--- Saisie d'un commentaire en bas de page ---

** Autour de la pierre sèche à partir du relais de Saint-Hubert à Monieux


La visite était organisée par l’APARE. Julie nous avait donné rendez-vous à Sault, devant l’office du tourisme. Sault : Zone A, massif du Ventoux. L’été, contrairement à la zone B, l’accès est libre dans les massifs forestiers, sauf en cas de risque exceptionnel. Profitez-en !

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Sault, village perdu dans les Monts de Vaucluse entre la Nesque et le plateau d’Albion, à 1h30 de voiture d’Aix-en-Provence, rattaché au Vaucluse aujourd’hui, autrefois aux Basses-Alpes. Voilà une randonnée dont l’intérêt était grandement accrue grâce à la présence d’un guide professionnel, qui m’a bluffée. Moi qui ai tendance à penser que les sportifs ne s’intéressent qu’au sport, j’ai constaté que Daniel, lui, était curieux, se renseignant avec sérieux sur les objets de découverte le long du parcours. Ce n’est qu’après avoir posé quelques questions précises (dont j’avais parfois la réponse…) que j’ai pu constater que ses connaissances étaient solides et étayées. Il a prévu trois petites balades en étoile lui permettant d’aborder trois thèmes différents avec passage au point de départ entre chaque boucle :

  1. la ferme de Lauzemaulan et la vie au XVIIè,
  2. le mur de la peste construit peu après l’arrivée de la peste de 1720,
  3. les aiguiers du champ de Sicaude.

Cassini_L2E_ndespino_24_04_2011.jpegSur la carte de Cassini (1775-1776) je retrouverai les lieux évoqués par notre guide : Lauzemoulant, Grange Neuve, La Verrerie (activité du XVIIè), la Grange de Javon. Cassini

Photos de la randonnée avec Daniel
IMG_8218.JPGNous stationnons en face du relais Saint-Hubert, ferme-auberge et grande propriété agricole et forestière de plusieurs centaines d’hectares, situé sur un col à 820 mètres d’altitude, sur l’ancienne route qui reliait Sault à Apt. Il appartenait à la famille Bernardi, qui donna à la France des magistrats et hommes de lettre, musiciens et le célèbre peintre Evariste de Bernardi de Valernes. A côté de la conque creusée dans la pierre, le guide commence par son histoire en tant que pavillon de chasse bourgeois.

La ferme de Lauzemolan

GR9 sur un sentier typique du Vaucluse : sec et caillouteux traversant un lieu inhabité, laissé à l’état naturel depuis de nombreuses années. On a du mal à croire que ce secteur était anciennement cultivé aux abords des fermes de Lausemolan et Saint-Hubert.

IMG_8220.JPGIMG_8224.JPGLa ferme de Lauzemolan du XVIIè est une bâtisse de taille impressionnante, conçue pour une vie autonome ; elle possédait ses propres réserves en eau. Le départ des hommes à la guerre   en 1914 entraîna la désertification des Monts de Vaucluse et l’abandon des hameaux. La reconquête récente du monde rural a permis la restauration de quelques fermes dont celle-ci. Chaque détail de la construction prouve que les fermiers ont su s’adapter aux conditions difficiles : peu d’ouverture du côté où le vent souffle, ouverture au IMG_8234.JPGIMG_8225.JPGIMG_8229.JPGsud pour le soleil, un grand enclos délimité par un mur de pierres sèches pour l’élevage des ovins et caprins, un poulailler, une étable pour chevaux et mulets, un champ de lavande, des cultures en terrasse, une citerne couverte alimentée naturellement par des rigoles creusées dans le rocher, un four à pain,… On reconnait même une cuve à vin grâce aux carreaux vernissés qui en recouvraient les murs.

IMG_8243.JPGIMG_8244.JPGDélaissant la direction de la Jaille, nous revenons par le sentier botanique de Saint-Hubert aménagé par le Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont-Ventoux et la commune de Monieux.  Alors que nous devisons avec le guide, brusquement, tous les randonneurs s’arrêtent ; face à un immense de troupeaux de moutons, le patou qui le précède, sans le berger, monte la garde. C’est l’occasion pour notre guide de nous conseiller sur la meilleure attitude à adopter en de pareilles circonstances : tenir son chien en laisse, éviter de traverser le troupeau, et s’en éloigner. Nous décidons de grimper sur le bas-côté mais les moutons ont profité de la diversion pour en faire autant et aller grignoter quelques herbes odorantes. On traverse donc tant bien que mal le troupeau désobéissant dont un bouc aux cornes impressionnantes.

