La grande Etoile : fête de la randonnée 2019 au domaine de la Nègre


Cette fête de la randonnée 2019 se fera avec Majo, toujours partante. C’est une variante de la fiche 12 du topoguide Les Bouches-du-Rhône… à pied, FFR, FFR. 2005 (réédition en cours). Elle est organisée à partir du parking Louis Feuillée situé à Chateau-Gombert. De là, un bus nous conduira jusqu’au départ de la randonnée sur le chemin de Palama prolongé. Les passagers du bus de Martigues partent en premier ; 20 mn plus tard, c’est notre tour.

Les photos

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Deux cartes de La Nègre

Plusieurs tentes accueillent les randonneurs mais les bénévoles ne sont pas tout à fait prêts. A peine l’inscription terminée, nous partons à l’assaut des Etoiles, ainsi nommées parce qu’elles se trouveraient du côté de l’étoile polaire, au nord quand on est à Marseille : l’Etoile (652m) et la Grande Etoile (590m) et son émetteur géant que l’on voit de très loin. La Grande est moins haute que la petite, mais son plateau est plus large.

Selon l’office de tourisme de Marseille, le premier jas connu daterait de 1679. Le surnom du domaine viendrait d’un ancien propriétaire du XIXe, Pierre TRIENGUE, dit « Le Nègre » mais  cette dénomination existait bien avant ; au milieu du XIXe, plusieurs propriétaires de Château-Gombert et Marseille sont expropriés pour la construction du canal de Marseille dont les fils héritiers de Nicolas JULLIEN dit Delouide1 propriétaires de la Nègre en 1820. Un incendie le 14/09/1899, un autre en 1936 puis le gel des oliviers en 1956 annoncent le déclin du vaste domaine.

Je me suis livrée à une petite enquête pour essayer de trouver l’origine du nom du domaine de la Nègre, probablement en rapport avec la couleur noire. Enquête sur l’origine de la Nègre.

Le département a fait d’importants ouvrages contre l’incendie comme un bassin d’alimentation de 1000 mètres cube, et les 38 asperseurs le long de la piste qui dispersent de l’eau en fines gouttelettes. Du ruban de balisage est noué autour des arbres. Pour atteindre la table d’orientation, nous prenons un raccourci évident. Avec application, Majo essaie d’identifier quelques points remarquables de Marseille à nos pieds : Notre Dame de la Garde, la haute tour de la CMA-CGM, le plus grand immeuble de grande hauteur (IGH) à usage de bureau de la ville de Marseille, les îles du Frioul, Marseilleveyre et derrière nous le massif de l’Etoile. Pendant ce temps, un groupe de joyeux randonneurs arrivent et décode le paysage comme nous.

Nous repartons d’un pas gaillard, longeant les figuiers ; piste DFCI 111 ; au bout de quelques minutes Majo s’aperçoit qu’elle a oublié ses bâtons de randonnée ; je lui laisse mon matériel et reviens en arrière ; c’est alors que je suis interpellée par un randonneur présent à la table d’orientation avec nous : « C’est à vous ? » me demande-t-il en brandissant les bâtons. Je le remercie et rejoins Majo d’un bon pas.

Le chemin longe le vallon des Ouides2, bien dégagé ; un poste à feu sur la gauche pour la chasse aux oiseaux (grives, merles, cul-blanc) : vu leur nombre sur ce domaine, la chasse devait être une activité traditionnelle importante pour les chasseurs ; un poste à feu est même représenté sur un tableau d’Emile Loubon vers 1839. Pour savoir comment cela se passe, lire la chasse au poste sur le site gombertois.fr
Les couleurs de la valériane, le passage à gué du ruisseau des Ouides bien à sec, asters jaunes, séneçon bleu, puis de chaque côté, des fruits rouge orangé qui éclairent les arbres lourdement chargés : Majo réussit à cueillir quelques arbouses ; une fois passée la première impression laissée par la peau granuleuse, l’intérieur est plutôt doux et agréable. A quoi pouvait donc servir la ruine sur le côté droit, à mi-hauteur de la colline ?
La porte métallique et rouillée de la source des Ouides2 est suivie bientôt par la nouvelle source et son robinet moderne. La bastide du début du XXe était encore alimentée par la source des Ouides2 ; un canal que l’on devine par endroit, amenait l’eau jusqu’à la maison ; les terres cultivées donnaient blé, vignes, raisin, vergers. Un internaute se souvient que son grand-père Paul Airaudo a participé à sa construction avant la guerre 14-18.
Le roman de Jean Contrucci, l’affaire de la Soubeyranne, se passe à Château-Gombert et mentionne cette source.

