** Le long du Colostre, de Gréoux à Saint-Martin de Brômes


Une randonnée particulièrement agréable, au bord de l’eau, dans un environnement peu fréquenté même aux beaux jours. C’est Yves Provence qui m’en a donné envie.

Le VerdonOn part du parking des Thermes de Gréoux ; pendant un long moment, on se balade le long du Verdon bien plus calme qu’autrefois ; s’il y a pas mal de monde jusqu’au croisement avec le chemin de la Haute-Palud, au delà il n’y a plus personne et on comprend pourquoi si on s’aventure au delà de la dernière propriété : le sentier a disparu, la végétation est impénétrable : sur une pente raide, on ne peut remonter sur la route qu’en s’accrochant aux arbres en espérant ne pas retomber  ; contentez-vous donc de rejoindre la route de Riez bien sagement à ce carrefour.

Le pont-canal : il fuit !Là où le Colostre se jette dans le Verdon, vous tournez à gauche ; vous serez sans doute mouillé en passant sous le pont-canal qui fuit quelque peu (canal qui relie la station d’épuration au barrage de Gréoux ?) ; l’ancien et long canal du moulin de Gréoux – moulin encore visible non loin des Thermes – longeait la rivière sur l’autre rive ; il puisait son eau dans le Colostre au nord de Saint-Martin ; il mesure donc 7 km de long. Pourquoi avoir cherché l’eau si loin ?
Vous suivez la rivière qui serpente dans un canyon ‘relativement’ profond ; la ripisylve est très dense, Une dalle rocheuse ensoleilléeBarre rocheuse dans les gorgeslarge et fermée, l’ensoleillement au sol est faible : l’été, elle accorde donc sa fraîcheur généreusement. De temps à temps, une grande dalle rocheuse ensoleillée offre la possibilité d’un bain de soleil ou d’un pique-nique. Seuls un homme et son chien méditent face à la rivière. Le parcours tout en ondulations, est agréable, reposant. Parfois une falaise rocheuse rappelle que nous sommes dans des gorges. Une montée de terre fine glisse sous les pas mais Le chien monte la gardedes algues rouges, des cyanobactéries ?elle ne dure pas longtemps. Dans un lacet de la rivière, un vieil arbre a été transformé en chien hideux par un artiste productif. Dans un autre lacet, des algues rouges filamenteuses flottent et collent à la rive. Sont-elles dues à la mauvaise qualité de l’eau ? je n’en ai vu qu’à cet endroit.

Les eaux du Colostre de qualité moyenne sont chargées en éléments eutrophisants azotés et en bactéries. Le Colostre est un affluent de première importance avec de fortes potentialités biologiques, des zones de fraie très intéressantes. […]
[…] il ne possède plus qu’une seule espèce de poissons (S. trutta) sur six décrites dans la littérature d’archives. Pour l’écrevisse, un dernier fragment de populations indigène (A. pallipes) est retranché au niveau des sources. La partie aval du bassin versant se fait en outre envahir par l’écrevisse signal (P. leniusculus). La restauration d’une rivière

Une main courante bien utile pour grimper sans glisserPassez la porte et refermez-là bienBienheureuse main courante qui permet de monter sans se casser la figure ! puis c’est une barrière de bois, et des grillages qui ferment la propriété du centre équestre Payanet jusqu’aux rochers en hauteur. Ne sachant si c’était une propriété privée ou s’il existait un droit de passage, j’ai fait demi-tour. J’aurais bien tenté de passer sur l’autre rive par la passerelle de Ancienne passerelle en mauvais étatbois quelques centaines de mètres en aval mais à la regarder de près, avec une traverse de bois en moins et les autres pourries, j’ai renoncé ; quant à la traversée à gué, le courant et la profondeur m’en ont dissuadée. Je sais que Yves Provence a prolongé au delà du portail, et même en option dans l’eau sur plus de 2km : je vous invite donc à ouvrir la porte et longer la rive jusqu’à Saint-Martin de Bromes.

La boucle que j’aurais dû faire : aller par les collines, retour par la rivière.

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Reillanne : boucle par le signal du Patis


La fontaine de la place de la LibérationEn route pour Reillanne où nous attend Yves Provence et son groupe de fidèles marcheurs. A peine arrivées, Majo et moi réussissons à passer à côté du plus grand parking, place de la Libération, attirées que nous sommes par la chapelle se dressant fièrement au sommet de la colline.

Montée caladéeA l’origine, Reillanne était une bourgade romaine située dans la plaine. Au Moyen Âge, le village se fortifie, un château est construit.  Brève histoire de Reillanne. Nous montons sur la colline Saint-Denis dont l’accès me fait penser à celui de Notre-Dame à Forcalquier ; nous y montons par une ruelle caladée, la rue des Bouliers ; rien à voir avec le système de calcul avec des boules mais plutôt avec la famille des Vicomtes de Reillanne.

