Oratoires et croix entre Esparron de Pallières et Artigues


Grand froid ce matin ! nous ne sommes que 4 au départ de la randonnée près de la chapelle Notre Dame du Revest aux reflets dorés par le soleil d’hiver, située dans un joli cadre de verdure parmi des chênes  centenaires.

La chapelle Notre-Dame du Revest, publiée par YvesProvence le lendemain de la rando

La chapelle Notre Dame du RevestLe clocheton de la chapelleL'autelLe Revest est occupé depuis la préhistoire ; puis par une villa gallo-romaine, un monastère cassianite (VIè) dévasté au VIIIè ; dès lors, les colons s’établissent en hauteur autour du castrum. Le monastère est reconstruit au XIè puis la chapelle au XIIè ; quelques habitants s’installent au Revest puis l’abandonnent définitivement suite aux guerres et maladies. Le seigneur d’Esparron rachète le domaine ; il appartient aujourd’hui à la paroisse. Le cimetière est construit à l’emplacement du monastère.

La porte de la chapellePierre Chaix : Il y avait dans cette chapelle une statue de la vierge Marie allaitant l’enfant Jésus datant du bas moyen Age. Une paroisse voisine […] jalousait cette statue réputée miraculeuse. Une nuit des voleurs entrent par ruse dans la chapelle et s’emparent de la statue. Lorsqu’ils s’en vont la cloche se met à sonner à toute volée, tout le monde accourt, les voleurs sont arrêtés et la statue est ramenée triomphalement dans la chapelle. Hélas, cette statue n’est plus parmi nous aujourd’hui puisqu’elle a été volée tout comme la porte de la chapelle il y a quelques années. L’histoire de la chapelle, bulletin municipal 2010

Brasserie l'EsperluetteLa montée au village d’Esparron de Pallières (son nom officiel est pourtant Esparron…) est un peu rude en début de randonnée ; en passant devant la brasserie artisanale l’Esperluette1, Yves évoque la bière à la figue qu’il a goûtée récemment (5°) et nous met l’eau à la bouche : on y passera donc en fin de randonnée. Bien que non certifiée bio, cette brasserie utilise de l’orge issu de l’agriculture biologique. L’Esperluette se visite sur rendez-vous et vous réserve un accueil chaleureux. Contact : Robert Christoph 04.94.04.10.70.— 06.80.94.27.21.

Oratoire Saint-HonnoratPassage voûtéDeux oratoires avant l’arrivée au village : l’oratoire Saint-Honnorat et l’oratoire Notre Dame des sept Douleurs. A l’église du village, nous découvrons le panneau d’information qui présente les 6 oratoires (depuis 2012, il y en a 9) dont le plus vieux remonterait à 1690. Je prends connaissance d’un nom figurant sur le panneau : Charles d’Arcussia de Capré, né en 1554 au château d’Esparron, seigneur d’Esparron, de Pallières et du Revest.

Lorsque Henry IV devient roi de France en 1596, Arcussia est nommé premier consul d’Aix et procureur du pays ainsi que député aux Etats de Provence. Parallèlement à sa vie politique, Arcussia est un chasseur qui aime consacrer du temps à étudier la nature et ses animaux sauvages ; Il […] publie en 1598, la fauconnerie […]. Extrait du site de l’école nationale vétérinaire d’Alfort

Charles d-arcussiaEn 2014 a été fêté le 15è anniversaire de la « Confrérie du Fauconnier Charles d’Arcussia ». A l’intérieur de l’église Notre Dame de l’Assomption, le tableau de La Vierge du Rosaire de François Valisset (1628), a été commandé par Charles d’Arcussia ; il y est portraituré avec son épouse Marguerite de Forbin. (le lien mène sur la page où se trouve la photo du tableau, presque tout en bas). Selon Patrick Varrot, historien de l’art et chercheur sur le patrimoine pictural des XVIè et XVIIè siècles

Anecdote : alors que je viens d’entamer mes recherches sur ce fameux Charles d’Arcussia, je reçois un message d’un forum de généalogie :

Je viens vous signaler le superbe et long travail d’investigation de Christine, qui est remontée peu à peu (et sur actes) jusqu’à un surprenant et inattendu ancêtre : Louis d’ARCUSSIA.

blason arcussia (avec l'autorisation de Christine)Coïncidence le même nom que Charles ! je fonce sur le site de Christine Louis d’Arcussia d’Esparron Chevalier de Malte 1630 et dévore l’histoire de son enquête personnelle qui l’a menée avec rigueur et patience jusqu’à son ancêtre Louis qui n’est autre que le petit-fils de Charles d’Arcussia. Son site est clair, esthétique, documenté ; les généalogistes et amateurs d’histoire locale auront sûrement plaisir à le découvrir.

Photo du blason des d’Arcussia avec l’aimable autorisation de Christine M.A.

Oratoire Saint-EloiEn bordure d’une route peu fréquentée, situé en bordure des champs, le premier oratoire est dédié à Saint-Éloi ; il est destiné à protéger les récoltes, le bétail et les paysans. Ce jour là étaient bénis les animaux domestiques (chevaux, ânes, mulets, etc.)

Effigie de Saint-JosephL’oratoire St Joseph sur la route au-dessus de la grand-rue qui mène au Prignon est construit en 1660 (ou 1690 ?) en même temps que la chapelle Saint Joseph de l’église, il témoigne de l’impact de l’apparition de Saint Joseph à Cotignac la même année. Lire De Notre Dame de Grâces au monastère de Cotignac

Croix de mission 1923Après la croix de mission datée de 1923, nous entrons dans les bois par le GR99A sur une piste forestière agréable qui mène aux Clos où se trouve une propriété habitée bien isolée du monde. Changement de piste pour une piste de terre et ses flaques d’eau encore gelées malgré l’heure solaire qui est pratiquement la plus chaude de la journée (autour de 0° !). Au hameau de Pillaud, Yves me fait remarquer qu’il y en a deux Pillaud sur la carte IGN : il s’agit cairn ou borne limite déplacée ?Flaque d'eau encore gelée à midide Pillaud le Haut et le Bas Pillaud, toponymes du cadastre napoléonien non reportés sur la carte actuelle par l’IGN. Sur le poteau du portail on peut lire « propriété prière de ralentir » ; en effet, on dirait que l’on passe dans le jardin de Li-sian-bèn, peut-être un sentier avec  servitude de passage.

On monte en ligne droite, raide et caillouteuse sur la crête de la montagne ; encore une curieuse particularité : la même montagne s’appelle ‘montagne d’Artigues’ côté Ouest, mais l’Eouvière’2 (634m d’altitude) côté Est ! Le sentier est maintenant accidenté, couvert de mousse et de pierres saillantes, sinuant parfois près du vide. Nous nous arrêtons à la cache vite logguée puis continuons notre marche vers l’oratoire.

Vue sur Esparron de Le Bigleux

L'oratoire Saint-Jean détérioréTrace laissée à l'oratoire Saint-JeanSur les derniers mètres, l’accès à l’oratoire Saint-Jean d’Esparron n’est pas facile à trouver : il nous faut repérer les cairns ; nous suivons Majo qui fait ça très bien. L’oratoire de Saint Jean surplombe la chapelle Notre Dame du Revest : en choisissant bien l’emplacement de la photo, on peut capter en miniature la chapelle en contre-bas et l’oratoire saint-Jean en hauteur. Depuis les origines les Esparronais vouent un culte particulier à Saint Jean et lui ont construit en 1690 ce petit édifice. La chapelle en bas à gauche, l'oratoire Saint-Jean en haut à droiteIl servait à protéger l’ensemble du territoire depuis le sommet de la colline de l’Ouvière. Quelques pierres gravées gardent le témoignage du passage de nombreux pélerins. L’oratoire situé dans le chemin face à la chapelle Notre Dame du Revest, dédié à Saint Jean, fut créé en 1770 pour remplacer celui de la colline de L’Ouvière, partiellement détruit.

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Rando découverte de Fox-Amphoux


Comment prononcer Fox-Amphoux1 sachant que les finales sont souvent sonores en Provence ? j’opte pour la même prononciation que Fos-sur-mer et Amphous conforme à l’origine du nom composé de deux villages distincts au Moyen Age : Castrum de Fossis et Castrum de Anfossis. Un habitant du coin pourrait-il me confirmer que le ‘x’ final se prononce ‘s’ ? un internaute undebaumugnes a bien voulu répondre à cette question (voir son commentaire en bas de page pour la justification) : pour Fox prononcez foks et pour Amphoux prononcez Amphou.