Pour que nous ne nous égarions pas du côté de la Tête du Jacquot, une animatrice s’est postée au carrefour ; c’est maintenant un sentier étroit qui grimpe à l’assaut de l’Etoile, sommet qui semble proche et qui pourtant est bien loin.  1 km et 180m dénivelée jusqu’au col des Ouides, tout en montée. Les groupes se doublent, d’autres s’arrêtent et s’encouragent ; la bonne humeur est partout. Le Pilon du Roy surgit derrière la colline. Majo que le dénivelée n’arrête pas, prend le temps d’observer ces belles fleurs blanches aux pétales empilés les uns au dessus des autres (Iberis Amara ?). Pour moi c’est dur ! A mi-chemin le contraste nature-modernité : cheminées de Gardanne à côté de Sainte-Victoire. Au col, petite pause réconfortante pour tous les groupes.

Non seulement la montée n’est pas terminée, mais il reste une barre rocheuse à escalader ; Majo se débrouille seule ; tandis que je m’interroge sur le « comment faire ? » un homme perché sur le rocher à côté d’un groupe prêt à applaudir, attrape ma main, l’autre mon bâton et sans que j’ai eu le temps de me préparer je suis hissée de l’autre côté de l’obstacle ! encore un peu d’effort pour atteindre le sommet de la Petite Etoile (702,10 m a calculé l’IGN) et ses deux pylônes émetteurs.

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Vestiges de la branche nord de l’aqueduc romain d’Arles


Les stéphanois débarquent à l’heure sur le petit parking de l’aqueduc de Barbegal à Fontvieille. C’est Jean-Claude, président de l’association Forez-Jarez  qui animera la visite. J’arrive la première sur le petit parking près du double aqueduc qui mène à la meunerie industrielle romaine de Barbegal déjà visitée plusieurs fois. Ci-contre la carte des aqueducs établie par M. Borely, CNRS.

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Dans le vallon des Grands Arcs, certaines arches sont encore debout, à d’autres endroits on voit le canal et même l’enduit. Ultérieurement, l’aqueduc a été consolidé. On voit bien deux aqueducs côte à côte ; au sol la marque en creux d’un assemblage de gros blocs de pierres en queue d’aronde.

A l’approche de la Pèiro Traucado (pierre percée), côté droit la branche de l’aqueduc d’Arles se sépare de l’autre ; ils vont converger un peu plus loin. Le site de la meunerie industrielle de Barbegal, alimentée en eau au 2e siècle, est difficilement identifiable sans la maquette sous les yeux. Elle se situait dans une enceinte dont il reste un bout de mur dans la partie inférieure. Un escalier monumental au milieu et de chaque côté une série de 8 biefs l’un au-dessus de l’autre. Les chambres de mouture abritaient les mécanismes. Selon les niveaux, la meule se trouvait à l’étage supérieur ou inférieur de la chambre, la transmission se faisant de bas en haut ou de haut en bas. Ce dispositif permettait de placer un maximum de chambres dans la pente. Les eaux étaient évacuées par un émissaire voûté long de 20,10 m dans un fossé de 5 m de long à l’extérieur de l’enceinte.

Les moulins, J. Lucas

Dans un travail venant de paraître (2018), cinq chercheurs Gül Sürmelihindi, Philippe Leveau, Christoph Spötl, Vincent Bernard et Cees W. Passchier) , The second century CE Roman watermills of Barbegal : Unraveling the enigma of one of the oldest industrial complexes, Science Advances, September 2018, 4, 8  p. suggèrent une production de biscuits de mer1. Disponible en français sur le site Persée. C’est en étudiant les dépôts de carbonate précipités à partir de l’eau qu’ils ont fait cette déduction :

Les dépôts de carbonate précipités à partir de l’eau pendant le fonctionnement des moulins, forment des moulages sur le bois. Ces moulages sont préservés et fournissent des informations uniques sur la fréquence d’utilisation et de maintenance des moulins, et même sur la structure des chambres de la roue hydraulique. Les séries chronologiques d’isotopes stables des gisements de carbonate révèlent que l’activité de l’usine était régulièrement interrompue pendant plusieurs mois. Cela suggère fortement que le complexe de la minoterie n’était pas utilisé pour fournir régulièrement de la farine à un grand centre de population, comme on le pensait auparavant, mais servait probablement à produire du biscuit de mer non périssable pour les ports à proximité.

Jean-Claude nous emmène 300 m plus loin, sur le lieu du bassin de convergence, soigneusement recouvert après les fouilles (photo ci-contre JCL). Avant la construction des moulins, il assurait la convergence des deux branches de l’aqueduc d’Arles.

Une prise d’eau située à quelques mètres du bassin dérivait vers une nouvelle conduite les eaux venues de la branche orientale désormais affectée aux moulins. […] Contrairement à ce qui avait été proposé à la suite des fouilles de F. Benoit, les moulins ne datent pas de la fin de l’Antiquité, mais sont contemporains de l’apogée de la cité d’Arles. Selon Philippe Leveau, texte publié en 2008 sur le site  du club de randonnées fontvieillois

Par un sentier sinueux et étroit nous rejoignons la route D33 que nous remontons sur quelques mètres : l’aqueduc est parfaitement visible et accessible depuis la route.

