*** Le sentier de la chaîne à Moustiers


IMG_9167r.JPGMoustiers (Sainte Marie depuis 1847 pour se différencier des autres Moustiers) est un des plus beaux villages de France, rassemblant plein de lieux charmants et différents :  un dédale de ruelles chevauchées de voûtes ou d’arcades, une rivière qui dégringole en cascade, une chapelle haut perchée à laquelle on accède comme autrefois par de nombreuses marches, une étoile dorée suspendue entre deux rochers bien au-dessus de nos têtes, des artisans qui travaillent la faïence comme autrefois, des placettes qui vous accueillent à l’ombre des arbres,… Et je ne vous parle pas des environs : le lac de Sainte-Croix et ses loisirs nautiques, le Verdon et ses randonnées sportives mais inoubliables, la colline de Costebelle devenue une île depuis la mise en eau du lac de Sainte-Croix.  Nous passons à l’office du tourisme pour nous informer sur le sentier de la chaîne qui permet d’aller toucher l’ancrage de celle-ci et faire un voeu. Celui qui parvient jusque là haut le mérite bien. Nous sommes prévenus : mieux vaut être en forme, « le parcours est sportif et aérien« , certains passages sont techniques et le final ressemble plutôt à de l’escalade.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

IMG_9171r.JPGIMG_9174r.JPGIMG_9181R.JPGIMG_9183r.JPGIMG_9186r.JPG

La balade commence par la calade de la montée des (7) oratoires, bien polie par le passage répéré des pèlerins et visiteurs : 262 marches à flanc de colline. Ces sept oratoires ont fait place en 1860 aux quatorze stations du chemin de croix, ornés bien plus tard de décors en faïence réalisés par Mlle Simone Garnier. L’oratoire de Blacas est le plus vieux que j’ai pu rencontrer depuis que je fais de la randonnée ; il date du XIVème siècle et l’étoile à 16 rais ornait les armes de la famille Blacas. Nous visitons la chapelle notre Dame de Beauvoir (autrefois appelée Notre Dame d’Entre-Roches) avec son clocher en tuf et son porche finement sculpté. fleur_moustier.jpgA l’intérieur, deux grands vases en faïence de Moustiers du XVIIIème, trônent de chaque côté de l’autel. En sortant de la chapelle, le contraste entre les toits du village sous le soleil et l’ombre fraîche, nous surprend : difficile de réusssir la même photo que celle des cartes postales.

Les Moustiérains se rendent chaque année depuis le XVIème siècle en procession le samedi près Pâques, en hommage à Notre-Dame-de-Miséricorde qui sauva la communauté de la peste. Ils ont pris plus tard une forme particulière puisqu’on y amenait les enfants morts-nés, pour les faire ressusciter le temps d’être baptisés. Après quoi, ils pouvaient être inhumés religieusement. Les chapelles reconnues pour ce genre de miracles sont appelées chapelles à répit. Notre Dame de Beauvoir est l’une des rares de ce genre en Provence.

IMG_9188R.JPGIMG_9190R.JPGNous franchissons la seconde porte fortifiée qui mène au ravin de Notre Dame ; la montée est parfois abrupte. De là haut, je mesure la hauteur de cette large crevasse reliée par la célèbre chaine. Hésitations à la croisée des chemins. Petite montée en escalade sur une paroi rocheuse puis dans une cheminée : aucune appréhension de la part des enfants qui descendent avec leurs parents. Sur le plateau, nous cherchons le sentier de la chaîne. Une jeune fille nous double d’un pas léger tandis que IMG_9199R.JPGnous hésitons dans les éboulis entrecoupés de passages rocheux. Après cette belle descente, il faut escalader maintenant la dernière paroi rocheuse : pas de crochet pour s’aider. Tout là haut, j’en oublie quelques instants que je suis venue chercher la  cache Blacas Star de patrick chirac 83. Je domine la plaine ; en observant la chaîne par dessus le ravin, j’en ai presque le vertige (mais comment au Moyen-Age ont-ils donc installé cette chaine entre les deux parois rocheuses ?…) ; une plaque commérative à peine visible nous rappelle la date de la pose de la chaîne, et sans doute le nom de celui qui l’a offert à la ville (1882, Baptistin Moussu ?) ; je n’hésite pas à toucher l’ancrage de taille impressionnante mais je ne vous dévoilerai pas mon voeu ! (photo ci-dessous Ti’Mars…)

Randomania Plus vous dit tout sur l’étoile de Moustiers

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* De notre Dame de la Garde au sémaphore du bec de l’Aigle en passant par Sainte-Frétouse


