Valensole : des Chabrands au vallon du Fer


Départ : les explications du guideIMG_0035Après plusieurs semaines d’interruption, je retrouve le groupe constitué autour de YvesProvence. Le co-voiturage a bien fonctionné : cinq filles partent ensemble d’Aix-en-Provence. Nous stationnons devant la chapelle Sainte Madeleine de Villedieu qui, sous le crépissage actuel récent, pourrait bien être du XIè siècle donc d’art roman.

Chapelle Sainte-Madeleine de Villedieu : […] abside voûté en cul de four, mur sud creusé de deux petites baies en plein cintre, le pignon occcidental est percé d’une minuscule baie romane. Raymond Collier, la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

La chapelle Sainte-Madeleine, YvesProvence

Bien situé sur une voie de passage le long de la Durance, le hameau de Ville Dieu possédait un relais de chevaux au XVIIè siècle, une écurie quasiment sans ouverture, avec une porte cochère ; reconnaîtrais-je ce bâtiment aujourd’hui ?

Piste qui longe un champTout au long du parcours, vous marcherez sur des galets, des petits, des gros, des cassés, libres ou soudés avec d’autres roches : c’est le conglomérat de Valensole. Après avoir contourné le champ près de la chapelle, nous retrouvons une piste en montée la plus dure du parcours, alors que nous sommes à peine échauffés. Nous prenons le chemin des Chabrands ;  soudain un cri ressemblant à un cri d’effroi : « Venez m’aider ! » ; je pense au  malaise de l’un d’entre nous et redescends rapidement le chemin jusqu’à l’énorme flaque d’eau qui nous avait obligés à faire un contournement au travers d’un sous-bois inhospitalier ; rien de grave, c’est juste qu’une vilaine branche a arraché le nouveau GPS d’Yves ! Les recherches en groupe ont porté leurs fruits : il a été retrouvé !

Plume, le chien de berger de Pissaro, fait sans arrêt des allers et retours du début de la file au dernier comme si elle voulait rassembler le troupeau de randonneurs ! Nous avions prévu de visiter les ruines de Clarency mais un panneau bien clair prévient qu’il s’agit d’une propriété privée ; après une courte hésitation, notre guide décide d’éviter cette partie de la balade.

Une piste dans une chênaieA vocation agricole, le terroir que nous traversons était primitivement axé sur la culture de céréales, de la vigne, sur l’élevage ovin. Nous allons très vite en trouver des traces : de grands champs prennent la relève des chênaies. Avec les amandes et la lavande, Valensole a toujours été un village relativement important. J’en ai trouvé une preuve curieuse dans le recrutement des instituteurs au XVIIè.

Le système des examens se présentait sous une forme spéciale, la « dispute des écoles ». A Valensole la dispute était fort à l’honneur : longtemps à l’avance on la publiait par affiches, d’Embrun jusqu’à Marseille. Les candidats qui venaient du Languedoc et d’Auvergne, […] prononçaient les auteurs ; le plus éloquent se voyait choisi. P. Dauthuile,…, L’École primaire dans les Basses-Alpes depuis la Révolution jusqu’à nos jours, Imprimerie Vial, 1900

Chenilles du pinConglomérat (photo wikipedia Toony)Majo et moi observons le 4è stade larvaire d’une colonie de chenilles processionnaires du pin formant un nid d’hiver volumineux côté sud puis de gros blocs fortement cimentés entre eux et comprimés : c’est ce qu’on appelle le poudingue, résultat de millions d’années d’érosion. La hauteur de ces dépôts varie entre 800 mètres et 1400 mètres. Sous le poids de cette masse de matériaux, l’écorce terrestre s’enfonce, ce qui provoque des mouvements en bordure du dépôt. Définition du poudingue sur le site geowiki

La Roche Amère, la montagne de LurePique-nique au point le plus haut où se dévoile un superbe point de vue sur fond de montagnes enneigées : la Roche Amère, énorme carrière en forme de triangle irrégulier portant le village primitif de Villeneuve et la chapelle Notre Dame de la Roque. Une randonnée*** que je vous recommande. Comme à l’accoutumée, les provisions se partagent (compote de bananes au rhum, calissons, café, brownies, etc), ainsi que les bons plans. Deux quads viennent perturber la tranquillité de ce moment.

