La calanque des eaux salées à partir d’Ensuès


La calanque des eaux salées à partir d’Ensuès par les Vallons de l’EscAyolle et de Graffiane.

* Itinéraire à partir de Carry, site balade en Provence
* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer, 3h15 environ, 10km600

* Le temps qu’il fait aujourd’hui, à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

Autant vous prévenir tout de suite : la randonnée progresse entre nature et lotissements : les amateurs inconditionnels de solitude seront probablement déçus.
J’ai eu quelques difficultés à trouver le point de départ que j’avais fixé sur le parking de l’école juste après le cimitière d’Ensuès-la-Redonne. Puis mon GPS est devenu fou : il s’est positionné d’emblée sur la fin du parcours, sans doute parce que je l’avais allumé en voiture et que la vitesse atteinte dépassait ce qu’il était capable d’enregistrer. Enfin, pas de balisage au départ et les risques d’erreur sont donc possibles.
medium_img_0089.2.jpgNous sommes dans le parc régional marin de la Côte bleue. J’ai commencé par le vallon de Graffiane, sec, calcaire, avec sa garrigue si caractéristique des régions méditerranéennes. Le village d’Ensuès est abrité des vents de la mer par un plateau boisé. En bas du chemin de l’Escayolle, j’arrive dans le lotissement des Oliviers. Pendant 1km, je prends la petite route départementale 48d qui descend jusqu’à la mer. On n’accède à la Madrague de Gignac qu’à pied, près d’une aire de contournement. Ancien port de pêche au thon, elle est habitée aujourd’hui par trois dizaines de familles qui ont donc un accès privilégié à la mer.

Les pêcheurs tendaient autrefois des filets – ou madragues1 – pour attraper les thons lors de leur migration. Ces poissons venant de la pleine mer, entraient dans une sorte de corridor en maille. Une fois engagés dans la madrague, ils passaient de chambre en chambre pour aboutir dans un dernier carré « la chambre de la mort » (ou corpou). Quand on relevait le filet, les thons étaient assommés. Cette pêche était souvent très fructueuse. Le droit de madrague était un privilège nobiliaire. Par extension, la madrague désigne désormais le petit bout de mer qui entourait ces filets. (* origine de la madrague et de la madrague de Gignac par B. Chappe avec photos du début du siècle ; à lire un bel hommage à la Côte bleue De l’Estaque à Pounent, Gérard Chevé, Les Editions de la Nerthe, 2003)

Petit arrêt à la minuscule calanque du Puits : le bruit de l’eau qui clapote contre les rochers a déjà un son qui rappelle les vacances.

Le clapotis de la calanque du Puy

A cause de la source des Eaux Salées, à l’est de la plage du Rouet, dont la salinité provient d’infiltrations profondes d’eau de mer, la calanque a été surnommée calanque des eaux salées. A l’approche du viaduc des eaux salées, en service depuis 1914 (ligne l’Estaque – Miramas voir le * site de B. Chappe), je descends l’escalier taillé dans la roche. Spectacle surprenant que ce viaduc aussi près du littoral ! le seul de toute la côte avec une arche unique de 50m ; le seul endroit où les sources abondantes sont chargées de sulfates alcalins et magnésiens qui auraient pu ronger les fondations des piles. medium_img_0370.jpgPour sa construction, un système de transport aérien par câble a dû être installé au-dessus du viaduc. Côté Estaque, les fondations descendent à 22m au-dessous du niveau de la mer, jusqu’à ce que l’on rencontre du calcaire compact. D’un point de vue technique, c’est certainement la réalisation la plus spectaculaire de l’ingénieur Paul Séjourné.

Le chemin de fer de la Côte Bleue vers les plaines de la Crau, louis roubaud, éditions Campanile, 2004

La calanque des eaux salées est là , presque déserte. Après une marche chaotique sur la plage de gros galets, je goûte l’eau limpide : sa température est plutôt bonne pour un mois de février et pour une calanque. Accessible par un ancien sentier muletier désormais bien aménagé, elle n’est que relativement à l’abri de la foule. L’été venu, les quelques rochers à fleur d’eau permettent d’agréables plongeons. Ne soyez pas étonné cependant d’y trouver quelques naturistes discrets…

Après avoir mangé face à la mer, je monte le second escalier de pierre vers le Rouet ; la balustrade de bois, en mauvais état, s’incline dangereusement lorsque je m’en sers comme appui. Je dois donc monter à la seule force des mollets. Je longe le chemin de fer du littoral tout en gardant un oeil sur la mer. Après le tunnel Matheron, j’arrive à nouveau aux abords des villas, près du port du Rouet.
Nouvelle montée jusqu’au plateau où le cap Rouet et la rade de Marseille offrent des paysages dignes de cartes postales de la Côte Bleue.

