Les sources pétrifiantes de l’Huveaune


Une randonnée qui commence mal. Mon GPS voiture, que j’utilise pour la première fois en saisie directe des coordonnées, m’amène sur la D80, sur un parking où j’ai rendez-vous mais qui n’existe pas ! Je sors l’extrait de carte IGN que j’ai imprimé, restreint à mon parcours pédestre, il ne comporte pas le numéro des routes ; le bouquet, c’est que le téléphone portable ne capte rien à cet endroit du massif de la Sainte-Baume et je ne peux donc prévenir que je suis perdue. Je roule plusieurs kilomètres dans des virages en épingle à cheveux avant de trouver un espace où passent les ondes. Je laisse un message sur le répondeur : à l’autre bout de la ligne, c’est la même galère. Finalement, c’est avec une heure de retard que nous commencerons la randonnée depuis Nans-les-Pins. La leçon à tirer ? toujours prévoir une solution de secours en cas de défaillance des technologies nouvelles…

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Premiers gours couleur turquoise - février 08Premiers gours aux eaux turquoises - février 08Des couleurs à faire pâlir de jalousie les habitants des lagons  : du turquoise, du vert dans les sous-bois sombres des sources de l’Huveaune, voilà qui est étonnant. Le flash se déclenche sans arrêt et même  en réglage manuel à 800ASA, les photos sont sombres. Sur plusieurs centaines de mètres en remontant vers la source de l’Huveaune,

img_6834r.JPGimg_6830r.JPGGour rempli de feuillesPrès de la source

des vasques remplies d’eau s’étagent en pente douce. L’eau a déposé des couches de calcaire blanc superposées (travertin) ; ce sont des bactéries qui ont accéléré la réaction chimique de précipitation du carbonate de calcium. Si vous revenez les voir en avril, les colonies auront grandi. Nous croisons didrip qui vient de trouver la cache Les sources pétrifiantes, actarus83/Cryx Thypex ; il nous montre la photo qu’il vient de prendre et qui nous évitera de chercher aussi longtemps que lui. Solidarité entre geocacheurs.

« Près de sa source, l’Huveaune est caractérisé par la présence de gours souvent à sec et parfois remplis d’eau. Dans ce cours d’eau, on observe des feuilles, des morceaux de bois et des racines tapissés de calcaire plus ou moins consolidé ; les blocs qui occupent le lit du cours d’eau sont recouverts de calcaire blanc de type travertin1. On observe des couches superposées, enduites d’un tapis gélatineux vert de cyanobactéries2. »  (extrait du site lithothèque – 83 – sources de l’Huveaune, académie d’Aix-Marseille)

Pour résumer, actarus83 écrit : « Vous voilà arrivé au niveau des gours3 pétrifiants de l’Huveaune. Ces vasques résultent de la précipitation du calcaire (CaCO3) présent en très forte concentration dans les eaux de l’Huveaune. Des algues favorisent cette précipitation et donnent de belles touches de bleu ou de vert, sur un fond rosé.  » et d’ajouter dans un autre échange « ce sont ces mêmes algues qui colorent les falaises du Verdon en noir (on dirait de grandes bandes de mazout) ».
 »

« La présence de cyanobactéries dans les eaux de baignade constitue un sujet d’intérêt nouveau de sécurité sanitaire ». Relevé page 17 du rapport du ministère de la santé sur la qualité des eaux de baignade. Sont-ce les mêmes bactéries que celles des sources de l’Huveaune ?

img_6858r.JPGNous traversons la rivière en marchant sur les bords des gours qui, à notre grande surprise, ne sont pas glissants. De toutes façons, quelques centimètres d’eau seulement ne nous font pas peur. Dans le vallon de la Castelette, des témoignages du passage de l’eau rappelle que l’Huveaune prend sa source au dessus de nous, dans la grotte de Castelette, à 590 m d’altitude. Nous y montons par un sentier raide balisé de vert.

StalactitesUne grotte à deux entrées, dont une donnant sur un vallon rocheux et humide parcouru (autrefois ?) par la rivière ; une grande salle qui a servi récemment de salle à manger ; l’exploration à la lampe de poche nous conduit au fond de la grotte où un petit lac souterrain se cache sous  la voûte. Des sculptures, pas encore affinées par l’eau, témoignent du long travail des gouttes suintantes au cours des siècles. La grotte de la Castelette, actarus83/Cryx Thypex
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Sensations dans les gorges du Régalon


img_5947r.JPGIncontournable randonnée touristique, trop à mon goût : l’été, le parking est payant, c’est un signe ; je ne voulais pas la faire en saison mais au printemps ou en automne, et surtout pas après une forte pluie car les ruisseaux inondent alors les gorges qui deviennent dangereuses.

