Double boucle par la colle de Piébon


Idée originale de Yves qui nous emmène sur le territoire de Villeneuve pour une double boucle : la première sur la colle1 de Piébon2, la seconde le long du canal de Manosque. Entre les deux, le pique-nique que nous aurons laissé dans les voitures. Grand parking improbable sur la petite route de Niozelles : jusqu’à la dernière minute, j’ai douté être sur le bon chemin. Je retrouve avec plaisir quelques membres du groupe de Yves inscrits sur le site de la communauté Toutes-mes-sorties

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

Les photos de Yves (dont 4 de Tineochris)

La première boucle nous emmène sur un circuit de geocaching dans la forêt communale de Villeneuve (11 caches + une bonus) dans un classique bois de chênes, bien sec et sur sol caillouteux, tout en petites montées et descentes. Peu après le départ, un point du vue sur le village perché de Lurs sur fond de montagne de Lure et montagne de Jouerre. Au pied, dans la vallée, les futurs champs cultivés de tulipes précoces (lire Tulipes précoces de Haute-Provence) que l’on devine plus qu’on ne voit ; en avril, si vous marchez du côté de Lurs, la Brillanne, n’hésitez pas à y faire un détour .
De temps en temps quelques fleurs agrémentent le parcours : quelques anémones hépatiques cachées sous les feuilles mortes (merci à Uniterre pour l’information). Boucle entièrement dans les bois, calme et peu fréquentée.

Pause pique-nique près du parking ; comme à l’accoutumée, les bonnes choses se partagent et Yves termine par le traditionnel rhum arrangé maison dont il a le secret.

Deuxième boucle par le hameau de la Combe et son gîte, sur route. Un chat blanc figé  est perché sur le toit ; un tapis de jonquilles puis le gite bâti derrière l’ancienne fontaine du hameau. Arrêt devant un arbre couvert de galles du chêne ; bien qu’il me semble mal en point, il semblerait que l’arbre n’en meurt pas.

Les galles du chêne sont des excroissances qui peuvent apparaître à différents endroits de l’arbre : sur les feuilles, les bourgeons, les fruits ou les racines. Ces excroissances, appelées cécidies, sont causées par des piqûres d’insectes. Les insectes à l’origine des galles du chêne sont les cynips (petits hyménoptères de la même famille que les abeilles ou les guêpes) qui piquent différentes parties de l’arbre pour y pondre leurs œufs. […] le cynips a un système de reproduction particulier qui permet aux femelles de donner naissance à des individus mâles ou femelles sans fécondation (parthénogenèse). Extrait de https://jardinage.ooreka.fr/

Chemin de la Tuilière ; plutôt que de suivre le chemin, Yves nous invite à prendre un raccourci qui ressemble étrangement à une descente de VTT suivie d’une montée ; comment l’aborder  à pied ?  y’a ceux qui dévalent la pente, rapidement, jambes écartées en appui sur les bords, …et moi qui, traumatisée par deux chutes en descente, en multiples petits pas à la manière des skieurs, descend en travers de la pente. Tout le monde passe.

Nous longeons le canal de Manosque (en principe piste réservée aux aiguadiers du canal), sur une rive puis l’autre. Il faut rester sur la rive gauche : de l’autre côté, une ferme et ses animaux (moutons, chèvres, poules), des cultures d’oliviers. Pour passer le ravin de Saint-Saturnin, un haut pont-canal (50m de long, un des ouvrages les plus importants de ce canal) offre le vertige de la profondeur à ceux qui le redoutent. Une bonne dizaine de mètres au-dessus du ravin mais un garde-corps rassurant.

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La Nerthe et la chapelle saint-Michel


Un endroit que je n’aurais sûrement pas découvert sans l’aide d’André, dans le massif de la Nerthe1 entre étang de Berre et Côte Bleue. Déjà pour trouver le l’emplacement de parking le plus proche à Gignac la Nerthe, ce n’est pas évident. Nous stationnons près de l’autoroute du littoral, côté Gignac.
Nous passons sous l’autoroute par un pont largement taggué ; rapidement de hauts murs de pierre témoignent de la muraille de l’ancien château fortifié sur ce site de hauteur.

