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** Le chemin des peintres à L’Estaque


En descendant la montée Castejon, nous sommes surpris de trouver une vieille passerelle piétonne sur le ruisseau des Riaux ; elle mène à une cour élevée d’où descend une ancienne allée charretière (théoriquement piétonne aujourd’hui) mais occupée par quelques voitures, et qui rejoint la mer. C’est la courée3 Arnaud, une des nombreuses courées de L’Estaque.

Sur cette partie haute a été construite l’usine Edmond Régnier (1869-1871) ; la distillerie d’essence de pétrole produit de 1872 à 1887 de la benzine à détacher et de l’essence pour éclairer. Elle déversait ses effluents dans le ruisseau… La cheminée sur le tableau de Cezanne est celle de l’usine Regnier (société Cezanne) ; elle se trouvait après les jardins à droite en descendant.

Les maisons du haut ont remplacé les bâtiments industriels (malaxeur, générateur, magasins).

Entre les maisons adossées à la rive gauche et d’autres à la rive droite, coulait le ruisseau des Riaux au bord duquel une construction couverte abritait probablement un lavoir ou/et un point d’eau.

En 1867, Edmond Régnier demande [ndlr : et obtient] l’autorisation de construire un port à l’embouchure du ruisseau des Riaux, pour le service de l’usine qu’il a l’intention de construire. La construction de cette usine d’huile et de benzine date de 1869-1871. […] Cet ensemble est acquis en 1907 par un patron charretier Joseph-Louis Arnaud, qui conserve le tracé général des bâtiments, les transforme en logements et construit […] des logements modestes. […] Base Mérimée

« La Tour », aujourd’hui bien penchée, se trouvait à l’entrée de l’usine : j’y verrai bien l’emplacement de la cloche de l’usine mais elle est aussi une fabrique de jardin4 typique de cette courée. Sur internet, certains affirment y voir un pigeonnier…

Nous retrouvons le bord de mer et ses belles villas ; du chateau Fallet, nous pouvons voir les nombreux escaliers et virages menant au château dont l’entrée se trouve en haut, autrefois en bas.

Mais la villa qui attire le plus quand on débarque sur le port, c’est la Palestine, façade de chaux blanche de style orientalisant, une vraie folie des années 1900, qui s’annonce sur une céramique sous un arc. Une tour belvédère de deux étages comprenait à l’origine 17 fenêtres, après les travaux de 1907, 23 fenêtres et 15 pièces !

Imaginée par Pierre Leclerc, tailleur, le premier propriétaire, c’est une synthèse d’éléments isssus de plusieurs monuments ottomans. Au milieu se trouve une fontaine de rocailles. Un kiosque d’origine et une gloriette ont été ajoutées vers 1930. Son propriétaire aimait s’habiller à la turque coiffé du traditionnel tarbouche. A l’étage qui garde la trace des décors d’époque, Robert Guédiguian a tourné une scène de Rouge Midi en 1984. Description de l’intérieur dans le document Marseille n°269 page 22.

La vigie du Port de L’Estaque occupe l’emplacement de la maison de concierge de Château Fallet et d’une autre maison voisine. Vendues en 1967 au syndicat des pilotes du port de Marseille, elles sont profondément transformées et agrandies en 1959, 1961 et 1970.

Nous repassons au port où deux barques sont équipées pour les joutes provençales. Autrefois ce sont les pêcheurs qui se lançaient de tels défis. La Fine Lance Estaquéenne a gagné de nombreux championnats.

Perchés sur une tintaine étroite et armés de lances longues de deux mètres dix, les jouteurs – ou targaïre – protégés par des plastrons doivent propulser leur adversaire à l’eau, tout en conservant l’équilibre. Marseille n°269 p 39

Dans un prochain article, j’évoquerai la gare de L’Estaque, le plus grand sous-marin civil et ce bâtiment rond, dit « le camembert » (Marseille n°269 p.40), Le Chaudron – 110 boulevard Roger-Chieusse – et son atelier de teinture des filets de pêche, et autres points à découvrir en voiture.

Le GPS souvent ne capte pas bien dans ces ruelles étroites : mieux vaut se fier au nom des rues ou points remarquables. L’impression est celle d’une station balnéaire, un village provençal pentu, avec des escaliers par lesquels on craint d’entrer chez les gens, des villas de luxe mais aussi des quartiers ouvriers. Balade pleine de contrastes, riche, dépaysante à deux pas de Marseille.
Merci André pour cette bonne idée.

Image de l’itinéraire 3km500 59m dénivelée (+130, -130).
Avec l’aller-retour jusqu’à la prudhommie depuis le port et le parking : 4km730 59m dénivelée (+131, -131)

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1chichis fregis : chichi fregi n’est pas un chichi classique mais une spécialité de L’Estaque, long beignet frit parfumé à la fleur d’oranger et recouverts de de sucre en poudre ; il aurait été popularisé dans les années 30 par les ouvriers des usines.
2fielas: congre en provençal, utilisé dans la soupe de poissons, sauf sa partie basse bourrée d’arêtes
3la courée est une forme d’habitat ouvrier mélangeant les caractéristiques de l’habitat collectif à l’habitat individuel.
4fabrique de jardin : une fabrique de jardin est une construction à vocation ornementale prenant part à une composition paysagère au sein d’un parc ou d’un jardin.

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