La FaisanderieNous reprenons la balade en longeant le rebord du plateau avec en contre-bas la départementale 6 ; petites montées et descentes se succèdent ; sur la gauche, un sentier mène au jas de Mélanie que nous délaissons pour rejoindre la Faisanderie du Petits Puits ; cette immense propriété cultive des céréales et secondairement élève des faisans pour la chasse ; nous contournons la faisanderie, protégée par de grands filets sous lequel il n’y a aucun oiseau pour l’instant. La descente raide le long du grillage n’est pas facile et certaines ont trouvé plus commode d’emprunter le sentier, tout simplement. Nous sommes rattrapés par le jeune fils du propriétaire qui se demande ce que peut faire un groupe de 20 personnes sur sa propriété. Surprise ! cet ancien élève reconnait son prof. en la personne d’un randonneur du groupe ! après quelques minutes d’échanges, il nous accompagne sur son sentier privé qui mène au vallon du Fer.

Une faisanderie est un terrain ou un domaine où sont élevés des faisans pour la chasse à tir. Par extension, il peut s’agir d’une volière ou d’un pavillon où sont engraissés des faisans d’élevage pour la table. La reproduction expliquée sur le site de la faisanderie de Veyret

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Balade dans les vignes à Lambesc


Une balade campagnarde familiale qui, tout le long du parcours, longe les vignes, tantôt dans la plaine, tantôt sur le piémont sud de la chaîne des Côtes. En début et fin de balade, on circule sur des routes macadamisées mais peu fréquentées.

Noria du camp d'EyguièresL'entrée dans le boisSur la route, généralement il existe un bas-côté sur lequel on peut marcher sans risque. Au camp d’Eyguières, les godets de l’ancienne noria fixés sur une roue, sont tout cabossés. On faisait remonter l’eau d’un puits en actionnant un manège sans fin tiré par un mulet qui avaient les yeux bandés. Déversée dans un réservoir, l’eau servait à irriguer les cultures.

L'entrée dans le boisUn champ encore enneigéAprès un long passage entre les vignes, la route pénètre dans un sous-bois clairsemé ; les champs sont parfois couverts de neige ; à l’altitude 350, je délaisse la piste qui grimpe vers la chapelle Sainte-Anne et reste sur celle du piémont bien à découvert, qui domine la plaine et les champs de vigne. Pas bel alignement de vignesde risque de se retrouver face à un sanglier ! dans le quartier de Saint-Victor, face à des dizaines de sentiers d’exploitation qui quadrillent les vignes, un ancien puitsje cafouille un peu, fais demi-tour, en prend un autre qui mène à une propriété privée pour finalement en trouver un qui traverse Douau, puis passe au dessus de l’ancien canal du Verdon, sous la ligne à haute tension, et poursuit entre de jolies propriétés que l’on voit au loin. A cause du vent froid, j’ai supprimé une boucle qui contournait les vignes.

Croix au carrefour avec la D67Ruines sur le chemin de CambousseUne haie d'arbres élancésAprès une haie d’arbres maigrichons et dénudés (la haie est bien horizontale, c’est moi qui ai tenu l’appareil photo d’une seule main), une ruine de pierres sur le chemin de Cambousse, je retrouve la route la D67 à la croix de métal ; elle descend vers Lambesc, passe devant le cimetière et la chapelle saint-Michel où se trouve une des rares caches placées dans ce coin ; le temps de visiter trois des centres d’intérêt de Lambesc et je retourne boire un café chaud.

chapelle st michel photo liodan13Chapelle Saint-Michel et cimetière, GCNF45 par liodan13

Bono font la plus ancienne fontaineBono font est la fontaine la plus ancienne de la ville où les animaux domestiques, chevaux, ânes ou moutons, avaient coutume de venir boire. Détruite en 1813 par un violent orage, les lambescains la reconstruisent et décident de la dédier à Louis XVIII ; suite au retour éclair de Napoléon, la plaque commémorative ne sera pas posée avant 1972.

Le lavoirLe grand lavoir monument historiqueLe lavoir est imposant, arcades en plein cintre, piliers renforcés, murs épais : nul doute qu’il a été construit pour durer, il a d’ailleurs résisté au fameux tremblement de terre de 1909. Quatre double bassins en pierre de Lamanon sont alimentés par la bono font ; le dispositif d’égouttage est toujours en place. Une pensée pour YvesProvence qui collectionne les photos de lavoirs…

Lavoirs, fonaines et aménagements pour l’eau sur Pinterest par YvesProvence

Font di mourgo place du XVè corpsFont di Mourgo (fontaine des religieuses) se trouvait autrefois près d’un couvent Sainte-Thérèse. Elle aussi a été reconstruite.

