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Bagnols-en-Forêt : circuit des meulières et cascade de Gourbachin


Week-end de Pâques radieux ; avec une seule nuit dans un hôtel B&B à Roquebrune-sur-Argens, je vais pouvoir faire deux randonnées à la journée. J’ai imaginé un circuit qui me ferait découvrir la meulière de Bagnols-en-Forêt et la cascade de Gourbachin. Partie du centre de Bagnols-en-Forêt, j’aurais forcément un peu de route à parcourir.

Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, 1976, Guy Desirat, pp.39 et suiv.

Bagnols est un village resserré en longueur et en pente : je descends donc jusqu’à la route qui contourne le village puis descend par la route du Muy vers Maupas1. Sur la gauche un sentier en pointillés passe à côté d’un rustique lavoir, alimenté par la Font couverte qui a permis au nouveau village de s’installer ; je traverse la Vauloube, évitant un grand virage de la route.

Pour rejoindre la chapelle Notre-Dame de Pitié, il faut suivre la route pas toujours commode, car sans trottoir ou espace protégé.

La chapelle […] fut construite en 1560 sur les ruines d’une « villa » gallo-romaine édifiée au 1er siècle. Si elle est de belle taille (clocher tour, porche d’entrée), c’est qu’elle a été église paroissiale à l’époque où le village se trouvait dans la plaine ; puis elle a été occupée par des ermites. Des photos du pèlerinage du 15 août, dont l’origine remonterait à 1729 (lien avec la peste de 1720 ?), sont exposées sous le porche.

En face, au carrefour, un vieux puits ; deux directions mènent aux meulières : je choisis le chemin de Bayonne qui est une belle piste traversant la forêt. Dans cet environnement siliceux, l’écorce des chênes-lièges à la peau épaisse et ridée, est passée entre les mains des leveurs de liège, tout un art et une technique.

Deux types de levées de liège ont été effectuées sur le territoire du Muy cet été. […] Ils ont prélevé au total quatre tonnes de liège « femelle », qui serviront à la confection de bouchons. Ensuite, une seconde levée de liège brûlé […]. Les leveurs ont levé environ deux cents arbres en zone difficile d’accès car très embroussaillée. Le liège ainsi récolté sera valorisé dans la fabrication d’isolant.

La récolte du liège : un savoir-faire éprouvé dans le Var

Sur le côté gauche de la piste, un sentier étroit et pentu rejoint le PR du col de la Pierre du Coucou ; je préfère rallonger le circuit mais diminuer l’inclinaison de la pente.

Peu après la station de pompage, le sentier monte dans le bois du Defens ; fortement raviné, il est utilisé également par les VTT dont il vaut mieux surveiller la descente. Après un long passage en sous-bois, je repère de gros blocs rocheux qui annoncent l’approche de la meulière.

De chaque côté du GR, certaines alvéoles représentent les vestiges d’une extraction accidentelle, qui s’est donc mal passée : certaines meules se lézardent, d’autres éclatent en morceaux, ou bien tombent lourdement sur le sol et se brisent. D’autres semblent avoir été abandonnées avant leur extraction de la roche.

La crête des bois de Malvoisin montre, de part et d’autre du GR 51, une « taillerie de meules » entamant des blocs et des bancs de rhyolite amarante. Les meules ont été extraites aussi bien sur un plan vertical qu’horizontal. Deux sortes ont été produites : des meules manuelles (diamètre 59-60 cm, épaisseur 17 cm) et des meules de moulins (133 à 153 cm de diamètre pour 22 à 35 cm d’épaisseur). Il en reste de nombreuses ébauches et alvéoles à tous stades d’extraction. […] Plusieurs tailleries de plus grande ampleur existent sur le champ de tir proche (cf lieu-dit La Peyrière).

Atlas des meulières Provence

N’hésitez pas à vous écarter du chemin et grimper sur les rochers pour les retrouver.

Les meuliers commencent par dégager le filon de pierre à meules des stériles qui le recouvrent, en employant soit le pic, au cours des époques anciennes, soit les explosifs à partir de la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle.

Une fois la meule entièrement détourée, l’étape suivante consiste à la décoller du rocher. Pour cela, l’artisan ouvre une saignée en arrière et tout autour de la meule, saignée dans laquelle il creuse une série de larges encoches espacées d’une vingtaine de centimètres – les « emboîtures ». Ces emboîtures servent à loger des coins de fer, de bois, ou de bois renforcé par des lames de fer. Le décollement de la meule est obtenu en arrosant les coins d’eau, ce qui les fait gonfler. À cette étape, les accidents sont fréquents.

Quand tout se passe bien, la meule est aussitôt chargée sur un traîneau ou sur un chariot pour être exportée. Reste alors dans la roche un grand trou circulaire orné par la dentelle des emboîtures : l’alvéole d’extraction.

Les carrières de meules de moulins 

La poursuite sur le GR est plus sportive ; je n’ai lu aucune indication technique sur cette partie ; il faut désescalader les rochers sur une paroi plutôt verticale. C’est l’heure du pique-nique et peu de monde pour accompagner ma descente. Contente d’être arrivée en bas près de la piste, je commence la pause pique-nique au col de la Pierre du Coucou : c’est là que passait le chemin antique Puget-Bagnols.

La piste des Cigarières descend en direction du cimetière où se trouve le parking le plus proche de la meulière. C’est là que se trouve l’espace CAREX, Centre d’Archéologie Expérimentale. C’est aussi un lieu de rendez-vous des scolaires qui chaque année, viennent s’initier à la fouille.

Je retrouve la route du Muy, passe sur un pont et dans le virage aigu, quitte la route pour le bord de la rivière, en direction de la cascade de Gourbachin2. Sentier en sous-bois sur la rive droite, facile mais avec quelques pièges : suivre la rivière au plus près, sans la traverser, attention aux racines d’arbres apparentes ; terminer soit dans l’eau jusqu’à la cascade, soit sur le sentier parfois incommode car bossu et en terre poudreuse. La cascade, telle un voile, saute modestement de la barre rocheuse. Quelques personnes se baignent dans la cuvette d’eau fraîche. Pas spectaculaire mais parcours agréable, avec peu d’eau.

Après ce court aller-retour, je rentre sur Bagnols. Le grand lavoir, le bassin neuf, distribue de l’eau annoncée comme potable, rarissime ! Au carrefour de la montée de derrière le château, une fresque colorée attire l’œil ; une petite fontaine d’eau non potable et une autre rue du Bari. Au hasard de vos déambulations, vous trouverez quelques photos anciennes et des escaliers pour passer d’un niveau à l’autre, à pied.

Dépaysement pour cette randonnée que je recommande de fractionner en deux parties : l’une à partir du cimetière pour l’oppidum de la Forteresse et la meulière ; l’autre au départ du centre du village pour la cascade.

Itinéraire 13km050 3h50 déplacement (6h25 au total), 192m dénivelée (+420, -420)

Télécharger la trace

1Maupas = mauvais pas, passage dangereux
2Gourbachin : de gour et bacho, gouffre et bassin

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