Mais qui donc est tombé dans la marmite de la Traconnade ?


Par ordre alphabétique, je vous présente la bande de dix chercheurs passionnés par l’aqueduc romain de la Traconnade (aqueduc romain passant par Jouques, Peyrolles, Meyrargues, Venelles, Aix-en-Provence, 30km environ). Voir l’article ci-contre paru dans la Provence le 25/02/2012, rubrique Pays d’Aix, Venelles. De gauche à droite sur la photo : Daniel, Nicole, Alain et son épouse.

J’ai connu Alain B. [ndlr : Alain est décédé le 20/04/2023] par mon blog ; il me signalait avec tant d’aplomb une erreur dans le nom d’un oratoire que je me suis demandée à qui j’avais affaire. J’ai vite compris que ce n’était pas un homme ordinaire… Un puits profond comme ceux de l’aqueduc souterrain de Venelles : il argumente aussi bien autour de la religion, de l’Ukraine, ou de la loi pénalisant le génocide arménien ! Il respecte et défend le patrimoine avec passion : écoutez-le parler de la chapelle Saint-Sépulcre à Peyrolles. Je ne peux que lui pardonner avec le sourire quelques propos parfois extrapolés tant il fait avancer les choses. Sous forme d’un véritable dossier de presse, il collecte depuis de nombreuses années toutes les informations concernant la Traconnade. Il connait tout, et tout le monde.

Bernard F., arrivé dans l’équipe par mon blog, court sans cesse sur le terrain ; c’est l’homme des contacts avec les archéologues et toute personne susceptible d’apporter des informations sur l’aqueduc. Aimable et persuasif, il essaie de rassembler les pièces des puzzles romains. Parlez-lui des arbres déracinés, de la méthode de la fonte des neiges ou du noeud des Pinchinats où il a organisé la prochaine visite de notre groupe ; c’est lui aussi qui me rappelle gentiment de mettre à jour la carte google map des vestiges recensés au fur et à mesure de leur découverte. Je ne parviens plus à le suivre…

Daniel D. [ndlr : Daniel est décédé le 16/05/2023] a partagé quelques expéditions à vélo avec Alain. Il a toujours été passionné d’histoire surtout Rome et le Moyen-Âge, la mythologie grecque et romaine…  il y a quelques années il a découvert Chabaud et l’aqueduc de la Traconnade, Violaine et St Hippolyte.

Sur mon blog 13770.org [ndlr : fermé aujourd’hui] j’ai servi de relais à Jean-Marc Héry pour informer les Venellois de ses recherches sur Chabaud et la villa romaine. (Daniel)

Après plusieurs mois de simples échanges de mails, j’ai enfin rencontré Daniel, le formidable grand-père qu’il est ; l’occasion nous a été offerte par une journaliste de la Provence, sur le thème de la Traconnade à Venelles.

Alain me parle souvent de Jean R., hydrologue, mémoire vive de tous les vestiges aujourd’hui disparus sous les bulldozers. Jean a reporté à la main sur une carte IGN le tracé supposé de l’aqueduc. Après avoir consciencieusement reporté ce tracé sur une carte numérique, j’ai pu vérifier que tous les vestiges trouvés se trouvent parfaitement sur cette ligne ou proches de celle-ci. Un travail de fond qui nous est toujours utile et nous aidera sans doute à en trouver d’autres bien cachés.

Avec ses amis Henri et André, Jean-Claude L. (de l’association archéologique Jarez-Forez) est descendu voir nos découvertes. Sur le terrain, il nous a appris plein de choses (enduits, actus, épaulement sont enfin des mots devenus familiers). De loin, il a continué à nous guider et nous conseiller. Son sujet préféré : les regards, romains bien sûr ! Il travaille depuis des années sur l’aqueduc du Gier et découvre encore aujourd’hui des choses qu’il ne connaissait pas.

