Image à la Une : Gardanne vue de la colline des Frères
Balade faite en 2024 avec Anne, et en 2025 avec André, à l’approche du début des grandes retrouvailles entre la ville d’Aix-en-Provence, et un de ses plus illustres peintres, Cezanne. La petite commune de Gardanne avait prévu cette balade en 2006, lors du centenaire de sa mort. En 2025, plus aucun dépliant en français de l’excellent document 1885-1886 : Cezanne in Gardanne, Service communication de la mairie, préface de Denis Coutagne, édito de Roger Meï, maire de l’époque.
Version numérique sur Cezanne à Gardanne.
La météo ce jour à gardanne/13 :
Avec le vent et la température ressentie
Nous sommes partis du grand parking Mistral, avons rejoint l’office du tourisme pour obtenir le nouveau dépliant sur la promenade Cezanne qui a inspiré celle que je vous propose. Promenade jalonnée de panneaux d’information dont quelques reproductions des œuvres de Cezanne faites à Gardanne et posées là où le peintre aurait installé son chevalet. Deux belles montées d’escalier pour rejoindre la montagne des Frères.
Cette petite colline boisée à deux pas du centre surplombe le village de quelques mètres. L’avenue des Ecoles, la rue Jean Macé, le Bd Paul Cezanne n’existaient pas en 1900 (ni même en 1950), si bien qu’au pied de cette colline boisée, Cezanne pouvait voir le village, le futur emplacement de la nouvelle église Sainte-Marie et l’étagement des vieilles maisons du village. Ce n’était qu’un village rural de 3 000 habitants : aujourd’hui plus de 21 000.
La vieille église près du clocher menace de tomber malgré les travaux urgents de Prosper Deleuil au début du XIXe ; la famille Gras fournit un terrain ; l’abbé Ferdinand Meissonnier prépare la construction d’une nouvelle église en 1888, le curé Bicheron l’entreprend en 1905 ; elle est bénie par l’archevêque d’Aix en 1906. Trop coûteux, le clocher ne sera jamais construit.
Une cour précède le portail, des jardins environnent les nefs latérales. D’après Recherches archéologiques et historiques sur Gardanne, M. Chaillan, Coll. Monographies des villes et villages de France, Rassorts Lorisse, Paris, 2006
C’est lui qui a fait élever la Croix de Provence au sommet de la montagne Sainte-Victoire en 1875, et sa réplique sur un des moulins du Ca(p)tivel en 1894.
Plusieurs panneaux évoquent Cezanne y compris dans la langue de Shakespeare ; les tableaux ont été sous-titrés mais ce ne sont pas toujours les titres des musées ou de la Société Cezanne.
Arrêt devant le tableau de Gardanne vue horizontale. Sur une carte IGN, si on tire une ligne droite d’ici jusqu’au clocher qui est le motif central, on s’aperçoit que les moulins sont sur cette ligne et pratiquement invisibles à l’oeil nu : ce n’est donc pas tout à fait de là qu’a été peint le tableau…
Devant Gardanne en vue verticale, je partage l’opinion de Pavel Machotka sur le site de la Société Cezanne :
[…] et grâce aux photographies des panoramas verticaux, point de doute possible, les arrangements qu’il a peints sont ceux qu’il a vus. Les deux tableaux verticaux sont subtils autant que d’une stabilité qui rassure. Les couleurs des tableaux diffèrent considérablement, du fait des saisons où ils ont été peints. Pavel Machotka
Gardanne,vue verticale
Probablement le même point de vue que celui de la photo, jusqu’au cabanon en bas à droite. A l’époque de cette peinture, le deuxième moulin ne porte pas encore de croix.
Gardanne vue verticale, 1886, Metropolitan Museum New York.
Photographie Gardanne vers 1900
Sur cette carte postale du début du XXe, vous reconnaissez le clocher, la vieille église qui ne sera détruite que dans les années 1930, et le futur emplacement de la nouvelle, la chapelle des Pénitents et les moulins du Ca(p)tivel. Photo atelier Baudoin Marseille, Camous éditeur
Cezanne a représenté Gardanne et ses moulins depuis la Colline des Frères ; et pourtant on ne les voit pas, alignés derrière le clocher. Arrangement avec la réalité, peinture de mémoire par Cezanne ou point de vue erroné ? Réponse ci-dessous.
Déjà les branches de pins masquent une bonne partie de la vue : dommage ! Cette vue verticale a engendré de vives discussions avec mes compagnons de route, Anne et André. Sur certains tableaux, les moulins sont à gauche du clocher, sur d’autres à droite, tout comme sur les photos d’époque d’ailleurs. Il suffit de se déplacer de quelques mètres à gauche ou à droite pour quitter cet alignement trompeur… N’hésitez donc pas à bouger !
La vue horizontale a probablement été peinte du même endroit que la vue verticale et non de la Planque (Pla(i)ne ?) comme affiché sur place.
Paul Cézanne. Gardanne (Horizontal View) (Gardanne [vue horizontale]), c. 1885, Oil on canvas. The Barnes Foundation, BF917 (photo avec l’autorisation de la Fondation Barnes)
En adaptant le tableau à la photo zoomée faite sur place aujourd’hui, quelques points de repère sont encore identifiables (clocher, chapelle Pénitents, arbres à l’emplacement de la nouvelle église, moulin, et quelques maisons à la forme caractéristique). Lors de ma prochaine visite, j’essaierai d’adapter focale et point de vue à ceux de Cezanne.
