Comment découvrir le « bòri en pain de sucre » ainsi que l’ont surnommé ses découvreurs ? en tous cas, pas comme nous. Nous savions qu’il était en contre-bas de l’antenne du mont des Spels et que l’on pouvait voir de là le mont d’Or. Ce n’était pas suffisant. En basque espellete désigne le buis mais en Provence…
Nous sommes partis du parking du col de la mort d’Imbert ; les geocacheurs qui veulent profiter d’être au col, pourront faire un aller-retour pour trouver la cache de hash04, Les chemins de Bellevue. Malheureusement, les autres caches de la forêt de Pélicier ont été archivées.
Nous circulons dans une zone il est assez fréquent de découvrir des panneaux du genre
Si vous entendez la sirène ou un bruit équivalent à un réacteur d’avion, ou en cas de feu ou de fumée, n’allez pas sur les lieux de l’accident… vous iriez au devant du danger… Quittez la zone immédiatement.
Si vous ne savez pas pourquoi lisez les sentiers de Bellevue dans ce blog. Autant la première fois, cela m’a inquiétée, autant cette fois je suis passée négligemment devant. Les genêts sont si odorants qu’ils m’incommodent presque. Au début, ce ne sont que petites bosses successives puis c’est une montée continue jusqu’aux deux pylônes.
En cours de route, nous nous poserons beaucoup de questions sur une construction située en forêt dont nous n’avons pas trouvé la fonction : en forme de boite aux lettres, elle est suspendue et donc mobile ; son couvercle de métal se soulève, la partie métallique en bas, tel un parapluie, protège un trou permettant sans doute à un insecte d’y pénétrer. Qui me dira à quoi cela peut servir ? un piège à insectes ?
En haut du mont des Spels, mon compagnon de route identifie les sommets, les villages, même ceux les plus éloignés. Puis nous cherchons la cabane, sans succès, les informations sont trop approximatives.
Heureusement un smartphone qui peut se connecter à internet, se révèle efficace dans une telle situation. Assis sur un rocher dans le sous-bois, je tape quelques mots clés dans mon navigateur ‘Comité du patrimoine manosquin’ et ‘espels’ ; pendant ce temps, un papillon souci semble se régaler des sels minéraux de la sueur. Ma recherche m’amène sur le site panoramio qui livre les coordonnées géographiques que je devrais convertir avec la calculatrice de mon téléphone. Je positionne la cabane, observe la cartographie de mon GPS, propose un itinéraire en descente de plusieurs courbes de niveau dans le sous-bois puis une remontée à partir du quartier ‘Pain de Sucre’ ; nous sommes près de la ville – nous n’avions donc pas besoin de monter jusqu’au sommet ! – et nous trouvons un panneau qui nous rassure : c’est le bon chemin. Après le passage en sous-bois, au loin, la toiture de la cabane en pain de sucre apparaît sous les frondaisons ; qui se souvient qu’autrefois l’épicier débitait le pain de sucre de forme ogivale avec un petit marteau ? au Maroc par exemple.
Bel environnement. Un endroit rêvé pour un pique-nique ou un goûter avec des enfants. Et depuis peu une cache de hash04, Le Bòri « Pain de sucre » des Espels
Il est associé à une succession d’anciennes terrasses de culture soutenues par des murs à pierre sèche comportant des escaliers. La construction du cabanon remonterait à la fin du XIXe siècle. Le couvrement fait bien trois fois la hauteur de la base cylindrique ; la hauteur totale est de 9 m à l’extérieur. Les lieux, qui étaient en friche, ont été débroussaillés et nettoyés en mars 2002, à l’initiative du Comité du patrimoine manosquin. Le bâtiment a été restauré par l’association Alpes de Lumière, […]. Son couvrement, en forme de cône tronqué, a été coiffé d’un dôme de pierres de façon à rendre à la bâtisse la morphologie en « pain de sucre » qu’elle aurait eu à l’origine [note de l’association Patrimoine Manosquin : une photo avant restauration le prouve].
