Les ocres du Luberon et la colline de Perréal


Gargas, une des communes du massif ocrier vauclusien (ocre jaune), connu pour son site archéologique de l’Age du fer et ses marnes grises fossilifères, me tente bien. Mais les caches se trouvent toutes en bordure de route : la moitié du parcours se fera donc sur le bitume. En fin de page, je vous proposerai une variante plus « nature ».

Les photos

Dans le quartier des Chaffrets, nous remarquons tous cette construction métallique abandonnée, un chevalement avec son treuil sur la plate-forme, son wagonnet rouillé à ses pieds et sa rampe prononcée dirigée vers l’entrée de la mine. Avec le puits et le cavage, cette descenderie – galerie en descente – est une des trois façons d’accéder aux carrières d’ocre.

L’OCRE DE GARGAS – LES OCRIERS, jeancaching84

Dans le sable ocreux, l’ocre pur ne représente que 10 à 20%. D’un point de vue composition chimique, l’ocre est donc un silicate d’alumine (kaolinite) ferrugineux (goethite) et siliceux (quartz). Pour extraire l’ocre il faut donc le séparer du sable par lavage. Jusque vers les années 60, on utilisait un malaxeur : on faisait s’écouler le sable avec de l’eau dans des batardeaux (photo extraite du livre Ocres et ocriers du pays d’Apt, référence un peu plus loin dans la page), le sable tombait au fond tandis que l’ocre, plus léger, flottait et s’écoulait vers des bassins de décantation. Nous longeons ces grands bassins aux reflets moirés dans lesquels l’ocre sèche naturellement de mai à septembre jusqu’à atteindre 50 cm d’épaisseur.

Les carrières d’ocres, histoire et techniques d’extraction

Je ne sais trop comment mais nous nous retrouvons dans la carrière en exploitation de Gargas : les marques de pneus des camions ont laissé des profonds dessins au sol. Le bas du pantalon a déjà changé de couleur : l’ocre est un colorant naturel ! De nos jours, c ‘est le cyclone (à droite sur la photo) sépare l’ocre du sable par la force centrifuge ; il ne fonctionne donc pas aujourd’hui. L’eau ocreuse sort en surverse puis est dirigée vers la canalisation allant aux bassins de décantation.
Vidéo ocres de gargas, société des ocres de France

L’ocre de Gargas, les mines, jeancaching84

La galerie de mines n’a plus de porte ; on peut donc y pénétrer, voir encore les traces de creusement et ressentir sa fraîcheur dès que l’on s’y enfonce. Côté gauche de la piste, si on lève les yeux, on peut repérer plusieurs creusements de mines en forme d’ogive, peut-être des galeries de recherche de l’ocre par un mineur d’avancement.

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De la cabane en pain de sucre à Montaigu


La voiture est pleine aujourd’hui pour une randonnée proposée par Yves Provence : de l’unique cabane de pierre sèche à Manosque au castra de Montaigu. Nous avons rendez-vous sur le parking de la piscine de la Rochette. Autres points de repères : le cimetière et le crématorium !

Petite aide pour pas trop hautA peu près face au crématorium, nous allons prendre un sentier prometteur qui bientôt se transformera en cauchemar : raviné, abîmé, raide, obligeant de monter haut la jambe ou de se hisser, il nécessitera la main secourable de Philippe.  En 10 minutes, seulement 30 m de dénivelée dans les jambes. Le mont d'OrParvenus au carrefour avec le sentier qui mène à droite aux Péroulets, nous faisons une pause pour reprendre notre souffle ou photographier le mont d’Or. La montée n’est pas finie…

La cabane des EspelsNous continuons dans un sous-bois ; la tour réapparaît entre deux arbres. Plus tranquillement désormais, nous parvenons à la cabane en pain de sucre des Espels1 que j’avais découverte en 2013 alors qu’elle ne figurait pas encore sur les dépliants touristiques. La cave pour la conservation des aliments, construite dans le talus n’est pas ouverte mais en s’y approchant, on y sent bien la fraîcheur. La cabane comportait un deuxième niveau qui n’a pas été restitué. Un placard avait même été ménagé dans l’épaisseur du mur. Comble du luxe pour un abri temporaire, une cheminée permettait de cuire les aliments et se chauffer.
1900 carte comité patrimoine manosquin situation-cabane-espels-1950Sur la carte IGN de 1950, la cabane y figure encore, bordée de multiples petits points représentant sans doute des plantations. Aujourd’hui, elle est précédée d’un jardinet avec un olivier. Elle est originale de par sa forme, ses pierres massives et non plates comme à Mane, et son liant à la chaux.
Comité du patrimoine manosquin.

Le bori pain de sucre des Espels, hash04

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Journée du patrimoine avec les Drailles de la Mémoire à Cassis


Journée bien remplie, animée par l’association Les drailles de la Mémoire à Cassis représentée par André Jayne, son président, Léo et Serge, chacun ayant des connaissances spécifiques qu’il partagera avec le groupe de 50  personnes. Journée tellement riche en informations que j’ai dû choisir celles dont j’allais vous parler.

Avec moins d’un quart d’heure de retard sur l’heure prévue, nous partons sur le chemin vicinal qui longe le château de Fontblanche, un des domaines viticoles1 qui produit l’appellation d’origine contrôlée ‘vin de Cassis’ existant depuis 1936 ; basée sur une douzaine de cépages, blanc, rouge ou rosé, elle a été mise en valeur cette année par un livre de recettes : 36 recettes de Provence cuisinées au vin de Cassis, Robert Monetti, Guy Broglia-Sautel, Ces Arts Augustes, 2016.

sea line Chemin de LonguelanceÇa commence fort avec des informations marquantes : nous apprenons que le pipe-line qui amène les boues rouges de Gardanne à la mer, passe sous la route ; la première fois que je l’ai vu à ciel ouvert le long de la voie de Valdonne (photo ci-contre à gauche), j’avais été surprise par ce long tuyau de couleur verte dont les riverains ne connaissent même pas la fonction…
emplacement du paléo-lacA droite, dans la plaine, sur 400 m de long et 300 m de large et sur une profondeur moyenne de 50 m, il y avait autrefois un lac, un paléo-lac exactement. Carole Romey, auteure de la thèse Histoire des paysages et de l’occupation humaine du massif des Calanques depuis 300 000 ans, université Aix-Marseille, 2013, pense même que la rivière souterraine du Bestouan a été un jour en connexion avec ce lac ; cette rivière de 4 km de long, que les plongeurs ont pu remonter sur 2 km 665 en 1991, se trouve justement 80 m en dessous de nous, à la limite de ce lac.

Il [le paléo-lac] a été formé par la dissolution du calcaire barrémien et/ou par l’effondrement d’une cavité karstique. […] L’enregistrement sédimentaire venant du paléo-lac […] retrace le paléo-environnement glaciaire du massif des Calanques au Pléistocène supérieur. […] En outre les prospections géophysiques mettent en avant une probable connexion entre le poljé de la plaine de Cassis et la rivière souterraine du Bestouan. Les analyses des sédiments du Bestouan étayent cette interprétation et montrent qu’il s’agit d’un milieu dont les conditions ont varié dans le temps […]. Cependant l’analyse des céramiques collectées sur les deux sites fouillés (Ferme Blanche et Fontblanche) confirme l’occupation de la plaine de Cassis par l’Homme depuis l’Âge du fer.

L'âne sur le chemin vicinalcaroubierUn vieil âne passe la tête à notre passage ; une poule faisane fait les cent pas dans un enclos ; quand Serge nous affirme que la caroube, graine du caroubier, était l’unité de poids utilisée jadis au Moyen-Orient, j’ai cru que c’était une blague. C’est vrai, les commerçants ont retenu le carat, dérivé de caroube, pour son poids et sa taille uniformes (0.20 g).

Domaine de FontblancheRéservoir de béton Grappe de raisinAndré a l’autorisation de traverser le domaine viticole1 de Fontblanche ; au loin, un groupe d’ouvriers travaillent dans les vignes ; les grains desséchés du raisin blanc ont souffert du manque d’eau tandis que les grains bleu foncé du raisin noir sont gros et appétissants (qui me dira de quel cépage il s’agit ? cinsault ?).

La femme du dernier seigneur de Jullans-Fontblanche Louis César de Garnier, a épousé  Françoise de Garnier en 1789 ; Françoise est fille naturelle de François-Xavier de Garnier, conseiller et secrétaire du roi, issu d’une famille établie à Cassis au début du XVIIIè ; elle hérite de ce domaine situé au Plan, sur la route de Roquefort (voir cadastre napoléonien, 1811, plan A section Le Plan – état de section images 24 à  28) ; l’arrière-fief de Jullans avait été partagé entre deux frères vers 1580 donnant naissance à Jullans-Saint-André et Jullans-Fontblanche, aujourd’hui sur la commune de Roquefort ; le nom de Fontblanche vient donc de là et d’une fontaine se trouvant dans son fief. Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, notice historique sur le fief de Jullans, son église romane et ses seigneurs, Dr BarthélémySociété de statistique de Marseille, impr. Nicollet (Aix-en-Provence), 1877

En 1918, Emile Bodin achète le château de Fontblanche ; une cuvée spéciale du domaine Bodin rend hommage à la chapelle Notre-Dame des Lumières, détruite à la Révolution puis reconstruite au siècle dernier par l’ancien propriétaire, Charles de Villepays [ndlr : qui avait épousé une descendante de Louis César de Garnier-Fontblanche]. Selon le guide Hachette des vins.

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