De Cadenet à Lourmarin


Après 22 jours de panne internet fibre (ORANGE a bien eu du mal à réparer le point de mutualisation…), je reprends la rédaction et mes recherches. Trois jours plus tard, je serai à nouveau privée de connexion internet et dois me contenter d’une clé 4G de prêt.

Le Luberon étant encore très fréquenté en octobre, j’ai choisi un jour de semaine pour qu’il n’y ait pas trop de monde. Partie du parking face au cimetière de Cadenet, j’ai rapidement retrouvé le sentier balisé par le chemin des Rougettes ; sur la gauche, une petite route mène au parking du château ; je le visiterai au retour.

Même au delà du croisement des Fourques, c’est une route assez étroite qu’il faut suivre. Les truffières sont bien protégées par un grillage électrifié, des pancartes avec les articles du code pénal, du code civil et du code forestier si vous étiez pris en flagrant délit de vol, et une vidéosurveillance.
Quand enfin on arrive sur le sentier, ce sont des vignes aux couleurs d’automne jusqu’à Rouchasse où les ouvriers installent les filets pour ramasser les olives.

Je reprends le chemin sous une pluie de glands à laquelle je ne peux échapper. Au  nord les rondeurs du Mourre Nègre derrière la rangée de vignes. Les feuillages, comme celui du cornouiller sanguin, ont pris des couleurs qui font oublier que l’automne annonce l’hiver. Le sentier d’exploitation longe les vignes ; au loin un chasseur fait le gué. Bruit d’animal dans le talus : pas assez important pour que ce soit un sanglier adulte ; il ne s’enfuit pas : c’est un marcassin qui manifestement a peur de sortir de sa cachette.

Chemin de Collongue bordé d’un épais mur de pierre sèche, parfois moussu. Au loin, le plateau de la Caume dans les Alpilles. L’ancien chemin d’Ansouis, prolongé par le chemin de Saint-André, bordé de nombreuses villas, annonce l’arrivée à Lourmarin. Côté gauche, une construction ronde fait penser à une tour à l’extrémité d’un long de mur de pierres… à moins que ce ne soit un ancien puits.

J’ai décidé de visiter Lourmarin sans circuit préparé : l’église Saint-André et Saint-Trophime dans laquelle le seigneur a fait construire sa propre chapelle, avec la fontaine à pilastres devant ; les ruelles étroites où se prépare halloween ; une petite librairie pas comme les autres ; une fontaine à trois bacs ; la rue du castellas et sa haute muraille de pierre ; des ruelles étroites végétalisées par les propriétaires.

Bâtie au XIe siècle, l’édification de l’Église Saint-André-et-Saint-Trophime de Lourmarin précède de peu la construction de la forteresse de Lourmarin au XIIe siècle. Destinée à sécuriser l’entrée de la combe éponyme considérée à cette époque comme le passage le « plus dangereux de Basse Provence », la forteresse laissa la place au château de Lourmarin au XVe siècle. Site Luberon.fr

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De Saint-Michel l’Observatoire à Lincel par le bois d’Audibert


Plusieurs mois se sont écoulés depuis notre dernière randonnée avec Yves Provence et le fidèle Daniel. Aujourd’hui, Dominique et moi les retrouvons, avec un groupe dont les membres se connaissent ; bonne humeur dès le matin après les consignes préalables auxquelles il tient, comme l’exactitude à l’heure du rendez-vous.

La météo ce jour à saint-michel-l-observatoire/04 :
Avec le vent et la température ressentie

Yves me laisse le temps de loguer la cache du moulin à huile de Saint-Michel, dit « moulin à sang », celui de l’animal qui sue sang et eau, comme dit l’expression.

L’animal tourne autour de la cuve, entrainant la cuve qui va broyer les olives. Les scourtins sont remplis avec cette pâte et placés sous une presse. L’huile décante dans différents bacs remplis d’eau ; elle sera recueillie en surface.