Le mur de la peste

IMG_8181.JPGNous sommes maintenant à la dernière extrémité connue du mur de la peste construit par les villageois réquisitionnés, pour tenter d’enrayer la progression vers le nord de la grande peste de 1720 venue de Marseille (je vous en parle dans un autre article L’extrémité du mur de la peste) ; nous sommes au pas de Viguier où de nombreuses traces d’exploitation du bois sont visibles. Autrefois dépeuplée puis surexploitée, la forêt était bien mal surveillée par les représentants de l’autorité des seigneurs, ces derniers propriétaires de la forêt ne résidant pas sur place. Plus récemment l’exploitation de la forêt n’avait plus rien de rationnel : on prenait le bois pour construire et se chauffer ou on faisait des coupes exagérées, on se servait du bois pour le charbonnage et la verrerie.
Les Monts de Vaucluse. L’exploitation des bois du XIIIè à la fin du XVIIIè siècle, Thérèse Sclafert, Revue de géographie alpine, Année 1951, Volume 39, Numéro 39-4


IMG_8213.JPGAsphodèleDe ce col démarre la longue piste des Indochinois. Elle a été construite en 1941 par des indochinois basés dans un camp près de la ferme des Baumelles. La presque totalité des requis étaient des agriculteurs. Les contingents venaient surtout d’Annam et du Tonkin.

La pénurie de combustible, et celle de l’essence, avaient donné à l’industrie du bois et du charbon de bois un grand essor. Les coupes forestières et les chantiers de carbonisation se multiplièrent à mesure que les voitures automobiles utilisèrent des appareils gazogènes et qu’augmenta la demande de bois de chauffage.[…] En avril 1942, 36% de l’effectif faisait du forestage. Il y avait 25 compagnies dans les forêts de l’Aveyron, des Cévennes, du Ventoux, des Monts de Provence, de la Drôme et des Alpes Maritimes, disséminées en détachements et à la disposition de multiples employeurs. Extrait de travailleurs indochinois – Les indochinois

Les aiguiers du champ de Sicaude

IMG_8249.JPGIMG_8252.JPGAprès avoir pris la route de Méthamis sur 300 mètres, dans le virage, au panneau signalant « les Barberis », nous prenons à droite le sentier balisé GR9. Nous rejoignons le champ de Sicaude, propriété privée que notre guide est autorisée à faire visiter. Plusieurs aiguiers y ont été construits. Pour conserver les eaux de pluie, les aiguiers (aïgo = eau) sont creusés dans le roc : soit ce sont de simples cavités à ciel ouvert avec ou sans impluvium en amont,  soit ils sont protégés par une voûte en pierres sèches facilitant la condensation ; des rigoles de captage taillées dans le sol drainent l’eau vers ces citernes. IMG_8258.JPGCes bassins servaient d’abreuvoirs aux troupeaux. A proximité des fermes, ils avaient également un usage domestique. La plupart des aiguiers inventoriés dans les Monts de Vaucluse datent des XVIIIè et XIXè siècles mais on en réalisait encore au début du XXè. Dans l’un d’eux, de l’huile de vidange a été déversée, rendant l’eau  impropre à la consommation ; nous en sommes tous choqués sachant l’eau si précieuse pour cette région où l’eau courante n’est parvenue qu’en 1985. Merci à Daniel pour l’autorisation de publication de sa photo devant les aiguiers.

Circuits proposés par le réseau de revalorisation du patrimoine rural en Méditerranée occidentale REVPAR MEDOCC
Bien que située à proximité, nous n’aurons pas le temps d’aller voir la chapelle du champ de Sicaude construite en 1713, à une époque où le hameau du Champ de Sicaude comprenait de nombreuses fermes en activité. Plus tard reconvertie en école, il n’en reste plus aujourd’hui que quelques pans de murs effondrés et une cloche. […]

Réseau revpar, descriptif randonnée passant par le champ de Sicaude

Un circuit dont l’intérêt a été multiplié grâce à  Passion nature et le guide Daniel Villanova.

Image de l’itinéraire 9km200, 2h30 dépl. (4h00 au total) 118m dénivelée

blsqr05.gif

Sault et le pays de Sault, J.P. Bonnefoy, coll. Le Temps retrouvé, Equinoxe, 1995

©copyright randomania.fr

Partager sur FacebookPartager par mail

2 réflexions au sujet de « ** Autour de la pierre sèche à partir du relais de Saint-Hubert à Monieux »

  1. Merci pour cette description de la randonnée que nous avons fait ensemble. je me doutais que tu essayé, gentiment, d’évaluer mes connaissances hihihi. Mais bon j’avais bossé mon sujet et je continu de bossé avant chaque randonnée. J’ai fait évoluer cette rando en passant par les Aiguiers du Jas et une petite bergerie juste avant. Actuellement je travail pour proposer des randonnées avec comme thème les chemins de la résistance. Bon aller je fait un effort je t’envois par email mon dossier sur la peste de 1720. A très bientôt,amicalement, Daniel

Répondre à Misterspex Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *