De la forêt de Janas au cap Sicié en passant par Notre-Dame du Mai


Voici une longue randonnée que j’ai parcourue sans ennui, jalonnée de curiosités diverses, tantôt sur route, tantôt sur chemins, en forêt ou en terrain découvert. plandejanas2.jpgReboisée en 1971 avec des pins et des eucalyptus, la forêt de Janas se situe sur un domaine protégé à cheval sur Six-Fours et la Seyne, à quelques kilomètres de Toulon.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

img_6122r.JPGD’abord le chemin des oratoires emprunté autrefois par les pèlerins : 12 oratoires autrefois, plus que 8 aujourd’hui dont Sainte-Madeleine, Saint-Michel,… et bien d’autres saints qui mènent jusqu’à la chapelle du Mai (ou Notre-Dame de la Garde) ; ils sont fleuris ; pour lire le nom des saints, je suis obligée d’ôter délicatement les bouquets de fleurs qui les couvrent, signe qu’ils ne sont pas oubliés. Le premier, dédié à Marie-Madeleine, est un classique dans notre région. Celle qui habita dans la grotte à la Sainte-Baume, se retrouve souvent au détour des chemins. Le tronc blanc des eucalyptus leur donne un air malade ; après le sentier des crêtes de Roumagnan qui monte constamment (bravo les VTTistes !), j’arrive à la chapelle qui ne se visite que certains jours et surtout au mois de Mai.

img_6156r.JPGimg_6135r.JPGimg_6140r.JPGLa chapelle Notre-Dame du Mai est perchée tout en haut de la colline, près d’une gigantesque antenne. Un bien drôle de nom pour une chapelle ! De là, je peux voir la mer, le vieux sémaphore, les Embiez, le fort Peyras. On y trouve les vestiges d’une tour de garde, autrefois abri sommaire de pierres sèches avec mauvaise toiture en planches (1530).

Voir le site de Marius Autran

Les autorités de Six-Fours décidèrent d’édifier en juillet 1589 un ouvrage en maçonnerie.
« Le 20 juillet 1589, étant consuls de la Communauté, Hugues Denans, Cyprien Fabre et Peiron Vidal, avaient proposé au Conseil que les gardiens du Cap Sicié étaient souvent empêchés par les corsaires de faire de la fumée sur le dit cap, ce qui était un signal aux bâtiments de mer de ne point passer à cause qu’il y avait des corsaires. Sur quoi pour la sûreté des personnes des dits gardiens et pour qu’on pût continuer à faire des signaux, le dit conseil délibéra de faire bâtir la tour qui est sur le dit cap, ce qui fut exécuté et depuis lors, au lieu de faire de la fumée, le gardien lorsqu’il découvre quelque bâtiment de mer suspect d’être corsaire, élève le jour sur une bigue au plus haut de la dite tour un grand rameau de bois de pin et sur l’entrée de la nuit après avoir fait le feu d’assurance, il allume consécutivement l’un après l’autre autant de feux comme il a découvert de vaisseaux ou autres bâtiments de mer qu’il croit être corsaires. »

img_6147r.JPGLa tour ruinée a perdu quelques mètres de hauteur, mais des travaux de consolidation ont permis la sauvegarde des pierres originales et leur classement en monument historique, par décret du 30 juin 1939. Cette tour de garde […] sera le théâtre d’un événement extraordinaire.

img_6139r.JPGLe Chanoine Fougeiret, l’Abbé Florens comme MM. Baudoin, Fraysse et Jouglas sont cependant d’accord sur la version suivante : Au mois de mai de l’an 1625, une belle journée ensoleillée fut soudain troublée par l’accumulation de nuées épaisses suivie d’un orage d’une violence exceptionnelle. Le refuge s’enflamma immédiatement, mais les guetteurs s’en sortirent indemnes. La population fut rassemblée par le prieur pour l’informer que la Vierge Marie, seule capable de réaliser un tel miracle, devait être remerciée. Il fut alors décidé de se rendre sur les lieux mêmes et d’y planter une croix que les Pénitents Gris se proposèrent de porter sur leur dos, pieds nus par les chemins rocailleux.
Un pénitent fut désigné pour chercher l’eau dans les environs immédiats du futur chantier. Et là, se produisit un second miracle. Ce pénitent, après avoir cherché une source sur ce massif aride, découvrit à l’aplomb du promontoire, vers le Brusc, la fontaine appelée Roumagnan. La légende dit que c’est la Vierge Marie, apparue en songe, qui lui indiqua cette source. Mais le comble, c’est qu’en creusant pour aménager un bassin, le pénitent découvrit une terre blanche qui, oh ! surprise, s’avéra être de la chaux. Ainsi, le ciel avait voulu que se trouvassent là les matériaux nécessaires à l’édification du sanctuaire commémorant le miracle de mai 1625.

img_6145r.JPG1625 – Notre-Dame de Bonne-Garde. C’est donc un sanctuaire qui fut construit. Le chantier fut inauguré le 3 mai 1625 et achevé à l’automne. Mais en 1633, l’édifice allait être agrandi. À l’intérieur du sanctuaire, on plaça une statue de la Vierge et sur la porte d’entrée on pouvait lire « Posuerunt me custodem » (= ils m’ont placé gardienne). Les habitants du massif disent plus couramment La Bonne Mère.