La Chapelle Saint-Michel (XIIè – XIIIè siècle) et les ruines du château sont édifiées sur une parcelle du territoire de la Commune du Rove qui en est propriétaire. Selon la commune du Rove

La chapelle Saint-Michel de Gignac se situe donc sur le territoire de la commune du Rove ; cette particularité vient d’un ancien partage du territoire : en 1835, Gignac a obtenu les terres agricoles tandis que le Rove a obtenu les collines et la chapelle (selon Michel Méténier, historien local) ; vous trouverez le vieux Gignac du début du XIXe sur le cadastre napoléonien du Rove, section C1, et ses riches propriétaires De Covet de Marignane et Barrigue de Montvalon.

La chapelle saint-Michel au Rove. Au Moyen Âge, le lieu faisait partie de la seigneurie de Marignane, qui s’étendait jusqu’à la mer. Les Templiers en prirent possession au xiie siècle, du fait de sa position stratégique qui les rendait maîtres de la plaine et des lieux de passages. Ils y édifièrent un château fort en éperon barré de remparts reliés de tours carrées. Extrait du site tourisme Marseille

Beaucoup de sites internet affirment que c’est un site templier ; d’après l’historien local, Michel Méténier, des moines templiers s’y seraient installés. Quatre granges2 existeraient autour de Fos (Berre, Saint-Giniez, Marignane et Gignac), d’après L. Dailliez, Les Templiers en Provence, Nice : Alpes-Méditerranée, 1977. Dans sa thèse d’histoire, Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales : l’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône (1124-1312), Lyon, 2003Damien Carraz précise que l’inventaire de la commanderie de Fos du 24 janvier 1308, ne cite que le manse3 dit de Niolano ; la maison de Fos possédait de nombreux troupeaux et pâtures ; ce site fait-il partie des biens templiers au vieux Gignac comme l’affirme provence7.com ? d’après Dailliez et Carraz, à Gignac-la-Nerthe, il faut s’attendre à un entrepôt plutôt qu’à une chapelle…

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Céreste côté campagne par le prieuré médiéval de Carluc


Grâce à Yves voici un itinéraire campagnard pour se rendre au prieuré médiéval de Carluc à Céreste ; ma première visite date de 2006, c’était alors une de mes premières randonnées car facile avec un point d’intérêt remarquable.

Mon album photos

L’album d’Yves Provence

L’album de Céline (cliquer sur l’oeil en haut à droite pour les visualiser)

Nous passons devant la chapelle de Piété (propriété privée) devant laquelle un rosier trémière a été planté. L’IGN s’évertue à appeler romain le pont sur l’Encrême, il ne l’est pas ;  le panneau directionnel de la gare le nomme pont roman, il ne l’est pas davantage ; la commune l’appelle pont de la Baou (1740), c’est mieux.

Le pont de la Baou, alterch

Nous passons devant un énorme réservoir puis devant des bâtiments dont la construction est « signée » (toit en triangle, fenêtres entourées de briques rouges, un étage) : nous reconnaissons l’ancienne gare de Céreste, située sur la ligne Cavaillon-Saint-Maime. Côté Vaucluse, l’emprise de la ligne est en partie réutilisée par la véloroute du Calavon. Le projet est, à terme, de relier Avignon à Volx. Sur une carte postale ancienne datant de 1920 le train à vapeur arrive sur Céreste par la vallée de l’Encrême, à un endroit encaissé  : elle est sous-titrée le derrunaou ; selon UnDeBaumugnes, cela viendrait du verbe derruna qui veut dire s’écrouler, s’ébouler, rouler. Faudrait que j’aille sur place pour comprendre ce toponyme.

