Temps idéal pour monter dans l’Alpe1 du Lauzet ; Majo rêve des champs fleuris et des grands espaces. Départ du parking du Pont de l’Alpe (1709m) déjà bien rempli à 9h : c’est un grand classique sur le GR50 qui attire beaucoup de monde. A peine le temps de voir un chamois que la montée commence par une fontaine rustique et l’impétueux et bruyant torrent du Rif2.
(photo Majo)
Sentier rocailleux mais sans difficulté. Une pédiculaire chevelue puis une cascade qui se tortille en descendant. Une croix de chemin en bois au bord du précipice protège les montagnards et les voyageurs.
A 1860 m d’altitude, d’immenses prés de chaque côté du chemin sont couverts de fleurs jaunes (pissenlits sauvages), blanches (narcisses) et bleues (myosotis et quelques gentianes), sur fond de hautes montagnes : un tableau digne de Monet. Puis le sentier se sépare en deux branches : nous prenons celui qui domine l’autre. Les premières marmottes sonnent l’alerte. Nous nous retournons pour identifier les Agneaux enneigés, la montagne que nous apercevons depuis le balcon de notre résidence.
Lors de notre première visite, nous n’avions pas visité le pigeonnier du château. Nous y retournons en nous garant au plus près, une seule place disponible au carrefour D569/sentier contre l’armoire électrique. Impossible de se garer le long de la route bordée de fossés. Plus sereinement, vous pouvez vous garer à Saint-Pierre de Vence(voir La villa romaine Saint-Pierre de Vence et le château de Roquemartine ou partir du village).
A noter : Roquemartine est une propriété privée d’accès dangereux.
Nous montons jusqu’aux ruines du château de Roquemartine sur une piste facile et évidente ; venant du côté opposé à celui de notre précédente visite, nous aurons un point de vue différent. En effet, nous repérons mieux le mur d’enceinte et la tour à bossage.
Ce péage se situait à la Péagère du Roucas, 800m avant la frontière entre les communes, sur la route D569 face à La Tour (voir carte de Cassini) mais fut l’objet de contestations par la commune d’Orgon vers 1300. Provence historique, 1992
Nous retournons à la chapelle Saint-Sauveur autrefois dédiée à la Vierge Marie. J’espère identifier la fresque oubliée mais l’état dégradé des enduits le rend impossible. Sur la voûte de la chapelle écroulée, je repère le sceau gravé des chevaliers de l’ordre des Hospitaliers, avec des surcharges contemporaines. D’après le Bulletin des Amis du Vieil Arles, 04/1908 la famille Albe était connue dans l’Ordre des Hospitaliers [de Saint-Jean de Jérusalem] du temps du Grand-Maître, Hélion de Villeneuve, vers 1340, époque à laquelle un Albe avait été reçu donné. Elle compte cinq chevaliers (Robert, Raimond, Claude [Claude d’Albe était fils d’Honoré, seigneur du Thoret, et de Catherine de Villeneuve, mariés par contrat du 11 août 1511, était chevalier en 1542. [Il] périt dans les troubles suscités par la Ligue], Antoine et Jacques).
Après la révolution, le domaine appartient à Henri de Benault de Lubières, descendant des Albe et héritier du marquisat. Son blason est composé de deux têtes de nègres enchaînées (Maures) qui font référence sans doute aux exploits de ses ancêtres.
Les TÊTES DE MAURE que l’on rencontre assez fréquemment dans l’écu, viennent sans doute des croisades, ou ont été prises par des maisons, en mémoire de quelques faits d’armes contre les Maures en Europe, lors de l’invasion de ces nations barbares. Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842), Paris, 1816
Nous redescendons vers le colombier que l’on devine au loin, indépendant des autres bâtiments. S’ouvrant par une porte en pierre de taille, situé sur une terrasse rocheuse légèrement pentue, il est de belles dimensions si l’on en juge par le nombre de boulins que nous évaluons à 1000 par leur nombre sur chaque mur. Il y a plus grand dans notre région, celui de Brue-Auriac (Var). Des lucarnes d’envol, situées dans le toit effondré, permettaient l’entrée et la sortie des volatiles. L’échelle tournante fixée au centre de la toiture, est donc tombée ; elle donnait accès aux différents niveaux de boulins permettant de les nettoyer et prendre les pigeonneaux de 4 à 5 semaines destinés à la consommation. Des abreuvoirs étaient sans doute disposés au sol avec des mangeoires pour nourrir les oiseaux lorsqu’ils restaient enfermés au moment des récoltes. (L’image mise en avant de cet article a été retenue pour le concours photo du magazine du département des Bouches-du-Rhône n°266 juillet-août 2022 p.33)
Le lac de la Douche n’était pas prévu ; garées au parking sud du Casset, Domi, Majo et moi, une fois au moulin, avons exprimé à une sportive du coin, notre souhait de continuer à suivre la rivière, sans préciser de quelle rivière il s’agissait ; elle nous a indiqué ce sentier verdoyant mais intermittent au départ du moulin du Casset.
Il commence bien ce petit sentier fleuri le long du Petit Tabuc ; il suit un petit canal dévié du canal d’amené du moulin du Casset : selon le droit coutumier, il existait régulièrement des canaux de petite taille qui desservaient les jardins en amont ou en aval du moulin. Le premier passage à gué ne présente pas de grande difficulté, mais le second mérite réflexion car la réception doit se faire en pente arrière, donc vers le ruisseau ! c’est Domi, l’intrépide, qui passe la première et nous donne des conseils pour ne pas retomber dans l’eau. Nous sommes toutes passées. Bien à l’ombre sous les grands arbres, quelques violettes de Rivinus (?).
La violette de Rivinus, plus encore que les autres Viola, est la plante hôte des chenilles de plusieurs papillons : le Grand collier argenté (Boloria euphrosyne), […] le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia), et le Grand nacré (Speyeria aglaja)
Nous parvenons au pont du clos du Gué que nous rejoignons en passant au-dessus d’un rustique petit pont sans garde-corps. A partir de là, l’eau coule de partout, en cascade ou en gargouillis bruyants ; la montée est continue, progressivement sur chemin très caillouteux et désagréable ; sous la forêt de mélèzes, nous cherchons à monter par les bords couverts de terre.
A l’approche du lac, d’importants blocs rocheux jonchent le sol.
Un coût de tonnerre subitement interrompt le calme du lieu : mais aucun signe d’orage, le ciel est bleu et limpide. Le bruit vient du glacier du Casset, sans doute un morceau s’en est-il détaché à cause la chaleur.
Le lac de la Douche, laiteux – couleur due à l’abrasion qu’exerce le glacier sur le lit rocheux – n’a pas beaucoup d’eau. Une passerelle permet de passer de l’autre côté pour monter au col d’Arsine. Un poteau de bois porte les panneaux d’interdiction du parc national des Ecrins : pas de chien en liberté, pas de cueillette, pas de VTT, etc ; un drapeau bleu-blanc-rouge peint sur les rochers le délimite.