l’ancien écoulement de la Fontaine de Rognac. L’eau devait probablement tomber en cascade autrefois.

#08-Vabre de Malaga : l’héritage de Matheron, lescigales

Enfin j’arrive dans le cirque de la cascade ; la strate supérieure étant en surplomb, quand la cascade coule, elle donne l’impression de sauter par dessus bord sur un gros bloc rocheux blanchi et calcifié par l’eau. Cette disposition est caractéristique d’un relief de cuestas. La falaise de la barre rocheuse est constituée de calcaire aux pentes abruptes, organisée en strates horizontales épaisses scindées en deux bancs par une petite corniche sur laquelle s’est implantée de la végétation. Des blocs rocheux fracturés verticalement se sont détachés de la paroi et se retrouvent au sol.

#07-Vabre de Malaga : la barre rocheuse, lescigales (avec explication de la formation géologique)

Photo de la cascade à droite, de novembre 2019, empruntée à l’association Les semelles usées de Rognac ; photo à gauche empruntée au blog de adair13

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