Nous avions prévu d’aller jusqu’à la calanque de Sugiton pour la faire découvrir à ma nièce qui n’en avait jamais vue. C’était sans compter sur le « Marseille-Cassis » : l’accès à Luminy était bloqué depuis 6h du matin. Improvisation d’un nouveau circuit : la Ciotat, sa chapelle Notre Dame de la Garde et son fameux sémaphore, par un sentier peu fréquenté que vous ne trouverez pas sur les cartes IGN.

img_9658r.jpgPremier constraste géologique : les calanques de la Ciotat ne ressemblent pas du tout à celles de Marseille ; le domaine verdoyant de Sainte-Frétouse jouxte une colline dénudée faite de gros galets gréseux agglomérés (où se trouve la chapelle) ; j’ai déjà rencontré ce type de formation dans les Alpes de Haute Provence, aux pénitents des Mées ; comment expliquer qu’un poudingue identique existe à plus de 100km de là ? Il y cent millions d’années, d’une île située au sud-est coulait un torrent aussi important que la Durance ; il a déposé ces galets sous forme de poudingue si caractéristique. Particularités géologiques et biologiques des falaises de la Ciotat et de l’île verte, de J. Laborel.
img_9657r.jpgimg_9656r.jpgLa chapelle de La Garde qui y est construite, tire son origine du lieu d’où la côte était gardée : c’est là qu’avait été transférée la vigie vers 1543. Nous montons jusqu’en haut de la colline ; coup d’oeil sur les « Trois Secs » à l’est, trois proéminences sèches, dénuées de végétation ; on comprend l’origine moderne descriptive du « bec de l’Aigle » (autrefois «Aquila» ou «Le Sec»). Les masses sculptées devant lui ont pris d’étranges formes dont une avec une tête de labrador (photo de droite)« En 1610, le dimanche jour des Rameaux, [les pénitents bleus] allèrent en procession sur la montagne de la Roque Redonne […] et […] décidèrent d’édifier à la place de l’Ermitage de « la Gardy » qui existait déjà là depuis au moins 1500, une chapelle qui serait appelée Notre-Dame de la Garde ». Je pense que l’ermitage Sainte-Frétouze dont on parle dans les archives municipales n’était autre que celui de La Garde. La Vierge dédiée à l’Immaculée Conception est protectrice de La Ciotat et, en 1713, la chapelle devient fameuse par les ex-voto que les gens de mer y laissent. Les ex-voto de Notre Dame de la Garde
img_9671r.jpgsurplombs - ohoto Ti4Mars...Nous cherchons le sentier que nous a gentiment indiqué une randonneuse ciotadenne ; grossièrement balisé de bleu ou vert, il croise plus sentiers dont un mène à l’anse du Cannier où l’acteur Michel Simon aimait se promener : demi tour, c’est la fin du sentier pédestre. Le bon s’enfonce très profondément dans un vallon sombre, presque inquiétant. Nous sommes si bas que nous doutons qu’il sera possible de rejoindre la villa Sainte-img_9673r.jpgFrétouse par ces vallons sauvages. img_9670r.jpgL’érosion a sculpté des « paupières », img_9672r.jpget de vastes abris en surplomb impressionnants (« taffoni »), formés à l’époque glaciaire : en principe, pas de risque qu’ils s’écroulent si vous êtes au-dessus, l’érosion est terminée ! La marche sur le poudingue pentu et ses galets polis n’est pas facile : c’est un passage en escalade avec une corde et quelques vagues marches d’escalier où l’on descend en rappel ; ma nièce surmonte son appréhension et s’initie courageusement au terrain non plat : elle vient du nord de la France. Pour nous, les filles, la remontée du talweg se fait avec les mains. img_9676r.jpgimg_9678r.jpgSans perdre de hauteur, on contourne le vallon et on arrive à l’ancienne propriété agricole de Sainte-Frétouse.
On s’installe sur la grande terrasse au soleil où déjeune un couple de randonneurs. On s’imagine propriétaires, insouciants de l’absence d’électricité, contemplant la mer et les oliviers chaque matin. A de petits détails, on s’aperçoit qu’elle n’est pas aussi abandonnée que le laissent présager les apparences : la remise en état d’une oliveraie abandonnée sur le domaine (propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1997), l’aménagement pour le grand public du chemin que seuls les ânes empruntaient autrefois pour ravitailler le sémaphore, la remise en état de longues restanques grâce à des chantiers d’insertion, et ce long tuyau d’eau alimentant la citerne de la villa. Voir la vidéo sur la restauration du site naturel de Sainte-Frétouse.

