*** Les bergeries du Contadour


Les propriétaires des terrains situés autour du GR Tour de la montagne de Lure vous informent qu’à dater du 1/1/2020, le sentier n’est plus accessible au public jusqu’à la crête ; les bergeries du Contadour situées sur leur propriété ne peuvent plus se visiter. Les articles du blog restent en ligne pour vous informer uniquement sur le patrimoine.

img_0962.jpgA force de voir la même bergerie et ses arcs majestueux en pierre sur les dépliants publicitaires des Alpes de Haute Provence, j’ai eu envie de la voir en vrai. L’enquête sur internet n’a pas été facile. Je trouve d’abord son nom la bergerie des Fraches1 puis un descriptif de l’itinéraire que je tente de reporter sur mon logiciel de cartographie. Je ne retiens qu’une chose : pas de balisage, de grands risques de se perdre et ne pas trouver mais il semble que les choses aient changé depuis. Photos de Ti’Mars… et nicoulina

Grandes photos du site Mardis du Chalet

Le geocacheur gandalf13 y a placé un circuit Giono de 5 caches (réservées au premium member qui ont payé leur cotisation à Groundspeak, 30$ l’année), toute adoptées ou replacées par YvesProvence ; une excellente manière de découvrir cette région.

Nous sommes seuls sur le parking du gite de la Tinette (sept. 2011 : interdiction de stationner sur ce parking ; après renseignement auprès des propriétaires, stationnement accepté juste après le hangar au début du sentier mais une ou deux places seulement) dans le hameau de Contadour, commune de Redortiers. Un vent frais léger et une température de début de printemps nous accompagnent. Le sentier agricole longe des champs de lavande bien alignés. img_0970.jpgimg_0964.jpgLa balade débute par le GR bien balisé ; de nombreux arbres sont tombés en travers du chemin, sans doute écrasés par le poids de la neige ou abattus par le vent : à ma grande surprise, il y a encore des monticules de neige ça et là malgré le printemps qui est là depuis bientôt un mois.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

img_0966.jpgLa première bergerie de pierre sèche est à peine reconnaissable.

img_0975.jpgLe Jas des Terres du Roux, classé monument historique, a été restauré dans la img_0233.jpgplus pure tradition de la pierre sèche. L’abri de berger carré jouxte la bergerie : dans une petite niche à l’intérieur du mur, le berger pouvait stocker de la nourriture. Il y a même des traces d’enduit sur les murs et des trous qui devaient accueillir des poutres pour un plancher intermédiaire où l’on entreposait du fourrage. L’espace bergerie, long d’une quinzaine de mètres et compartimenté en 4 pièces, chacune couverte d’une coupole encorbellée repose sur des arcs en plein cintre un peu comme dans les églises ; IMG_0985.JPGla paille fraiche atteste qu’elle accueille toujours les moutons. La toiture de lauzes (larges dalles plates) est disposée de façon à rejeter les eaux de pluie et déborde largement en corniche : sous celle-ci, une gouttière recueillait les eaux de pluie et les conduisait dans la grande citerne à l’entrée.

Hommage à Jean Giono 1-1 Jas des Terres du Roux, par gandalf13

img_0972.jpgimg_0978.jpgimg_0979.jpgimg_0983.jpgIMG_0984.JPG

IMG_0991.JPGimg_0989.jpgLa suite du parcours est plus difficile à trouver ; plus de balisage et des chemins dans tous les sens. Non loin d’un carrefour, une bergerie tunnel tout en longueur (presque 20m !) avec une toiture en mauvais état nous semble cependant accueillante de l’intérieur. Il a fallu la construire avec un coffrage de bois que l’on déplaçait vers le fond au fur et à mesure de la construction. La citerne était alimentée par un impluvium, aujourd’hui raccordée au réseau d’eau. Un berger d’Oppédette Roland y revient pour abreuver son millier de moutons.

Nous sommes dans le lieu dit les Fraches mais ce n’est pas la bergerie que je recherche. img_0273.jpgUn peu plus loin, nous voyons des arcs qui dépassent du sol. Plus nous avançons, plus nous comprenons : la bergerie est enterrée et ses murs reposent contre des talus de terre. Des arcs-diaphragmes maçonnés sont disposés à intervalles réguliers et encastrés à leur base dans les parois latérales de la bergerie. « Ils supportaient une panne2 faîtière et des pannes de versant, constituant la charpente d’une toiture de tuiles canal […] à deux versants » (extrait de La bergerie des Fraches, site pierresèche.com). Les morceaux de tuiles jonchant l’intérieur de la bergerie me laissent supposer qu’elles se sont substituées aux lauzes originelles.