 

Cette balade dominicale m’a fait penser à certaines portions inter-urbaines du GR 2013. On n’est jamais très loin des habitations. Pas de grande dénivelée et une option possible pour les sportifs : rejoindre le plateau de Manivert et la chapelle Sainte-Anne de Goiron peu après la Bastide Blanche. Comme on marche à découvert, je vous conseille de ne pas sortir par jour de mistral ; certes, c’est ce que j’ai fait, mais je ne connaissais pas les conditions du parcours.

lambesc_traceCorr_pano

Image de l’itinéraire, 12km200, 180m dénivelée (+243, -243), 3h30 au total (3h déplacement). Les erreurs de parcours ont été enlevés.

 

Oratoires et croix entre Esparron de Pallières et Artigues


Grand froid ce matin ! nous ne sommes que 4 au départ de la randonnée près de la chapelle Notre Dame du Revest aux reflets dorés par le soleil d’hiver, située dans un joli cadre de verdure parmi des chênes  centenaires.

La chapelle Notre-Dame du Revest, publiée par YvesProvence le lendemain de la rando

La chapelle Notre Dame du RevestLe clocheton de la chapelleL'autelLe Revest est occupé depuis la préhistoire ; puis par une villa gallo-romaine, un monastère cassianite (VIè) dévasté au VIIIè ; dès lors, les colons s’établissent en hauteur autour du castrum. Le monastère est reconstruit au XIè puis la chapelle au XIIè ; quelques habitants s’installent au Revest puis l’abandonnent définitivement suite aux guerres et maladies. Le seigneur d’Esparron rachète le domaine ; il appartient aujourd’hui à la paroisse. Le cimetière est construit à l’emplacement du monastère.

La porte de la chapellePierre Chaix : Il y avait dans cette chapelle une statue de la vierge Marie allaitant l’enfant Jésus datant du bas moyen Age. Une paroisse voisine […] jalousait cette statue réputée miraculeuse. Une nuit des voleurs entrent par ruse dans la chapelle et s’emparent de la statue. Lorsqu’ils s’en vont la cloche se met à sonner à toute volée, tout le monde accourt, les voleurs sont arrêtés et la statue est ramenée triomphalement dans la chapelle. Hélas, cette statue n’est plus parmi nous aujourd’hui puisqu’elle a été volée tout comme la porte de la chapelle il y a quelques années. L’histoire de la chapelle, bulletin municipal 2010

Brasserie l'EsperluetteLa montée au village d’Esparron de Pallières (son nom officiel est pourtant Esparron…) est un peu rude en début de randonnée ; en passant devant la brasserie artisanale l’Esperluette1, Yves évoque la bière à la figue qu’il a goûtée récemment (5°) et nous met l’eau à la bouche : on y passera donc en fin de randonnée. Bien que non certifiée bio, cette brasserie utilise de l’orge issu de l’agriculture biologique. L’Esperluette se visite sur rendez-vous et vous réserve un accueil chaleureux. Contact : Robert Christoph 04.94.04.10.70.— 06.80.94.27.21.

Oratoire Saint-HonnoratPassage voûtéDeux oratoires avant l’arrivée au village : l’oratoire Saint-Honnorat et l’oratoire Notre Dame des sept Douleurs. A l’église du village, nous découvrons le panneau d’information qui présente les 6 oratoires (depuis 2012, il y en a 9) dont le plus vieux remonterait à 1690. Je prends connaissance d’un nom figurant sur le panneau : Charles d’Arcussia de Capré, né en 1554 au château d’Esparron, seigneur d’Esparron, de Pallières et du Revest.

Lorsque Henry IV devient roi de France en 1596, Arcussia est nommé premier consul d’Aix et procureur du pays ainsi que député aux Etats de Provence. Parallèlement à sa vie politique, Arcussia est un chasseur qui aime consacrer du temps à étudier la nature et ses animaux sauvages ; Il […] publie en 1598, la fauconnerie […]. Extrait du site de l’école nationale vétérinaire d’Alfort

Charles d-arcussiaEn 2014 a été fêté le 15è anniversaire de la « Confrérie du Fauconnier Charles d’Arcussia ». A l’intérieur de l’église Notre Dame de l’Assomption, le tableau de La Vierge du Rosaire de François Valisset (1628), a été commandé par Charles d’Arcussia ; il y est portraituré avec son épouse Marguerite de Forbin. (le lien mène sur la page où se trouve la photo du tableau, presque tout en bas). Selon Patrick Varrot, historien de l’art et chercheur sur le patrimoine pictural des XVIè et XVIIè siècles