Après une demi-douzaine de chantiers de fouilles, une trentaine de sondages […] et de diagnostics, j’ai toujours faim d’apprendre et de comparer ; comparer, voilà le mot-clé; […] La finalité devant être la mise en commun et à disposition ensuite à tout le monde des résultats acquis… (Jean-Claude)

Je n’ai fait qu’une visite de terrain avec Jean-Pierre G. [décédé le 21/05/2024] mais il a immédiatement accepté de partager ses connaissances, stimulant ma curiosité par l’envoi de la photo de l’aqueduc à Fontbelle, coupé par l’autoroute ; grâce à lui, la semaine suivante, j’ai pu le retrouver. Il s’intéresse aussi bien au fort de St-Eutrope et les boulets de canon du duc d’Epernon qu’aux dessous de la fontaine d’Aix. Spécialiste des montages vidéos, je parie qu’il assemblera bientôt les photos de tous les morceaux d’aqueduc retrouvés pour n’en faire qu’un de Jouques à Aix.

Marc F., au discret accent étranger, est le plus jeune de l’équipe. Il n’hésite pas à s’enfoncer dans le canal en rampant, à descendre par une échelle dans un regard profond, à prendre des mesures et élaborer des hypothèses dignes des ingénieurs romains. A l’aide d’un logiciel spécialisé, il construit des reconstitutions des lieux qui ont impressionné non seulement le public des journées du patrimoine 2011 à Aix-en-Provence, mais aussi Jean-Claude.

Michel R. l’humour en permanence au coin des lèvres, nous a rendu visite deux fois le même jour que Jean-Claude ; c’est l’homme de l’aqueduc de Fréjus, même sous l’eau où il a observé le trajet de l’aqueduc romain dans sa partie habituellement immergée par le lac de retenue E.D.F. de Saint-Cassien. J’ai tellement aimé ses photos prises à la source Neissoun que je me suis promis de revenir à Mons aux beaux jours. Vous le retrouverez sûrement au détour d’une page Wikipedia ou d’un réseau social. Un parcours atypique, des talents variés, un curieux probablement.

Nicoulina (Nicole)

Tu as présenté notre bande hétéroclite de joyeux « traconniers » passionnés autant que toi par cet aqueduc impressionnant et pourtant à l’abandon dans nos collines… mais tu as oublié de te présenter. Bien sûr, tes lecteurs connaissent les nombreuses randonnées que tu leur as décrites et dans lesquelles tu cherches toujours à allier le plaisir de se promener à la joie d’apprécier les vestiges du passé, […]. Mais ils n’ont pas le plaisir d’apprécier également ton sourire, ta gentillesse, ton dynamisme, ta pugnacité, ta bonne humeur et ton souci constant de faire partager tes découvertes. Il faut ajouter que tu as créé et que tu enrichis constamment la carte des vestiges de l’aqueduc qui présente efficacement la synthèse de tout le travail effectué. […] (portrait collectif)

Partenaire de mes premières expéditions sur la Traconnade avec Alain, Serge R., co-auteur du blog randomania plus,  a pour activités préférées la randonnée et la photographie mais il se passionne aussi pour la géologie, l’archéologie, l’histoire et l’astronomie. Sur le terrain, il observe, étudie puis immortalise les vestiges de la Traconnade sous forme de photos.

Son dernier article : Aqueduc de la Traconnade : plus… de photos

Le point commun de tous les membres de cette équipe ? ils sont marcheurs, copains, bénévoles, donnent de leur temps, se soutiennent, offrent leurs compétences et surtout partagent leurs travaux de manière désintéressée. Une aventure archéologique et humaine.

A méditer :

En archéologie, la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain. (Jean-Claude)

Le mont Carpiagne à partir du col de la Gineste


J‘étais déjà montée à l’automne 2006, un jour de brouillard et de grand vent dont la violence avait suffi à me bousculer dans les chênes kermès : quelques dents épineuses  des petites feuilles d’un vert luisant, s’étaient enfoncées dans ma main. Je n’avais rien pu voir de là haut.

Il faisait si froid  que j’avais rapidement trouvé la cache Mont Carpiagne de Ti’Mars…

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Aujourd’hui, il fait beau. Garée au col de la Gineste pour la randonnée au puits de Cancel, j’en ai profité pour grimper sur le mont Carpiagne l’après-midi. Zone complètement dégagée, sans ombre. Nouveau panneau de bois du conseil général, balisage jaune repeint.
La piste forestière est au départ fort agréable, facile et je marche d’un bon pas. Quelques traces de l’incendie du 22 juillet 2009 subsistent sur des tiges noircies. Suite au commentaire d’un internaute sur la culpabilité de l’armée, voici un extrait du jugement : « Ni les investigations entreprises, ni l’expertise diligentée n’ont permis d’établir que l’incendie ait été provoqué par le tir d’une balle traçante dont l’usage était prohibé. » (8 nov. 2011). Le 22 mars 2012, la cour d’appel ordonne un supplément d’enquête sur l’origine du désastre. La Provence, Marseille, 22 mars 2012.
Un peu avant d’entamer les pentes de Carpiagne,  je découvre à ma gauche en retrait de la piste un panneau informant de la proximité de la zone protégée dite la Muraille de Chine.