Le campanile vu depuis la tourpetit Bessillon, Mont Aurélien, Sainte-VictoireNous retrouvons le groupe à 10h pétantes ; le mistral déjà se fait sentir. Nous commençons par la recherche d’une cache dont j’ai laissé le plaisir de la trouvaille aux autres randonneurs. Du haut de la tour de l’ancienne prison, nous avons une vue élargie S-S.O. sur le petit Bessillon au premier plan, le mont Aurélien et plus à l’ouest encore Sainte-Victoire, isolée et dépassant fièrement tout un ensemble de montagnes qui n’ont que 600 m d’altitude !

La tour de Fox, Pouille

Un petit bout du micocoulier multi centenaire de la placeSur la place de l’église, ne ratez pas le micocoulier, arbre remarquable vieux de plus de 4 siècles et affichant 5 m de circonférence ! Originaire des régions tropicales, il se plait en Provence. Pour tenir aussi longtemps, il s’est construit des contreforts comme pour les églises. Petit aperçu de ses branches.

Sentier caladéOratoireNous entrons dans une forêt humide qui sent bon la mousse. Dès que nous avons emprunté le sentier caladé et rencontré notre premier oratoire,  j’ai su qu’il menait à une chapelle ; mais pas n’importe laquelle ! une chapelle rupestre Notre dame de Bon Secours, aménagée dans une grotte. Paul Courbon, spécialiste de ce type d’habitat, écrit dans ses chroniques souterraines Notre Dame de Bon Secours :

Chapelle Notre Dame de Bon SecoursL'autel et les ex-votos de la chapelle troglodytiqueUn mur maçonné et crépi barre l’entrée de la grotte. […] Un oculus excentré domine la porte. Le tout est encadré par un bel appareillage voûté plein-cintre en pierres de taille. L’un des plus anciens ex-voto de la chapelle est celui de Paul-François Jean Nicolas vicomte de Barras (1755-1829), la gloire du village ; en revenant des Iles Maldives au sud-ouest de l’Inde, il essuie une tempête épouvantable dont il réchappe.

ex-voto Barras site histoire-genealogieQue ce soit dans sa biographie ou dans l’Histoire des naufrages – tomes I à III, Jean Louis Hubert Simon Deperthes, Ledoux et Tenné, 1781, on ne trouve pas trace de ce naufrage ni de ce navire. Pourtant, d’après la tradition, dès son retour en 1783, il se serait rendu pieds nus au sanctuaire de Notre-Dame pour y déposer un ex-voto qui le représente en face de son navire l’Actif. Si l’on met en doute l’exactitude de ce naufrage au peut douter aussi de sa dévotion mais l’ex-voto, lui, a bien existé et a été volé (il n’en reste qu’une carte postale). Mystère…
Toute l’histoire sur le site Histoire-généalogie : Barras, l’ex-voto disparu.

Chapelle Notre Dame de Bon Secours, papounet83

Des processions y étaient organisées le 3 février pour la saint Blaise, et pour la Sainte-Agathe deux jours plus tard. Le 3, les garçons portaient l’effigie de Saint-Blaise et au bal du soir invitaient les filles ; le 5, ce sont les filles qui portaient l’effigie et prenaient l’initiative d’inviter les garçons au bal du soir. Ces deux saints sont d’ailleurs représentés dans l’église paroissiale. Var, D. Legenne, A. Acovitsioti-Hameau, P. Blanchet, T. Marmottans, J. Nicod, F. Auriac, Christine Bonneton, 2008

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Grambois, Regarde-Moi-Venir


Trois raisons pour lesquelles j’ai eu envie de participer à cette randonnée proposée sur le site OnVaSortir : l’organisateur, YvesProvence, la convivialité du groupe de marcheurs et le titre de la rando qui m’interpelle « Regarde Moi Venir ». La placeNous avons rendez-vous sur la place de la bibliothèque-bar-boulangerie de Grambois à 10h : il est déjà plein ! Après le mot d’accueil et les consignes habituelles (il en est une que j’aime particulièrement : c’est qu’on s’arrête quand on veut, il suffit de le demander),  nous quittons le village.

Ruine en cheminPremier arrêt à l’oratoire Notre-Dame de Miséricorde de 1851 est situé sur la D33 au niveau de la fourche qui mène à droite vers Mirabeau et à gauche vers Beaumont-de-Pertuis : c’est déjà un chemin ; les discussions vont bon train ; nous traversons la D22 et reprenons un chemin d’exploitation près du Jas de Bertet. Après être pssés à côté d’une source sans nom, nous observons avec intérêt la boîte aux lettres et la sonnette rustiques d’un propriétaire. Boite aux lettres et sonnette rustiquesUn arbre, un arbusteDevant cet arbre, nous nous interrogeons : deux arbres ou un arbre envahi par un arbuste ? de tout côté, des vignes à perte de vue : à mon grand étonnement, le vignoble des Coteaux de Grambois situé au pied du massif du Luberon, réunit aujourd’hui 96 vignerons et couvre 586 ha de vignes.