Anecdote : alors que je viens d’entamer mes recherches sur ce fameux Charles d’Arcussia, je reçois un message d’un forum de généalogie :

Je viens vous signaler le superbe et long travail d’investigation de Christine, qui est remontée peu à peu (et sur actes) jusqu’à un surprenant et inattendu ancêtre : Louis d’ARCUSSIA.

blason arcussia (avec l'autorisation de Christine)Coïncidence le même nom que Charles ! je fonce sur le site de Christine Louis d’Arcussia d’Esparron Chevalier de Malte 1630 et dévore l’histoire de son enquête personnelle qui l’a menée avec rigueur et patience jusqu’à son ancêtre Louis qui n’est autre que le petit-fils de Charles d’Arcussia. Son site est clair, esthétique, documenté ; les généalogistes et amateurs d’histoire locale auront sûrement plaisir à le découvrir.

Photo du blason des d’Arcussia avec l’aimable autorisation de Christine M.A.

Oratoire Saint-EloiEn bordure d’une route peu fréquentée, situé en bordure des champs, le premier oratoire est dédié à Saint-Éloi ; il est destiné à protéger les récoltes, le bétail et les paysans. Ce jour là étaient bénis les animaux domestiques (chevaux, ânes, mulets, etc.)

Effigie de Saint-JosephL’oratoire St Joseph sur la route au-dessus de la grand-rue qui mène au Prignon est construit en 1660 (ou 1690 ?) en même temps que la chapelle Saint Joseph de l’église, il témoigne de l’impact de l’apparition de Saint Joseph à Cotignac la même année. Lire De Notre Dame de Grâces au monastère de Cotignac

Croix de mission 1923Après la croix de mission datée de 1923, nous entrons dans les bois par le GR99A sur une piste forestière agréable qui mène aux Clos où se trouve une propriété habitée bien isolée du monde. Changement de piste pour une piste de terre et ses flaques d’eau encore gelées malgré l’heure solaire qui est pratiquement la plus chaude de la journée (autour de 0° !). Au hameau de Pillaud, Yves me fait remarquer qu’il y en a deux Pillaud sur la carte IGN : il s’agit cairn ou borne limite déplacée ?Flaque d'eau encore gelée à midide Pillaud le Haut et le Bas Pillaud, toponymes du cadastre napoléonien non reportés sur la carte actuelle par l’IGN. Sur le poteau du portail on peut lire « propriété prière de ralentir » ; en effet, on dirait que l’on passe dans le jardin de Li-sian-bèn, peut-être un sentier avec  servitude de passage.

On monte en ligne droite, raide et caillouteuse sur la crête de la montagne ; encore une curieuse particularité : la même montagne s’appelle ‘montagne d’Artigues’ côté Ouest, mais l’Eouvière’2 (634m d’altitude) côté Est ! Le sentier est maintenant accidenté, couvert de mousse et de pierres saillantes, sinuant parfois près du vide. Nous nous arrêtons à la cache vite logguée puis continuons notre marche vers l’oratoire.

Vue sur Esparron de Le Bigleux

L'oratoire Saint-Jean détérioréTrace laissée à l'oratoire Saint-JeanSur les derniers mètres, l’accès à l’oratoire Saint-Jean d’Esparron n’est pas facile à trouver : il nous faut repérer les cairns ; nous suivons Majo qui fait ça très bien. L’oratoire de Saint Jean surplombe la chapelle Notre Dame du Revest : en choisissant bien l’emplacement de la photo, on peut capter en miniature la chapelle en contre-bas et l’oratoire saint-Jean en hauteur. Depuis les origines les Esparronais vouent un culte particulier à Saint Jean et lui ont construit en 1690 ce petit édifice. La chapelle en bas à gauche, l'oratoire Saint-Jean en haut à droiteIl servait à protéger l’ensemble du territoire depuis le sommet de la colline de l’Ouvière. Quelques pierres gravées gardent le témoignage du passage de nombreux pélerins. L’oratoire situé dans le chemin face à la chapelle Notre Dame du Revest, dédié à Saint Jean, fut créé en 1770 pour remplacer celui de la colline de L’Ouvière, partiellement détruit.

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