Le pic des mouches par le sentier de Malivert


L intérêt de la randonnée de ce matin était autant due aux personnes que j’ai observées qu’au plaisir de redécouvrir le point culminant de la Sainte-Victoire.

* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN, 11,900km, 3h45 environ, réalisé à partir de CartoExplorer

* Itinéraire le plus rapide au pic des mouches

La météo aujourd’hui à cet endroit :
La direction du vent et la température ressentie

La première difficulté : trouver l’entrée du chemin de Malivert bien mal indiquée. Le mieux est de repérer le panneau qui annonce qu’on quitte les Bouches-du-Rhône pour entrer dans le Vaucluse : le parking se situe 200m avant, sur la droite quand on vient d’Aix. Le chemin traverse le bois de la Pallière, offrant une progression régulière jusqu’à la crête ; la route est longue (2h05) mais pas vraiment difficile. Sans doute au printemps offrirait-elle une végétation plus colorée.

Le premier groupe que je croise vient du Puits d’Auzon ; c’est une famille avec deux adolescents et un chien. Le garçon et la fille, probablement contraints et forcés par leurs parents, maugréent ouvertement et se plaignent de la difficile montée. Le père essaie de les motiver, leur promettant un bon pique-nique (d’ailleurs les baguettes de pain qui dépassent du sac à dos, menacent de tomber) et une vue superbe depuis la crête. Mère et fille décident de faire une pause tandis que le chien fait des allers et retours entre tous les membres de la famille. Je ne peux que comprendre le désespoir du père qui veut initier ses enfants à la randonnée car les adolescents d’aujourd’hui préfèrent sûrement les jeux vidéos ou la télévision. J’ai moi-même essayé avec ma fille, sans succès.

medium_img_0072.jpgA l’oratoire de Mal Ivert, nous retrouvons ceux partis de Puyloubier ou Rians. Tout le monde s’arrête. Les réactions sont diverses : entre les plus âgés qui prient à voix basse, les enfants qui jouent au ballon autour de l’oratoire, celui qui lit à voix haute la prière laissée par un randonneur, celui qui téléphone, je me sens « à part », silencieuse avec mon appareil photo.

Une vierge à l’enfant de simple stuc blanc, dans une niche ouverte au sud est, au sommet d’une sorte de borie. (Yves Paccalet, Terre sauvage, mars 1997)
C’est maintenant que l’ascension commence véritablement. Je rejoins bientôt un couple de retraités qui a perdu le balisage rouge. Je les rassure et les étonne : « Mon GPS va nous dire où est le chemin ! ». Ebahi mais ravi, ce couple qui n’a ni télévision, ni téléphone portable se demande comment ça marche. Je leur explique qu’il faut un ordinateur, un logiciel de cartographie et une carte IGN. « Pas question d’avoir un ordinateur ! » répliquent-t-ils. Je souris gentiment quand ils m’avouent s’être un jour perdus à la Sainte-Victoire et avoir effectué la descente à la lueur des étoiles, sans pleine lune, arrivant finalement vers 1h du matin chez eux…
medium_img_0076.jpgLe chemin étroit et caillouteux, cachant parfois son balisage aux regards attentifs, est plus difficilemedium_img_0082.jpg que tout à l’heure. Parvenue sur la crête repérée par un cairn très visible, la neige a laissé quelques plaques et le vent souffle plus fort. Plusieurs groupes installés sur les flancs de la montagne pique-niquent, savourant autant leur repas que le plaisir d’être tous là, tout là haut. Au croisement avec le chemin qui monte depuis le col des Portes, plusieurs parapentistes bien chargés, se dirigent vers l’aire de décollage.

Arrivée au pic des Mouches (pas de mouches en cette période mais beaucoup de medium_img_0085.jpgmoucherons en été), c’est une victoire. Deux étrangers me demandent d’immortaliser leur passage au sommet. Ensuite, je m’assois et me remplis les yeux de la vue sur la crête, vers la croix de Provence que l’on devine à peine dans la brume de ce temps hivernal. La descente se fait par le col des Portes : descente un peu risquée car les pierres sont humides et la terre glissante. Le plus désagréable reste à faire : 3,5km de route pour rejoindre le parking. Je ne serai dépassée par aucune voiture et donc aucune occasion de faire du stop. Sur cette CD10, plusieurs stèles en hommage aux résistants et un élevage caprin couperont la monotonie du trajet.

bullet1.gifmedium_dsc02759_redimensionner.jpg

Jeff s’était promis d’y aller aussi. Voici une des photos qu’il a prise ce jour là au pic des Mouches dont la hauteur a été récemment réévaluée à 1010m.

L’oppidum d’Untinos à la Sainte-Victoire


La première mention du village de Saint-Antonin se fait sous le nom de « Untinos » : c’est l’un des villages du département dont la mention est la plus ancienne.