MalméjeannePar le vallon de l’Escayolle, j’atteins la grande et vieille ferme de Malméjeanne2, au carrefour de trois chemins ; elle tombe en ruines mais elle est un excellent point de repère pour les randonneurs ; en face, une nouvelle maison se construit. Des coupes d’arbres sur des dizaines d’hectares font le bonheur des amateurs de petit bois pour la cheminée : une famille est venue avec de grands sacs plastique pour le ramasser. Certains véhicules 4×4 sont même garés non loin, là malgré l’interdiction aux véhicules. Le cheval, que j’avais vu dans le jardin d’une maison des Besquens, est toujours derrière la grille du jardin mais il ne me présente que son arrière-train : il n’aura pas le bout de pain que je tenais dans la main, na !

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Depuis le port du Rouet, en 1h30 aller-retour, un balisage blanc et rouge peut également vous mener au port de La Redonne en passant par la calanque des eaux salées.


1Madrague, de l’arabe signifiant enclore
2Préfixe mau signifiant mauvais comme dans Mauvallon (La Redonne), Maufatan (Ensuès), Malméjeanne, sans doute à cause de la réputation de côte inacessible et dangereuse

L’abbaye de Montmajour


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M O N T M A J O U R

MontMajour

La météo aujourd’hui à cet endroit :
La direction du vent et la température ressentie

Rien que le nom Montmajour1 évoquait pour moi noblesse, grandeur, mystère ; bien que non croyante, j’apprécie les édifices religieux, j’imagine le travail de construction, l’histoire, je m’imprègne de l’ambiance sereine des lieux. Comme elle accueille l’été des expositions dans le cadre des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, j’ai pu profiter de l’exposition et de la visite du monument avec un seul billet d’entrée. La balade, pour une fois, n’aura pas lieu dans la nature mais dans les différents monuments d’Arles servant de lieux d’exposition. Sur les cartes, vous verrez parfois indiqué « Ruines » à cet endroit : terme bien mal choisi vu l’état des bâtiments.

* Randonnée Abbaye de Montmajour-Moulin de Daudet, site Balade en Provence, avec photos
* De la communauté Provence de Expédia, album photos sur Montmajour

medium_100_0033.jpgLe nom de Montmajour est lié à l’éminence rocheuse qui émerge des marais à cet endroit… Selon la légende, la fondation de Montmajour est attribuée à Saint-Trophime, premier évêque d’Arles (début du Ve siècle)… Une première chapelle de taille réduite est construite au XIe siècle. L’abbaye croît rapidement grâce à la protection des comtes de Provence et au culte de la Vraie Croix.

Le monument est impressionnant et je me pose déjà quelques questions : est-ce une forteresse, un édifice religieux, un chateau ? elle est tout à la fois. Plusieurs fois détruite, reconstruite, elle porte des traces de construction de toutes les époques depuis le Xème siècle.

  • Forteresse par sa tour de défense construite par l’abbé Pons de l’Orme qui dirigeait la communauté. Une garnison y sera maintenue jusqu’à 1700 environ. De cette tour, on peut découvrir le cloître et un panorama qui embrasse Arles, Tarascon, la Crau et les Alpilles.
  • Edifice religieux grâce à saint Trophime qui a évangélisé la Provence ; saint Cézaire qui a posé la première pierre de l’ermitage de Saint-Pierre ; aux moines bénédictins qui ont assaini les marécages pour pouvoir s’y installer puis à la congrégation de Saint-Maur choisie pour relever le monastère et qui dut le reprendre de force. Pendant la seconde guerre mondiale, l’église abbatiale a servi d’entrepôt d’armes confisquées par les Allemands qui y mirent le feu. La chapelle de Sainte-Croix (1180 environ), un peu plus loin, servait lors des pélerinages organisés par l’abbaye. Ils sont de nouveau organisés.
  • Chateau car sur l’emplacement de la vieille abbaye, on a bâti cent ans plus tard une habitation spacieuse, avec des larges corridors, d’élégantes salles, des escaliers de pierre, une charmante terrasse.