Moulin à huile de St-Michel,  tatibanon

Nous passons devant :

  • l’église basse Saint-Pierre des XIVe et XVe et son campanile provençal – il y a bien une église haute  Saint-Michel du XIIe, privée et accolée à un prieuré ;
  • la fontaine à quatre canons porte une statue d’inspiration antique fabriquée par les fonderies d’art du Val d’Osne ; Yves a identifié L’Automne, serpe à la main et grappe de raisin ;
    La fontaine sur le site de waymarking, YvesProvence ;
  • le panneau d’information sur la porte d’Ardène (pas vu de porte…) du nom des propriétaires du prieuré d’Ardène qui accueillit autrefois les pauvres puis les pèlerins. Lire Saint-Michel par les Craux ;
  • le lavoir du Barri dans lequel il est interdit de laver le linge des malades : le lavoir de la Marceline, un peu à l’extérieur, était affecté pour le linge des contagieux. Lire La boucle de Porchères. Les bugadières posaient leurs genoux sur une caisse à laver. Le lavoir est équipé d’un étendoir et d’une cheminée pour produire de l’eau chaude.

Nous quittons le cœur du village pour un sentier qui domine les coupoles de l’observatoire astronomique de Haute-Provence. Au loin la carrière de la Roche Amère, à la forme caractéristique en triangle, se détache des nuages et des brumes du matin.  Au premier carrefour, un aller-retour nous mène sur la colline jusqu’à la table d’orientation (un sentier plus court depuis le village y mène également). Vue sur les toits et l’église, la montagne de Lure chère à Giono depuis son enfance.

Giono et la montagne de Lure. Son père : Je vais te donner 5 frs et tu vas faire le voyage le plus long que tu pourras. Giono (11 ans environ) choisit Lure, prend la diligence pour Banon où il s’arrête pour la nuit. Il rencontre des maquignons qui l’invitent à les accompagner jusqu’à la foire de Séderon, au nord de Lure. Emerveillé Giono franchit la montagne de Lure, juché sur une mule. Il rentre par la vallée du Jabron puis par le train de Sisteron à Manosque. Le voyage initiatique est ainsi réalisé. Anecdote citée dans 15 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono, Jean-Louis Caribou, François-Xavier Emery, Le Bec en l’air, 2012

La table d’orientation, tatibanon

Jusqu’à la Crous dou Roure1, que l’IGN a renommé Croix du Chêne, le sentier est plutôt facile et lisible. Nous traversons la route mais prenons le mauvais sentier ; revenus au carrefour Yves nous entraine sur une sente de sangliers, à peine visible dans les bois de chênes, et qui se termine en descente raide et caillouteuse telle que je les déteste. Pas de chute cette fois mais j’arrive dernière du groupe… Sur la droite, il y avait bien une variante un peu peu plus longue mais était-elle meilleure ?
C’est ensuite un long sentier dans le bois d’Audibert, dont le tracé n’a pas changé depuis des siècles, j’ai vérifié sur le cadastre napoléonien. En contre-bas, les ruines du moulin Rignol (c’était celui d’Audibert autrefois), sur le Largue mais il faudrait descendre et remonter : ce ne sera pas pour aujourd’hui.
Pas âme qui vive sur ce sentier terreux du bois d’Audibert ; une végétation touffue, des feuillages rouges, de la tranquillité, et impossible de se perdre. A chaque passage de ravin, une descente et une remontée.
En dehors du sous-bois, sur des rochers accueillants, aura lieu la pause pique-nique (photo Yves Provence : les personnes qui ne souhaitent pas figurer sur la photo peuvent me le signaler). Oserai-je l’avouer ? j’ai adoré retrouver le goût du rhum arrangé d’Yves
Nous coupons le ravin de Valvinière puis entamons notre descente non balisée jusqu’à Champ Pourcel pour franchir le ravin de la Tuverenche. Depuis le haut du cirque de strates calcaires d’une vingtaine de mètres de haut, une ou deux cascades ont laissé des traces de leur chute.

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Maussane, le canal de la vallée des Baux, la carrière du Mas Rouge


Départ route de Saint-Rémy à Maussane-les-Alpilles, au niveau du pont-canal pour une randonnée totalement non balisée mais sur chemins publics (sauf peut-être la berge du canal…). L’accès pentu au canal de la vallée des Baux passe devant un vestige romain de l’aqueduc de Caparon, le second aqueduc d’Arles qui captait l’eau principalement au rocher d’Entreconque : c’est celui qui alimentera la meunerie de Barbegal. Patrimoine ville d’Arles.