Regarde moi VenirArrêt aux Chabuis le long des vignes pour la première pause puis arrivée à « Regarde-Moi-Venir » écrit en grandes lettres gothiques sur la façade de la maison. A mon avis, cette importante propriété agricole ne porte ce nom que depuis la Révolution Française (vente aux enchères ?) ; recensée sur la carte de Le poney de Regarde-Moi-VenirCassini vers 1775, elle portait le nom de ‘Clos du Mûrier‘. Le propriétaire, fort gentiment, nous accompagne sur le bon chemin et nous laisse près de son poney au superbe poil ébène brillant et bien brossé. Quand on lui demande l’origine de ce nom « Regarde-Moi-Venir », il évoque avec des doutes les ruines sur la colline au sud-est d’où l’on voit venir les gens. Ces ruines et cette maison se trouvent sur la même parcelle cadastrale portant le nom de « Regarde-Moi-Venir ».

ruines ancienne commanderie 1838Traversée dans la garrigue (photo Claude)Nous continuons maintenant dans un sous-bois humide puis, surprenant, dans une garrigue caillouteuse où embaume fortement le thym ; forcément, certaines en profitent pour faire la cueillette. Où est le sentier ? Ruines sainte-madeleine de RouyèreMur d'enceinteRuines de la porteà peine visible, il circule entre la végétation basse, grimpe et descend, tourne de droite et de gauche puis rejoint une piste bien plus claire. C’est le montant de grimper aux soi-disant ruines des Templiers ; au sommet de la colline, les broussailles ont envahi les ruines ; on manque de se prendre une branche dans l’oeil ; on distingue pourtant une citerne de pierre, quelques caves et peut-être même un petit aqueduc. Sur le côté sud, une salle voûtée en berceau brisé était éclairée par des jours à linteau en plein-cintre. D’après le plan cadastral napoléonien, la propriété a la forme d’un quadrilatère ceint de murs dont nous avons retrouvé quelques vestiges.

Grambois Cassini 1775Je regarde la carte de Cassini et m’aperçoit que la mention des Templiers n’y figure pas. A cet endroit est écrit « Royère » ; une simple recherche internet sur ‘Grambois’ et ‘Royère’ m’amène sur le site des travaux récents d’une chercheuse.  Avant de vous expliquer son point de vue, remarquez sur la carte la mention de Limaye reconnue par la plupart des historiens comme une commanderie des Templiers (Deux preuves : une cense annuelle confirmée en 1128 par Bertrand III, comte de Forcalquier ; une donation de Isnard Amic en 1219 à Pons de Limaye, commandeur) ; quelques uns pensent encore qu’il y a eu confusion entre Limaye et Limans dans les Alpes-de-Haute-Provence. Notre dame de la Cavalerie de Limaye (Bastide des Jourdans) est bien la chapelle des Templiers ; malheureusement, beaucoup de documents d’archives de cette commanderie ont disparu.

Avant que La Bastide des Jourdans  n’existe, en 1225, par la volonté du comte de Provence, Raymond-Bérenger V, Limaye faisait partie du territoire de Grambois […]. Avant cette date, les Templiers ont construit une véritable forteresse, le long d’une voie allant de La Tour d’Aigues à Manosque en passant par Sainte-Tulle, voie oubliée aujourd’hui.
Cette forteresse, […] est dite en 1720, lors d’une visite pastorale de l’archevêque d’Aix, Sainte-Madeleine [de la Rouyère], qui rappelle une léproserie, la lèpre ayant presque disparu à cette époque. Le lieu est dévolu aux Hospitaliers-St-Jean de Jérusalem […] vers 1308-1309. C’est eux qui évoquent à cette date de 1720 : le domaine de la Madeleine, anciennement des Templiers.
Etude réalisée par Christiane Boekholt. Mai 2013 sur les Templiers de Limaye

En conclusion : si la terre appartenait bien à la commanderie des templiers, elle a probablement été récupérée par les Hospitaliers de Saint-Jean qui ont construit cette maladrerie Sainte-Madeleine (la plupart de ces établissements sont voués à Sainte-Madeleine).
Une randonnée sur ce thème en Ardèche : la maladrerie des Templiers

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