Blog de Fouchepate

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Le moulin Bonnet à Boulbon


img_5752r.JPGDépart depuis un petit parking coincé entre le chateau – appartenant depuis Napoléon à la famille Bonaparte – et une muraille de vieilles roches en couches ratatinées. Le sentier grimpe de façon continue puis arrive en haut de la colline où le moulin montre fièrement ses ailes de bois restaurées. Il ne fonctionne pas en ce dimanche.img_6219r.JPGimg_6222r.JPG Le moulin Bonnet de Boulbon a été restauré en 2003. Sa charpente, ses ailes, son mécanisme ont été reconstruits d’après des plans d’origine par « les charpentiers du haut Var » (entreprise de M. Aujogues au Muys). Un bel ouvrage de notre patrimoine qui héberge occasionnellement des meuniers bénévoles amateurs1 et produit de la farine non commercialisée quand la météo est favorable, c’est à dire quand il y a beaucoup de mistral.

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Photos fournies par l’Association

Les conditions de circulation dans les Bouches-du-Rhône ou  en appelant le 0 811 20 13 13 la veille pour le lendemain.

Lorsque le moulin tourne, on doit absolument l’alimenter en grains qui servent de « lubrifiant » entre les deux meules. Par voie de conséquence, on obtient de la farine, fine si le vent est fort et plus grossière si le vent est moins fort car on ne peut serrer les meules sans blocage. Ce n’est pas notre souci car notre seul but est de le faire tourner ! me confie M. Betton, président de l’association des « Amis du Vieux Boulbon ».

Sa girouette porte les armoiries du village « de img_6234r.JPGgueules à un lion d’argent » que l’on retrouve aussi sur la clé de voûte de l’église Sainte-Anne. Le moulin de Boulbon est le seul moulin des Bouches-du-Rhône à pouvoir fonctionner. cassini_boulbon.jpegComme souvent quand il s’agit de petit patrimoine, c’est une association « les Amis du vieux Boulbon » qui le gère à la demande de la mairie qui en est propriétaire. La date admise de sa construction est 1776 ; pourtant, lors de la restauration, la meule tournante a été img_6224r.JPG déplacée et une date gravée a alors été visible : 1748. Sur la carte de Cassini de cette époque, je compte au moins 4 moulins (qui appartenaient aux moines de l’abbaye de Saint-Victor) dont le moulin brûlé ; peut-être la meule vient-elle de celui-ci ? l’évènement a dû une laisser une trace indélébile dans les esprits puisqu’un quartier de Boulbon porte encore le nom de « moulin brûlé » !
Nous descendons jusqu’à la table d’orientation, bien colorée, conçue par les enfants de l’école primaire des Saules ; nous dominons le village de Boulbon et comprenons mieux en quoi ce château est plutôt une forteresse. De l’autre côté, la vallée du Rhône et sa haute cheminée rayée blanche et rouge.img_6275.JPGAu retour, nous passons au pied du château littéralement incrusté dans le rocher. Avec quels moyens techniques les hommes ont-ils pu le construire au XIIe siècle ? Nous terminons par la visite du village moyenâgeux, en circulant à l’intérieur de la deuxième ligne de remparts « la muraille du fort » ; à chaque tournant qui nous cache l’espace au delà, on se demande si on ne tombera pas sur une impasse. Mais non, nous tombons bientôt sur la rue de l’andrône2 des remparts qui permet de rejoindre la première ligne de remparts en contre-bas.

Site de la commune

Le moulin Bonnet, du site Moulins de France

Circuit moulin Bonnet – chapelle St-Marcellin – village – château (retour possible par la chapelle Saint-Marcellin moins de 3km A/R – dénivelée 84m)

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1Je remercie Michel Betton, président de l’association « Les Amis du Vieux Boulbon », qui m’a signalé les informations erronées de cette note. Il me communique également les conditions de visite : le moulin est ouvert les deuxième et quatrième samedi et dimanche du mois (l’après midi) à partir des journée du patrimoine jusqu’à fin juin.

Adresse : Place Victor Barberin, 13150 Boulbon
Téléphone (mairie) : 04 90 43 95 47 – cotisation 5€/an en 2008

2Androne : Entre deux maisons est intercalée un androne (ou entremis), un espace de 25 à 40cm de large destiné à éviter la propagation des incendies et à faciliter l’écoulement de l’eau.

Provence des moulins à vent, Jean-Marie Homet, Edisud, 1984

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Merci Bong13 pour la montagnette 2 : Boulbon : promenade à faire des enfants, un samedi après-midi quand le moulin est ouvert.