L’accès est autorisé l’été de 5 à 20h des gorges du Régalon dans la commune de Cheval-Blanc.

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Mérindol, gorges du Régalon par le site saute-collines

Les gorges du Régalon, carnets de rando, David Genestal

img_5958r.jpgimg_0027r.JPGimg_5960r.JPGimg_5962r.JPG

img_5956r.JPGUne chouette balade, sportive, à faire en famille mais avec de bons marcheurs tout de même. De grandes sensations !

Nous traversons d’abord une oliveraie avant d’atteindre l’entrée des gorges. Un énorme rocher coincé entre les deux parois forme un pont naturel sous lequel il faut passer ; les gorges sont parfois si sombres que les photos se font automatiquement au flash, avec en plus l’impression d’être enfermée dans le noir sans voir d’issue ; un long passage étroit oblige à passer à la queue leu leu, le sac à dos cognant les parois des gorges.  Il faut se hisser, escalader les rochers lissés par l’eau et le pas des randonneurs, se contorsionner dans certaines descentes de blocs rocheux. C’est face à ces passages qu’il y a plus de 16 ans, j’avais renoncé à continuer.

img_5975r.JPGimg_5982r.jpgLes gorges se sont formées il y a plus de 6 millions d’années, lors de la formation des Alpes : le Lubéron s’est alors surélevé tandis que le réseau des cours d’eau s’est enfoncé dans le petit Lubéron. Lorsque la mer a recouvert la région il y a 2 millions d’années, les gorges ont formé une calanque.
Drôle d’impression que de marcher sur ce rare sable marin riche en fossile dans une grotte au milieu d’un massif bien terrestre ! La fraîcheur et l’ombrage des gorges ont permis la conservation des paysages méditerranéens d’autrefois. Même les arbustes peuvent atteindre des tailles exceptionnelles. L’arbre qui pousse au milieu des gorges, les maigres troncs torturés qui s’étirent et s’accrochent au rocher pour aller chercher la lumière, viennent s’ajouter à ma collection d’arbres extra-ordinaires.

Les grottes ont souvent servi de refuges ou de sépultures aux hommes de la préhistoire. De nombreuses traces d’habitations néolithiques et un important mobilier funéraire y ont été découverts, une partie de ces objets est exposée à Avignon et Cavaillon.

En sortant des gorges, j’éprouve comme un soulagement ; je me retrouve dans un endroit si humide que la mousse a recouvert la borne « les Mayorques, le trou du rat ». De là, il est possible de faire une boucle d’une demie-journée ou d’une journée, soit en tournant à droite, soit en tournant à gauche ; et pourquoi pas un retour par les gorges ? : ce sont d’autres sensations. Cela me ramène au croisement de sentiers cité dans la fiche de notre chasse au trésor. Quelques centaines de mètres plus loin, je retrouverai les paysages typiquement méditerranéens. Quel contraste !

Photos du site Provence Balades

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Merci Serge Robert de faire découvrir aux geocacheurs Régalez-vous – feast. Comment se fait-il que si peu de geocacheurs soient allés visiter cette cache ? Ne la boudez pas et profitez d’un hiver plutôt sec pour (re) découvrir les gorges du Régalon.

Origine de quelques noms de lieux à la Sainte-Victoire


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La Sainte Victoire,  émission du 27 avril 2003, Inter Provence

Connue auparavant (comme le Ventoux) sous divers toponymes honorant les divinités éoliques puis sous les formes chrétiennes de Sainte Venture ou Adventure, ce n’est qu’au XVIIe qu’apparaît son nom actuel de Sainte-Victoire que nous devons à un bourgeois aixois un certain Honoré Lambert qui, à la suite d’un vœu, promit de rénover l’ermitage et la chapelle et en profita pour lui donner cette nouvelle dénomination rapidement adoptée par tout un chacun. A-t-il eu l’intention, comme beaucoup le pensent, de rappeler le fameux carnage du général Marius au détriment des Cimbres et des Teutons ? c’était la thèse largement romancée et diffusée par Walter Scott mais d’autres hypothèses tout aussi cohérentes ont été émises. Notre homme admirateur de Louis XIII et de son culte pour Notre Dame voulut peut-être commémorer une victoire sur les protestants voire la victoire du monde chrétien sur les turcs à Lépante. C’est à cette époque que fut érigée une première croix trois fois remplacée pour avoir été au cours des décennies abattues par le mistral. Celle que nous connaissons tient vaillamment du haut de ses 19 mètres depuis 1875. Nous la devons à Monseigneur Forcade qui y fit graver de curieuses devises en quatre langues en direction de chaque point cardinal.

