Mini rando cool, c’est ainsi que l’appelle notre guide YvesProvence que je connais ‘en vrai’ depuis peu. J’ai souvent parcouru Peyrolles mais pas ce sentier. Plus de 30 points de découverte. Peu après l’oratoire, se garer à gauche dans une clairière où se trouve un panneau explicatif. Continuer 200 m à pied sur la route goudronnée ; lorsqu’un chemin s’amorce à gauche (1er ou 2è embranchement ?) en montant dans la forêt, abandonner la petite route et suivre les traits oranges et les bornes. Balisage rustique mais que nous avons régulièrement repéré de loin.
Ce sentier s’adresse à toute personne intéressée par la découverte et la compréhension du patrimoine naturel et culturel local. En particulier il constitue un outil pédagogique pouvant être utilisé par les enseignants lors d’une ou plusieurs journées sur le terrain avec leur classe. L’équipement sur le terrain est très léger […] ce qui limite le coût d’investissement et d’entretien […].
J’ai choisi de vous parler de quelques uns des centres d’intérêt que vous rencontrerez en chemin :
L’aqueduc romain de la Traconnade : un des quatre aqueducs qui alimentaient en eau la ville d’Aix-en-Provence, il part de Jouques en passant par Peyrolles, Meyrargues et Venelles ; il parcourt une trentaine de kilomètres, tantôt à flanc de colline, tantôt en souterrain ; il fut un temps sujet de mes recherches avec un groupe de passionnés : travail d’inventaire des vestiges existant encore sur le terrain. Date estimée : IIè siècle. (Plusieurs articles à ce sujet dans ce blog)
Dans la carrière de calcaire Sainte-Anne deux sections de l’aqueduc en forme de T s’ouvrent sur un tunnel désormais bouché du côté droit. Une douzaine de claveaux sont bien visibles. Même si les enduits ont disparu, il est encore en bon état et on peut y pénétrer : un des randonneurs ne s’en est d’ailleurs pas privé !
—> La carte de quelques vestiges géolocalisés de l’aqueduc romain
Nous contournons la carrière (propriété privée) par un passage un peu galère : un arbre bien positionné facilitera son passage mais certains préféreront l’éviter.
Belle ligne droite en forêt sur une voie marquée par les ornières des chariots faisant penser à une voie romaine. Les chariots romains n’ayant pas d’avant train articulé ne pouvaient que difficilement circuler sur des routes sinueuses. On sait qu’une voie romaine, largement détruite par la construction du canal EDF, passait par le quartier Saint-Joseph. Peut-être était-ce la voie des saliers, transporteurs de sel à dos de mulet, qui contournait la cluse de Mirabeau à l’époque où son passage était dangereux ? Dans ce cas, cette voie venant de l’étang de Berre, rejoignait Jouques puis Saint-Paul avant d’atteindre les Alpes.
Les chemins saliers, André Davin, 2001
Le sentier progresse en forêt dévoilant ici une grande dalle de pierre calcaire, là un nichoir pour les oiseaux ; pendant ce temps, Philippe trouve des champignons, de plus en plus de champignons. L’ancienne aire de charbonnage semble avoir perdu son carbonisateur à charbon de bois présent à l’origine du sentier, mais l’un des nôtres a identifié l’endroit grâce au sol noirci. Dans la descente vers le gîte, nous découvrons une cabane de pierre sèche avec une jolie voûte clavée qui en inquiète certaines ; mais la pierre du centre stabilise l’ensemble par la pression qu’elle exerce ; c’est plutôt les murs qui m’inquiéteraient…
Nous arrivons au gite de Loubatas, découvrant ce qu’il a d’écologique… par ses toilettes sèches ; le symbole d’un loup nous rappelle que le Loubatas est un grand loup en occitan ; d’ailleurs, dans son livre Le canton de Peyrolles étude historique et descriptive, Chanoine Adrien Pascal, Res Universis, 1993, l’auteur rappelle qu’autrefois les loups descendaient des Alpes pendant l’hiver et traversaient la Durance. Aujourd’hui on en trouve du côté de Sainte-Victoire.
Le Loubatas, écogite – éducation à l’environnement
Nous prolongeons le circuit de découverte par le sentier de Loubatas ; nous passons au pied de l’une des tours du siphon de Trempasse construit partiellement en pierre de taille. C’est un des ouvrages du canal du Verdon qui, depuis Quinson, apportait les eaux du Verdon jusqu’à Aix, traversant les massifs sur plus de 80 km en irriguant les terres agricoles. L’ouvrage est décrit dans le catalogue de l’exposition universelle de 1878. Dans un siphon inversé, les niveaux d’eau dans les deux tours ne sont pas identiques.
La piste est facile mais la montée continue jusqu’à la plaine de Clare. Les filles discutent devant nous et ratent l’embranchement à droite vers le point culminant de la randonnée (435m environ) : c’est là que nous prendrons notre pique-nique tandis que notre cueilleur de champignons continue à remplir son sac et brosser ses champignons : on ne lave pas les champignons, on les brosse ! On ne sent pas trop le vent froid. Les discussions vont bon train, les bonnes choses se partagent.