Tour de César, du prévôt ou de la Keyrié ?


img_6198r.JPGDéjà deux interprétations différentes pour l’origine de la Keyrié : soit une mauvaise transcription du provençal « Queirie » = qui est de côté (selon le site Geneprovence) ; soit du provençal s’enqueyrar (se battre à coup de pierres), parce que les enfants s’y battaient à coup de pierres, ou même origine que Queyras= grosse pierre carrée…

La météo de ce jour à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

foret_geree_durablement.jpgchevres_keyrie.jpgUn grand classique de la campagne aixoise. La promenade sur le plateau de la Keyrié, sur une large route forestière, est tranquille, pour peu qu’on n’y rencontre pas le berger bourru et img_6206r.JPGquelque peu agressif (il n’est pas toujours comme ça, semble-t-il…) qui vous accuse de gêner le cheminement de ses chèvres et ne veut pas qu’on prenne celles-ci en photo ! ce troupeau entretient le massif, moyen de prévention contre l’incendie, mais aussi un moyen de limiter l’extension du marché foncier. Le long du parcours, plusieurs miradors en bois, pas très hauts : pour la surveillance des troupeaux ou pour la chasse à l’affût ?

Anémone palméeophrys_provincialis.jpgFortement exploités, les chênes verts se présentent sous forme de souches. Des fleurs rares et protégées poussent dans ce coin : l’anémone palmée poilue avec des fleurs jaune vif : disparue en 1970, elle a réapparu en 1999 ; l’Ophrys de Provence, une orchidée que l’on ne rencontre que dans le sud de la France de mars à mai ; dans les parcelles agicoles des tulipes oeil-de-soleil, fleur rouge aux pétales terminés en pointe. Si vous avez la chance d’en voir au printemps,  mangez-les des yeux mais ne les cueillez pas.

img_6201r.JPGNous discutons quelques minutes avec les ouvriers qui restaurent la tour en vue d’en faire une vigie. La porte d’accès à la tour située en hauteur et sans escalier, interdira toute intrusion, à moins que d’amener sa propre échelle comme le feront les garde-forestiers. Cette réhabilitation fait partie du projet territorial du Grand Site Sainte-Victoire. A la regarder de près, je m’aperçois que sa consolidation a été un peu bâclée. Je suppose que plus de 600 ans après sa construction, l’urgence a dû prévaloir puisque c’est la dernière tour de cette époque encore debout. Les possesseurs d’un GPS de randonnée y trouveront une borne IGN Saint-Marc Jaumegarde 01 en granit (43°32’50.2950N, 05°29’18.9638E système RGF93) sur laquelle ils pourront poser leur appareil pour vérifier l’exactitude de leur positionnement. Dans le cas de mon eXplorist  210, la précision est de l’ordre de deux à trois dixièmes de seconde.

Tour cylindrique de 15m de haut, évasée à sa base, elle porte plusieurs noms : la tour de la Keyrié, banale démonination géographique, mais aussi improprement connue sous le nom de tour de César, peut-être à cause d’une  confusion avec la tour qui était au nord, « celle d’Entremont, qu’on dit avoir été bâtie sur les ruines d’une plus ancienne, dont la construction remonterait au temps de César ». Les rues d’Aix ou Recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence, Roux Alpheran, Typographie Aubin, 1846. Mais aussi la tour du prévôt, car en 1383, le chanoine Isnard, prévôt du chapitre d’Aix-en-Provence, l’aurait fait élever pendant les troubles occasionnés par la succession de la Reine Jeanne. Bruno DURAND, Saint-Marc Jaumegarde à travers les âges, Aix-en-Provence, 1964.

Ce dont on est sûr, c’est que c’était une des nombreuses tours de guet à signaux devant prévenir les habitants de l’arrivée d’ennemis venant de la Haute-Provence… ou d’Afrique selon d’autres.  Les gardiens étaient chargés d’allumer de grands feux pour avertir les gens de la campagne du danger, du plus loin qu’ils l’apercevraient. On sonnait les cloches de toutes les églises, et les paysans se retiraient aussitôt dans la ville dont on fermait les portes sur eux.

img_6214r.JPGimg_6210r.JPGAu retour, la Sainte-Victoire me surprend : difficile à reconnaitre car, de ce côté, elle échappe aux clichés touristiques. Est-ce bien la barre du Cengle sur la photo de gauche ?

Une manière de revisiter ce grand classique de la balade familiale, c’est de chercher Keyrié, le trésor caché par l’équipe de geocacheurs audeclar. A peine 5km aller-retour, 46m de dénivelée (tour_cesar_itinéraire) ; si vous trouvez la barrière ouverte, ne vous aventurez pas en voiture, vous risqueriez de la trouver fermée au retour ! On peut partir de Beauregard également par la CD63c puis le chemin noir.

Au printemps ouvrez les yeux !