La technique employée pour le faîtage arrondi laisse songeur : les assises horizontales successives s’inclinent de plus en plus vers l’intérieur de l’édifice à la façon de l’extrados d’une voûte clavée, si bien que les joints de lit passent progressivement de l’horizontale à la verticale. Il n’y a donc aucune étanchéité. [note de l’association Patrimoine Manosquin : après remontage, un coulinage a été fait comme lors de la construction initiale].En contrebas de l’édifice, une étroite entrée d’une cave creusée dans le front rocheux : [je m’y cognerai la tête]. Elle devait servir à garder denrées et récoltes au frais. […]
Il faut bien comprendre que le terme « bòri » s’est vu transformé en désignatif de la cabane en pierre sèche dès 1866 par l’abbé Gay […] à la suite de l’attribution erronée du toponyme de deux lieux-dits « Les Boris » à Buoux (Vaucluse) à la présence de deux grandes cabanes en pierre sèche servant de bergeries.
Extrait du site pierreseche.com
Ce contresens a été repris de nombreuses fois ensuite chez les érudits du XXè siècle. C’est pourquoi je m’efforce d’utiliser le terme local (cabanon pointu, capitelle, cabote,…) ou générique (cabane de pierre sèche).
Après la visite des lieux, et les traditionnelles photos, nous improvisons une boucle qui vous fera remonter sur un bon tiers, le raidillon vers l’antenne, à l’heure la plus chaude. Dur, dur ! après le repas, nous partons pour quelques découvertes alternant marche à pied et trajet en voiture.
Le pont de Mane (roman et non romain, 40m de long, 8m de large) se trouvait sur l’ancienne route reliant Apt à Sisteron. Il se compose de trois arches dissymétriques dont les ouvertures vont aller en se rétrécissant : en effet les deux rives ne sont pas à la même hauteur. Un dos d’âne surmonte l’arche la plus élevée ; c’est par une voie pavée en pente régulière que vous traverserez la rivière.
C’est un pont roman à becs1, du xiie siècle ou du xiiie siècle, qui pourrait être daté de la même époque que le prieuré Notre-Dame de Salagon. De fait seule l’arche la plus grande est médiévale. Un document retrouvé par Marie-Madeleine Viré montre que les deux plus petites, côté est, et les becs ont été construits en 1626 pour remplacer le remblai initial qui faisait barrage, emporté par une crue de la Laye. Selon wikipedia
Lire aussi le pont de Mane sur le site bassesalpes.fr
Au changement de couleur des pierres de leur toiture, les deux cabanes suivantes ont été réparées, ce qui ne doit pas être facile quand il s’agit de construction en pierre sèche. Elles sont de dimensions particulièrement imposantes et situées dans un champ (sans doute privé).
La dernière cabane est une curiosité en soi : d’abord de par sa position en haut d’un talus difficile à escalader, ensuite parce qu’un de ses murs est un immense rocher plat qu’on dirait redressé pour les besoins de la construction. Quelques murets de pierre laissent penser qu’on y accéder autrefois depuis le chemin. Pour poser le linteau, les constructeurs ont entaillé la pierre côté mur interne.
Et pour compléter cette journée sportive et culturelle, rien de tel qu’un concert dans la petite église de Dauphin. L’association des amis de l’orgue de Dauphin y organise l’été des concerts d’exception tous les 15 jours. Cet après-midi là, c’était l’Orchestre de chambre OPUS des Alpes du Sud qui était venu jouer. J’ai été grandement impressionnée par leur professionnalisme et par leur manière personnelle de jouer le canon de Pachelbel.
Image de l’itinéraire ‘bori en pain de sucre’ Manosque, 7km300, 2h déplacement, 160m dénivelée. Il est également possible de partir du centre ville de Manosque.
1bec d’un pont : 1élément protecteur des piles d’un pont : l’avant-bec protège la pile contre les éléments amont qui peuvent la heurter (troncs, courant) ; l’arrière-bec joue le même rôle en aval (contre les mêmes éléments refluant). Selon wikipedia
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