Ensuite nous redescendons sur des pistes pierreuses traversant le canal du Verdon sans même nous en apercevoir ; nous reconnaissons d’en haut les panneaux solaires des toits du gite du Loubatas. Au carrefour, nous retrouvons la suite du sentier de découverte dont le cheminement est un peu plus difficile à trouver.
J’en ai déjà rencontré de ces cultures à gibier (appelés couverts faunistiques), en pleine forêt, dans d’improbables endroits. Mélange adapté pour les cerfs, chevreuils et gibiers à poil, il est souvent composé de chou, millet, moha, radis, navet, sarrasin et sorgho. Le gibier prend l’habitude de s’y nourrir ; pour les chasseurs, c’est plus facile de ne pas revenir bredouille mais c’est aussi le moyen d’éloigner temporairement les sangliers des zones de culture. Mais la réalité d’aujourd’hui est tout autre puisque les sangliers s’approchent de plus en plus des habitations.
La Grande Baume est une réelle découverte ; cet immense abri sous roche a servi d’habitation à une époque pas si lointaine puisqu’elle avait encore un propriétaire officiel sur le cadastre napoléonien en 1813 (Richelme J.-L section D2 Sainte-Anne parcelles 762-763 ? ). Elle était fermée par un mur de pierre, possédait sa porte d’entrée et ses fenêtres ; l’eau de pluie devait être recueillie sous l’abri juste à côté. Accèdée par un escalier, son jardin protégé par un muret, elle aurait abrité pendant la seconde guerre mondiale, quelques peyrollais qui, à l’annonce du débarquement, s’y étaient réfugiés. La bataille de la plaine sera la dernière. Yves nous lit un texte à ce sujet que vous retrouverez dans Peyrolles le 20 août 1944.
Pour comprendre certains points d’intérêt, le livret guide du sentier de découverte vendu à Peyrolles, serait sans doute un plus : peupleraie, pédologie, pinède à sous-étage de chênes,… que peut-il nous en apprendre ?
Nous terminons par une autre cabane de pierre sèche à Sainte-Anne dont les murs ont été remontés mais pas la toiture. A la différence des cabanes de Mane, ce sont ici des constructions de grosses pierres massives souvent moussues. Ce qui n’est pas terminé, c’est le final convivial autour d’un thé parfumé et de petits gâteaux. Pour ma première sortie avec OnVaSortir, c’est réussi !
Le sentier de découverte du Loubatas est fabriqué modestement à partir de bornes de bois numérotées peintes en bleu, et de repères oranges peints sur les arbres ou les pierres : un jeu de piste pour les enfants, à guetter soigneusement. Si vous ne voulez faire que le sentier de découverte, faites demi-tour au gite du Loubatas. Pour relancer l’intérêt de ce circuit, quelques caches seront posées prochainement. Avis aux amateurs de chasse au trésor high tech !
9km760 2h45 déplacement, 4h35 au total, 255m dénivelée, +430 -430
Le sentier de découverte du Loubatas seul : 4km600, 180 m dénivelée (+151, -151), 2h environ
©copyright randomania.fr
Bonjour, quelqu’un peut-il me dire si les chasseurs peuvent être présents sur ce site ?
Merci
[ndlr] sur ce circuit de randonnée, vous avez bien sûr le droit de circuler, qu’il y ait ou non des chasseurs. Pour en savoir plus, contactez le gite du Loubatas ou la mairie de Peyrolles ou l’association de chasse de Peyrolles.
Bonsoir, auriez-vous un tracé gpx pour cette rando svp ?
Merci par avance et pour toutes ces précieuses informations 😉
[ndlr] trace envoyée par mail ; possibilité de petites différences entre la trace et le balisage terrain
Ça donne envie de randonner !
Tres belle région
Bonjour,
A ma connaissance, les Résistants n’ont pas logé dans la grotte, du moins longtemps. Comme par sécurité ils étaient itinérants, ce lieu a pu être de temps en temps un de leurs bivouacs pour quelques jours mais je ne me suis pas intéressé à cet aspect. La bataille de la plaine m’a assez occupé… Obtenir des renseignements de la part de survivants aujourd’hui est une course contre la montre. Il restait en 2013 trois Résistants à Meyrargues. J’en ai contacté un samedi dernier. Il m’a dit qu’un autre a perdu la mémoire et le troisième est décédé… J’ai rencontré plusieurs fois le dernier Résistant du Maquis de Jouques (92 ans). Il y a eu un échange de courrier et de photos entre lui et sa femme, et la fille du soldat américain. Elle a remis sa visite d’un an.
Le témoin de la grotte que j’ai retrouvé aux Pennes-Mirabeau m’a dit qu’avec une trentaine de personnes il y a logé plusieurs jours sans s’en rappeler exactement le nombre. On peut imaginer 2 ou 3 nuits avant la bataille, ainsi que la nuit suivante car les combats se sont achevés à 6:00 le matin. La Résistance leur avait amené des couvertures.
Voila les dernières nouvelles. A un de ces jours peut-être sur des chemins OVS.
Je pense que je n’aurai pas dit mieux !