Si ces arcs [ndlr : jointés au mortier] sont encore debout malgré l’absence de charge, c’est sans doute parce que les forces exercées à leur base sont contrebalancées par la poussée des talus collatéraux. Comment construire un arc de décharge, blog pierre sèche

L’abri de berger est construit tout à côté mais n’a plus de toiture. La bergerie à arcs des Fraches est un très beau monument de pierre sèche, c’est celle que je recherchais : je l’ai découverte avec émotion, comme un cadeau qu’on a désiré bien longtemps.

Hommage à Jean Giono 1-2 bergerie en arc des Fraches, par gandalf13

img_1001.jpgimg_0998.jpgimg_0999.jpgimg_1006.jpg

cresus-film-2.jpgfilm-cresus-1.jpgAvant d’arriver sur le mont Sarran, nous passons à côté des la bergerie des agneaux, en bien mauvais état.

Hommage à jean Giono 1-3 le jas des agneaux, par gandalf13

La citerne a été rebouchée mais elle contient encore de l’eau. Des tôles ondulées et des tuiles canal au sol ont dû servir de toiture. Ce serait le lieu de tournage du film de Giono, Cresus, en 1960, dont le premier assistant était Costas Gavras. Mais quand on regarde le film, cela ne lui ressemble pas… Résumé du film

img_1023.jpgVous n’êtes pas ici dans une Provence de tutu panpan. Vous n’aurez pas de cyprès, pas de ciel vraiment bleu, pas de tambourinaires. Je vous donne l’aridité et le vent. Giono s’adressant à ses comédiens

Giono a fait neuf séjours sur le plateau de Contadour ; il y possédait une ferme dite le moulin de Giono ainsi que la ferme « Les Graves » qu’il avait achetée avec ses amis artistes. Il y a situé une partie de son oeuvre : Regain (le plateau parcouru par Gédémus et Artule), Deux cavaliers de l’Orage,… ; une séquence du film de Rappeneau (Le Hussard sur le toit) a été tournée sur la crête.
Balade littéraire du centre Jean Giono (à destination des élèves).
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*** Les menhirs Lambert en passant par le moulin du Collet


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Le décor de notre week-end : Collobrières1, la forêt des Maures et le gite de l’Aurier labellisé « accueil paysan », complètement perdu au coeur de la forêt, auquel on accède par la longue piste des Condamines qui se perd dans le fin fond du vallon de l’Aurier. D’immenses forêts de chataigniers, des arbres aux formes torturées qui nous montrent des visages à faire peur. Le silence, le noir total à la nuit tombée, de l’eau captée à la source, de l’électricité fabriquée, un confort simple mais un accueil chaleureux. Personne ne pouvant nous joindre par téléphone, forcément on oublie les soucis de la ville !

Collobrières par le Petit Pierrot, le maquis des Maures par le Petit Pierrot

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

IMG_0168r.jpgimg_0167.jpgNous avons laissé notre voiture près du pont vieux qui enjambe le Réal Collobrier. « Il permettait l’accès au vieux village ainsi qu’au château et servit à protéger la population des épidémies de peste en interdisant l’accès au village. On montait alors des barricades en bois ou en pierre pour barrer l’entrée et un garde surveillait le tout. » Extrait du Petit Pierrot. Une petite source coule toujours près du Pont Vieux ; autrefois, elle a été captée et aménagée avec un petit bassin et un lavoir. En 1993, le lavoir a été supprimé ; si vous regardez de près le bassin qui demeure, vous verrez qu’un des bords est complètement usé par par les aiguisages successifs de outils de paysans.

img_0170.jpgimg_0172.jpgComme toujours dans le Var, les sentiers sont bien balisés et les points de référence marqués avec les coordonnées géographique en latitude et longitude. L’ancienne église paroissiale Saint-Pons (XIIIème remaniée au XVIème siècle), sur la gauche, marque l’approche du début de la randonnée sur le GR90. Ah ! quelle dévotion à la fin du XIXème siècle ! En cas de sècheresse, on faisait une procession solennelle et on invoquait Saint-Pons. Si la sècheresse durait malgré les prières, on portait la statue dans le quartier près de la rivière et on le trempait trois fois dans l’eau pour lui exprimer le désir d’avoir de la pluie et le mécontement qu’on avait contre lui !
Superstitions et survivances étudiées au point de vue de leur origine et de leurs transformations, Béranger-Féraud, Laurent Jean-Baptiste, P., Ernest Leroux, Paris, 1896  