Nous sommes dans l’ancien atelier du sculpteur suisse Walter Spaeny (1892-1952), ami du réalisateur Jeff Musso décédé récemment et de l’acteur Michel Simon (association les Amis de Michel Simon) que mes parents trouvaient disgrâcieux mais qu’ils aimaient beaucoup. La Ciotat info, revue municipale et le blog Amitié Nature.

« On dit que les lavandières, depuis la nuit des temps, allaient dans les collines de Sainte-Frétouse au-dessous de la Vigie, chercher l’eau des torrents sauvages pour laver leur linge, et surtout, le faire sécher les nuits de pleine lune, pour qu’il soit plus blanc !

Le site de la ville de la Ciotat
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* Cap Morgiou


Dès l’entrée dans le chemin de Morgiou, nous croisons des chasseurs. Au vu des traces de terre abondamment labourée, les sangliers ne sont pas loin. Mieux vaut sans doute les sangliers que la fameuse panthère noire de 2004 qui avait obligé la fermeture des calanques et la réquisition de l’armée ! N’empêche que nous avons cru en voir une, nous aussi, dans les carrières de Beaulieu au nord de Montpellier. Avis aux amateurs de sensations qui voudraient aller vérifier.

img_9581r.jpgDes touffes de globulaires bleus apportent une nuance printanière à cette randonnée d’automne. Après le chemin des crêtes de Morgiou, c’est la descente jusqu’au col du Renard qui est particulièrement difficile et risquée : un pierrier glissant de façon continue. Nous remontons ensuite jusqu’au fortin dont la longue muraille traverse presque totalement le cap dans sa largeur.

img_9578r.jpgimg_9585r.jpgimg_9591r.jpgCe fortin, construit en 1614, aurait été utilisé par les anglais appelés par la contre-révolution royaliste de 1793. En longeant le rempart construit directement sur le rocher, on s’aperçoit que l’enceinte devait veiller sur l’entrée des ennemis par la mer et leur accostage à partir de la calanque de Morgiou. A l’abri du vent derrière le mur de la batterie Est, un groupe de randonneurs déjeunent tout en discutant avec bonne humeur. Après la découverte de la cache Cap Morgiou : face à la mer de Bestioles, nous déjeunons plus loin, derrière un vestige de mur, près d’un énorme trou désormais comblé par des pierres : peut-être la carrière qui servit à construire le fort ?

Batteries du cap Morgiou

Calanque de Morgiou, histoire du fortin

grotte_cosquer_coupe.jpgA nos pieds, la calanque de la Triperie (mais pourquoi ce nom ? il semble avoir été donné récemment, peut-être par les militaires qui ont établi les cartes), bien à l’abri du vent, est étrangement calme et arrondie. L’entrée d’une vaste grotte sous-marine apparait dans la falaise verticale. reconstitution_cap_morgiou.jpgPlus à gauche, dans la pointe de la Voile, la célèbre grotte Cosquer s’ouvre sous 37 m d’eau. Henri Cosquer y découvre, en juillet 1991, des traces de mains, des peintures et des gravures. La datation au carbone 14 permet de faire remonter l’occupation de la grotte par l’homme entre 18500 et 27000 ans avant JC. » Elle est désormais murée pour être protégée. A gauche une tentative de reconstitution à l’époque où elle n’était pas envahie par la mer. La grotte Cosquer, site du ministère de la Culture

img_9601r.jpgimg_9603r.jpgimg_9615r.jpgimg_9620r.jpg

cap_morgiou_1.jpgJe pousse jusqu’au cap Morgiou, étroit et descendant jusqu’à 20m au-dessus de l’eau : à 2m des bords de la falaise, la sensation est grisante (1ère photo de gauche dans la série). Vu d’avion et inversé nord-sud, ne trouvez-vous pas qu’il a la forme d’un hyppocampe… ou d’un pélican ?
C’est l’heure de la descente vers la calanque de Morgiou et ses cabanons, presque tous construits en dur désormais, avec des installations sanitaires qui n’ont plus rien de rustiques. Nous reconnaissons sans difficulté, le torpilleur, îlot rocheux de la calanque de Sugiton ressemblant  à un navire de guerre (3ème photo de la série). Autrefois la pêche au thon se pratiquait à l’aide d’installations semi fixes, les madragues. Pour la madrague de Morgiou (1622-1853), voir la partie histoire des calanques sur le site du groupement d’intérêt public des calanques. En 1622, […], Louis XIII âgé de 21 ans, au cours de son passage à Marseille s’est vu offrir un divertissement organisé par la Prud’hommie des Pêcheurs de Marseille. Le jeu consistait à emprisonner des thons dans des seinches d’où ils ne pouvaient s’échapper. Cette pêche se pratiquait également sur la côte bleue ; elle a été interdite parce qu’elle n’était pas sélective. La calanque de Morgiou.

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