La météo ce jour à maussane-les-alpilles/13 :
Avec le vent et la température ressentie

Après quelques mètres en équilibre sur le bord du canal, nous longeons l’aqueduc de Flandrin sans risque mais bien accroché tout de même au garde-fou côté droit ; il passe au dessus du gaudre1 d’Entreconque (ou Vaupelière ? ou Foux ? car pour compliquer il change de nom ensuite).  Dès que nous le pouvons, nous sautons sur le chemin qui borde le canal. Là commence une tranquille promenade sur la berge.

La couleur de l’eau me surprend : grisâtre, chargée de limons ; ce canal prend sa source à Eyguières, via le canal Boisgelin-Craponne alimenté lui-même par les eaux de la Durance : c’est peut-être d’elle que viennent les limons. Depuis le XVIe s., le canal de Craponne et, depuis la fin du XVIIIe s., celui de Boisgelin conduisent de la Durance vers Arles des eaux d’irrigation chargées de sédiments. selon Milieu et sociétés dans la vallée des Baux, Philippe LeveauDYNAMIQUE DU PAYSAGE, pp.203-217

Comme dans beaucoup de projets de canaux, il s’est écoulé beaucoup de temps entre l’idée et sa réalisation : entre 1855 et 1914… Longueur : 53 km, 7 siphons, 3 aqueducs, 7 tunnels. Superficie irriguée : 2800 ha, 80% de terres agricoles, 1600 adhérents.

Régulièrement, une numérotation MA pour MAussane (mais A pour Aureille, F pour Fontvieille) suivi d’un chiffre identifie les filioles et siphons du canal : par exemple une plaque MA10T près d’une martelière. Bel alignement de pneus dans un champ sur notre droite : pour s’être embêté à le faire, il doit bien servir à quelques chose…

Nous empruntons un de ces petits ponts qui donne accès à un champ de belles fleurs blanches (roquette blanche ?) et de grands champignons, genre amanites selon André.

Au niveau du gaudre du Mas de Cayol, un déversoir provoque une chute d’eau qui accroît la vitesse sans doute parce que la pente est trop faible. Sera-t-il possible de rejoindre la route au Mas de Lambrusque ? sur la carte, le tracé s’arrête mais sur place, moyennant de descendre au pied du siphon, ce sera possible. Nous tentons de poursuivre sur les berges mais c’est impossible : le sentier nous éloigne et la berge au pied d’une petite falaise est inaccessible. Nous prenons la route de Mouriès à Saint-Rémy avec ses figues de Barbarie puis la route du Destet.

Le hameau des Calans se traverse rapidement. Rien trouvé sur La Chapelle qui en fut une, sans doute, mais désacralisée aujourd’hui. Nous retrouvons le canal au niveau de l’aqueduc des Calans qui a son déversoir de sécurité comme sur l’aqueduc de Flandrin et il a débordé : sous le pont des traces noires le prouvent. Etait-ce lors des inondations de 2003 ? Photo extraite de l’Etude aléa inondations Maussane, ingerop.com. Sous le pont, par où passe le gaudre de Valostre, nous identifions un abreuvoir protégé par un enclos de pierres.

Nous entrons dans un paysage typique des Alpilles : piste caillouteuse, rochers dénudés ou déchiquetés, entrecoupés de vallons, végétation basse, sans trace visible d’occupation de l’homme ; un paysage pour moutons souvent représentés dans les tableaux de Théodore Jourdan ; des montées et descentes qui nous mènent au point culminant avec, en contre-bas, dans un vallon à sec, un champ de fruitiers puis un champ d’oliviers ; curieuse, je goûte une olive noire tendre mais… extrêmement amère… attendons qu’elles soient traitées.

Insensiblement, quelques arbres s’ajoutent à la garrigue ; nous passons sur le territoire des Baux de Provence ; d’énormes blocs de rocher bien serrés nous invitent à la pause déjeuner. Pourquoi ont-ils été posés là ? nous le saurons plus tard.

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