La Muraille de Chine, qui appartient au Site Classé des Calanques et au Site Natura 2000, se situe dans le quartier de Vaufrèges proche de la zone urbaine de Marseille. C’est la propriété du Conservatoire du Littoral. Les éboulis abritent l’herbe à Gouffé, la falaise (abrite) le lavatère maritime, le vallon central (abrite) viornes, genêts, aubépines, térébinthes, lentisques (selon stockofish de Marseille Forum).

La montée, caillouteuse, est de plus plus raide ; les quelques petits ressauts rocheux se franchissent parfois avec les mains. Les derniers mètres qui me séparent du sommet (646 m) semblent longs.  Un vieux pylône gâche l’environnement. De là haut, quelques points de vue géants : la rade Marseille avec la ville coincée entre deux collines, le bec de l’aigle vers Cassis, l’île de Riou au soleil couchant : un panorama à 360°.

argeras en fleursbruyère en fleursA la redescente, je suis dépassée par un couple plus hardi que moi, qui ne craint pas de déraper dans les cailloux roulants. Je prends le temps de quelques photos, de me poser près de la végétation en fleurs. Alors qu’il est 17h, un randonneur remonte la pente vers le rocher où il a oublié ses clefs de voiture. J’espère qu’il a prévu sa lampe de poche…

Image de l’itinéraire 2h environ (A/R), 320m dénivelée, 5km600

Puits de Cancel et puits du vallon de l’Herbe


A cause d’une petite mésaventure de hamster fugueur, je suis partie tard et n’ai donc prévu qu’une petite randonnée au départ du col de la Gineste, connu pour sa célèbre course Marseille-Cassis, 15000 inscrits, plus de 600 bénévoles.

Départ : 9h30 – Stade Vélodrome – Marseille
Distance : 20.308 km sur route à effectuer dans un délai de 3h00
Dénivelée : 327 m au passage du Col de la Gineste (10è km)
Arrivée : Port de Cassis

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Le départ est le même que celui des calanques. L’avantage, c’est que l’on part d’assez haut et donc les sommets sont facilement accessibles. Le tracé rouge est bien visible ; le sentier progressivement caillouteux longe de vieux panneaux de fer rouillés plantés du côté du vallon Ricard encaissé. Il contourne le Pain de Sucre par l’ouest jusqu’au col Ricard où la piste se sépare de celle des falaises de Luminy.

Le mont Puget, point culminant des calanques entre Marseille et Cassis, dresse sa façade à contre-jour ; les écailles, pitons et excroissances de pierre qui l’entourent, se détachent sur le ciel bleu. Impressionnant mais accessible.

Tranquillement, en descente puis en montée légère, la piste rouge débouche dans une sympathique clairière, seul endroit verdoyant des calanques qui ne ressemble pas du tout à l’environnement minéral habituel. Vous y ferez une agréable pause. Le puits du Cancel1 a été  creusé par l’homme à côté d’une ancienne bâtisse adossée au rocher : j’ai du mal à imaginer qu’on vivait et travaillait ici autrefois.

Variante vers un autre puits, naturel cette fois : la trace bleue peinte  sur le rocher  juste après le puits, mène par la gauche au gouffre du vallon de l’Herbe – dont le nom ne figure que sur la carte des calanques -, à flanc d’un petit escarpement, dans un virage du sentier : puits naturel à l’entrée oblongue de 1,8m x 1,2m obstrué de blocs instables à 10m de profondeur (pas de photo)Fiche technique sur le site du BRGM

Image itinéraire col Gineste puits du Cancel gouffre estimation 5.9km A/R 140m dénivelée 2h20
1cancel : rien trouvé sur l’origine de ce lieu ; nom d’un ancien propriétaire des lieux ? ou du latin cancellatus : limité parce que c’était un cul de sac, comme l’impasse du Cancel à Aix-en-Provence ?