2. Le pélerinage à Notre Dame de Beauregard est restauré en 1877 (La Provence, 01/09/1878) ; les pélerins arrivent par le chemin de fer, la messe est célébrée par l’archevêque. La statue de notre Dame est descendue dans l’église paroissiale après la messe.
Ce sont les Pénitents gris qui organisaient le pélerinage à Notre Dame de Beauregard au début du XXe siècle, cette même confrérie qui a érigé le 23 août 1903 la croix située dans l’enceinte. Une face rappelle cette inauguration, une autre la fin de l’épitre de Saint-Paul aux Galates en latin, une troisième un hymne liturgique en français et la dernière en provençal, toutes les faces sur le thème de la Croix.
1226. Avignon, qui avait adopté la cause albigeoise, […] est réduite à capituler devant le roi de France. Le 14 septembre 1226, Louis VIII, roi de France, décide une cérémonie expiatoire.
Pour soutenir cette dévotion eucharistique, une confrérie [ndlr : laïque] fut instituée pour assurer une permanence de l’adoration du Très Saint Sacrement dans ce lieu. Telle fut l’origine de la Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Gris d’Avignon. Histoire des Pénitents Gris
En mai 1938, les pères Servites de Marie desservent la paroisse d’Orgon ; ils veulent fêter le 3e centenaire de la consécration du royaume de France à Marie par Louis XIII, le 3e centenaire de l’installation des Augustins déchaussés dans le sanctuaire et la 1ère année de leur propre installation. Une fête pour 3 anniversaires !
Après avoir constaté que l’enceinte fortifiée est en bon état partout, nous sortons par la porte ; je suis des yeux la trace d’une longue rigole creusée dans le rocher en pente ; elle mène à une petite citerne à droite : c’est donc bien un aiguier, système rudimentaire de récupération des eaux de pluie, plus fréquent dans le Vaucluse qu’ici.
Sur le cadastre de 1838 la nouvelle chapelle Notre-Dame-de-Beauregard n’existe pas encore ; la Révolution étant passée par là, les biens du couvent (1638-1660) sont confisqués, les Frères augustins chassés. En 1854 une épidémie de choléra réveille la ferveur des habitants. Grâce au chanoine Bonnard, le couvent est restauré et en 1878 la chapelle actuelle est mise en construction d’après les plans de l’abbé Joseph Guillaume Pougnet, architecte religieux non diplômé… Orgon, Histoire et patrimoine
À Aix, chez les Frères Gris, au collège de Sainte-Croix, où Pougnet (1829-1892) fit ses classes et fut deux ans professeur, il continua d’étudier l’architecture ; […] il l’apprit tout seul. Lorsque, en 1847, il vint nous rejoindre au Grand Séminaire d’Avignon, il s’était muni de quelques livres d’architecture et d’archéologie.
Après sa sortie du grand séminaire, en 1851, M. Pougnet fut cinq à six ans professeur et secrétaire de l’Œuvre et de la Revue des Bibliothèques paroissiales, […] il savait trouver du temps pour continuer à faire des études d’architecture et d’archéologie.
Ce fut Mgr Martin, grand-vicaire de Mgr Debelay, qui découvrit le premier les talents de M. Pougnet. Quelques unes de ses oeuvres :
- restauration abbaye Sénanque,
- chapelle de la maison-mère des religieuses de St-Thomas-de-Villeneuve à Aix,
- église paroissiale de la ville de Castellane (04), 1868-1872,
- église paroissiale de Collobrières (83), 1872,
- basilique de Saint-Michel de Frigolet (13), 1863-1872,
- cathédrale de Carthage,
- Bethléem, église du Sacré-Cœur,…
Pougnet a considéré que son apostolat consistait à construire pour la gloire de Dieu et a réalisé une cinquantaine d’édifices, tous religieux. Notice sur la vie et les oeuvres de l’abbé Pougnet abbé Redon, Avignon, Aubanel Frères, 1901
Vous ne trouvez pas que la chapelle Notre-Dame-de-Beauregard ressemble un peu à l’abbaye Saint-Michel de Frigolet ? Quel style ? Peu de documents internet le qualifie.
Dans la chapelle, une des rares oeuvres locales du sculpteur venellois Louis Félix Chabaud : les 14 stations du chemin de croix. Ci-contre la station 11 : Jésus meurt sur la croix.
Qui pourrait m’envoyer une photo de la station IV du chemin de croix représentant Simon portant la croix ?
Suite à la conférence du 5-6-2011 à Notre-Dame-de-Beauregard, je vous invite à regarder de près le personnage de Simon de Cyrène qui porte la croix ; pas le sigle habituel INRI ; son visage et celui du Christ se confondent, comme si on voulait nous faire croire que ce n’est pas Jésus qui a été crucifié… ainsi pourraient l’exprimer les Francs-Maçons qui ne prennent pas position sur la crucifixion du Christ (cela relève d’une croyance personnelle) ; or, selon J.-M. Héry, Chabaud en faisait partie tout comme son ami Charles Garnier qui fit appel à lui maintes fois pour l’opéra de Paris.
Chabaud, premier grand prix de Rome en gravure de médaille et pierre fine (1848) est aussi l’auteur de la statue de l’Agriculture de la fontaine de la Rotonde, allégorie tournée vers Marseille, le buste de Saint-Louis en bas du Cours des Arts et Métiers, Le baptême de Clovis dans l’église de Venelles ; à sa mort, sa dernière création (1879), l’ange tenant trois coeurs unis dans ses mains, est stockée dans l’église de Venelles-le-Haut; le tremblement de terre de 1909 la réduit en morceaux ; reconstituée, elle intègre la pierre tombale de Chabaud en 1910 comme l’avait prévu le marbrier Barnier. Louis Félix Chabaud paradoxes d’un sculpteur, J.-M. Héry, Editions mare & martin, 2011
Comme souvent dans un lieu de hauteur, à l’âge du Fer un oppidum celto-ligure (du Grand-Couvent), s’y élevait. Autels, fragments de plaque de revêtement en terre cuite, datent le sanctuaire du premier âge du Fer. En 1943 on y voyait encore des fonds de cabane entaillés dans le rocher. Les remparts seront mieux visibles quand on redescendra sur Orgon. Plaques de revêtement de la région d’Orgon, R. Lantier, Bulletin de la société nationale des antiquaires de France, 1948, 380-395. Les romains y honorèrent plus tard Jupiter, Taranoos, Apollon, Silvain.
Le point de vue depuis l’oppidum est tout aussi large côté est : la Durance, le canal, les carrés juxtaposés des champs qui profitent de la fertilité de l’ancien lit de la Durance canalisée, la ligne TGV.
[Vers page 3 : le chemin des oratoires]