Le premier Bouliers, Francesquin de Bouliers fut autorisé par la reine Jeanne à augmenter ses armoiries d’une bordure componée de huit pièces d’Anjou-Sicile et de Jérusalem, pour le récompenser de plusieurs blessures qu’il avait reçues à son service. Selon Jean Gallian

Tour du castrumChapelle Saint-Denischatons joueursLa ruelle tourne en épingle à cheveu avant de déboucher sur une rotonde où deux vestiges se font face : d’un côté les vestiges de l’ancien donjon du castrum, de l’autre la chapelle Saint-Denis. C’est manifestement le lieu d’origine du village ; deux châtons jouent avec le bout de nos bâtons de randonnée mais c’est peut-être les grands qui s’amusent le plus ! la cache de la chapelle Saint-Denis de jrigole ne se trouve ni en haut, ni en bas aux coordonnées de la fiche : nous renonçons. En redescendant, nous découvrons quelques murs du rempart, et la porte des Forges, passage sous le clocher de l’ancienne église Saint-Pierre. Après le dédale dans de vieilles ruelles moyenâgeuses, des passages couverts, le quartier juif et ses maisons du XVIe, nous quittons le centre par la route.

Arrivée dans le fond de valléeGuéPas assez organisé sur route (côté gauche pour les groupes de moins de 20), le groupe retrouve un peu de liberté sur la piste : la longue, très longue descente caillouteuse vers le Grand Vallat est désagréable ; et dire qu’il va falloir remonter… ; les champs de lavande sur la droite n’ont pas encore leur couleur franche et leur odeur d’été ;champ de lavande bastide noble (photo Yves Provence)après avoir passé le gué, une fois tout en bas, Yves nous présente les ruines de la Bastide Noble (photo YvesProvence issue d’une autre randonnée) sur le territoire de la commune de Sainte-Croix-à-Lauze. Elle n’a plus rien de noble mais, déjà recensée sur la première carte de France de Cassini en 1778, on peut comprendre…

procession de chenillesAlors que nous pensions faire la pause en bordure de rivière, Yves propose de poursuivre pendant que nos muscles sont chauds ; nous remontons tranquillement le Reclapous dans une pinède, sur une piste plus facile que la précédente mais parfois mouillée et argileuse. A plusieurs reprises, les chenilles processionnaires se suivent, tête à cul, menées par une femelle. Elles adorent le pin d’Autriche et il y en a plein dans cette forêt.

Elles vont s’enfouir dans le sol à quelques centimètres sous terre (5 à 20 cm) dans un endroit bien ensoleillé. Deux semaines plus tard, toujours dans le sol, chacune tissera un cocon individuel, se transformera en chrysalide, et restera dans cet état pendant plusieurs mois. Puis chaque chrysalide se métamorphosera en papillon, toujours sous la terre. Un soir d’été, les papillons sortiront de terre…

Le plus sage d’entre nous, nous met en garde sur les poils urticants microscopiques qui provoquent des réactions cutanées importantes ; il en écrase une mais aussitôt la procession reprend avec les survivantes. Heureusement qu’aucun chien curieux ne vient coller sa truffe ou sa langue sur une belle procession de chenilles. Les conséquences pourraient être terribles. Conséquence du réchauffement climatique : elles remontent vers le nord de la France.

Les chercheurs de l’Inra tentent d’utiliser d’autres espèces végétales ou animales pour minimiser l’impact de la processionnaire. […] L’une de ces méthodes [ndlr : expérimentale] consiste à poser, en ville ou en forêt, des nichoirs à mésanges. Ces gracieux oiseaux insectivores peuvent en une seule journée dévorer une quarantaine de chenilles, prélevées directement dans l’abri de soie. INRA

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Valensole : des Chabrands au vallon du Fer


Départ : les explications du guideIMG_0035Après plusieurs semaines d’interruption, je retrouve le groupe constitué autour de YvesProvence. Le co-voiturage a bien fonctionné : cinq filles partent ensemble d’Aix-en-Provence. Nous stationnons devant la chapelle Sainte Madeleine de Villedieu qui, sous le crépissage actuel récent, pourrait bien être du XIè siècle donc d’art roman.

Chapelle Sainte-Madeleine de Villedieu : […] abside voûté en cul de four, mur sud creusé de deux petites baies en plein cintre, le pignon occcidental est percé d’une minuscule baie romane. Raymond Collier, la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

La chapelle Sainte-Madeleine, YvesProvence

Bien situé sur une voie de passage le long de la Durance, le hameau de Ville Dieu possédait un relais de chevaux au XVIIè siècle, une écurie quasiment sans ouverture, avec une porte cochère ; reconnaîtrais-je ce bâtiment aujourd’hui ?