La section entre Apt et Saint-Maime – Dauphin, est concédée à titre définitif à la compagnie du PLM […] le 26 mai 1883. […] La ligne et l’embranchement, tous deux à voie unique, sont mis en service le . La ligne comporte quinze ouvrages d’art dans son trajet en Vaucluse, et dix-sept dans les Basses-Alpes. Selon wikipedia Ligne de Cavaillon à Saint-Maime

Quand je vous disais que la balade était campagnarde : au loin un troupeau de moutons, au bord du chemin un cheval dans un pré s’approche de nous espérant obtenir quelques caresses ou friandises. La piste de terre est encombrée de cailloux mais rien de difficile. Des champs à perte de vue avant d’arriver à l’ensemble architectural du prieuré de Carluc situé dans un vallon humide. Il a été l’objet de nombreuses recherches et… interrogations. Carluc est une étape sur la voie Domitia romaine signalée sur l’itinéraire d’Antonin, et étape sur le chemin de Compostelle  : cela nous sera rappelé par la coquille dessinée sur les panneaux directionnels.

Quand nous arrivons sur le site, le premier monument que nous découvrons est la chapelle Notre-Dame dont l’abside polygonale prend appui sur les fondations de l’abside romane primitive, semi-circulaire à l’intérieur et pentagonale à l’extérieur. C’est une forme assez rare en Basse-Provence. Ensuite une galerie à fonction funéraire avec des sarcophages de pierre de chaque côté ; à la fin de celle-ci un hypogée, espace rupestre funéraire supposé dédié à des personnalités, une salle couverte d’une coupole [chapelle Saint-Jean Baptiste ?], un appentis couvrant un espace ayant servi de carrière de pierres, une petite cellule creusée dans le rocher et une construction interprétée comme une chapelle [Saint-Pierre ?] qui aurait englobé une cellule rupestre. Dans un rayon de 200 m les tombes foisonnent autour de l’hypogée. Soyons honnête, j’identifie bien mieux le début de la visite que la fin.
Si l’on admet qu’un sanctuaire plus ancien a précédé le prieuré, la source près de la crypte pourrait évoquer une divinité aquatique ou une eau miraculeuse. Selon La Haute Provence monumentale et artistique, R. Collier, Digne, 1987

Vermot-Gauchy L, Le prieuré Saint-Pierre de Carluc, organisation monumentale et administration d’un relais de l’Abbaye de Montmajour en Haute-Provence du XIe siècle au XVe siècle, 2007, master 2, UNSA, sous la direction de Dominique Garcia
Boekholt C., Du nouveau à CarlucARCHIPAL, 61, 2007, pp.55-62

Au pied de l’ensemble architectural, un panneau d’information propose un hypothèse de restitution des lieux faite par J.M. Gassend de l’IRAA/CNRS. L’importance incontestable de Carluc par les dimensions du site, est confirmée par ses liens avec la célèbre abbaye de Montmajour et la quinzaine de prieurés ruraux sous son obédience.

Archinric, scribe de Montmajour dès 973-975, en devint l’abbé en 999 ; […] C’est probablement vers 1010 que l’abbé quitta Montmajour pour se réfugier à Carluc, bien que la nature et la motivation principale de ce retrait ne soient pas connues.

Le prieuré de Carluc, Serge Robert

Au sud de Carluc un lieu-dit Saint-Pierre, à 600 m à vol d’oiseau, a été fouillé en 2011 : on y trouve un bâtiment ayant servi de chapelle ; des tombes en bâtières, dont la datation est traditionnellement située dans les périodes hautes, autour des Ve-VIIe s., des tombes rupestres, des tombes en coffrage de pierres avec ou sans couverture de dalles et des tombes en pleine terre, attribuables aux Xe-XIIIe s. J’ai immédiatement pensé qu’il pouvait faire partie du site de Carluc mais selon la DRAC les hypothèses sur les liens avec le monastère de Carluc, où les textes mentionnent également une chapelle Saint-Pierre, ne peuvent pas à l’heure actuelle être confirmées ou infirmées. En tous cas, ces deux lieux ont la même fonction funéraire…

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