Les collines d’Eguilles par Saint-Martin


Boucle courte dont une partie est commune avec la fiche Dans les collines d’Eguilles qui parcourt une partie du chemin de transhumance, la voie des troupeaux d’Arles.

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Avec le vent et la température ressentie

Départ au début du chemin de Saint-Martin. Depuis l’incendie de 2017, le chemin de transhumance sinue dans un environnement cataclysmique : les bois ont été coupés, d’autres ont été noircis par la fumée, on ne voit plus de trace de balisage mais on repère plus facilement les couples de bornes de transhumance, couchées ou encore debout, espacées de 300 m environ, véritable balisage pour les bergers qui rejoignaient les Alpes avec leur troupeau.

A la place, je vous propose une piste non balisée mais bien visible qui démarre 300 m plus loin sur la droite et monte jusqu’au grillage qui nous sépare du domaine de chasse de la Cordière et du ball trap Artemis ; de cet endroit (marqué début sur la carte) au puits dans le vallon des Bouilloudous (marqué fin sur la carte), c’est le même itinéraire.

Le sentier change à partir du puits du vallat des Bouillidous ; je vais monter jusqu’à la bastide de Saint-Martin, autrefois ferme d’importance, non balisé) que l’on contourne   Une pluie fine commence à tomber et Tatooine, le chien de ma fille qui m’accompagne, n’aime pas cela ; aussi, avant de sortir par le grand portail élégant, je monte m’abriter dans ce qui reste de la chapelle Saint-Martin. Mais Tatooine préfère être mouillé et profiter de la longe de plusieurs mètres !

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Vestiges de la branche nord de l’aqueduc romain d’Arles


Les stéphanois débarquent à l’heure sur le petit parking de l’aqueduc de Barbegal à Fontvieille. C’est Jean-Claude, président de l’association Forez-Jarez  qui animera la visite. J’arrive la première sur le petit parking près du double aqueduc qui mène à la meunerie industrielle romaine de Barbegal déjà visitée plusieurs fois. Ci-contre la carte des aqueducs établie par M. Borely, CNRS.

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Dans le vallon des Grands Arcs, certaines arches sont encore debout, à d’autres endroits on voit le canal et même l’enduit. Ultérieurement, l’aqueduc a été consolidé. On voit bien deux aqueducs côte à côte ; au sol la marque en creux d’un assemblage de gros blocs de pierres en queue d’aronde.

A l’approche de la Pèiro Traucado (pierre percée), côté droit la branche de l’aqueduc d’Arles se sépare de l’autre ; ils vont converger un peu plus loin. Le site de la meunerie industrielle de Barbegal, alimentée en eau au 2e siècle, est difficilement identifiable sans la maquette sous les yeux. Elle se situait dans une enceinte dont il reste un bout de mur dans la partie inférieure. Un escalier monumental au milieu et de chaque côté une série de 8 biefs l’un au-dessus de l’autre. Les chambres de mouture abritaient les mécanismes. Selon les niveaux, la meule se trouvait à l’étage supérieur ou inférieur de la chambre, la transmission se faisant de bas en haut ou de haut en bas. Ce dispositif permettait de placer un maximum de chambres dans la pente. Les eaux étaient évacuées par un émissaire voûté long de 20,10 m dans un fossé de 5 m de long à l’extérieur de l’enceinte.

Les moulins, J. Lucas

Dans un travail venant de paraître (2018), cinq chercheurs Gül Sürmelihindi, Philippe Leveau, Christoph Spötl, Vincent Bernard et Cees W. Passchier) , The second century CE Roman watermills of Barbegal : Unraveling the enigma of one of the oldest industrial complexes, Science Advances, September 2018, 4, 8  p. suggèrent une production de biscuits de mer1. Disponible en français sur le site Persée. C’est en étudiant les dépôts de carbonate précipités à partir de l’eau qu’ils ont fait cette déduction :

Les dépôts de carbonate précipités à partir de l’eau pendant le fonctionnement des moulins, forment des moulages sur le bois. Ces moulages sont préservés et fournissent des informations uniques sur la fréquence d’utilisation et de maintenance des moulins, et même sur la structure des chambres de la roue hydraulique. Les séries chronologiques d’isotopes stables des gisements de carbonate révèlent que l’activité de l’usine était régulièrement interrompue pendant plusieurs mois. Cela suggère fortement que le complexe de la minoterie n’était pas utilisé pour fournir régulièrement de la farine à un grand centre de population, comme on le pensait auparavant, mais servait probablement à produire du biscuit de mer non périssable pour les ports à proximité.

Jean-Claude nous emmène 300 m plus loin, sur le lieu du bassin de convergence, soigneusement recouvert après les fouilles (photo ci-contre JCL). Avant la construction des moulins, il assurait la convergence des deux branches de l’aqueduc d’Arles.

Une prise d’eau située à quelques mètres du bassin dérivait vers une nouvelle conduite les eaux venues de la branche orientale désormais affectée aux moulins. […] Contrairement à ce qui avait été proposé à la suite des fouilles de F. Benoit, les moulins ne datent pas de la fin de l’Antiquité, mais sont contemporains de l’apogée de la cité d’Arles. Selon Philippe Leveau, texte publié en 2008 sur le site  du club de randonnées fontvieillois

Par un sentier sinueux et étroit nous rejoignons la route D33 que nous remontons sur quelques mètres : l’aqueduc est parfaitement visible et accessible depuis la route.

