Le Paourié, Oraison


J‘ai cherché sur internet le descriptif d’une randonnée autour d’Oraison et n’en ai trouvé qu’une ; l’office du tourisme m’a remis un dépliant en contenant 4 mais dont le balisage n’a pas toujours été rafraîchi ; je vous propose le Paourié.

Oraison ressemble à une petite ville qui conserve quelques éléments de petit patrimoine : des plaques de rue uniquement au nom des morts pour la France pendant la première et la seconde guerres mondiales, des ancres1 sur les maisons sans fondation, neuf fontaines dont une déplacée et retaillée pour le plaisir d’un notable voulant passer avec son carrosse, 3 lavoirs, des décrottoirs, des pierres chasse-roues2, 5 oratoires, 2 niches d’angle, un kiosque à musique et le café du commerce au décor à gypserie du début du XXè. La visite guidée organisée par l’office du tourisme vous permet de découvrir tout cela et même plus.

Patrimoine d’Oraison

Le Café du Commerce est un des plus vieux cafés, il est unique de par son style 1900. Auparavant, on le nommait le Cercle de l’Union ou Chambrée de l’Union. C’était, à ce moment là, une sorte de club où seule la gente masculine y était admise. Ces Messieurs avaient les mêmes convictions politiques et religieuses. […] Le soir du 23 novembre 1870, des querelles eurent lieu entre le Cercle de L’Union et le Cercle de La Renaissance. […] les deux cercles furent dissous.

oratoireAttention aux animaux domestiques !Les parkings du centre ville sont déjà pleins. Je suis d’abord la rue Flourens Aillaud, passe devant l’oratoire Saint-Sébastien près du pont, puis longe la route sans grand intérêt mais peu fréquentée, avant de prendre le chemin de Thuve.

Charrette et puitsIl va s’élever progressivement vers la chapelle Saint-Pancrace. Sur la droite une belle ruine avec son puits et sa vieille charrette de foin. Le quartier porte le nom de Font du Loup – encore une Font du Loup ! – et moulière3.

Porte d'entrée chapelle Saint-PancraceLe clochetonLa Chapelle de Saint-Pancrace du XIIè siècle, fermée sans doute à cause des risques de dégradations et des vols, possède une frise intérieure du XIVè siècle. Je n’ai donc pu la visiter que de l’extérieur. Au dessus de la chapelle, est posé un clocheton, à l’arrière, une petite fontaine. De 1656 à la seconde moitié du XIXè siècle, un ermite habillé et chaussé par les habitants était installé dans l’ermitage qui jouxte et communique avec la chapelle. Des décors peints ont été restaurés grâce à la Fondation du Patrimoine et de généreux donateurs.

La chapelle Saint-Pancrace, labelette04

OliveraieLe sentier quitte la route et grimpe fortAprès avoir contourné la chapelle par la route, bientôt je la quitte pour un chemin pierreux. Une oliveraie, un barbecue maçonné à côté d’un cabanon de luxe puis une longue montée vers les pylônes ; non loin de là, l’aire d’envol des parapentistes domine la vallée de la Durance et le damier vert des champs.

La plaine depuis l'aire d'envol

GdP04-28 : l’envol, Biboux

Vue sur les Monges enneigéesRuine d'une maison en galets roulésDepuis l’olivette, la dentelle des montagnes enneigées rappelle que les Alpes du sud ne sont pas loin ; la piste est large jusque sous la ligne à haute tension ; ne pas descendre sous celle-ci, même si c’est plus court, mais tourner vers la droite au lieu-dit Paourié. Le vallon de la Rhode, nommé ainsi sur la carte Google Map, humide et caillouteux, descend ainsi jusqu’au village, ponctué parfois de quelques bruits d’animaux surpris par mon pas. Le sentier en forêtVue sur le village d'Oraison vers la fin du parcoursParfois je croise une autre piste étroite qui ne figure pas sur la carte. Pas de balisage mais tant que l’on descend, il y a peu de risque de se tromper ! Ne manquez pas le point de vue sur le village et son château – contrairement à ce qui est souvent écrit, à la révolution française ce château a peu souffert du vandalisme -, malgré le fil électrique disgracieux qui coupe la photo.

la crèche près de la fontaineLa crècheAprès la traversée du cours d’eau à sec, la rue Paul Blanc mène à la rue Elie Louis Julien d’où je retrouve la crèche provençale et ses santons derrière la vitre et la fontaine « déplacée » dont je vous ai parlé.

Une randonnée balisée jaune mais pas encore visible dont la principale difficulté est la montée jusqu’aux antennes.