Quant au tableau du Brooklyn Museum, s’il a été peint depuis la colline des Frères c’est plus à l’ouest comme l’écrit M. Deleuil dans Cezanne : les 15 mois à Gardanne, Cercle d’art (Paris), 1997 puisque les moulins sont à gauche du clocher ; ou de plus loin à l’ouest comme à la Pla(i)ne entre le quartier de l’Oratoire de Bouc et la ZI d’Avon – je vérifierai.
Paul Cézanne (French, 1839–1906). The Village of Gardanne (Le Village de Gardanne), 1885–1886. Oil and conté crayon on canvas, […] (7.3 x 118.1 x 100.6 cm). Brooklyn Museum, Ella C. Woodward Memorial Fund and Alfred T. White Fund, 23.105. (Photo: Brooklyn Museum)
Retour au centre du village ; avec pour point de repère le clocher, j’emprunte les marches de la Fraternité, coupe la rue Puget, puis la rue Viala ; sous la chapelle des Pénitents, un ancien lavoir ; par les escaliers, j’atteins la place de la vieille église Saint-Pierre (Xe) détruite en 1932 et ce clocher sans église, point de repère central de bien des tableaux de Cezanne.
Avant la chapelle des Pénitents de la Trinité 1619, il y avait celle dédiée à Saint-Valentin, citée dans un cartulaire de 1098 et dans un testament du XIIIe ; aux XIV, XV et XVIe siècle, on y renouvelait les syndics de la communauté. Les Pénitents y montaient en procession le Jeudi Saint au son d’une mélopée, récit de la Passion en provençal. A la Révolution, la vente des biens de l’église est faite à Aix à partir de 1792 ; la chapelle des Pénitents Blancs est acquise par le citoyen Pierre Cézilly.
Une variante en boucle de 2.5 km prolonge la visite, passe par le cimetière et la surprenante tombe de Meyssonnier (Merci André pour cette découverte) ; y sont enterrés d’autres prêtres pas uniquement de Gardanne. Vous passerez peut-être devant la tombe du marquis de Gueydan dont la femme a fait don à la ville du domaine de Valabre.
Une courte balade sous les pins passe par les trois moulins représentés si souvent par Cezanne. Le plus ancien a retrouvé ses ailes, le second porte une petite réplique de la Croix de Provence (pas besoin de monter à Sainte-Victoire pour savoir comment elle est…), le troisième n’est plus qu’un tronc taggué.
Retour par d’autres escaliers et impasses, à l’envie. Je suis passée par le monument du marquis de Gueydan et au bout du Cours Forbin par celui de la marquise de Gueydan depuis lequel j’ai rejoint le Cours Forbin.
Forbin, grande famille provençale seigneur de Gardanne. Au numéro 27 Cours Forbin, au 2e étage vivaient Paul Cezanne fils, ses parents Paul Cezanne et Hortense Fiquet qui se marieront enfin le 28 avril 1886. Quel dommage que la couleur jaune vif de la devanture d’à côté n’ait pas respecté le style de ces appartements anciens. La pancarte près de la fenêtre annonce Le cubisme est né à Gardanne…
La reproduction apposée sur la façade représente les rideaux avec embrasses à pompon, de l’intérieur de l’habitation de Cezanne, typiques des appartements anciens.
Paul Cézanne, Les rideaux, vers 1885 – 1890, aquarelle sur esquisse à la mine graphite, H. 49 ; L. 30,7 cm, Legs comte Isaac de Camondo, 1911, © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)
Variante avenue de Mimet : Gardanne vue du Claou.
Hahnloser collection in Villa Flora, Museum of Fine Arts, Berne. Public Domain, Cézanne – FWN 197
Aujourd’hui le cabanon est enfermé dans une résidence privée mais accessible ; l’urbanisation est telle qu’on ne reconnait plus le panorama ; le cabanon a subi quelques transformations avant d’être laissé à l’abandon ; en 2004 il est restauré par le service de la mairie en lien avec l’Association de sauvegarde des paysages de Cezanne.
Variante Le Pilon du Roi ; depuis le quartier de Saint-André, la vue sur le Pilon du Roi est dégagée. Le premier plan évoque les qui poussent bord de la Luyne dans un cadre verdoyant.
Le Pilon du Roi, Huile sur toile, 82,3 x 101 cm, collection Collection Oskar Reinhart «Am Römerholz» Haldenstrasse 95 8400 Winterthour
Mes remerciements à tous ceux qui m’ont apporté leur aide dans la recherche des lieux où Cezanne a posé son chevalet : en particulier à M. Deleuil et Anne.
Circuit Cezanne inédit 2.520km, dénivelée 14m (+30, -30), 1h
Variante conseillée : cimetière et moulins depuis la rue de la Vieille Eglise : 1km500, 25m dénivelée (+43, -43), 30mn
Telécharger la trace du circuit
Télécharger la trace circuit et variante
Autres variantes à pied ou en voiture :
Gardanne vue du Claou 3.660 AR dénivelée 39m (+41 -41), 50mn à pied. Peut se faire en voiture à la fin du circuit principal, à partir du parking Mistral.
Télécharger la trace variante Claou
Gardanne vue du Claou, 1883-1885, FWN197, Collection Hahnlauser, Berne
Le Pilon du Roi, 3km, dénivelée 5m (+20, -20), 1h. Peut se faire en voiture à la fin du circuit principal, à partir du parking Mistral.
Télécharger la trace variante Pilon du Roi
Le Pilon du Roi, 1887-1888, Oil on canvas, Sammlung Oskar Reinhart, Winterthur
Il manque Hameau de Payannet et vue de Ribas… ultérieurement peut-être.
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