Le sentier des Plaideurs : … nous rappelle qu’Aix a toujours été et reste une ville de robe, les plaideurs y sont légion ; Les villageois au XVIIIe siècle se rendaient chez le juge de paix de Vauvenargues depuis Puyloubier.

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Puyloubier, émission du 12 mai 2002

Je vous emmène aujourd’hui à la colline du Loup, pas d’inquiétude, c’est étymologiquement le nom d’origine de Puyloubier au pied de la Sainte-Victoire dont seul le blason, qui porte effectivement un loup sortant d’une colline, nous rappelle cette anecdote.

Le col de Claps

C’était bien le col de Claps sur lequel bien des cyclotouristes se sont fait les mollets et qui permet d’atteindre le plateau du Puits d’Auzon et le Puits de Rians pour ceux qui aiment ce circuit du tour de Sainte-Victoire. Une explication sur ce nom de Claps ou Clapiers qui ne désigne absolument pas une cage à lapins mais un amas de pierre comparable aux cairns bretons. (D’après une étude de l’IGN 2006, les noms de lieux en France, termes dialectaux, André Pégorier, un clap est une terre mélangée de pierre). Quant au moraliste qui vécut au milieu du XVIIIe, c’était bien Luc de Clapiers dit Vauvenargues auteur de nombreuses maximes. «Un homme sans passion est un roi sans sujet»

La bastide de Coquille ou Ferme de Coquille

Située à proximité de la route reliant Saint-Antonin à Puyloubier, cette bastide doit effectivement son nom à une remarquable structure [géologique] en forme de coquille qui la domine.

Le sentier Imoucha

Henri Imoucha créa l’association des Amis de Sainte-Victoire, et fut le pionnier de la restauration du Prieuré ; auteur d’un livre Sainte-Victoire. Guide des excursions. Prieuré, Garagaï, Saint-Ser, le Cengle, Roques-Hautes. Deuxième édition, IMOUCHA Henry, C.A.F. (Section de Provence)

C’est Henri IMOUCHA qui créa cette association, le 14 Mai 1955, avec ses amis aussi déterminés que lui, pour restaurer les bâtiments du Prieuré afin de les « rendre dignes de leur prestigieux passé et de leur naturelle destination ». Pratiquement tous les dimanches, habitant Marseille, il venait par le train à Aix où il garait un vélo. Avec lequel, par la route Cezanne, il gagnait la ferme de Roques Hautes à Beaurecueil, au pied de la montée de Saint-Antonin. A pied, par le tracé rouge, il montait au Prieuré ; là, il nettoyait, consolidait, embauchait, pour l’aider, les randonneurs de passage, plantait des fleurs, taillait des arbres et … sonnait la cloche. Il y travailla avec opiniâtreté jusqu’à son décès en 1990. Extrait du site des Amis de la Sainte-Victoire

115_1583_r.3.jpgCostes chaudes

Peut-être comme à la Seyne sur mer où un quartier porte ce nom, les Costes (= coteaux) chaudes sont-elles à une altitude moyenne, une exposition au Midi ?

Bau Sätger

Bau (rocher escarpé de forte taille, précipice, falaise) en hommage à Amédée Sätger qui pendant de nombreuses années a entretenu les tracés des sentiers de la Provence.

Refuge  Barthélémy Baudino :  du nom d’un étudiant aixois qui s’est tué dans la montagne à cet endroit. Le refuge a été édifié par le Groupement Universitaire de Montagne et de ski.

img_0074.3.jpgChemin de Malivert : mauvais hiver

Le pas de l’Escalette : passage difficile en forme d’escalier. Au XVIè, ce lieu se nomme l’Escale et sépare l’arrière-fief de Roques-Hautes de la seigneurie de Saint-Antonin.

L’oratoire de Bramefan : textuellement « crie la faim » ; se dit d’un endroit peu productif  ou du nom d’une plante – Ibéris pinnata – qui envahit les blés et gâche les récoltes.

Le parking du Plan de l’Anchois (selon l’IGN) s’écrirait plutôt Plan d’en Choi, selon J.-P. Michèu, et Albert Negrel de l’association les Amis de Sainte-Victoire (En = chez) ; finalement, ce serait un lieu-dit le pré de chez François. Bulletin n°31, les Amis de Sainte-Victoire, octobre 2010.

Par contre, je ne suis pas certaine de l’origine de Cagoloup [traces de déjections de loup ?] ou du pic des mouches [lieu plein de moucherons ?] : si vous en savez plus que moi, merci de m’écrire.