Après le pique-nique sous les oliviers, nous prenons la route D82 ; à la croix de Jousseaud, deux policiers s’apprêtent à faire la circulation pour une course cycliste qui doit passer par là. Nous poursuivons sur 600 m ; au deuxième pont, nous obliquons sur une piste qui bientôt en croise une autre grossièrement parallèle à la route. Jean-Claude nous a promis 5 ponts et un mur soit, d’aval en amont, dans le vallon des Raymond(s) (du nom de plusieurs familles propriétaires en 1820) : le pont Rou derrière la villa en bordure de route, puis celui du vallon Peissonniers2, du vallon Portau, le mur-porteur près du chemin de Cadenet, le pont du vallon Charmassonne, le pont du vallon des Sumians. Un seul de ces toponymes attribués au XIXe par A. Gautier s’est perpétué sur la carte IGN d’aujourd’hui.

Le premier, le pont-Rou3, par un simple aller-retour dont vous pouvez vous passer, car on ne voit qu’une masse informe érodée. Les quatre autres ponts aériens sont parfaitement visibles et donc ont gardé leur intérêt.

Le second pont dans le vallon des Peissonniers2, premier pont à l’ouest de la D33. Sa solidité ne nous inquiète pas : nous circulons dans le canal. Une seule arche qui devait laisser passer un écoulement d’eau.

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De Roques-Hautes au hameau du Trou au lever de soleil


Un grand classique, facile, au pied de la face sud de la montagne Sainte-Victoire : un aller par une belle piste tout en ondulations jusqu’au hameau du Trou à Saint-Antonin sur Bayon ; un retour sur des sentiers plus intimistes. Mais l’originalité de ce jour, c’est que nous sommes partis au lever du soleil avec Gilles comme animateur et un groupe qui a accepté de se lever tôt pour ce moment de partage. Le rendez-vous est donné à 6h30, dans la grande prairie de Roques-Hautes où il fait encore sombre. Petit à petit, les membres du groupe arrivent à la lampe de poche.

C’est dans ce parc qu’a été découvert en 1952 un filon important d’œufs de dinosaures.
L’armée y effectuait des entraînements au tir du 30 juin au 30 septembre ; des signaux sonores une demie heure avant et une flamme rouge en haut d’un mât, annonçaient des tirs imminents.

Il fait encore sombre quand nous arrivons au hameau du Trou, commune de Saint-Antonin-sur-Bayon. Avant la visite du hameau, chacun prépare pour le partage ce qu’il a amené. Il y a de tout : thé, café, gâteaux maison, etc. De mon côté, j’ai réservé la veille, par l’application mobile TooGoodToGo, un lot d’invendus du jour à la boulangerie à côté de chez moi.

Pour 4€, je récupère 10€ de marchandises environ ; pas toujours le choix mais ce jour là, mon sac contenait une grande brioche, plusieurs viennoiseries et même du pain. Par solidarité, on peut même offrir son lot à une association pour des personnes dans le besoin. Les restaurants partenaires peuvent proposer un repas, les épiciers des fruits et légumes défraîchis mais parfaitement comestibles. Et pour agir pour le bien de la planète, on amène son sac. Dans tous les cas, un peu de surprise qu’il faut accepter puisque par avance on ne peut savoir ce qui restera à vendre.

Après être passés devant le refuge Cézanne, nous nous installons près de l’aire de battage (bien grande, ayant appartenu en indivision aux habitants),  nous avons tous compris que nous étions dans un ancien hameau agricole, si petit qu’en 1824, la Statistique des Bouches-du-Rhône ne le cite pas encore sous son nom actuel. Quelques ruines de maison, un puits, un four, d’anciennes banquettes de cultures, confirment la vocation du lieu. D’après l’étude Saint-Antonin sur Bayon : Une petite commune du pays d’Aix et son histoire, J. GanneJ. Ganne, 1999, c’est probablement la famille David qui a construit ce hameau à la fin du XVIIe car en 1704 il n’y a que deux maisons. Ces forains1 – au sens étymologique du terme – s’y sont installés à la demande du seigneur Louis de Garnier qui voulait mettre en valeur ses terres. Après 1851, plus personne ne vit au Trou.

Mais surtout, c’est le piton rocheux surmonté d’un calvaire, le rocher en équilibre et la chapelle qui intriguent. Sur aucune carte ancienne, n’y figure le symbole d’un lieu religieux. Elle n’a jamais été consacrée officiellement même si parfois on trouve la mention Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Selon moi, la plus grande maison a été transformée en chapelle après l’abandon du hameau. Quel ermite vivait ici à la fin du XIXe ? Est-ce que ce sont les jeunes de la communauté pénitentiaire de Beaurecueil qui ont installé la croix en haut du rocher ? Mystère…
Un passage couvert et carrelé a été aménagé vers une grotte entre deux rochers à l’est. C’est peut-être cette cavité, ce trou, qui a donné son nom au quartier.

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