« A partir de 1860, l’église Saint-Pons est trop petite pour accueillir un nombre de paroissiens croissant mais elle est surtout en très mauvais état et difficile d’accès au sommet du village. En 1870, on décide de construire une nouvelle église à l’emplacement de la chapelle Saint-Jean et du cimetière. […]. La construction de cette église de style néogothique dure 20 ans. Ses 29 vitraux sont réalisés par le peintre verrier avignonais Gulbert ». Extrait du blog du Petit Pierrot sur Collobrières

img_0175.jpgIMG_0489.JPGDans une charte de 1288, Guilhem de Fos, co-seigneur de Collobrières depuis que son père avait cédé Hyères au comte de Provence en échange de Bormes, la Môle, Collobrières,… avait octroyé le droit d’aller moudre dans un autre moulin en cas de panne de celui du seigneur. L’accès aux ruines du moulin du Collet (XVIème) et à la cache posée par fafalemarin68 le moulin de Collobrières, est facile à repérer. Il n’en reste pas grand chose à part une portion de tour sans toiture et les marches d’escalier qui menaient à l’étage. C’était le seul moulin à vent de Collobrières à part celui de la chartreuse de la Verne.  Comme partout en Provence, il était composé d’une tour ronde à un étage, coiffée d’une chapelle en bois mobile afin que les antennes puissent prendre le vent et, par les engrenages, faire tourner les meules qui écrasaient le grain. Il remplaçait les moulins à eau pendant la sécheresse. Celui-là a fonctionné jusqu’au XIXème siècle.

img_0180.jpgIMG_0495.JPGAprès le moulin, le sentier se perd dans la forêt. des collines partout, de la verdure partout ! Certains chênes-lièges ont perdu leur écorce. Bien adapté pour eux, le sol de roches schisteuses et le climat chaud et sec. C’est un enfant du pays, Aumeran qui alla chercher en Espagne le secret de la transformation du liège en bouchon. En 1850, on comptait 17 bouchonneries. Son écorce épaisse le protège, sa capacité à produire des rejets à la souche facilite le reboisement. Les meilleurs bouchons se fabriquent dans l’écorce des chênes femelles que l’on ‘démascle’ dès qu’il atteint 10 à 15cm de diamètre. Une douzaine d’années plus tard, la nouvelle écorce pourra être récupérée. Malgré la modernité que je renie pas, je suis de celles qui préfèrent un bouchon de liège sur une bouteille de vin. Le liège revient doucement à la mode, mais cette fois comme isolant thermique ou élément de décoration.

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La boucle qui mène aux menhirs de la ferme Lambert, j’en rêve depuis longtemps. Cette période de l’histoire me fascine, sans trop savoir pourquoi : vous trouverez un tag Mégalithes dans le nuage de tags, si le sujet vous intéresse. Pour rejoindre les deux menhirs isolés dans une immense prairie, il faut passer par dessus le grillage grâce à un petit banc de bois.

Le propriétaire du terrain au début du XXème siècle a redressé lui-même le second à grands frais et grosses machines. Ces deux monolithes, taillés dans le gneiss micacé tout proche (on a retrouvé des excavations de la taille des menhirs), mesurent respectivement 3,15m et 2,82m de haut. On les attribue à une période comprise entre la fin du néolithique et la fin de l’âge de Bronze (environ 2500 à 2000 ans avant J.-C., Homo Sapiens). Pourquoi nos ancêtres les construisaient-ils ? Comme on n’y a pas trouvé d’objets ou d’ossements enfouis, on ne sait pas trop à quoi ils servaient : culte d’une divinité, démonstration de pouvoir d’un groupe d’individus sur un territoire, pierre destinée à reconnaitre un espace sacré ? 

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La calanque de l’Escu… et vue sur la sortie des égoûts de Marseille


img_0011.jpgimg_0014.jpgDépart du  col de Sormiou à 9h précises ; nous sommes tous emmitouflés avec gants, bonnet et écharpe et pourtant deux irréductibles forumeurs marseillais se distinguent : l’un en T-shirt, l’autre en short. Ce sont stoko et titidegun.
Nous commençons par longer l’extrémité ouest de la crête de Sormiou sur une arête étroite ; au loin, au bas du vallon du pignet, le baou Trouca, laisse filtrer un rayon de IMG_0013.jpgsoleil. Plus près de nous, un autre rocher troué n’a pas de nom : et si on le baptisait « la fenêtre du Pignet » ? Stoko, spécialiste des plantes des calanques, nous parle de plein de plantes mais je n’en ai retenu que deux ! faudra que je révise lors d’une prochaine randonnée.