L’oppidum d’Untinos est accessible à tous les marcheurs avec de bonnes chaussures.

medium_untinos_photo_c_antoine.jpg

* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

Balade courte, avec peu de dénivelée, sur le territoire de Saint-Antonin, elle permet en peu de temps de cotoyer quelques curiosités géologiques de la Sainte-Victoire. Ce dimanche là , le mistral pique les joues et les oreilles : bonnet et gants sont indispensables. Je pars du parking juste après celui des deux Aiguilles ; il mène d’un côté à une ancienne carrière de « marbre » (en vérité, rien à voir avec le marbre : ce sont des éléments d’origine différente, polychromes et qui se sont cimentés au cours des années), de l’autre à un site d’escalade par un balisage marron qui longe les parois. Vu d’en bas, cet oppidum se présente comme un curieux petit plateau : les bancs verticaux de la brèche1 ont été rasés puis recouverts par une autre brèche plus récente. Fouillez les marnes rouges au pied du monticule, medium_118_1889_r1.jpgvous trouverez peut-être encore des fragments d’oeufs d’oiseaux. Quand j’arrive à proximité des grimpeurs, leurs paroles sont tellement nettes que je peux comprendre les consignes données par leur guide !
De cet oppidum, il ne reste rien, sauf un mur qui doit dater du moyen âge ! ; du haut de la falaise, je vois le village de Saint-Antonin à mes pieds et en levant les yeux, dos au vide, la Croix de Provence qui parait très proche.

Les deux aiguilles, selon les termes d’Alexis Lucchesi, c’est un miroir de failles. Il se réalise dans les cassures par frottement de deux parois l’une contre l’autre.

medium_untinos_geologie.jpgEn bas du collet, j’aperçois une vaste étendue d’herbe sur laquelle j’ai l’impression qu’on a semé à la va-vite, des cailloux et des pierres qui affleurent le sol.
Ce n’est pas un jour pour découvrir la géologie du massif. Vivement un café bien chaud !

Pour les amateurs de géologie, voir la photo de la Ste Victoire prise depuis la Maison de la Ste Victoire à Saint-Antonin

bullet1.gif

Brèche : écroulement d’une crête de plus en plus surplombante

Le barrage Zola, Sainte-Victoire


* Itinéraire et accès – site Week ends et tourisme en Provence
* Le circuit des barrages – site de Nini
* Je vous propose un itinéraire de 2h environ sur carte IGN avec sa variante par le pont-aqueduc romain (dit barrage romain) en rose, réalisé à partir de CartoExplorer

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

Certains diront que c’est de la folie, d’autres, ceux qui savent, comprendront le plaisir qu’il peut y avoir à découvrir le soleil levant dans un lieu sans cris, sans radio, vide et enchanteur.Je reprends la randonnée au mois de mai, après des années d’inactivité : je choisis donc une randonnée facile, au départ du Tholonet (chemin de la Paroisse). Au refuge, face au barrage, je m’assois sur la table de pique-nique et je déballe mon petit-déjeûner : café chaud, croissant et carrés de chocolat ont un goût de petit bonheur. Un randonneur me salue, regardant en avec envie ma tasse de café fumant. Je reprends la route jusqu’au barrage Zola qui passe à droite d’un aqueduc.
Comment ne pas penser à François Zola qui projeta la construction de ce barrage destiné à alimenter en eau la ville d’Aix ? Gaston Alexandre de Gallifet, propriétaire du château du Tholonet à cette époque, tenta de s’opposer par une sévère bataille juridique à sa construction car cela risquait de détourner les eaux de son Château. 

Les échanges de soufflets et d’insultes entre les deux hommes sont consignés dans bien des archives : ils se traitèrent de canaille, de polisson et même de misérable. Ironie du destin, les deux familles se réconcilièrent bien plus tard autour de la révision de l’affaire Dreyfus.
Plus tard, Emile Zola, le fils, se tourna vers le conseil municipal et demanda une récompense honorique à la mémoire de son père mort avant d’avoir achevé son oeuvre. Six semaines plus tard, les élus faisaient connaitre leur intention de rebaptiser le boulevard du chemin neuf boulevard Zola. Plus tard, le romancier puisera dans ses souvenirs d’enfance pour planter le décor des Rougon-Macquart. » (Sur les pas de Zola, ville d’Aix en Provence).

Je remonte vers la crête qui domine les gorges étroites de l’Infernet.

Savez-vous que Cézanne, ami de l’écrivain Emile Zola, s’est senti trahi par son ami parce qu’il était le héros d’un de ses romans le décrivant comme misérable et sans véritable talent ? Cette anecdote est rapportée dans la bande dessinée Paul Cézanne, un rebelle en Provence, éditions Cerises & coquelicots, 2005

La vue sur le sommet tout éclaboussé de soleil me fait oublier que nous ne sommes qu’à 10 kilomères d’Aix. Souvent, lors de mes randonnées, à quelque détour de chemin, j’ai l’impression fugace d’être dans un autre monde…