Après le pique-nique sous les oliviers, nous prenons la route D82 ; à la croix de Jousseaud, deux policiers s’apprêtent à faire la circulation pour une course cycliste qui doit passer par là. Nous poursuivons sur 600 m ; au deuxième pont, nous obliquons sur une piste qui bientôt en croise une autre grossièrement parallèle à la route. Jean-Claude nous a promis 5 ponts et un mur soit, d’aval en amont, dans le vallon des Raymond(s) (du nom de plusieurs familles propriétaires en 1820) : le pont Rou derrière la villa en bordure de route, puis celui du vallon Peissonniers2, du vallon Portau, le mur-porteur près du chemin de Cadenet, le pont du vallon Charmassonne, le pont du vallon des Sumians. Un seul de ces toponymes attribués au XIXe par A. Gautier s’est perpétué sur la carte IGN d’aujourd’hui.

Le premier, le pont-Rou3, par un simple aller-retour dont vous pouvez vous passer, car on ne voit qu’une masse informe érodée. Les quatre autres ponts aériens sont parfaitement visibles et donc ont gardé leur intérêt.

Le second pont dans le vallon des Peissonniers2, premier pont à l’ouest de la D33. Sa solidité ne nous inquiète pas : nous circulons dans le canal. Une seule arche qui devait laisser passer un écoulement d’eau.

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De Roques-Hautes au hameau du Trou au lever de soleil


Un grand classique, facile, au pied de la face sud de la montagne Sainte-Victoire : un aller par une belle piste tout en ondulations jusqu’au hameau du Trou à Saint-Antonin sur Bayon ; un retour sur des sentiers plus intimistes. Mais l’originalité de ce jour, c’est que nous sommes partis au lever du soleil avec Gilles comme animateur et un groupe qui a accepté de se lever tôt pour ce moment de partage. Le rendez-vous est donné à 6h30, dans la grande prairie de Roques-Hautes où il fait encore sombre. Petit à petit, les membres du groupe arrivent à la lampe de poche.

C’est dans ce parc qu’a été découvert en 1952 un filon important d’œufs de dinosaures.
L’armée y effectuait des entraînements au tir du 30 juin au 30 septembre ; des signaux sonores une demie heure avant et une flamme rouge en haut d’un mât, annonçaient des tirs imminents.

Il fait encore sombre quand nous arrivons au hameau du Trou, commune de Saint-Antonin-sur-Bayon. Avant la visite du hameau, chacun prépare pour le partage ce qu’il a amené. Il y a de tout : thé, café, gâteaux maison, etc. De mon côté, j’ai réservé la veille, par l’application mobile TooGoodToGo, un lot d’invendus du jour à la boulangerie à côté de chez moi.

Pour 4€, je récupère 10€ de marchandises environ ; pas toujours le choix mais ce jour là, mon sac contenait une grande brioche, plusieurs viennoiseries et même du pain. Par solidarité, on peut même offrir son lot à une association pour des personnes dans le besoin. Les restaurants partenaires peuvent proposer un repas, les épiciers des fruits et légumes défraîchis mais parfaitement comestibles. Et pour agir pour le bien de la planète, on amène son sac. Dans tous les cas, un peu de surprise qu’il faut accepter puisque par avance on ne peut savoir ce qui restera à vendre.

Après être passés devant le refuge Cézanne, nous nous installons près de l’aire de battage (bien grande, ayant appartenu en indivision aux habitants),  nous avons tous compris que nous étions dans un ancien hameau agricole, si petit qu’en 1824, la Statistique des Bouches-du-Rhône ne le cite pas encore sous son nom actuel. Quelques ruines de maison, un puits, un four, d’anciennes banquettes de cultures, confirment la vocation du lieu. D’après l’étude Saint-Antonin sur Bayon : Une petite commune du pays d’Aix et son histoire, J. GanneJ. Ganne, 1999, c’est probablement la famille David qui a construit ce hameau à la fin du XVIIe car en 1704 il n’y a que deux maisons. Ces forains1 – au sens étymologique du terme – s’y sont installés à la demande du seigneur Louis de Garnier qui voulait mettre en valeur ses terres. Après 1851, plus personne ne vit au Trou.

Mais surtout, c’est le piton rocheux surmonté d’un calvaire, le rocher en équilibre et la chapelle qui intriguent. Sur aucune carte ancienne, n’y figure le symbole d’un lieu religieux. Elle n’a jamais été consacrée officiellement même si parfois on trouve la mention Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Selon moi, la plus grande maison a été transformée en chapelle après l’abandon du hameau. Quel ermite vivait ici à la fin du XIXe ? Est-ce que ce sont les jeunes de la communauté pénitentiaire de Beaurecueil qui ont installé la croix en haut du rocher ? Mystère…
Un passage couvert et carrelé a été aménagé vers une grotte entre deux rochers à l’est. C’est peut-être cette cavité, ce trou, qui a donné son nom au quartier.

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