* Site sur l’art roman
* L’histoire de l’abbaye par la revue l’Agenais, 1875, site de la France Pittoresque

Vendus en 1791, les bâtiments sont en partie achetés par la ville d’Arles. Prosper Mérimée fait classer l’édifice comme monument historique en 1840. De premières restaurations sont effectuées en 1872 (architecte Henri Revoil). En 1943, l’état fait l’acquisition de l’abbaye qui figure depuis 1968 au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO

medium_100_0036_r1.jpg Je me perds dans ce dédale de couloirs et d’escaliers, je suis surprise par bien des choses insolites. Le site est construit sur un ancien cimetière dont on voit encore les tombes creusées à même le roc. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les plus petites ne sont pas des tombes d’enfants mais des « réceptacles » pour les restes épars des morts les plus anciens.

La crypte est une véritable église basse. Son plan, unique en Provence, comprend en particulier une rotonde, un déambulatoire et des chapelles rayonnantes. (* site du Centre des monuments nationaux)

medium_100_0049.jpgIl ne reste de l’édifice du XIIIe siècle que le cloître avec ses tombeaux (seul celui de Geoffroy 1er de Provence a été conservé) et ses inscriptions. « Es à Mount-Majour que dormon, souto li bard di clastro, nosti rèi arlaten » (F. Mistral)2. Sculpté sur les chapiteaux, un bestiaire fabuleux : la Tarasque dévorant un homme (mur ouest), une tête de bélier (galerie nord), un chevalier luttant contre une chimère (galerie sud), etc. Van Gogh a consacré de nombreux dessins à Montmajour, lors de son année à Arles à partir de février 1888. « … par ce vent impossible de rien faire… Mais néanmoins j’ai vu des belles choses, une ruine d’abbaye sur une colline plantée de houx de pins d’oliviers gris… » (lettre de Van Gogh à son frère Théo)la plaine de la Crau avec la ruine de MontmajourMoisson avec Montmajour
Le prieuré de Carluc, rattaché à Montmajour, sera le but d’une prochaine randonnée. Rendez-vous donc ici dans quelque temps…

En attendant, ne manquez pas de visiter la grotte-dolmen du Castelet (hypogée), à un peu plus de 1km sur la IMG_1335.JPGgauche en allant vers Fontvieille. Le toit de l’hypogée est formé par de grandes et épaisses dalles de calcaires. La construction de cette tombe se situe vers 2500-2000 avant J-C. C’est la seule que l’on puisse visiter, les 4 autres se situant sur des propriétés privées.

Seconde visite le 29 septembre 2007 pour voir l’abbaye d’un autre angle et y trouver la cache de f5pvj l’abbaye de Montmajour II. Que de frayeurs ! un gros animal qui déboule lourdement du vallon à quelques pas de nous, des gros oiseaux qui s’envolent des bosquets, une meute de chiens, on s’est dépêché de grimper malgré les difficultés certaines pour atteindre l’objectif.

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1Majour, du latin major « majeur, plus grand » d’où Montmajour = grande montagne (40m de haut mais le seul relief dans cette région !) à moins que ce ne soit l’abbaye, monument majeur, qui ait donné son nom à ce mont… Montmajour a donné son nom à un rapace : le grand-duc de Montmajour.
2« C’est à Mont-Majour que dorment, sous les dalles du cloître, nos vieux rois arlésiens« 

L’abbaye de Montmajour, jean maurice rouquette, aldo bastié, Monum, Editions du patrimoine, coll. itinéraires

Le pic des mouches par le sentier de Malivert


L intérêt de la randonnée de ce matin était autant due aux personnes que j’ai observées qu’au plaisir de redécouvrir le point culminant de la Sainte-Victoire.

* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN, 11,900km, 3h45 environ, réalisé à partir de CartoExplorer

* Itinéraire le plus rapide au pic des mouches

La météo aujourd’hui à cet endroit :
La direction du vent et la température ressentie

La première difficulté : trouver l’entrée du chemin de Malivert bien mal indiquée. Le mieux est de repérer le panneau qui annonce qu’on quitte les Bouches-du-Rhône pour entrer dans le Vaucluse : le parking se situe 200m avant, sur la droite quand on vient d’Aix. Le chemin traverse le bois de la Pallière, offrant une progression régulière jusqu’à la crête ; la route est longue (2h05) mais pas vraiment difficile. Sans doute au printemps offrirait-elle une végétation plus colorée.

Le premier groupe que je croise vient du Puits d’Auzon ; c’est une famille avec deux adolescents et un chien. Le garçon et la fille, probablement contraints et forcés par leurs parents, maugréent ouvertement et se plaignent de la difficile montée. Le père essaie de les motiver, leur promettant un bon pique-nique (d’ailleurs les baguettes de pain qui dépassent du sac à dos, menacent de tomber) et une vue superbe depuis la crête. Mère et fille décident de faire une pause tandis que le chien fait des allers et retours entre tous les membres de la famille. Je ne peux que comprendre le désespoir du père qui veut initier ses enfants à la randonnée car les adolescents d’aujourd’hui préfèrent sûrement les jeux vidéos ou la télévision. J’ai moi-même essayé avec ma fille, sans succès.

medium_img_0072.jpgA l’oratoire de Mal Ivert, nous retrouvons ceux partis de Puyloubier ou Rians. Tout le monde s’arrête. Les réactions sont diverses : entre les plus âgés qui prient à voix basse, les enfants qui jouent au ballon autour de l’oratoire, celui qui lit à voix haute la prière laissée par un randonneur, celui qui téléphone, je me sens « à part », silencieuse avec mon appareil photo.

Une vierge à l’enfant de simple stuc blanc, dans une niche ouverte au sud est, au sommet d’une sorte de borie. (Yves Paccalet, Terre sauvage, mars 1997)
C’est maintenant que l’ascension commence véritablement. Je rejoins bientôt un couple de retraités qui a perdu le balisage rouge. Je les rassure et les étonne : « Mon GPS va nous dire où est le chemin ! ». Ebahi mais ravi, ce couple qui n’a ni télévision, ni téléphone portable se demande comment ça marche. Je leur explique qu’il faut un ordinateur, un logiciel de cartographie et une carte IGN. « Pas question d’avoir un ordinateur ! » répliquent-t-ils. Je souris gentiment quand ils m’avouent s’être un jour perdus à la Sainte-Victoire et avoir effectué la descente à la lueur des étoiles, sans pleine lune, arrivant finalement vers 1h du matin chez eux…
medium_img_0076.jpgLe chemin étroit et caillouteux, cachant parfois son balisage aux regards attentifs, est plus difficilemedium_img_0082.jpg que tout à l’heure. Parvenue sur la crête repérée par un cairn très visible, la neige a laissé quelques plaques et le vent souffle plus fort. Plusieurs groupes installés sur les flancs de la montagne pique-niquent, savourant autant leur repas que le plaisir d’être tous là, tout là haut. Au croisement avec le chemin qui monte depuis le col des Portes, plusieurs parapentistes bien chargés, se dirigent vers l’aire de décollage.

Arrivée au pic des Mouches (pas de mouches en cette période mais beaucoup de medium_img_0085.jpgmoucherons en été), c’est une victoire. Deux étrangers me demandent d’immortaliser leur passage au sommet. Ensuite, je m’assois et me remplis les yeux de la vue sur la crête, vers la croix de Provence que l’on devine à peine dans la brume de ce temps hivernal. La descente se fait par le col des Portes : descente un peu risquée car les pierres sont humides et la terre glissante. Le plus désagréable reste à faire : 3,5km de route pour rejoindre le parking. Je ne serai dépassée par aucune voiture et donc aucune occasion de faire du stop. Sur cette CD10, plusieurs stèles en hommage aux résistants et un élevage caprin couperont la monotonie du trajet.

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Jeff s’était promis d’y aller aussi. Voici une des photos qu’il a prise ce jour là au pic des Mouches dont la hauteur a été récemment réévaluée à 1010m.