PAOURIE_trace_trk_pano

Image de l’itinéraire 8.3km, 199m dénivelée (+270 -270), 2h30 déplacement (3h au total)

 


1ancre : Pièce de fer en forme de croix, de fleuron, de lettre (S, X, Y…) fixée sur ou dans un mur à l’une des extrémités d’un tirant, d’une armature de chaînage.
2Pierre chasse-roue : les charrettes, la plupart du temps tirées par les chevaux, circulaient dans le village mais les rues ou les entrées de garages étaient très étroites. Alors, on mettait des pierres dans les angles afin que le milieu de la roue glisse sur la pierre et permette à la charrette de tourner d’un coup. Mais ces pierres permettaient également de ne pas abîmer les angles des maisons.
3moulière : terrain très humide, laissé le plus souvent en prairie naturelle.

Tête du marquis et vallon des Sepas


Contrairement à la plupart des randonneurs qui stationnent à Vauvenargues, ce n’est pas du côté de Sainte-Victoire que je pars mais côté opposé du côté de la Tête du Marquis : parcours moins connu mais qui offrira, je l’espère, de beaux points de vue sur la montagne mythique des Provençaux.

Le GR9Le château de VauvenarguesLe GR 9 grimpe à l’assaut du plateau et n’a rien de facile : passages rocheux, pas nécessitant un peu d’attention ; le château de Vauvenargues joue à cache cache entre les bosquets. Le tracé du GR ayant un peu changé à proximité du plateau, guettez bien les traces rouges et blanches.

Mur de pierre sècheAncienne charbonnièresortie du GR9 sur le plateau

Progressivement le couvert forestier se raréfie, les rochers parsèment le sol : nous arrivons sur le plateau après avoir croisé des vestiges d’activités d’autrefois : un mur de pierre, une ancienne charbonnière, des ruines de cabane.

Crête sous les nuagesAu carrefour de quatre pistes, celle qui mène à Saint-Marc, large et facile, traverse le plateau désert ; passant sous le mamelon de la Tête du Marquis, elle offre une vue moutonnée sur la Sainte-Victoire : crête et nuages se confondent ; Monolithe de pierre ?de curieux monolithes de pierre sont plantés dans les champs : délimitaient-ils autrefois des champs ? Le lac de Bimontles 4×4 des chasseurs stationnent près d’une fenêtre ouverte sur le lac de Bimont. Serai-je obligée de changer mon itinéraire pour éviter de me trouver dans un vallon dans lequel les chasseurs rabattent le sanglier ?

Les chasseursJe délaisse la longue piste du plateau pour prendre celle qui mène aux ruines du jas de la Keyrié, ruines que je ne trouverai pas. Une battue étant annoncée, je quitte la direction du Terme1 de Judas ; j’emprunte le vallon des Sepas, d’abord accueillant et clairement visible. Progressivement, il se rétrécit, dévoile quelques champignons : celui de la première photo ressemble à une amanite rougissante, conique avec des  squames blanches sur le chapeau. Bientôt le sentier titube sous Champignon conique à pelures blanchesun couvert végétal plus sombre, plus sauvage et plus inquiétant ; Champignonsles sangliers ont fouillé la terre à plusieurs endroits. Alors que je croyais les éviter, je commence à craindre de les rencontrer, dévalant le vallon à toute vitesse alors que je le monte à vitesse d’escargot.

J’accélère le pas, pressée d’en sortir : finalement, Sortie du vallon des Sepasje me trouve coincée dans les broussailles d’une forêt touffue où le bois mort craque sous mes pas et où les branches basses m’agressent ; plus de sentier ; j’avance et recule, change de direction plusieurs fois ; quelques mètres seulement me séparent d’une vraie piste ;  stress ; c’est mon GPS qui me sauvera grâce à l’itinéraire préparé avant de partir. Face à la trouée de la sortie providentielle du vallon, je m’assois pour reprendre mon souffle.

Sainte-Victoire et la Croix de ProvenceIl y a encore un sommet à passer à 625 m d’altitude ; sur l’autre versant, le sentier rejoint le carrefour de pistes : Saint-Marc – Venelles – Terme de Judas d’un côté / GR9 Jura Côte d’Azur – le petit Sambuc – Jouques de l’autre. Je redescends par le GR9 : quel contraste avec les pistes plates et linéaires du plateau de la Keyrié !

Une randonnée inédite au dénivelé cumulé assez important donc de difficulté moyenne ; mieux vaut ne pas la faire seul en hiver à moins d’aimer l’aventure !

teteMarquis_itineraireImage de l’itinéraire 14km100, 241m dénivelée (+ 827, -827), 4h45 déplacement (4h au total)

1Terme : borne limite de territoire ; ici, il s’agit du point limite des communes de Peyrolles, Vauvenargues et Venelles.
Le dieu romain Terme, de la famille des Faunes et des Sylvains, était le protecteur des bornes que l’on met dans les champs, et le vengeur des usurpations. Le dieu Terme fut d’abord représenté sous la figure d’une grosse pierre quadrangulaire ou d’une souche ; plus tard on lui donna une tête humaine placée sur une borne pyramidale ; mais il était toujours sans bras et sans pieds, afin, dit-on, qu’il ne pût changer de place. Extrait du dicoperso