  • Quercus coccifera : « au début du XIXème siècle, vingt tonnes de cochenilles du chêne kermès étaient ramassées chaque année dans tout le département pour fabriquer le «rouge» des teinturiers (couleur vermillon). Les tans – écorces pulvérisées – les plus recherchés par les tanneries proviennent essentiellement du kermès et du chêne yeuse. L’écorce de pin était aussi utilisée dans ce but par les pêcheurs sur les filets ». Extrait du site du GIP des calanques.
  • Le genévrier cade, lui, servait à fournir l’huile de cade utilisée en dermatologie humaine et animale (pour plus de précision voir la note sur l’arche d’alliance dans le Var). « Le bois de cade brûlé passait aussi pour être un excellent désinfectant, il a pu ainsi être utilisé, sans effet néanmoins, lors de la grande peste de 1720 à Marseille, où de grands feux avaient été ainsi allumés en ville pour l’enfumer, sur les conseils désastreux d’un médecin ». (Stoko)

IMG_0026.jpgDans la descente, l’odeur d’égoût monte aux narines. Au loin la calanque de Cortiou vomit un flot de couleur brune qui détonne au milieu de l’eau si bleue. C’est la sortie des eaux usées du grand émissaire de Marseille. Un sentier de pêcheurs à peine visible y mène : c’est sûr, les pêcheurs ramenaient du poisson de cette calanque. Avait-il le même goût qu’un poisson pêché au large ?…

L’état sanitaire de Marseille était déplorable au début du XIXème siècle. Après deux épidémies de choléra en 1834 puis 1884 ; 1899, mise en service du grand émissaire de Marseille pour les eaux usées et eaux pluviales ; le Vieux Port cesse d’être le dépotoir de toutes les eaux usées. De 1973 à 1976, ce sont les travaux du second émissaire.

Cortiou la promenade la plus TRASH

Le projet qui veut expédier nos égoûts loin de Marseille, La Provence, 21 janvier 2008
La plus grande station d’épuration souterraine au monde fonctionne à Marseille, MSN Actualités, la chaîne Verte, 21 février 2008
La station d’épuration Géolide (180 millions d’euros) peut traiter beaucoup plus efficacement les eaux usées de 1,6 million d’habitants.

img_0037.jpgimg_0049.jpgLa descente n’est pas facile ; raide, elle s’apparente parfois à de l’escalade. Plus nous avançons, plus le paysage devient sauvage. Le large et sauvage cirque des Walkyries nous domine. Stoko nous signale qu’y vit le molosse de Cestoni de 50cm d’envergure (dis Stoko, tu n’exagerais pas un peu ? 40cm serait déjà bien grand).

molosse_cestoni_museum_bourges.jpgLe molosse de Cestoni (Tadarida, Teniotis), la plus grande chauve-souris d’Europe, espèce protégée, est présente dans le cirque des Walkyries (pas étonnant, ici, elle a peu de chances d’être dérangée…). Depuis 1980, 9 sites d’observation ont été repérés dans les Bouches-du-Rhône (source : Faune de Provence, Conservatoire d’Etudes des Ecosystèmes de Provence, 1997). J’ai mis côte à côte deux doubles décimètres pour imaginer ce que ça ferait si elle m’arrivait de face : je crois que je ne serais pas rassurée du tout… Le molosse de Cestoni, fiche du parc national du Mercantour

img_0051.jpgLe long du sentier, le premier de cordée repère un nid de chenilles processionnaires ; le téléphone arabe fonctionne bien et se transmet jusqu’au dernier ; tout le monde pourra faire une photo. Elles causent de très importants dégâts en broutant les aiguilles sur les arbres, qui s’en trouvent fortement affaiblis. N’y touchez pas : ces chenilles sont urticantes.

IMG_0102.jpgimg_0034.jpgAprès le col de Cortiou, nous délaissons le pas inférieur de la Melette pour se rapprocher de l’anse de la Melette et son ilot ; au loin d’île de Riou aux formes découpées si caractéristiques, était autrefois reliée au rivage. Elle l’est toujours mais la mer a envahi le plateau des chèvres depuis des milliers d’années. C’est au large de cette île qu’a été retrouvé l’avion de Saint-Exupéry (vous trouverez un lien vers cette découverte dans la note sur la calanque de Marseilleveyre).

Quelques photos du coin sur Marseille forum
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