Piste qui longe un champTout au long du parcours, vous marcherez sur des galets, des petits, des gros, des cassés, libres ou soudés avec d’autres roches : c’est le conglomérat de Valensole. Après avoir contourné le champ près de la chapelle, nous retrouvons une piste en montée la plus dure du parcours, alors que nous sommes à peine échauffés. Nous prenons le chemin des Chabrands ;  soudain un cri ressemblant à un cri d’effroi : « Venez m’aider ! » ; je pense au  malaise de l’un d’entre nous et redescends rapidement le chemin jusqu’à l’énorme flaque d’eau qui nous avait obligés à faire un contournement au travers d’un sous-bois inhospitalier ; rien de grave, c’est juste qu’une vilaine branche a arraché le nouveau GPS d’Yves ! Les recherches en groupe ont porté leurs fruits : il a été retrouvé !

Plume, le chien de berger de Pissaro, fait sans arrêt des allers et retours du début de la file au dernier comme si elle voulait rassembler le troupeau de randonneurs ! Nous avions prévu de visiter les ruines de Clarency mais un panneau bien clair prévient qu’il s’agit d’une propriété privée ; après une courte hésitation, notre guide décide d’éviter cette partie de la balade.

Une piste dans une chênaieA vocation agricole, le terroir que nous traversons était primitivement axé sur la culture de céréales, de la vigne, sur l’élevage ovin. Nous allons très vite en trouver des traces : de grands champs prennent la relève des chênaies. Avec les amandes et la lavande, Valensole a toujours été un village relativement important. J’en ai trouvé une preuve curieuse dans le recrutement des instituteurs au XVIIè.

Le système des examens se présentait sous une forme spéciale, la « dispute des écoles ». A Valensole la dispute était fort à l’honneur : longtemps à l’avance on la publiait par affiches, d’Embrun jusqu’à Marseille. Les candidats qui venaient du Languedoc et d’Auvergne, […] prononçaient les auteurs ; le plus éloquent se voyait choisi. P. Dauthuile,…, L’École primaire dans les Basses-Alpes depuis la Révolution jusqu’à nos jours, Imprimerie Vial, 1900

Chenilles du pinConglomérat (photo wikipedia Toony)Majo et moi observons le 4è stade larvaire d’une colonie de chenilles processionnaires du pin formant un nid d’hiver volumineux côté sud puis de gros blocs fortement cimentés entre eux et comprimés : c’est ce qu’on appelle le poudingue, résultat de millions d’années d’érosion. La hauteur de ces dépôts varie entre 800 mètres et 1400 mètres. Sous le poids de cette masse de matériaux, l’écorce terrestre s’enfonce, ce qui provoque des mouvements en bordure du dépôt. Définition du poudingue sur le site geowiki

La Roche Amère, la montagne de LurePique-nique au point le plus haut où se dévoile un superbe point de vue sur fond de montagnes enneigées : la Roche Amère, énorme carrière en forme de triangle irrégulier portant le village primitif de Villeneuve et la chapelle Notre Dame de la Roque. Une randonnée*** que je vous recommande. Comme à l’accoutumée, les provisions se partagent (compote de bananes au rhum, calissons, café, brownies, etc), ainsi que les bons plans. Deux quads viennent perturber la tranquillité de ce moment.

La FaisanderieNous reprenons la balade en longeant le rebord du plateau avec en contre-bas la départementale 6 ; petites montées et descentes se succèdent ; sur la gauche, un sentier mène au jas de Mélanie que nous délaissons pour rejoindre la Faisanderie du Petits Puits ; cette immense propriété cultive des céréales et secondairement élève des faisans pour la chasse ; nous contournons la faisanderie, protégée par de grands filets sous lequel il n’y a aucun oiseau pour l’instant. La descente raide le long du grillage n’est pas facile et certaines ont trouvé plus commode d’emprunter le sentier, tout simplement. Nous sommes rattrapés par le jeune fils du propriétaire qui se demande ce que peut faire un groupe de 20 personnes sur sa propriété. Surprise ! cet ancien élève reconnait son prof. en la personne d’un randonneur du groupe ! après quelques minutes d’échanges, il nous accompagne sur son sentier privé qui mène au vallon du Fer.

Une faisanderie est un terrain ou un domaine où sont élevés des faisans pour la chasse à tir. Par extension, il peut s’agir d’une volière ou d’un pavillon où sont engraissés des faisans d’élevage pour la table. La reproduction expliquée sur le site de la faisanderie de Veyret

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